Monsieur Baha Eddine Tliba, occupez-vous d’Annaba et taisez-vous ! Par Abdou Semmar

Monsieur Tliba Baha Eddine a totalement le droit d’avoir les positions qui sont les siennes. Il a entièrement le droit de s’en prendre au général Toufik. Mais, il n’a aucunement le droit d’insulter notre intelligence, étant, lui-même, loin d’être un exemple de la vertu politique. Il n’a nullement le droit de mépriser notre lucidité en nous faisant croire qu’il maîtrise des dossiers dans lesquels il s’emmêle les pinceaux. L’opportunisme de caniveau n’a jamais été un trait caractéristique des grands politiques dans aucun pays de ce monde. Monsieur Baha Eddine Tliba aurait été plus persuasif, s’il s’était adonné à la défense des libertés publiques et de la transparence lorsque des journalistes et des opposants étaient réprimés, censurés et interdits de parole pour avoir osé révéler des vérités gênantes.

Monsieur Tliba Baha Eddine aurait été certainement plus crédible, s’il avait, lui-même, contribué à développer la transparence et la démocratie dans sa région, Annaba, qu’il est censé représenter au parlement. Une région à laquelle il n’a apporté aucun projet de développement palpable. Dans les travées de l’Assemblée populaire et nationale (APN), notre Tliba Baha Eddine s’est uniquement illustré en décembre 2013, quand il avait dirigé le mouvement de protestation des députés qui réclamaient “la délivrance de passeports diplomatiques ainsi qu’une augmentation de salaire”. 

Le même sieur, qui dénonce aujourd’hui les abus de pouvoir des anciens dirigeants du DRS, faisait lui-même la promotion de la culture des abus de privilèges et de l’enrichissement personnel injustifié. Le même monsieur, qui prétend défendre le changement démocratique devant les caméras d’Ennahar TV, n’a jamais rendu de comptes au sujet des projets immobiliers douteux dans lesquels il est grandement impliqué financièrement. Des projets non-conformes à la loi tel ce chantier de la résidence immobilière érigé à la cité Beni M’haffeur, face à une voie express et un rond-point ! Devant les caméras d’Ennahar TV, notre ami Tliba Baha Eddine n’a pas daigné nous parler des circonstances très troublantes de la mort de l’ancien Wali d’Annaba, Mohamed Mounid Sendid. Pourquoi monsieur Tliba Baha Eddine ne nous explique pas, au nom de cette transparence qu’il prétend défendre, ses relations opaques avec les sept directeurs centraux, qui sont tous des personnages influents de l’exécutif local à Annaba ? Et puisque notre ami, le député, l’élu du peuple, dénonce les manipulations et les manigances des uns et des autres, il serait donc temps qu’il nous explique dans quelles circonstances il a pu racheter la Société d’étude technique de Ouargla (Seto) qui relevait, par le passé, de la SGP Est-Sud-Est. Cette entité économique publique lui a été cédée pour une bouchée de pain dans le cadre du processus de privatisation. En 2008, c’est un Conseil des participations de l’Etat (CPE), réuni sous la présidence de Abdelaziz Belkhadem, alors chef du gouvernement, qui a autorisé la cession totale de la Seto au profit de ce député à mi-temps et homme d’affaires à plein temps. A-t-il respecté le moindre cahier de charges ? A-t-il fait fructifier cette entreprise en créant des emplois et des richesses à Ouargla ? Personne ne le sait. En revanche, nous savons tous comment l’argent de notre ami Baha Eddine lui a permis de se retrouver en 2012, à la tête d’un parti microscopique et inconnu, le Front national démocratique, et se voir, par la grâcede lapolitique des quotas, député. Par quel miracle, notre ami s’est vu promouvoir, par la suite, vice-président du groupe parlementaire d’un autre parti, celui du FLN ?

Affaires, magouilles et opacité totale. Au final, qu’est-ce qui différence Tliba Baha Eddine du général Hassan ou Toufik ? Absolument rien ! Sa sortie médiatique, dont on ne connaît pas le coût pécuniairement, est un ratage ridicule. Avant de s’en prendre à l’immoralité de ses adversaires, il aurait été plus logique qu’il soigne sa propre image. Or, dans ce registre, notre ami Tliba Baha Eddine traîne une multitude de casseroles. Notre député serait bien inspiré de se consacrer à son véritable travail, celui de trouver des solutions à la wilaya qu’il représente. Un jour ou l’autre, les chômeurs d’Annaba, dont beaucoup ont tenté de se suicider collectivement en 2012 et 2013, vont lui demander des comptes. Un jour ou l’autre, les harragas d’Annaba qui quittent leurs somptueuses plages pour finir emprisonné dans un camp de réfugié en Sardaigne vont lui rappeler la perversité de son action politico-financière. Monsieur Tliba Baha Eddine, vous êtes à l’APN pour soulager les souffrances de ces gens-là. Pour les extraire de la précarité. Au lieu de cela, vous faites le pitre devant des caméras de télévision. De grâce, occupez-vous d’Annaba,  votre wilaya, et de vos électeurs, tant est qu’ils vous aient élu, et taisez-vous !