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Comprendre la « FrançAlgérie » en trois exemples

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Message  moi Dim 12 Avr - 13:42

Comprendre la « FrançAlgérie » en trois exemples

09:57  dimanche 12 avril 2015 | Par Neila Latrous, @Neila | Actualité 

Comprendre la « FrançAlgérie » en trois exemples Hollande-Bouteflika-790x347-600x338

« Paris Alger, une histoire passionnelle » sort en France le 15 avril prochain (lire les bonnes feuilles du livre). L’essai de Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet, deux journalistes de TF1 et le JDD, explore les relations dangereuses entre la France et l’Algérie. Et notamment le concept de « FrançAlgérie », un terme à connotation péjorative créé pour dénoncer l’action néocoloniale prêtée à la France en Algérie. Voici trois exemples pour comprendre.
François Hollande, avocat du FLN
Les liens sont anciens. Ancrés. Très politiques. Ils ont été noués en juillet 2006. François Hollande, alors premier secrétaire du Parti Socialiste (PS) en France, songe à se lancer dans la course présidentielle. Les relations entre le gouvernement français et l’Algérie sont glaciales, en grande partie à cause de Nicolas Sarkozy. Les socialistes, eux, misent notamment sur le vote musulman pour revenir au pouvoir. François Hollande saute dans un avion, direction Alger ! « Il est alors accueilli avec les fastes d’un chef d’Etat par le président Bouteflika, qui le reçoit pendant trois heures, écrivent Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet. S’il est reçu avec autant d’honneurs, c’est aussi parce que le premier secrétaire du PS va devenir le meilleur avocat du FLN pour son adhésion à l’Internationale Socialiste ».
A l’époque, le FFS, seul membre algérien de cette IS (International Socialiste), s’oppose fermement à ce qu’un parti de la majorité, qui cautionne la dérive autoritaire du régime, puisse rejoindre ce club de sociaux-démocrates, socialistes et travaillistes. Mais François Hollande n’en a cure : il se rapproche du chef de gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, et promet de peser de tout son poids. « Le PS, au-delà de toute question éthique, cherche à reprendre pied en Algérie » expliquent les auteurs. Au point de s’opposer « à des résolutions visant à dénoncer les violences commises en Algérie », accuse Karim Tabbou dans le livre.
A l’approche de la présidentielle de 2012, François Hollande réitère sa démarche. « Nous avions en tête que les Français d’origine algérienne manifestaient leur intérêt pour les élections », confie Kader Arif, conseiller du futur candidat. Quelques mois avant le scrutin, François Hollande reprend donc attache avec Abdelaziz Belkhadem, et lui promet encore une fois l’adhésion du FLN à l’Internationale Socialiste. Mission accomplie en février 2013, lors d’un congrès de l’IS au Portugal. Entre temps, la gauche a remporté les élections. François Hollande est président de la République.
Collaboration poussée entre les services de renseignement

Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet l’affirment : « Le ministère de l’Intérieur français reste l’interlocuteur privilégié des Algériens. » Depuis des années, les services secrets des deux pays se parlent et échangent des informations. « Lorsque rien ne va entre les pays, la coopération sécuritaire est la seule qui continue à fonctionner » insistent les auteurs. Bernard Squarcini, ancien directeur du renseignement intérieur en France, raconte ainsi comment ses services ont « surveillé, détecté, puis arrêté » des islamistes désignés par l’Algérie. L’homme est traité avec beaucoup d’égards quand il traverse la Méditerranée. Lors de l’un de ses séjours à Constantine, le wali prend soin de l’emmener voir l’endroit où Bernard Squarcini habitait, enfant, avec ses parents.
La coopération entre l’Algérie et la France est telle que des réunions techniques sont organisées au plus haut niveau ! « Les interlocuteurs des services français sont le général-major Athmane Tartag et le général Hassan » écrivent les deux journalistes. Une source française leur assure que des actions communes sont menées, « notamment des opérations d’infiltration ».
Jacques Chirac court-circuite Hadj-Nacer
C’est sans doute le passage le plus éclairant de ce que peut être la « FrançAlgérie. » Il est raconté par l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, Abderrahmane Hadj-Nacer, qui « se souvient d’une histoire étrange lorsqu’il travaillait à la Présidence algérienne ». L’anecdote est savoureuse et mérite que l’on s’y attarde. Elle date de 1986. La Corée du Sud est alors en quête d’une reconnaissance diplomatique par l’Algérie. L’Algérie n’y est pas opposée, mais souhaite obtenir en contrepartie un prêt à taux faible. Abderrahmane Hadj-Nacer est envoyé à Séoul avec, dit-il, « une lettre de mission très claire. Pas de prêt, pas de contrat, pas de reconnaissance diplomatique ».
Mais les choses ne se passent pas comme prévu : les Sud-coréens hésitent, négocient et font traîner les discussions. Agacé, le jeune conseiller se replie sur Hong Kong … où il découvre qu’entre temps, d’Alger, la reconnaissance diplomatique a bel et bien été accordée et sans aucune contrepartie ! « Une opération parallèle avait été menée par un homme politique français de premier plan » raconte Hadj-Nacer aux auteurs. L’homme en question ne serait autre que Jacques Chirac, qui dans la foulée aurait également négocié l’implantation de Daewoo en Algérie.
« Un chèque de 100.000 dollars aurait été versé à des intermédiaires » accuse Abderrahmane Hadj-Nacer. Le bureau de Jacques Chirac y oppose un démenti ferme.
« Paris-Alger, une histoire passionnelle », Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet, Editions Stock, à paraître le 15 avril
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Message  moi Dim 12 Avr - 13:43

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Bouteflika, Toufik, Khalifa… Les bonnes feuilles de « Paris Alger, une histoire passionnelle »

16:04  samedi 11 avril 2015 | Par Rédaction @TSAlgerie | Actualité 

TSA publie les bonnes feuilles de « Paris Alger, une histoire passionnelle ».
L’essai de Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet, deux journalistes de TF1 et du JDD, sortira le 15 avril en France. Il contient de nombreuses révélations. Extraits.
Khalifa et Bouteflika
« Au début des années 2000, selon l’un des ex-cadres du groupe, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, propose à « Moumen » de créer une télévision privée avec des partenaires (français) choisis par le pouvoir. L’offre est formulée par le président algérien dans son bureau, en comité restreint. L’idée séduit Khalifa. Cependant, ce dernier se ravise et annonce qu’il va créer sa propre chaîne, en dehors du Système. « Sans eux, on ne peut rien faire en Algérie », raconte l’un des participants au projet. Khalifa décide de faire de « sa » télévision une arme politique. Il supporte Ali Benflis, Premier ministre de Bouteflika, qui va se présenter contre lui en 2004. Et il se rêve lui-même un destin politique. « Pourquoi pas Premier ministre ? » confie-t-il à des proches. « Ma télévision s’opposait à Bouteflika, en Algérie. J’étais engagé dans une campagne contre lui », confirme Rafik Khalifa.
Dans un document rédigé par lui-même et transmis par les autorités britanniques, il enfonce le clou: il explique avoir utilisé 400000 euros provenant de l’hypothèque sur la villa Bagatelle de Cannes pour « financer des programmes antigouvernementaux pendant les élections algériennes de 2004 ». Dans ce témoignage, où il parle de lui à la troisième personne, il poursuit: « Le président Bouteflika était inquiet que Rafik Khalifa et son groupe deviennent trop puissants, à tel point que le gouvernement algérien a pris des dispositions pour discréditer Rafik Khalifa personnellement et entraî- ner l’effondrement du groupe.
Il dit avoir voulu créer un parti d’opposition, Union pour une nouvelle Algérie (UNA). Il confie au passage sa dépendance à l’alcool, « deux bouteilles de vodka par jour », qui ont « altéré son état mental ». Khalifa est prêt à tout pour déloger Bouteflika. Il dépense des sommes folles (qu’il n’a pas) pour louer des studios à Londres à un oncle de Bachar el-Assad, le président syrien. Il recrute une équipe de quarante journalistes. La chaîne KTV émet quelques mois en 2003, puis ferme. Mais elle redémarre en janvier 2004, au début de la campagne présidentielle algérienne, sous le nom de K-News. L’homme espère la chute de Bouteflika pour se refaire une santé financière ».
Le yacht et les immeubles de Farid Bedjaoui à Paris
« Sa silhouette effilée fend les eaux bleues de la Méditerranée. La coque blanche avec sa bande marine lui donne une allure d’oiseau flottant. Le Makira 43-01 entre dans la catégorie des superyachts, ceux que l’on regarde avec des yeux envieux sur les ports de la Côte d’Azur. Le chiffre 43 indique la longueur du bateau en mètres et 01 son numéro de série. Plusieurs sites spécialisés dans la location de ces palaces flottants vantent les performances du modèle. Le luxe absolu: le jacuzzi sur le pont supérieur avec des serviettes siglées au nom du bateau; le vaste salon-salle à manger avec une moquette épaisse; la chambre à coucher avec l’écran plat; le scooter des mers qui attend dans le pont inférieur. Selon la fiche technique du bateau, construit en Italie, il peut embarquer douze plaisanciers et cinq membres d’équipages et voguer jusqu’à 35 nœuds. Un rêve loué 150000 euros la semaine.

Début 2014, un groupe de policiers de l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales (Ocliff) se présente au port Camille Rayon de Golfe-Juan (Alpes-Maritimes), où le yacht est alors à quai. Ils n’ont ni gilets pare-balles ni fusils d’assaut, mais un simple stylo pour signifier au propriétaire présumé que le bien est désormais gelé. Son nom : Farid Bedjaoui (…).
Outre le superyacht, la justice française a saisi deux immeubles avenue d’Iéna à Paris (16e arrondissement) et une villa à Ramatuelle. Certains de ses biens avaient en fait déjà été revendus et sont considérés comme une créance. Par ailleurs, un complice présumé et ami de Bedjaoui, Omar Habour, 76 ans, est lui aussi visé par la justice fran- çaise : des ensembles immobiliers lui appartenant ont été saisis pour une valeur de 6 millions d’euros. Au total, selon une source proche de l’enquête, cela constitue un patrimoine estimé à 36 millions d’euros. Ces biens avaient fait l’objet d’un signalement de la cellule anti-blanchiment Tracfin en juillet 2013. Farid Bedjaoui et Omar Habour en seraient les bénéficiaires économiques via des sociétés civiles immobilières (SCI) immatriculées au Luxembourg. »
Toufik et les Français
« Dans ce Système, le président Abdelaziz Bouteflika représente la partie émergée de l’iceberg. Le général Mohamed Lamine Mediène, 78 ans, alias Toufik, patron des services secrets, le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), incarne, lui, la partie immergée, invisible. Au sens propre. Il n’existe qu’une photo du général, prise il y a de nombreuses années.
L’ancienne Sécurité militaire (SM), qui dépend du ministère de la Défense, a tous les moyens de peser sur les décisions: elle bénéficie d’un maillage unique dans le pays. Pas une entreprise, pas un journal, pas un syndicat… n’échappe à son contrôle. Cette police politique est la spécialiste des coups tordus. Jusqu’à peu, le DRS – qui dépend du ministère de la Défense – pouvait mener des enquêtes judiciaires, notamment sur des faits de corruption. Un instrument puissant pour faire et défaire les ministres et hommes de pouvoir en fonction des intérêts et de l’humeur du jour. Un ancien membre du DRS a ainsi raconté sur procès-verbal en France avoir eu pour mission d’espionner des militaires de haut rang: « Je devais tout photographier. L’idée générale était de photographier les biens des généraux. À cette époque, en 2008-2009, c’est le DRS qui s’est chargé à la place de la police judiciaire de la corruption (…).
En décembre 2011, Claude Guéant, alors ministre de l’Intérieur, annonce son arrivée à Alger. L’ancien secrétaire général de l’Élysée doit rencontrer le ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia. Dans les milieux diplomatiques, l’annonce suscite un certain embarras. Le protocole algérien déclare dans un premier temps ne pas être au courant de ce déplacement. Sous couvert d’une visite consacrée à la coopération administrative avec le ministre de l’Intérieur algérien, le premier flic de France veut – en fait – voir le général Mohamed Lamine Mediène. La théorie du pouvoir visible (le ministre) et invisible (le patron des services secrets). Cependant, la manœuvre française passe mal au niveau algérien, qui trouve le procédé désobligeant. Claude Guéant demande à voir le président, Abdelaziz Bouteflika, qui refuse. « Vous avez choisi votre camp », fait-on comprendre en substance au ministre français (…).
Claude Guéant avait déjà rencontré le tout-puissant patron du DRS à l’Élysée, lorsqu’il était secrétaire général. Lors de l’un de ses déplacements, Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, insistera lui aussi pour le voir ».
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