CONFERENCE DE SAID SADI A AKBOU, LE 03 JANVIER 2015.
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CONFERENCE DE SAID SADI A AKBOU, LE 03 JANVIER 2015.
CONFERENCE DE SAID SADI A AKBOU, LE 03 JANVIER 2015.
DEVOIR DE RÉSISTANCE, EXIGENCE DE DÉVELOPPEMENT
Bonjour et bonne année à tous.
Avant d’aborder l’introduction à nos débats, j’aimerais, ici aussi, saluer le plus chaleureusement possible le dévouement des associations « sensibilisation, intégration et développement », « Taneflith », « Parole et action » et « rayon de soleil de l’autiste » qui ont permis l’organisation de ce forum. Chacune dans son domaine anime et aide à trouver des solutions aux objectifs fixés par ses statuts et, dans le même temps apporte la preuve que la défense de l’intérêt général peut encore être un motif de satisfaction personnel dans l’accomplissement d’une vie. Cette pédagogie mérite notre soutien et notre respect. C’est les moments de régression civique que les actions citoyennes prennent le plus de sens et de valeur.
La relecture de l’histoire, libérée des censures est plus importante pour les jeunes nations que celles qui ont déjà un long passé derrière elles qui ont stabilisé leurs référents nationaux et leurs institutions. C’est donc dans les périodes de reconfiguration qu’il nous faut être exigeants pour éviter au pays de replonger dans des formes de gestions politiques et sociales inopérantes et, au final, illégitimes parce qu’elle sont érigées sur la base de d’un patrimoine collectif spolié et dénaturé.
Ce qui fait qu’au lieu de préserver et consolider ce qui rassemble et fédère, on exclut les catégories extérieures aux sphères dirigeantes qui sont confondues avec l’héroïsme et le sacrifice dû au peuple.
Cela piège toute forme de débat et de compétition politique. Comment oser critiquer ou envisager une alternative à un ordre politique qui se pose comme l’incarnation de la vertu nationale ?
Cela fausse le processus de développement puisque les énergies qui ont libéré le pays sont généralement multiples et plurielles se trouvent expulsées de la préparation et de l’exécution de l’autre libération qui est la construction d’une nation prospère et solidaire. Or si les valeurs et les énergies collectives sont fractionnées ou, pire, réprimées, c’est l’ensemble du potentiel populaire qui en pâtit.
Nous allons, si vous le voulez bien, pendre le cas spécifique de la région d’Akbou qui peut être intéressant à considérer justement parce que cette contrée a été un lieu de résistance militaire et politique important pendant la guerre et se trouve être aujourd’hui le pôle de développement essentiel de la Kabylie.
Il est maintenant essentiel de voir quelles sont les relations qui peuvent exister entre résistance et développement pour mieux appréhender une éventuelle opportunité de nouvelle mise en perspective du pays.
Pendant la guerre, le FLN a pénétré et organisé cette zone avec une stratégie qui mérite d’être finement analysée.
A quelques encablures d’ici le village de Taslent était quasiment un havre de paix pour Amirouche qui s’y repliait quand il fallait recevoir ses hôtes ou mette en attente les malades ou les messagers qui devaient se préparer à se rendre en Tunisie. C’est dire le niveau d’adhésion qui régnait dans cette localité.
L’armée française ne s’y est pas trompée. Quand il a fallu déclencher l’opération Jumelles en wilaya III, c’est Ichelladhen, a quelques kilomètres d’ici que le général Challe a installé son PC. Quand le général de Gaule a voulu donner une image pacifiée de la Kabylie c’est à Akbou qu’il s’est rendu pour démontrer que même dans le terrain le plus hostile la paix était à portée de fusil. Cette « attention » atteste de la profondeur de l’engagement des populations auprès du FLN. Comment un tel engagement a-t-il été obtenu ?
En écoutant attentivement les témoignages des anciens maquisards, on découvre que l’approche et la sensibilisation faites de patience, témoignant d’un vrai souci de ne pas exposer inutilement les habitants, de leur épargner, autant que la situation pouvait le permettre les privations, a considérablement facilité l’adhésion populaire. Cette pratique qui limitait le recours systématique à la sanction, a diminué les animosités et les oppositions que pouvaient rencontrer l’ALN et aussi réduit les divisions entre les villageois qui sont autant de failles dont l’ennemi pouvait jouer.
Pourtant, Ben Ali Chérif, riche propriétaire terrien est originaire du même endroit. Il a longtemps hésité avant d’accepter de se rendre en Tunisie sur proposition d’Amirouche pour lui épargner les cérémonies officielles auxquelles le soumettaient l’administration française toujours pressée de montrer des indigènes définitivement assimilés.
Indépendamment de son éventuel apport moral et financier, cette expatriation a privé la France d’un soutien symbolique et psychologique important; les Ben Ali Cherif, dépositaires d’une Zawiya avait encore une certaine influence dans une société à dominante rurale. Il a évité une élimination avec ses déchirements qui laissent toujours des traces dans le corps social et permis de réintégrer biens et fonds de la famille au lendemain de la guerre. Une partie de ce foncier est d’ailleurs recyclés par les nouveaux opérateurs économiques redéployés dans la zone industrielle d’Akbou.
Le même résultat n’a pas pu être obtenu partout dans la vallée. A Amizour et pour des raisons qu’il serait intéressant de connaître dans leur intimité, des familles de notables n’ont pas pu être aspirées dans la dynamique de rassemblement autour du FLN. Cette défection, même si elle n’a pas été suivie de la sanction suprême, comme cela s’est fait par ailleurs, a laissé quelques séquelles dans la mémoire locale, ce qui n’a pas été sans engendré des tensions et des frictions avec ce que cela suppose comme dispersion du potentiel humain et naturel censé être mis au service de l’harmonie et de la promotion des populations.
Que peut-on tirer comme première leçon de bref aperçu ?
Que même dans les phases de lutte concernant une même cause, la nature de la gestion retenue pour tendre à la mobilisation la plus large possible peut produire des résultats différents dans leurs conséquences politiques sociales et économiques.
Dans toute entreprise de conquête d’une souveraine niée il a des séquences de violence imposées par l’adversaire ou d’autres circonstances inattendues. Les résonances de ces affrontements, quand ils ne sont pas trop longs et qu’ils ne participent d’une volonté d’ériger la terreur comme principe d’autorité, peuvent toujours se dissoudre dans le temps ou par des initiatives d’apaisement. Un tel environnement est toujours plus propice à des issues fécondes pour l’après-guerre.
Pour rester dans le périmètre d’Akbou où une grande partie de l’investissement régional s’est concentrée. Il est capital de retrouver la pratique de l’échange apaisé et l’esprit fédérateur qui additionne les énergies et les intelligences au lieu de les opposer.
Ni les opérateurs seuls ni des citoyens à la marge ou inorganisés ne peuvent porter un projet de développement durable, performant et structurant.
La multiplication du tissu associatif facilitera les identifications des problèmes et des demandes et la recherche de solution par la communication directe. Cela est d’autant plus déterminant que pour l’instant les institutions, incapables de jouer leur rôle d’intermédiation, en arrivent même à provoquer des incidents pour renforcer le processus de clientélisation de la gestion de la demande sociale.
Il n’est pas naturel ni acceptable ni encore moins souhaitable que des jeunes ferment une route déjà largement saturée pour exprimer une revendication sociale. Ce genre d’entrave handicape d’abord le tissu industriel avant de pénaliser l’autorité politique ou administrative que l’on veut atteindre.
De la même façon que les responsables de cette région ont su faire preuve de sens d la mesure pendant la guerre, il est désormais fondamental que les doléances soient raisonnables et exprimées dans des cadres reconnus pour leur capacité et leur crédibilité quant à la prise en charge des préoccupations de l’habitant. Le représentant de l’Etat sachant, qu’il n’y a ni risque de manipulation ni possibilité de recours à une répression gratuite sera mis en demeure d’accéder à la démarche. L’action de protestation de rue, si elle devait s’avérer nécessaire doit être menée avec méthode et le souci de ne pas provoquer de dégâts collatéraux qui n’indisposent que le producteur de richesse, handicap qui finalement impact directement ou indirectement le citoyen.
Face à une société civile forte, organisée et disponible l’entrepreneur doit être à l’écoute des propositions et, le cas échéant, des remarques du citoyen vivant dans un environnement sur lequel ses activités peuvent induire des effets voire des nuisances dont il est tenu d’accepter de débattre. Outre que le citoyen est dépositaire des lieux de vie où se mène la production, il est aussi consommateur ; dans cette région où l’essentiel des unités sont dédiées à l’agro-alimentaire, l’écoute et la communication sont des normes qui s’imposent plus que partout ailleurs. Autant pour des raisons de santé publique environnementales que culturelles.
Les préoccupations sur la qualité et les origines des matières premières utilisées sont des signes de l’éveil d’une conscience citoyenne bienvenue. Les inquiétudes qui naissent autour de l’impact de la prolifération d’ateliers ou d’unités de plus en plus nombreux sont légitimes. J’ai entendu des jeunes déplorer que certains produits fait avec le lait local sont trop souvent commercialisés par des termes non amazigh. L’environnement culturel et la promotion des labels et produits du terroir qui peut faire l’économie dela pollution linguistique. Pour les parties distribuées en Kabylie au moins, lben peut s’appeler ivi, rayeb, ikil…Mais avant d’en arriver à lancer, comme je l’ai entendu à trois reprises l’idée d’un appel au boycott, il faut se rappeler qu’en pleine guerre on a d’abord essayer de convaincre avant de passer à des méthodes plus coercitives.
Aujourd’hui, nous savons tous que nous allons arriver assez rapidement à des moments de rupture qui se traduiront par des redéfinitions générales du projet national.
Plusieurs offres vont être mises sur le marché politique y compris en Kabylie. Selon que les différents acteurs font preuve de maturité et de responsabilité en exposant leur opinion de façon sereine et convaincante, la Kabylie peut à la fois éviter le délitement de ses sacrifices et contribuer à ouvrir une nouvelle ère dans le pays. Mais si comme on l’observe encore trop souvent la diversité d’opinion s’abîme dans des invectives que, malheureusement, certains empruntent à la géhenne arabiste qui leur fait perdre de vue les enjeux les plus importants,le défi qui nous attend risque d’être compliqué et les plus grands bénéficiaires seront encore les sorciers de recettes occultes.
Le développement est une guerre qui requiert sa stratégie, ses objectifs et ses militants. Nous avons la chance d’avoir pu observer des approches de guerre qui ont fait avancer mieux et plus vite les causes pour lesquelles se battaient les Algériens tout en préservant les chances de l’émancipation économique et industrielle des temps de paix.
Nous n’avons pas le droit de ne pas honorer cette sage intelligence qui vous a été léguée et de plus nous n’avons pas intérêt à l’ignorer car la facture sur notre quotidien et notre avenir serait durablement dommageable.
Je vous remercie.
DEVOIR DE RÉSISTANCE, EXIGENCE DE DÉVELOPPEMENT
Bonjour et bonne année à tous.
Avant d’aborder l’introduction à nos débats, j’aimerais, ici aussi, saluer le plus chaleureusement possible le dévouement des associations « sensibilisation, intégration et développement », « Taneflith », « Parole et action » et « rayon de soleil de l’autiste » qui ont permis l’organisation de ce forum. Chacune dans son domaine anime et aide à trouver des solutions aux objectifs fixés par ses statuts et, dans le même temps apporte la preuve que la défense de l’intérêt général peut encore être un motif de satisfaction personnel dans l’accomplissement d’une vie. Cette pédagogie mérite notre soutien et notre respect. C’est les moments de régression civique que les actions citoyennes prennent le plus de sens et de valeur.
La relecture de l’histoire, libérée des censures est plus importante pour les jeunes nations que celles qui ont déjà un long passé derrière elles qui ont stabilisé leurs référents nationaux et leurs institutions. C’est donc dans les périodes de reconfiguration qu’il nous faut être exigeants pour éviter au pays de replonger dans des formes de gestions politiques et sociales inopérantes et, au final, illégitimes parce qu’elle sont érigées sur la base de d’un patrimoine collectif spolié et dénaturé.
Ce qui fait qu’au lieu de préserver et consolider ce qui rassemble et fédère, on exclut les catégories extérieures aux sphères dirigeantes qui sont confondues avec l’héroïsme et le sacrifice dû au peuple.
Cela piège toute forme de débat et de compétition politique. Comment oser critiquer ou envisager une alternative à un ordre politique qui se pose comme l’incarnation de la vertu nationale ?
Cela fausse le processus de développement puisque les énergies qui ont libéré le pays sont généralement multiples et plurielles se trouvent expulsées de la préparation et de l’exécution de l’autre libération qui est la construction d’une nation prospère et solidaire. Or si les valeurs et les énergies collectives sont fractionnées ou, pire, réprimées, c’est l’ensemble du potentiel populaire qui en pâtit.
Nous allons, si vous le voulez bien, pendre le cas spécifique de la région d’Akbou qui peut être intéressant à considérer justement parce que cette contrée a été un lieu de résistance militaire et politique important pendant la guerre et se trouve être aujourd’hui le pôle de développement essentiel de la Kabylie.
Il est maintenant essentiel de voir quelles sont les relations qui peuvent exister entre résistance et développement pour mieux appréhender une éventuelle opportunité de nouvelle mise en perspective du pays.
Pendant la guerre, le FLN a pénétré et organisé cette zone avec une stratégie qui mérite d’être finement analysée.
A quelques encablures d’ici le village de Taslent était quasiment un havre de paix pour Amirouche qui s’y repliait quand il fallait recevoir ses hôtes ou mette en attente les malades ou les messagers qui devaient se préparer à se rendre en Tunisie. C’est dire le niveau d’adhésion qui régnait dans cette localité.
L’armée française ne s’y est pas trompée. Quand il a fallu déclencher l’opération Jumelles en wilaya III, c’est Ichelladhen, a quelques kilomètres d’ici que le général Challe a installé son PC. Quand le général de Gaule a voulu donner une image pacifiée de la Kabylie c’est à Akbou qu’il s’est rendu pour démontrer que même dans le terrain le plus hostile la paix était à portée de fusil. Cette « attention » atteste de la profondeur de l’engagement des populations auprès du FLN. Comment un tel engagement a-t-il été obtenu ?
En écoutant attentivement les témoignages des anciens maquisards, on découvre que l’approche et la sensibilisation faites de patience, témoignant d’un vrai souci de ne pas exposer inutilement les habitants, de leur épargner, autant que la situation pouvait le permettre les privations, a considérablement facilité l’adhésion populaire. Cette pratique qui limitait le recours systématique à la sanction, a diminué les animosités et les oppositions que pouvaient rencontrer l’ALN et aussi réduit les divisions entre les villageois qui sont autant de failles dont l’ennemi pouvait jouer.
Pourtant, Ben Ali Chérif, riche propriétaire terrien est originaire du même endroit. Il a longtemps hésité avant d’accepter de se rendre en Tunisie sur proposition d’Amirouche pour lui épargner les cérémonies officielles auxquelles le soumettaient l’administration française toujours pressée de montrer des indigènes définitivement assimilés.
Indépendamment de son éventuel apport moral et financier, cette expatriation a privé la France d’un soutien symbolique et psychologique important; les Ben Ali Cherif, dépositaires d’une Zawiya avait encore une certaine influence dans une société à dominante rurale. Il a évité une élimination avec ses déchirements qui laissent toujours des traces dans le corps social et permis de réintégrer biens et fonds de la famille au lendemain de la guerre. Une partie de ce foncier est d’ailleurs recyclés par les nouveaux opérateurs économiques redéployés dans la zone industrielle d’Akbou.
Le même résultat n’a pas pu être obtenu partout dans la vallée. A Amizour et pour des raisons qu’il serait intéressant de connaître dans leur intimité, des familles de notables n’ont pas pu être aspirées dans la dynamique de rassemblement autour du FLN. Cette défection, même si elle n’a pas été suivie de la sanction suprême, comme cela s’est fait par ailleurs, a laissé quelques séquelles dans la mémoire locale, ce qui n’a pas été sans engendré des tensions et des frictions avec ce que cela suppose comme dispersion du potentiel humain et naturel censé être mis au service de l’harmonie et de la promotion des populations.
Que peut-on tirer comme première leçon de bref aperçu ?
Que même dans les phases de lutte concernant une même cause, la nature de la gestion retenue pour tendre à la mobilisation la plus large possible peut produire des résultats différents dans leurs conséquences politiques sociales et économiques.
Dans toute entreprise de conquête d’une souveraine niée il a des séquences de violence imposées par l’adversaire ou d’autres circonstances inattendues. Les résonances de ces affrontements, quand ils ne sont pas trop longs et qu’ils ne participent d’une volonté d’ériger la terreur comme principe d’autorité, peuvent toujours se dissoudre dans le temps ou par des initiatives d’apaisement. Un tel environnement est toujours plus propice à des issues fécondes pour l’après-guerre.
Pour rester dans le périmètre d’Akbou où une grande partie de l’investissement régional s’est concentrée. Il est capital de retrouver la pratique de l’échange apaisé et l’esprit fédérateur qui additionne les énergies et les intelligences au lieu de les opposer.
Ni les opérateurs seuls ni des citoyens à la marge ou inorganisés ne peuvent porter un projet de développement durable, performant et structurant.
La multiplication du tissu associatif facilitera les identifications des problèmes et des demandes et la recherche de solution par la communication directe. Cela est d’autant plus déterminant que pour l’instant les institutions, incapables de jouer leur rôle d’intermédiation, en arrivent même à provoquer des incidents pour renforcer le processus de clientélisation de la gestion de la demande sociale.
Il n’est pas naturel ni acceptable ni encore moins souhaitable que des jeunes ferment une route déjà largement saturée pour exprimer une revendication sociale. Ce genre d’entrave handicape d’abord le tissu industriel avant de pénaliser l’autorité politique ou administrative que l’on veut atteindre.
De la même façon que les responsables de cette région ont su faire preuve de sens d la mesure pendant la guerre, il est désormais fondamental que les doléances soient raisonnables et exprimées dans des cadres reconnus pour leur capacité et leur crédibilité quant à la prise en charge des préoccupations de l’habitant. Le représentant de l’Etat sachant, qu’il n’y a ni risque de manipulation ni possibilité de recours à une répression gratuite sera mis en demeure d’accéder à la démarche. L’action de protestation de rue, si elle devait s’avérer nécessaire doit être menée avec méthode et le souci de ne pas provoquer de dégâts collatéraux qui n’indisposent que le producteur de richesse, handicap qui finalement impact directement ou indirectement le citoyen.
Face à une société civile forte, organisée et disponible l’entrepreneur doit être à l’écoute des propositions et, le cas échéant, des remarques du citoyen vivant dans un environnement sur lequel ses activités peuvent induire des effets voire des nuisances dont il est tenu d’accepter de débattre. Outre que le citoyen est dépositaire des lieux de vie où se mène la production, il est aussi consommateur ; dans cette région où l’essentiel des unités sont dédiées à l’agro-alimentaire, l’écoute et la communication sont des normes qui s’imposent plus que partout ailleurs. Autant pour des raisons de santé publique environnementales que culturelles.
Les préoccupations sur la qualité et les origines des matières premières utilisées sont des signes de l’éveil d’une conscience citoyenne bienvenue. Les inquiétudes qui naissent autour de l’impact de la prolifération d’ateliers ou d’unités de plus en plus nombreux sont légitimes. J’ai entendu des jeunes déplorer que certains produits fait avec le lait local sont trop souvent commercialisés par des termes non amazigh. L’environnement culturel et la promotion des labels et produits du terroir qui peut faire l’économie dela pollution linguistique. Pour les parties distribuées en Kabylie au moins, lben peut s’appeler ivi, rayeb, ikil…Mais avant d’en arriver à lancer, comme je l’ai entendu à trois reprises l’idée d’un appel au boycott, il faut se rappeler qu’en pleine guerre on a d’abord essayer de convaincre avant de passer à des méthodes plus coercitives.
Aujourd’hui, nous savons tous que nous allons arriver assez rapidement à des moments de rupture qui se traduiront par des redéfinitions générales du projet national.
Plusieurs offres vont être mises sur le marché politique y compris en Kabylie. Selon que les différents acteurs font preuve de maturité et de responsabilité en exposant leur opinion de façon sereine et convaincante, la Kabylie peut à la fois éviter le délitement de ses sacrifices et contribuer à ouvrir une nouvelle ère dans le pays. Mais si comme on l’observe encore trop souvent la diversité d’opinion s’abîme dans des invectives que, malheureusement, certains empruntent à la géhenne arabiste qui leur fait perdre de vue les enjeux les plus importants,le défi qui nous attend risque d’être compliqué et les plus grands bénéficiaires seront encore les sorciers de recettes occultes.
Le développement est une guerre qui requiert sa stratégie, ses objectifs et ses militants. Nous avons la chance d’avoir pu observer des approches de guerre qui ont fait avancer mieux et plus vite les causes pour lesquelles se battaient les Algériens tout en préservant les chances de l’émancipation économique et industrielle des temps de paix.
Nous n’avons pas le droit de ne pas honorer cette sage intelligence qui vous a été léguée et de plus nous n’avons pas intérêt à l’ignorer car la facture sur notre quotidien et notre avenir serait durablement dommageable.
Je vous remercie.
folle- Nombre de messages : 3347
Date d'inscription : 25/01/2009
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