Nazim Mekbel. Fils de Saïd Mekbel. Président de l’association Ajouad Algérie Mémoires
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Nazim Mekbel. Fils de Saïd Mekbel. Président de l’association Ajouad Algérie Mémoires
Nazim Mekbel. Fils de Saïd Mekbel. Président de l’association Ajouad Algérie Mémoires
«N’attendons pas 40 ans pour découvrir l’histoire de la Décennie noire»le 03.12.14 | 10h00 Réagissez
| © D. R.
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-En ce 20e anniversaire de la disparition de Saïd Mekbel, quel est votre sentiment ? Qu’aimeriez-vous nous dire sur votre père ?
Oui, déjà 20 ans ! Comme toute personne qui a perdu un proche, on a cette impression que c’était hier, d’autant plus qu’il y a cette omniprésence parmi ses anciens lecteurs, marquée par tout ce qu’il a laissé tout au long de ses années d’écriture. Jusqu’à aujourd’hui, je rencontre des personnes qui me parlent de ce qu’il apportait à travers ses chroniques, à travers l’image de ses écrits. C’est là qu’on se rend compte qu’il fait, comme certaines autres victimes, partie de l’histoire du pays.
-Ses amis, ses anciens collègues décrivent tous un homme profondément engagé, attachant, drôle, humble et, bien sûr, extrêmement talentueux et subtil. Vous qui êtes son fils, comment le décririez-vous ? On l’imagine papa gâteau débordant d’affection…
C’est vrai qu’au fil des rencontres et des souvenirs, c’est souvent ces termes qui le décrivent, mais en tant que fils, permettez-moi de ne pas trop m’étaler sur ce côté-là.
-Certains confrères nous ont affirmé que Mekbel n’avait à aucun moment cessé d’écrire, même après la fermeture d’Alger Rep’ suite au coup d’Etat de Boumediène. Confirmez-vous cette information ? Partageait-il ses écrits avec vous ? En parlait-il à la maison ?
On ne peut pas dire qu’il tenait une chronique au quotidien, mais il écrivait souvent de petits contes, de petites analyses sur la politique du moment, des billets d’humeur. Il dessinait aussi, comme ce jour où il avait copié en A3 une planche d’un album de Lucky Luke très ironique qu’il avait fixée derrière lui au bureau pour répondre à sa hiérarchie. C’était au début des années 1980. Pour ce qui est de les partager, il avait fait le choix de ne pas parler de son passé de journaliste qu’après le retour de la presse libre en 1989, une façon de nous protéger peut-être. Par la suite, ce fut l’inverse, puisqu’il s’inspirait de notre langage de jeunes pour se mettre à jour.
-Vous rappeliez dans une tribune, datée du 1er décembre 2011, cette citation de votre père : «La vérité est comme la justice, elle a besoin de témoins.» Aujourd’hui, estimez-vous que la lumière a été faite sur l’assassinat de Saïd Mekbel ou au contraire, la vérité est toujours occultée sur les circonstances et les commanditaires de son assassinat ?
Oui, j’avais repris cette phrase d’une de ses chroniques pour dire que tout Algérien est témoin d’un fait qui s’est produit durant cette période et c’est à nous d’écrire cette période. Qui se souvient du Comité vérité (Comité pour la Vérité sur l’assassinat de Tahar Djaout, ndlr) ? Ce comité créé à la mort de Tahar Djaout qui voulait la vérité sur l’assassinat de Djaout. Parmi ses membres, il y avait le professeur Boucebci et Saïd Mekbel, tous deux assassinés… A ce moment-là, il était impossible d’exiger une enquête véritable et sérieuse, pour la simple raison que des dizaines de personnes se faisaient tuer chaque semaine, des personnalités mais aussi des citoyens, des policiers isolés, des militaires (pour la plupart des appelés). A l’heure actuelle, l’affaire Saïd Mekbel est dite «classée», tout comme celle de Djaout, mais avant Djaout, il y avait Belazhar à Constantine, dont très peu de personnes se souviennent.
-Avec votre association Ajouad Algérie Mémoires, vous faites un remarquable travail de mémoire, justement, afin de lutter contre «l’oubli décrété», selon votre formule, tout en dénonçant la loi de 2006 qui impose un «déni de mémoire et de justice». Que convient-il de faire pour ne pas «tuer» une deuxième fois les victimes du terrorisme ? Comment contrer cette culture de l’amnésie ?
Ajouad Algérie Mémoires est plus un mouvement sans frontières qu’une association, car nous avons des ramifications dans tous les lieux qui désirent se joindre à notre travail de mémoire. Pour lutter contre cette politique d’amnésie, nous devons toucher les consciences, raviver la mémoire. C’est pour cela que nous avons instauré symboliquement cette Journée contre l’oubli le 22 mars, une forme de résistance passive qui en est, rappelons-le, à sa cinquième année. Mais pour être plus efficace, nous devons établir les vraies conséquences de cette période sur la société algérienne. Nous devons prouver que la société algérienne est loin d’être sortie indemne de cette tragédie.
Poser une réflexion sociétale sur la violence que vivent actuellement les Algériens. Nous parlons de 200 000 morts sans pouvoir préciser quoi que ce soit les concernant, sans parler de ces oubliés que sont les rescapés blessés dont personne ne connait le chiffre exact. Il y a certes quelques écrits isolés et discrets mais qui ne sont pas mis en valeur et n’ont pas la portée qu’ils devraient avoir pour connaître et comprendre ce passé. Il faudrait aussi revaloriser les actes des personnalités assassinées, comme cela se fait à travers toutes ces rencontres, conférences, qui ont été réalisées autour des Alloula, Mekbel, Boukhobza, Fardeheb, Boucebci, Asselah, ou les actions menées par les anciens de l’EPAU… Il faut continuer dans cette démarche citoyenne afin de protéger cette élite sacrifiée. A ceux qui nous disent : «Li fet met», je réponds que nous sommes en train de découvrir (et c’est un grand mot) les dessous de la vraie histoire postindépendance de notre pays. N’attendons pas 40 ans pour découvrir celle de la Décennie noire.
Mustapha Benfodil
Aokas Ultras- Nombre de messages : 4045
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Re: Nazim Mekbel. Fils de Saïd Mekbel. Président de l’association Ajouad Algérie Mémoires
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Aokas Ultras- Nombre de messages : 4045
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Azul- Nombre de messages : 29959
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