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ALGERIE, UN ETE 62… CARTOUCHES GAULOISES UN FILM DE MEHDI CHAREF

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Message  Aokas Revolution Mer 3 Déc - 12:52

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Aokas Revolution

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Message  Aokas Revolution Mer 3 Déc - 12:52

C'est un très bon films à ne pas manquer ,l'association ciné+ vous souhaite la bienvenue, le vendredi 05/12/2014 à la maison de jeunes de TIMEZRIT BEJAIA à 18h30.

Aokas Revolution

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Message  Aokas Revolution Mer 3 Déc - 12:53

ALGERIE, UN ETE 62… CARTOUCHES GAULOISES UN FILM DE MEHDI CHAREF
C'était la guerre...
Sam H Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 01 - 2008

Printemps 1962... Le dernier de la guerre d'Algérie. A tort ou à raison, Mehdi Charef s'est décidé à raconter son histoire, son enfance, son Algérie. Un regard. Celui d'un enfant de 10 ans pris dans les filets de la guerre des grands. Ses amis, la cabane qu'ils ont construite, la mort au coin de la rue, le mur contre lequel sa tante Habiba est fusillée, les Français, les harkis... La misère. Une souffrance partagée pour l'amour d'un seul pays. Mehdi Charef a écrit Cartouches gauloises comme on écrit un journal intime. Cependant, en le projetant sur les écrans algériens, il prend le risque d'être hué, bafoué… par le public. Des exactions commises par les Français.

Les Algériens n'en ont rien oublié. Et aujourd'hui encore, l'Etat algérien demande la repentance de la France" class="city">France ! Pour les pieds-noirs, ça a pris le temps mais ils sont quand même revenus. Même Enrico Macias, qui continue de rêver d'un pèlerinage officiel qui le conduirait là où il est né, peut revenir s'il le souhaite. Mais pour les harkis, c'est plus compliqué ! Pour Mehdi Charef, Cartouches gauloises n'est autre que la vision d'un enfant sur la guerre. Un recoin de mémoire qui rejaillit à un âge où l'on ne voit pas plus loin que le bout de son village. A travers le personnage de Ali, c'est sa propre histoire qu'il revit. Son rapport aux communautés qu'il côtoyait. De son enfance, il tente aujourd'hui de comprendre le geste du harki. Sa lâcheté et la terreur qu'il a infligée à ses frères algériens sacrifiés au nom de la guerre, d'un territoire… Les harkis ont finalement trouvé une place dans l'événement Alger" class="city">Alger, capitale de la culture arabe. Avec Cartouches gauloises, Mehdi Charef souhaite que les Algériens se posent des questions sur le contexte d'une époque qui n'a pas été favorable aux harkis. Des circonstances et des conséquences endurées aujourd'hui encore par leurs enfants et petits-enfants qui continuent d'en payer le prix. Plaie béante tracée entre deux nations pour un amour impossible. Deux rives qui s'entrechoquent par une histoire commune. Des enfants qu'ils partagent aussi. Ici aussi, l'histoire a été retranscrite à l'encre rouge. Et les victimes des massacres de leurs parents et familles continuent à revivre le cauchemar de la guerre d'Algérie. Cartouches gauloises : une contribution.
Sam H.

MEHDI CHAREF AU SOIR D'ALGERIE
"Je ne plaide pas la cause des harkis"
Pourquoi le titre Cartouches Gauloises ?
C'est un jeu de mot pour ne pas dire balle française, des cartouches de fusil. Cartouches Gauloises, c'est vrai qu'il n'y a pas un lien direct avec le film. Par contre, quand je rentrais dans les bars pour vendre les journaux, j'aimais l'odeur des cigarettes que les soldats français fumaient.
Qui est Ali ?
Ali, c'est un petit Algérien qui vend des journaux dans les années 1960. Il attend que son père revienne. Il ne sait pas où il se trouve. En même temps, il nous entraîne dans sa chronique à lui : l'école, ses amis, sa mère, ses cousins, sa guerre.
C'est donc votre histoire, votre vie que vous racontez...
Oui. Il y a beaucoup de choses dans ce film qui se sont réellement produites dans ma famille. Ce film, c'est aussi le récit de la guerre d'Algérie à travers le regard d'Ali. Dans son village, à Maghnia. Ce n'est pas la guerre d'Algérie, dans toute l'Algérie mais juste dans son village. Ali ne savait pas que l'Algérie faisait cinq fois la superficie de la France" class="city">France. J'avais envie de parler de ma famille. De ce qui nous a traumatisés, ce qui a provoqué aussi beaucoup de dégâts dans ma famille. J'avais envie que mes petits neveux et mes nièces le sachent. Je voulais qu'ils sachent qui étaient leurs grands- parents. Qu'ils sachent pourquoi on est venu en France" class="city">France. Je voulais leur raconter ce que ma mère avait vécu pendant la guerre d'Algérie parce que mon père n'était pas là. Comment, nous, mon frère et moi, avons grandi pendant cette guerre.
Vous avez assisté à tous ces assassinats, notamment celui de votre tante ?
Je n'y étais pas. Ils ne voulaient pas que je regarde. Je me suis quand même faufilé. La dernière image que je garde en tête, ma mère en train de laver le sang sur le mur contre lequel ma tante a été fusillée. Les gens qui étaient là avaient raconté un peu plus tard : la pauvre, elle avait mis sa plus belle robe, elle s'était maquillée, du souak, elle savait qu'elle allait être fusillée. Ce sont des bribes de souvenirs. Je ne voulais pas poser de questions parce qu'un jour mon père me la demandé. Ça l'a traumatisé ; il a raison, je sais.
L'amitié entre les quatre enfants a réellement existé...
Oui. J'ai parlé de quatre copains mais nous étions onze enfants. Un Espagnol, un chrétien, un juif, un Italien, un Français, un Arabe... Dans l'équipe de foot, il y avait onze joueurs, mais j'ai préféré n'en prendre que quatre pour le film.
Parfois cruels, souvent touchants, ces enfants représentent une sorte de symbole, de message...
Non. C'est la société qui était comme ça. Les enfants s'aimaient bien. Mais ils réagissaient comme leurs pères, comme leurs parents. C'étaient quand même les patrons. Ça a changé à la fin de la guerre. On les voyait beaucoup moins. Entre nous, parfois ça allait, d'autres fois… Pour moi, c'était ça l'intérêt du film. Ce n'était pas de raconter la guerre. Mettre en images ce rapport. D'ailleurs, j'ai revu cinq d'entre eux juste après la projection du film en France" class="city">France, cinquante ans après.
On n'aperçoit pas la misère de la guerre, on n'a pas le sentiment quand on voit Ali...
Mon frère et moi n'étions jamais à la maison. Il n'y avait rien à manger, pas de jouets. Ma mère nous lavait, on mangeait des tartines matin et midi, du pain tartiné au sucre en poudre quand on allait à l'école. Pendant les vacances, il n'y avait rien du tout. Il avait une sacrée dignité.
Avec Cartouches Gauloises, vous portez un regard tendre sur les harkis et les colons, ce ne sont pas les Algériens que l'on voit...
Parce que c'était comme ça. Je les ai connus comme ça. Moi, à cette époque, je les détestais. Je les ai revus plus tard, en France" class="city">France. Quand on découvre leur détresse, on a plus le même sentiment de haine que l'on avait envers eux. Parce qu'on se rend compte que le choix qu'ils ont fait d'aller vers l'armée française, ils l'ont vraiment fortement payé. J'ai changé de regard sur eux. Je sais que ça risque de choquer ici. Mais c'est le sentiment que j'éprouve. Un jour, un vieux harki m'a dit : «Vous avez de la chance vous les Algériens, vous êtes mieux aimés que nous ici en France" class="city">France. » C'est drôle, ils sont interdits là, ils sont détestés là- bas aussi. C'est dur pour leurs enfants. Parce que pour les adultes, c'était clair que ce sont des traîtres. Mais pour les enfants qui ont grandi après la guerre, qui se sont mariés, c'est autre chose. C'est de la souffrance. Le symbole de leurs parents. Cette image de père harki est toujours là.
Vous plaidez la cause des harkis ?
Je ne plaide pas la cause des harkis. Je dis comment les gens sont. Comment l'être humain peut être. Comment on découvre l'être humain. C'est ça qui m'intéresse. Un moment, il est question de compassion pour quelqu'un. Au début, on le hait et puis on se met à le connaître. Connaître dans quelles circonstances il s'est engagé dans l'armée française. Comment ça s'est fait ? Comment il a continué à vivre ? Est-ce que ça l'a rendu heureux ? C'est ça qu'il y a dans le projet du film. Ce sont toutes ces questions. Après ça, les sentiments changent.
Vous souhaitez que le regard des Algériens change envers les harkis ?
Non. Je veux juste que l'on se pose des questions. C'est dur. Il ne faut pas chercher de solutions, mais juste savoir ce qui s'est passé. Avant d'avoir un regard dur ou doux, j'aime suivre le personnage longtemps. Savoir comment et pourquoi il a pris cette décision. J'adore faire ça. Après, il faut le défendre. C'est très difficile de le faire.
Pourquoi avoir attendu longtemps pour faire Cartouches Gauloises?
D'abord, j'avais envie de faire autre chose avant. Ensuite, ça été très dur pour moi d'écrire cette histoire. Je savais qu'il y a des choses dans ce film qui ne plairaient pas aux Algériens, d'autres aux Français ou encore aux harkis. Je ne savais pas comment écrire le scénario. Au début je l'ai écrit soft. L'histoire des enfants étaient là. Raconter l'histoire de ces deux enfants (Ali et Nico). L'un veut l'indépendance pour ses parents, et l'autre une Algérie française parce que ses parents adorent ce pays. Donc ça, c'est la colonne vertébrale. Après il fallait montrer la guerre, les gens qui l'ont faite, et comment je l'ai affrontée.
Comment vous avez vécu le tournage ?
Comme d'habitude, quand je tourne, je me débrouille pour que ça ne soit que de la fiction. Alors que là, j'ai eu beaucoup de moments difficiles pendant le tournage. Lorsqu'Ali courait après le camion pour voir où on allait enterrer nos morts, ou qu'il marchait devant sa mère pour chercher à manger. La mort de la tante Habiba, là aussi j'ai déprimé. Ça m'a rattrapé. J'ai oublié que c'était de la fiction.
Ali assiste impassible aux drames qui se déroulent autour de lui…
Oui, ça glissait. Les gens sont très surpris. D'autres ont compris que ce môme avait beaucoup de force. Il subit tout ça sans qu'on le voit pleurer ou se cacher les yeux, le visage. Le problème, Ali ne pouvait pas faire ça dans le scénario. Pas plus. S'il avait pleuré, ce n'était plus Ali. Il aurait été foutu. Il n'aurait pas rejailli à l'écran autrement. C'est celui qui protège le film. Cette façade, c'est Ali. Je suis sûr que je ne réagissais pas comme ça quand j'étais enfant. Ma mère me l'aurait dit. Sinon, je me souviendrais qu'en rentrant du village ma mère m'aurait dit : mon petit t'a pleuré, excuse- moi, je n'aurais jamais dû t'emmener avec moi. Et puis, il y a eu des choses pires que dans le film. Mon père absent, elle ne pouvait pas sortir seule à cause des voisins et du qu'on-dira-t-on, donc je l'accompagnais toujours. Même en France" class="city">France, elle me faisait ça. En arrivant en France" class="city">France, c'est moi le premier qui lui ai appris à aller au dispensaire, aux courses... Parfois, elle me faisait manquer l'école ou attendait les jours fériés. Elle a mis deux ans pour se passer de moi. Par contre, moi j'ai commencé à pleurer, à avoir des malaises, des déboires, une quinzaine d'années plus tard.
Comment expliquer qu'à l'annonce de l'Indépendance, Ali accourt plutôt vers ses amis français ?
Il est paumé. Il est perdu. Il est heureux, il veut faire la fête avec eux. D'ailleurs, il y a des Français qui ont fêté l'Indépendance avec les Algériens.
Alors que les enfants quittent un à un la cabane, à la fin du film, on y retrouve Djelloul, le harki…
Au début, on l'a faite pour les copains, mais la scène où Djelloul se retrouve dans la cabane, ça me surprend. C'est une question que je me pose. Je n'ai jamais eu le temps. C'est quelque chose qui prête à analyse. Plusieurs fois, il m'est arrivé d'analyser dans mes autres films des séquences que dix ans plus tard. Pour Djelloul, je n'en ai aucune. Ça me surprend mais peut-être qu'il espérait que les enfants ne le balancent pas. Ce sont les seuls qui peuvent m'aider à m'enfuir en France" class="city">France. Le problème c'est qu'Ali le dénonce sans faire exprès.

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