Amira Bouraoui passe en tête

Les menaces que doit subir actuellement la porte-parole du Mouvement Barakat sont un autre exemple que le coup de force d’Abdelaziz Bouteflika déstabilise l’Algérie. Ce sont ses actions qui ont amené cette femme à devenir la personne politique qu’elle est maintenant. Elle était une inconnue avant le 22 février quand le premier ministre Abdelmalek Sellal a annoncé la candidature de l’invalide pour un 4e mandat. Ce sont les actions de cette courageuse femme pendant les mois précédents l'élection présidentielle algérienne du 17 avril qui l’a fait connaître et lui a attiré des sympathisants dans de nombreux pays. Les honnêtes citoyens de la planète ont pu la voir se dresser contre Abdelaziz Bouteflika qui a finalement volé son mandat malgré le fait qu’il n’avait même pas la force de faire campagne lui-même. Les démocrates de par le monde ont remarqué l’héroïne algérienne et applaudissent à ce qu’elle a fait. S’élever contre une fraude électorale évidente est un des devoirs de base de quiconque se considère le moindrement politisé. Malgré l’interdiction de manifester à Alger, elle est même descendue dans la rue rejoindre la foule. Sans hésitation, elle s’est fait arrêter avec tous les autres citoyens qui ne pouvaient pas croire que leur gouvernement avait eu le culot de se livrer à une fraude électorale si visible.

La communauté internationale appuie Amira Bouraoui quand elle demande avec le mouvement Barakat que le régime actuellement en poste quitte le pouvoir pacifiquement. Ce mouvement rassemble d’ailleurs tout ce qu’il y a de bien en Algérie. C’est ce qui y attire non seulement les militants des droits de l’homme, mais aussi des journalistes, des étudiants et des gens ordinaires qui n’aiment pas que le gouvernement se moquent si ouvertement d’eux. Que la candidature d’un homme de 77 ans affaiblit par un accident cérébral en avril 2013, qui ne soit ni physiquement, ni mentalement apte à assurer ses fonctions, contrairement à ce qu’exige la loi n’ait pas été disqualifié, appelle à créer un système plus démocratique et plus juste. Elle a donc demandé sans succès le mardi 29 avril au Conseil constitutionnel d'appliquer l'article 88 de la Constitution, qui prévoit l'enclenchement d'une procédure d'empêchement en cas de maladie grave du président. Cette femme aspire à vivre dans un État de droit et veut réveiller la population. Ses actions redonnent espoir dans ce combat contre la soumission au pouvoir d’une classe entière de personnes prises dans un jeu inextricable de renvois d’ascenseurs.

Cette situation montre finalement que la gynécologue de 38 ans qui a dénoncé le président sortant et le défaitisme qu’il a installé au fil des décennies vient d’atteindre un de ses objectifs. Les menaces de mort envoyées à la dirigeante du mouvement Barakat montrent le lien entre le pouvoir algérien et les extrémistes musulmans qui reprennent leur rôle d’homme de main du régime qu’ils ont déjà eu. Il n’y a pas que le peuple algérien et les membres du mouvement Barakat qui réagiraient fortement à tout attentat contre Amira Bouraoui. Une telle situation discréditera non seulement l’islamisme en Algérie, mais aussi le gouvernement qui a déjà été accusé d’avoir utilisé ces forces occultes pour se débarrasser d’opposants politiques gênants. Les appuis internationaux au régime et les liens qu’ils entretiennent avec les membres de puissantes familles algériennes près du pouvoir pourraient s’effilocher rapidement si l’Algérie retombait dans la violence.