Tamazight, origines et diversité
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Tamazight, origines et diversité
Seule langue autochtone ou native de Tamazgha (Afrique du Nord), la langue berbère s’étendait, historiquement et au moment de son expansion maximale, sur un immense domaine d’un seul tenant allant du Sinaï aux Canaries et de la Méditerranée au sud du Sahara. Dès l’arrivée des “Arabo-musulmans” le domaine de la langue berbère n’a cessé de rétrécir au profit de variétés de la langue arabe importées d’Arabie. Aujourd’hui la Tamazight, de sa vraie dénomination, est une langue minorée, volontairement marginalisée au Maghreb “arabe”. Elle n’est pas réellement reconnue comme langue nationale et n’est donc pas enseignée. Aucun moyen de l’Etat n’est mis à sa disposition. De fait l’arabe cumule toutes les faveurs et avantages de la langue nationale et officielle, de la puissance de l’Etat et des institutions, langue de l’Islam qui est religion officielle et obligatoire, et enfin support exclusif et noyau dure de la seule identité admise et clamée : l’identité arabo-musulmane.
BERBERE “COMMUN” ET DIALECTES
Le berbère actuel constitue dans ses multiples dialectes l’héritage direct d’une langue commune dont on doit situer le foyer et l’origine lointaine en Basse Egypte et en Libye actuelle (autour de -3500, pour le protoberbère ancien). Cette langue, le protoberbère commun, est la forme que devait prendre la langue berbère avant son éclatement. Les dialectes historiques connus et ou éteints en constituent les formes divergentes ayant évolué séparément et dont les contacts se sont raréfiés au cours du temps. Les multiples déplacements historiques des premiers groupes berbérophones, à l’intérieur du Maghreb, ont amené toutefois ces groupes à rentrer de nouveau en contact. Aussi peut-on observer, sur certaines aires au moins des recouvrements, superpositions et autres enchevêtrements qui rendent le travail de classement problématique. C’est cet ensemble unitaire de “dialectes” issu d’une langue mère par différenciation progressive, dialectisation, superposition ou fusions locales que l’on désigne par “langue berbère”. Le berbère ne dispose pas d’une langue standardisée commune et aucune “langue régionale” n’a pu s’imposer aux dépens des autres. Mais ce sont historiquement formées, ici et là, des aires sociolinguistiques relativement vastes pour peu que la communication n’ait pas été rompue par la distance géographique ou par l’arabe dialectal. Il semble y avoir eu anciennement entre différentes zones des solutions de continuité ou de transition plus nombreuses qu’aujourd’hui.
FOYER D’ORIGINE ET CONTACTS ANCIENS
Sises originellement dans la partie occidentale de la basse Egypte, la langue berbère était alors délimitée à l’est par le sémitique, et au sud-est par l’Egyptien ancien dont le foyer d’origine se trouvait en Moyenne Egypte. Au Sahara le berbère était voisin des langues tchadiques et du nilo-saharien. Le berbère était donc en contact lors de sa formation et au cours de son expansion avec au moins trois langues de la famille chamitosémitique : l’égyptien ancien, le sémitique et le tchadique.
LA FAMILLE AFROASIATIQUE
On ne discute plus aujourd’hui de savoir si la Tamazight appartient à une famille de langues, le chamito-sémitique, mais des liens qui l’unissent plus particulièrement à certaines branches de cette famille. En effet ces groupes ont du entretenir, entre eux et au lendemain de leur séparation, d’intenses et durables relations de voisinage où de forts emprunts réciproques ne sont pas exclus. On a même parlé à ce propos de caractère sémitique des langues berbères et égyptiennes. Et l’on a avancé l’hypothèse d’un fort adstrat sémitique dans deux branches “africaines”. L’afro-asiatique (de préférence à chamito-sémitique ou sémito-hamitique dont la terminologie réfère à une construction généalogique locale douteuse) regroupe selon les classements en vigueur : le sémitique, l’égyptien (ancien), le couchitique (pour lequel l’unité est parfois mise en doute) et le berbère. Il faut maintenant y rabouter le tchadique et l’omotique, qui posent des problèmes particuliers d’intégration à cette famille. DATATION Les théories les plus récentes placent au néolitique (autour de 6000 ans) la séparation des différentes branches de l’afroasiatique septentrionnal et la protolangue commune (ou protoafroasiatique commun) autour de -14 000 quelque part sur les hauts plateaux éthiopiens. Une théorie concurrente, la plus ancienne, place au contraire le foyer de départ au proche-orient.
FOYER D’ORIGINE, VOISINAGE ET EXPANSION
En toute rigueur - l’hypothèse inverse étant également soutenable -, la langue berbère est une langue autonome et ne peut être ramenée à une quelconque des autres branches. Elle est attestée à une période assez profonde : elle dispose d’au moins 4 millénaires d’existence et d’évolution propore (protoberbère ancien). Mais le peu de différenciation interne laisse supposer soit un conservatisme étonnant, soit, et c’est l’hypothèse la plus probable, qu’une variété orientale jeune et conquérante (portée par les futurs Imazighen qui donneront son nom à la langue actuelle) ait recouvert les dialectes occidentaux non moins berbères. C’est de ce recouvrement premier (dès -2500) que serait issue la langue actuelle. Il faut, en ce qui concerne le berbère situer le foyer d’origine (et non le foyer d’expansion) autour de la Basse Egypte et de la Libye orientale. Au plan archéologique on identifiera un des centres néolithiques égyptiens, le maâdien (Basse Egypte, -4500) à un groupe de langue (pré)berbère. Et le groupe nagadien (Moyenne Egypte) au futur groupe de langue (proto)égyptienne. La parenté plus étroite entre le berbère, l’égyptien et le sémitique ainsi que les données de la distribution géographique font apparaître un groupe septentrional ancien et plus cohérent et un “ensemble” méridional plus éclaté. Peut-être que l’égyptien et le berbère n’ont-ils pas constitué qu’une seule et même langue autour de -5000. Dans tous les cas la zone occupée par la langue berbère était située bien plus au sud de Memphis à l’entrée du Delta à la hauteur du site de Tasa : la remontée vers le nord du groupe nagadien est bien confirmée par les premiers documents égyptiens (différentes palettes thinites retraçant la “conquête” ou unification des deux royaumes (-3100). Au temps de l’Ancien et du Nouvel Empire l’ensemble du Delta était berbérophone. L’égyptianisation définitive de la Basse Egypte qui a commencé dès le 4ème millénaire ne fut achevée qu’au temps des grecs par... les derniers Pharaons berbères de l’Egypte indépendante.
CONTACTS RECENTS ET ANCIENS, EMPRUNTS
On décèle dans la langue actuelle un nombre important d’emprunts, faits aussi bien à l’arabe dialectale avec lequel elle est en concurrence et en contact permanent, qu’aux langues européennes (essentiellement français et espagnol). La langue berbère atteste des emprunts puniques, latins et romans bien intégrés. Au delà la comparaison fait apparaître un fond lexical commun avec l’égyptien ancien, le tchadique et le couchitique nord. Il est parfois difficile de déterminer s’il s’agit d’emprunts dus au voisinage avec des langues de la famille indo-européenne.Une importante série radicale dite “fond méditerranéen”pourrait appartenir au stade nostratique ou à des langues méditerranéennes disparues (substrat).
UNE LANGUE SANS HISTOIRE(S) ?
Les différentes dynasties berbères, dont la langue orale de la cour était le berbère, n’ont pas jugé nécessaire de promouvoir la langue berbère ou d’en faire une langue officielle. Sur la plaine atlantique et sur une durée de 3 siècles (742-1148) le Royaume Berghwata a été dans l’histoire des dynasties berbères, le seul cas de son espèce à avoir ouvertement répudié la langue arabe et rompue avec l’Islam. La langue officielle était le berbère et la religion une révélation nouvelle, s’appuyant sur un coran rédigé en langue tamazight. Cette expérience fut brutalement interrompue par le fanatisme et l’orthodoxie almohade.
ECRITURE
Les communautés Kharijites du moyen-âge ont dès les Rostomides de Tahart (9è-11è) développé des écrits en berbères (noté en caractères arabes). Il ne reste de cette importante production que quelques phrases. On aura constaté que la langue en usage est très proche de la langue actuelle et reste compréhensible pour un locuteur berbère nord (surtout zénète). Il a existé une écriture berbère ancienne, le tifinagh, issue comme toutes les écritures actuelles de la Méditerranée de l’alphabet phénicien. Les Touaregs ont conservé une variété de cette écriture. Les berbères se sont appropriés ces systèmes et cherchent à les adapter à la modernité. Pour les Tifinaghs anciens ou Libyque, la variété occidentale reste indéchiffrée : devant la difficulté on s’est demandé si cette écriture ne notait pas une langue non berbère.
BERBERE “COMMUN” ET DIALECTES
Le berbère actuel constitue dans ses multiples dialectes l’héritage direct d’une langue commune dont on doit situer le foyer et l’origine lointaine en Basse Egypte et en Libye actuelle (autour de -3500, pour le protoberbère ancien). Cette langue, le protoberbère commun, est la forme que devait prendre la langue berbère avant son éclatement. Les dialectes historiques connus et ou éteints en constituent les formes divergentes ayant évolué séparément et dont les contacts se sont raréfiés au cours du temps. Les multiples déplacements historiques des premiers groupes berbérophones, à l’intérieur du Maghreb, ont amené toutefois ces groupes à rentrer de nouveau en contact. Aussi peut-on observer, sur certaines aires au moins des recouvrements, superpositions et autres enchevêtrements qui rendent le travail de classement problématique. C’est cet ensemble unitaire de “dialectes” issu d’une langue mère par différenciation progressive, dialectisation, superposition ou fusions locales que l’on désigne par “langue berbère”. Le berbère ne dispose pas d’une langue standardisée commune et aucune “langue régionale” n’a pu s’imposer aux dépens des autres. Mais ce sont historiquement formées, ici et là, des aires sociolinguistiques relativement vastes pour peu que la communication n’ait pas été rompue par la distance géographique ou par l’arabe dialectal. Il semble y avoir eu anciennement entre différentes zones des solutions de continuité ou de transition plus nombreuses qu’aujourd’hui.
FOYER D’ORIGINE ET CONTACTS ANCIENS
Sises originellement dans la partie occidentale de la basse Egypte, la langue berbère était alors délimitée à l’est par le sémitique, et au sud-est par l’Egyptien ancien dont le foyer d’origine se trouvait en Moyenne Egypte. Au Sahara le berbère était voisin des langues tchadiques et du nilo-saharien. Le berbère était donc en contact lors de sa formation et au cours de son expansion avec au moins trois langues de la famille chamitosémitique : l’égyptien ancien, le sémitique et le tchadique.
LA FAMILLE AFROASIATIQUE
On ne discute plus aujourd’hui de savoir si la Tamazight appartient à une famille de langues, le chamito-sémitique, mais des liens qui l’unissent plus particulièrement à certaines branches de cette famille. En effet ces groupes ont du entretenir, entre eux et au lendemain de leur séparation, d’intenses et durables relations de voisinage où de forts emprunts réciproques ne sont pas exclus. On a même parlé à ce propos de caractère sémitique des langues berbères et égyptiennes. Et l’on a avancé l’hypothèse d’un fort adstrat sémitique dans deux branches “africaines”. L’afro-asiatique (de préférence à chamito-sémitique ou sémito-hamitique dont la terminologie réfère à une construction généalogique locale douteuse) regroupe selon les classements en vigueur : le sémitique, l’égyptien (ancien), le couchitique (pour lequel l’unité est parfois mise en doute) et le berbère. Il faut maintenant y rabouter le tchadique et l’omotique, qui posent des problèmes particuliers d’intégration à cette famille. DATATION Les théories les plus récentes placent au néolitique (autour de 6000 ans) la séparation des différentes branches de l’afroasiatique septentrionnal et la protolangue commune (ou protoafroasiatique commun) autour de -14 000 quelque part sur les hauts plateaux éthiopiens. Une théorie concurrente, la plus ancienne, place au contraire le foyer de départ au proche-orient.
FOYER D’ORIGINE, VOISINAGE ET EXPANSION
En toute rigueur - l’hypothèse inverse étant également soutenable -, la langue berbère est une langue autonome et ne peut être ramenée à une quelconque des autres branches. Elle est attestée à une période assez profonde : elle dispose d’au moins 4 millénaires d’existence et d’évolution propore (protoberbère ancien). Mais le peu de différenciation interne laisse supposer soit un conservatisme étonnant, soit, et c’est l’hypothèse la plus probable, qu’une variété orientale jeune et conquérante (portée par les futurs Imazighen qui donneront son nom à la langue actuelle) ait recouvert les dialectes occidentaux non moins berbères. C’est de ce recouvrement premier (dès -2500) que serait issue la langue actuelle. Il faut, en ce qui concerne le berbère situer le foyer d’origine (et non le foyer d’expansion) autour de la Basse Egypte et de la Libye orientale. Au plan archéologique on identifiera un des centres néolithiques égyptiens, le maâdien (Basse Egypte, -4500) à un groupe de langue (pré)berbère. Et le groupe nagadien (Moyenne Egypte) au futur groupe de langue (proto)égyptienne. La parenté plus étroite entre le berbère, l’égyptien et le sémitique ainsi que les données de la distribution géographique font apparaître un groupe septentrional ancien et plus cohérent et un “ensemble” méridional plus éclaté. Peut-être que l’égyptien et le berbère n’ont-ils pas constitué qu’une seule et même langue autour de -5000. Dans tous les cas la zone occupée par la langue berbère était située bien plus au sud de Memphis à l’entrée du Delta à la hauteur du site de Tasa : la remontée vers le nord du groupe nagadien est bien confirmée par les premiers documents égyptiens (différentes palettes thinites retraçant la “conquête” ou unification des deux royaumes (-3100). Au temps de l’Ancien et du Nouvel Empire l’ensemble du Delta était berbérophone. L’égyptianisation définitive de la Basse Egypte qui a commencé dès le 4ème millénaire ne fut achevée qu’au temps des grecs par... les derniers Pharaons berbères de l’Egypte indépendante.
CONTACTS RECENTS ET ANCIENS, EMPRUNTS
On décèle dans la langue actuelle un nombre important d’emprunts, faits aussi bien à l’arabe dialectale avec lequel elle est en concurrence et en contact permanent, qu’aux langues européennes (essentiellement français et espagnol). La langue berbère atteste des emprunts puniques, latins et romans bien intégrés. Au delà la comparaison fait apparaître un fond lexical commun avec l’égyptien ancien, le tchadique et le couchitique nord. Il est parfois difficile de déterminer s’il s’agit d’emprunts dus au voisinage avec des langues de la famille indo-européenne.Une importante série radicale dite “fond méditerranéen”pourrait appartenir au stade nostratique ou à des langues méditerranéennes disparues (substrat).
UNE LANGUE SANS HISTOIRE(S) ?
Les différentes dynasties berbères, dont la langue orale de la cour était le berbère, n’ont pas jugé nécessaire de promouvoir la langue berbère ou d’en faire une langue officielle. Sur la plaine atlantique et sur une durée de 3 siècles (742-1148) le Royaume Berghwata a été dans l’histoire des dynasties berbères, le seul cas de son espèce à avoir ouvertement répudié la langue arabe et rompue avec l’Islam. La langue officielle était le berbère et la religion une révélation nouvelle, s’appuyant sur un coran rédigé en langue tamazight. Cette expérience fut brutalement interrompue par le fanatisme et l’orthodoxie almohade.
ECRITURE
Les communautés Kharijites du moyen-âge ont dès les Rostomides de Tahart (9è-11è) développé des écrits en berbères (noté en caractères arabes). Il ne reste de cette importante production que quelques phrases. On aura constaté que la langue en usage est très proche de la langue actuelle et reste compréhensible pour un locuteur berbère nord (surtout zénète). Il a existé une écriture berbère ancienne, le tifinagh, issue comme toutes les écritures actuelles de la Méditerranée de l’alphabet phénicien. Les Touaregs ont conservé une variété de cette écriture. Les berbères se sont appropriés ces systèmes et cherchent à les adapter à la modernité. Pour les Tifinaghs anciens ou Libyque, la variété occidentale reste indéchiffrée : devant la difficulté on s’est demandé si cette écriture ne notait pas une langue non berbère.
Zhafit- Admin
- Nombre de messages : 13508
Date d'inscription : 26/04/2008
Re: Tamazight, origines et diversité
CLASSEMENT DES DIALECTES
On n’a pas réussi malgrè des efforts à classer de manière satisfaisante les différents parlers berbères et l’on opère toujours sur la base de la vieille tripartition khaldounienne (Zénata, Senhaja, Masmouda). Des tentatives récentes ont vu le jour sans emporter la conviction, et l’on éprouve des difficultés à choisir des critères de répartition et de sous-division. Il faut ajouter que le berbère reste une langue peu explorée et relativement peu enquêtée pour certaines zones géographiques. Ceci malgré des avancées remarquables et des travaux de valeur, pour l’essentiel oeuvres de berbèrophones eux-mêmes. Au plan de la différenciation historique et sans tenir compte des recouvrements et superpositions, des zones de transition et d’enchevêtrement, on distinguera trois rameaux primaires : le berbère occidental (Senhaja), le berbère méridional (Touareg), le berbère oriental (Zénète). Ces ensembles sont issus de trois vagues majeures et succéssives toutes d’origine orientale ; la dernière en date étant la vague zénète. Elle s’étend aujourd’hui depuis l’Egypte jusqu’au Rif et au Maroc central (Ayt Seghrouchen, Ayt Warayen intégrés à un bloc occidental ou Senhaja remontés du sud-est marocain et des confins algériens). Les trois grandes divisions sont encore bien représentées dans les parlers actuels et il ne semble pas qu’une variété nouvelle ait été découverte qui changerait notre manière de concevoir et d’imaginer ce que fut le berbère à ses débuts. En Algérie, il ne subsiste de l’historique bloc senhaja-kétama qui s’étendait des environs de Bône (Annaba) à Tanger que l’ensemble Kabyle (Igawawen/Zwawa).
L’AUTO-ARABISATION
La large arabisation du Maghreb central et de l’Ifrikia (encore globalement berbèrophone à l’époque des Idrissides (12e siècle) a fini par isoler les régions berbèrophones les unes des autres et accélérer leur arabisation. Celle-ci n’est pas un effet direct de la présence hilalienne très minoritaire au Maghreb. Dès le 16e siècle, en effet, ce sont des berbères arabisés eux-mêmes, majoritairement zénètes, qui ont pris le relais dans ce processus.
LE POIDS ACTUEL DE LA BERBEROPHONIE
La langue berbère est présente dans dix états africains (Maroc, Algérie, Tunisie, Lbye, Egypte, Mauritanie, Mali, Niger, Burkina-Faso, Nigéria). Elle est éteinte aux Canaries depuis le 15e siècle. Cette présence n’a pas la même force démographique partout. Le plus fort pourcentage de berbèrophones se trouve actuellement au Maroc, suivi de près par l’Algérie. Il est important en Libye (Nefoussa, Zwara et Ghadamès) et dans la zone touarègue à cheval sur plusieurs pays. On peut estimer globalement le nombre de locuteurs entre 22 et 25 millions dont la moitié se trouve au Maroc. Au début du siècle le Maroc était à 75% berbèrophone (35% aujourd’hui). Ici comme ailleurs, l’arabisation est un fait récent et rapide, et sauf sursaut, la langue tamazight est vouée à une extinction programmée, inscrite de longue date et sur une longue durée dans les politiques culturelles successives d’Etats et des élites berbères assimilées à l’idéolgie arabo-musulmane.
VILLES ET CAMPAGNES AUSSI
On a dit que la langue berbère s’est surtout maintenue dans les montagnes et le déserts. Cela n’est vrai qu’en partie. Un nombre important de berbèrophones se trouve aujourd’hui dans les agglomérations citadines et les métropoles régionales. Il n’y a aucune raison de douter qu’il fut autrement à date plus ancienne. Au Maroc notamment, les villes renferment autant de berbèrophones (toujours bilingues) que l’arrière pays. Les “cartes” de la berbèrophonie ne représentent en réalité que les zones homogènes, majoritairement, sinon totalement berbèrophones.
LE CONSERVATISME TOUAREG
Avec ses 2,5 à 3 millions de locuteurs répartis sur un vaste territoire (de la Libye au Burkina-Faso, en passant par le Niger et le Mali), le berbère méridional (ou touareg) présente une certaine originalité et se distingue nettement du berbère septentrional (Nord) dont il a du se détacher très tôt. On a dit que le touareg présentait un caractère assez conservateur voire archaïque ; mais c’est oublier qu’il est aussi, sur certains plans assez novateur et relativement “évolué” par rapport aux langues du nord. En réalité tous les dialectes présentent, sous certains aspects, qui ne sont pas toujours les mêmes, des conservations et des innovations. Il n’y a pas de “dialecte” archaïsant en tous ses points et aspects. Ceci est vrai au plan phonétique comme au plan morphologique. Il reste que le système vocalique tourègue et celui de Ghdamès présentent l’état le plus ancien (mais non dernier du système vocalique (7 voyelles au lieu de 3 ou 4 pour le berbère nord). La langue touarègue reste au plan du lexique la variété la plus riche la mieux préservée (à peine 10% d’emprunts au temps du Père de Foucaut, pour le dialecte ahaggar). Le touareg méridional (Niger et Mali) commence seulement à être connu et étudié.
LES BLOCS ACTUELS
Aujourd’hui se détachent nettement des blocs sociolinguistiques d’une certaine ampleur et consistance démographique : le bloc chleuh, le bloc du Maroc central , le bloc kabyle , le bloc touareg, respectivement pour le berbère “occidental” et “méridional”, et enfin pour le berbère “oriental” : le bloc rifain (Maroc), le bloc Nefoussa (Libye), le bloc aurésien (Algérie), et le tenace ilôt mozabite. Le Rif et une partie du Maroc central continuent à l’ouest les parlers algériens de l’oranais et des oasis zénètes. Le berbère oriental reste, à cause de son extrême extension géographique (de l’Egypte au Maroc) et des zones arabisées, le plus morcelé. Aux deux extrémités de la berbérophonie le Zénaga de Mauritanie et le parler de Awgila et de Siwa en Egypte sont pratiquement éteints. On ne peut citer toutes les micro-zones éparpillées qui peuvent se rattacher aux 5 grands blocs et dont certaines sont extrêmement menacées. Le bilinguisme arabe-berbère constitue, en l’absence de parité et d’égalité de traitement entre les deux langues nationales une sérieuse menace. Au siècle dernier la Kabylie était encore reliée aux Aurès par le couloir sétifien alors berbèrophone. Il ne survit de cette situation que les parlers de la région de Cap Aokas, intégrés aujourd’hui au bloc kabyle. Dans le Rif occidental des années trente on parlait encore berbère au Fahs dans la région de Tanger.
L’AVENIR INCERTAIN DE LA BERBEROPHONIE
On le voit, l’arabisation initialement très lente et pernicieuse (bilinguisme) s’est faite rapide et brutale : on peut estimer que la berbèrophonie a perdu près de la moitié de ses locuteurs passés à la langue arabe et que son territoire a dramatiquement rétréci depuis le siècle dernier. Et malgré un fort mouvement revendicatif et un intérêt plus grand de la part des jeunes générations pour la langue, les conditions de domination faites à la berbèrophonie ainsi que le peu d’enthousiasme des Etats pour la reconnaissance des droits linguistiques berbères en Afrique du Nord et le poids de l’hégémonie de l’idéologie arabo-musulmane sur les élites rendent difficile tout pronostic quand à la survivance de la langue tamazight d’ici deux générations.
par Boujemâa Zoulef
On n’a pas réussi malgrè des efforts à classer de manière satisfaisante les différents parlers berbères et l’on opère toujours sur la base de la vieille tripartition khaldounienne (Zénata, Senhaja, Masmouda). Des tentatives récentes ont vu le jour sans emporter la conviction, et l’on éprouve des difficultés à choisir des critères de répartition et de sous-division. Il faut ajouter que le berbère reste une langue peu explorée et relativement peu enquêtée pour certaines zones géographiques. Ceci malgré des avancées remarquables et des travaux de valeur, pour l’essentiel oeuvres de berbèrophones eux-mêmes. Au plan de la différenciation historique et sans tenir compte des recouvrements et superpositions, des zones de transition et d’enchevêtrement, on distinguera trois rameaux primaires : le berbère occidental (Senhaja), le berbère méridional (Touareg), le berbère oriental (Zénète). Ces ensembles sont issus de trois vagues majeures et succéssives toutes d’origine orientale ; la dernière en date étant la vague zénète. Elle s’étend aujourd’hui depuis l’Egypte jusqu’au Rif et au Maroc central (Ayt Seghrouchen, Ayt Warayen intégrés à un bloc occidental ou Senhaja remontés du sud-est marocain et des confins algériens). Les trois grandes divisions sont encore bien représentées dans les parlers actuels et il ne semble pas qu’une variété nouvelle ait été découverte qui changerait notre manière de concevoir et d’imaginer ce que fut le berbère à ses débuts. En Algérie, il ne subsiste de l’historique bloc senhaja-kétama qui s’étendait des environs de Bône (Annaba) à Tanger que l’ensemble Kabyle (Igawawen/Zwawa).
L’AUTO-ARABISATION
La large arabisation du Maghreb central et de l’Ifrikia (encore globalement berbèrophone à l’époque des Idrissides (12e siècle) a fini par isoler les régions berbèrophones les unes des autres et accélérer leur arabisation. Celle-ci n’est pas un effet direct de la présence hilalienne très minoritaire au Maghreb. Dès le 16e siècle, en effet, ce sont des berbères arabisés eux-mêmes, majoritairement zénètes, qui ont pris le relais dans ce processus.
LE POIDS ACTUEL DE LA BERBEROPHONIE
La langue berbère est présente dans dix états africains (Maroc, Algérie, Tunisie, Lbye, Egypte, Mauritanie, Mali, Niger, Burkina-Faso, Nigéria). Elle est éteinte aux Canaries depuis le 15e siècle. Cette présence n’a pas la même force démographique partout. Le plus fort pourcentage de berbèrophones se trouve actuellement au Maroc, suivi de près par l’Algérie. Il est important en Libye (Nefoussa, Zwara et Ghadamès) et dans la zone touarègue à cheval sur plusieurs pays. On peut estimer globalement le nombre de locuteurs entre 22 et 25 millions dont la moitié se trouve au Maroc. Au début du siècle le Maroc était à 75% berbèrophone (35% aujourd’hui). Ici comme ailleurs, l’arabisation est un fait récent et rapide, et sauf sursaut, la langue tamazight est vouée à une extinction programmée, inscrite de longue date et sur une longue durée dans les politiques culturelles successives d’Etats et des élites berbères assimilées à l’idéolgie arabo-musulmane.
VILLES ET CAMPAGNES AUSSI
On a dit que la langue berbère s’est surtout maintenue dans les montagnes et le déserts. Cela n’est vrai qu’en partie. Un nombre important de berbèrophones se trouve aujourd’hui dans les agglomérations citadines et les métropoles régionales. Il n’y a aucune raison de douter qu’il fut autrement à date plus ancienne. Au Maroc notamment, les villes renferment autant de berbèrophones (toujours bilingues) que l’arrière pays. Les “cartes” de la berbèrophonie ne représentent en réalité que les zones homogènes, majoritairement, sinon totalement berbèrophones.
LE CONSERVATISME TOUAREG
Avec ses 2,5 à 3 millions de locuteurs répartis sur un vaste territoire (de la Libye au Burkina-Faso, en passant par le Niger et le Mali), le berbère méridional (ou touareg) présente une certaine originalité et se distingue nettement du berbère septentrional (Nord) dont il a du se détacher très tôt. On a dit que le touareg présentait un caractère assez conservateur voire archaïque ; mais c’est oublier qu’il est aussi, sur certains plans assez novateur et relativement “évolué” par rapport aux langues du nord. En réalité tous les dialectes présentent, sous certains aspects, qui ne sont pas toujours les mêmes, des conservations et des innovations. Il n’y a pas de “dialecte” archaïsant en tous ses points et aspects. Ceci est vrai au plan phonétique comme au plan morphologique. Il reste que le système vocalique tourègue et celui de Ghdamès présentent l’état le plus ancien (mais non dernier du système vocalique (7 voyelles au lieu de 3 ou 4 pour le berbère nord). La langue touarègue reste au plan du lexique la variété la plus riche la mieux préservée (à peine 10% d’emprunts au temps du Père de Foucaut, pour le dialecte ahaggar). Le touareg méridional (Niger et Mali) commence seulement à être connu et étudié.
LES BLOCS ACTUELS
Aujourd’hui se détachent nettement des blocs sociolinguistiques d’une certaine ampleur et consistance démographique : le bloc chleuh, le bloc du Maroc central , le bloc kabyle , le bloc touareg, respectivement pour le berbère “occidental” et “méridional”, et enfin pour le berbère “oriental” : le bloc rifain (Maroc), le bloc Nefoussa (Libye), le bloc aurésien (Algérie), et le tenace ilôt mozabite. Le Rif et une partie du Maroc central continuent à l’ouest les parlers algériens de l’oranais et des oasis zénètes. Le berbère oriental reste, à cause de son extrême extension géographique (de l’Egypte au Maroc) et des zones arabisées, le plus morcelé. Aux deux extrémités de la berbérophonie le Zénaga de Mauritanie et le parler de Awgila et de Siwa en Egypte sont pratiquement éteints. On ne peut citer toutes les micro-zones éparpillées qui peuvent se rattacher aux 5 grands blocs et dont certaines sont extrêmement menacées. Le bilinguisme arabe-berbère constitue, en l’absence de parité et d’égalité de traitement entre les deux langues nationales une sérieuse menace. Au siècle dernier la Kabylie était encore reliée aux Aurès par le couloir sétifien alors berbèrophone. Il ne survit de cette situation que les parlers de la région de Cap Aokas, intégrés aujourd’hui au bloc kabyle. Dans le Rif occidental des années trente on parlait encore berbère au Fahs dans la région de Tanger.
L’AVENIR INCERTAIN DE LA BERBEROPHONIE
On le voit, l’arabisation initialement très lente et pernicieuse (bilinguisme) s’est faite rapide et brutale : on peut estimer que la berbèrophonie a perdu près de la moitié de ses locuteurs passés à la langue arabe et que son territoire a dramatiquement rétréci depuis le siècle dernier. Et malgré un fort mouvement revendicatif et un intérêt plus grand de la part des jeunes générations pour la langue, les conditions de domination faites à la berbèrophonie ainsi que le peu d’enthousiasme des Etats pour la reconnaissance des droits linguistiques berbères en Afrique du Nord et le poids de l’hégémonie de l’idéologie arabo-musulmane sur les élites rendent difficile tout pronostic quand à la survivance de la langue tamazight d’ici deux générations.
par Boujemâa Zoulef
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