Yasmina Khadra : "Il n'existe pas d'opposition à Bouteflika"
+4
Red@_Senoune
you and me
Maximus
rebai_s
8 participants
Page 1 sur 1
Yasmina Khadra : "Il n'existe pas d'opposition à Bouteflika"
L’écrivain et directeur du Centre Culturel Algérien à Paris, Yasmina Khadra, s’exprime, dans l’entretien qui suit, de son dernier roman, de la censure en Algérie et du troisième mandat de Bouteflika
1- Ce que le jour doit à la nuit raconte l’histoire d’un algérien vivant parmi les français dans une Algérie colonisée. Pourquoi ce choix, et quel message vouliez-vous passer à travers ce livre ?
Yasmina Khadra : Il n’y a pas de message, mais une nécessité littéraire de raconter l’Algérie coloniale en essayant de replacer chaque chose dans son contexte. L’histoire de l’Algérie est fascinante. Il me suffit d’ouvrir n’importe quel livre pour m’y diluer, traverser les générations et revivre des époques instructives, denses, chargées de repères aujourd’hui disparus ou travestis. Il me tenait à cœur de revisiter mon pays, d’essayer de le voir sous un angle personnel afin de mieux me l’approprier. Kateb Yacine, Mohammed Dib, Mouloud Mammeri, Feraoun, Mechakra, Moufdi Zakaria, Al Khalifa, pour ne citer que ces monuments, m’ont largement initié. Camus, Gide, chacun avec son talent, parfois avec ses maladresses et ses approches révoltantes de morgue et de raccourcis (Guy de Maupassant, entre autres), m’ont interpellé. Je suis la somme de tous les écrivains qui m’ont nourri, la synthèse des livres qui m’ont éveillé aux êtres et aux choses. J’ai voulu, à mon tour, apporter ma pierre à l’édifice. Une pierre parmi d’autres. J’estime que notre pays reste encore, et encore à découvrir.
2- Le roman est une belle histoire d’amour, qui connaît des déchirements, mais qui finit par la réconciliation et le pardon. Aujourd’hui le passé reste toujours vif, et des tensions entre les deux rives de la méditerranée existent encore. Etes-vous optimistes pour l’avenir, sachant que la France sous Sarkozy, a permis à un certains moment aux partisans de l’Algérie française de tenir des propos blessants notamment à travers le fameux article 23, abrogé, qui glorifiait la colonisation française, particulièrement en Afrique du Nord ?
YK : Politiquement, il reste beaucoup à faire pour que l’Algérie et la France puissent un jour se regarder en face. Les calculs et les haines torpillent l’ensemble des initiatives louables, et les slogans séditieux supplantent parfois les chants et les prières. Bien sûr, l’immaturité d’une certaine élite politicienne, nostalgique et revancharde, fausse les débats, mais les peuples se doivent de dépasser les traumatismes afin de construire, ensemble, des lendemains moins incléments, plus raisonnables et plus justes. Glorifier la colonisation est une grossière manœuvre, une indélicatesse malencontreuse. Par respect pour les morts des deux camps, nous devons plutôt panser les blessures et ranger au placard le chauvinisme et la cocarde qui ne sont, en réalité, que des artifices pour noceurs déphasés.
3- Votre roman, n’a pas été cité pour les grands prix littéraire en France. Votre vive réaction dans le journal Le Parisien a crée une polémique dans le milieu littéraire parisien. Pensez-vous êtes victime du racisme ?
YK : Je n’aime pas l’injustice, et je la dénonce partout où je la rencontre. J’ai dit ce que je pense de ces institutions, et c’est tout. Pour qu’un écrivain avance, il faut qu’il tourne la page. En ce qui me concerne, c’est chose faite. Ce qui m’importe est mon lectorat.
4- « Ce que le jour doit à la nuit » vient de recevoir deux distinctions : il est élu le meilleur roman de l’année 2008 en France et a décroché le Prix du roman France télévision 2008. Cela vous satisfait-il ?
.
YK : Je crois qu’une dyslexie bien de chez nous rend la réception de mes propos totalement biaisée. Je n’ai pas parlé de la France, ni de Paris, mais du petit milieu parisien. La France est le pays qui m’a le plus soutenu. De la Médaille d’or de l’Académie française à la Légion d’honneur, du prix des Libraires à ceux des lecteurs, des critiques aux lycéens, jamais aucun pays ne m’a renouvelé avec autant d’enthousiasme sa confiance. Je n’ai jamais réclamé de prix. J’ai eu le courage intellectuel de mettre le doigt sur une absurdité.
5- Que pensez-vous du dernier salon du Livre d’Alger et de la censure qui a frappé certains écrivains algériens et étrangers. Quelle votre réaction au limogeage d’Amine Zaoui ?
YK : Le Salon d’Alger se doit de s’ouvrir aux idées, aux débats et aux rencontres plurielles. Il est impératif de le confier aux professionnels, et non aux fonctionnaires. C’est un rendez-vous ambitieux et un territoire de découverte et de conquête. C’est aux journalistes, aux éditeurs et aux Amis du livre qu’échoit la mission de l’organisation à tous les niveaux : conférences, signatures, attributions des prix littéraires, etc. Or, le Salon d’Alger est confié à des fonctionnaires qui, souvent, risquent leur poste à la moindre erreur, d’où ces précautions excessives qui bloquent des livres dans les ports, excluent des auteurs controversés, imposent la censure et fausse l’ambiance festive censée enthousiasmer les foules et les convives. Quant au limogeage d’Amine Zaoui, il rappelle des centaines d’autres limogeages qui s’opèrent dans le monde. J’ignore ce qui s’est passé et n’ai pas d’avis à donner là-dessus. Ce que je sais, c’est qu’Amine Zaoui s’était beaucoup investi dans son travail. Il a apporté un souffle formidable à la BN et lancé des projets titanesques à travers le pays, telles les caravanes du livre, les mille bibliothèques. Il a enrichi le programme de la BN en y conviant des intellectuels et des poètes de grande envergure.
6- Quand vous êtes arrivé au CCA de Paris, vous l’aviez trouvé moribond. Qu’est-ce que vous avez pu réaliser comment changements depuis vous que dirigez ce centre et quels sont vos projets d’avenir pour cet établissement?
YK : Je l’ai trouvé à l’image de la mentalité des Algériens : livré à lui-même. Un CCA détesté par les siens, isolé dans sa convalescence, et boudé par ceux-là mêmes qui sont censés lui insuffler de l’audace et de l’engouement : les artistes et les écrivains qui n’arrivent pas à dissocier le Régime de l’Algérie. Cette mentalité a la peau dure. Elle refuse de s’assagir, et c’est dommage. J’essaye de m’appuyer sur quelques bonnes consciences pour faire avancer les choses, et j’y arrive bien. J’ai envoyé 3 universitaires d’Algérie aux USA, et il y en aura d’autres ; je suis en relation avec certaines universités européennes pour provoquer des projets universitaires avec l’Algérie ( tel l’IEP d’Aix-en-Provence ), et j’essaye d’élargir les champs de manœuvre du CCA en me joignant à des projets collectifs et internationaux dans le domaine artistique. Cependant, je reste perplexe quant au support médiatique qui devrait accompagner les efforts consentis. D’éminents artistes viennent exposer au CCA, des conférenciers et des personnes intéressantes y sont invités, et nos médias préfèrent regarder ailleurs. J’ignore s’il s’agit d’un état d’âme, d’une hostilité viscérale pour la chose culturelle ou d’une connivence assassine; dans les deux cas de figure, c’est triste.
7- que pensez-vous du troisième mandat de Bouteflika ?
YK : Que c’est un aboutissement naturel. L’opposition étant devenue une rente. Seuls les Islamistes militent concrètement, avec détermination et efficacité. Ils disposent d’une vraie doctrine et s’appuient sur une stratégie réaliste et gérable pour un projet de société clairement défini : un état théocratique. Les autres partis ne sont que des caisses de résonnance durant les élections, et des caisses noires en temps de jachère et des siestes post-digestives.
Entretien réalisé par Fayçal Anseur
Source : www.algeriefocus.com
1- Ce que le jour doit à la nuit raconte l’histoire d’un algérien vivant parmi les français dans une Algérie colonisée. Pourquoi ce choix, et quel message vouliez-vous passer à travers ce livre ?
Yasmina Khadra : Il n’y a pas de message, mais une nécessité littéraire de raconter l’Algérie coloniale en essayant de replacer chaque chose dans son contexte. L’histoire de l’Algérie est fascinante. Il me suffit d’ouvrir n’importe quel livre pour m’y diluer, traverser les générations et revivre des époques instructives, denses, chargées de repères aujourd’hui disparus ou travestis. Il me tenait à cœur de revisiter mon pays, d’essayer de le voir sous un angle personnel afin de mieux me l’approprier. Kateb Yacine, Mohammed Dib, Mouloud Mammeri, Feraoun, Mechakra, Moufdi Zakaria, Al Khalifa, pour ne citer que ces monuments, m’ont largement initié. Camus, Gide, chacun avec son talent, parfois avec ses maladresses et ses approches révoltantes de morgue et de raccourcis (Guy de Maupassant, entre autres), m’ont interpellé. Je suis la somme de tous les écrivains qui m’ont nourri, la synthèse des livres qui m’ont éveillé aux êtres et aux choses. J’ai voulu, à mon tour, apporter ma pierre à l’édifice. Une pierre parmi d’autres. J’estime que notre pays reste encore, et encore à découvrir.
2- Le roman est une belle histoire d’amour, qui connaît des déchirements, mais qui finit par la réconciliation et le pardon. Aujourd’hui le passé reste toujours vif, et des tensions entre les deux rives de la méditerranée existent encore. Etes-vous optimistes pour l’avenir, sachant que la France sous Sarkozy, a permis à un certains moment aux partisans de l’Algérie française de tenir des propos blessants notamment à travers le fameux article 23, abrogé, qui glorifiait la colonisation française, particulièrement en Afrique du Nord ?
YK : Politiquement, il reste beaucoup à faire pour que l’Algérie et la France puissent un jour se regarder en face. Les calculs et les haines torpillent l’ensemble des initiatives louables, et les slogans séditieux supplantent parfois les chants et les prières. Bien sûr, l’immaturité d’une certaine élite politicienne, nostalgique et revancharde, fausse les débats, mais les peuples se doivent de dépasser les traumatismes afin de construire, ensemble, des lendemains moins incléments, plus raisonnables et plus justes. Glorifier la colonisation est une grossière manœuvre, une indélicatesse malencontreuse. Par respect pour les morts des deux camps, nous devons plutôt panser les blessures et ranger au placard le chauvinisme et la cocarde qui ne sont, en réalité, que des artifices pour noceurs déphasés.
3- Votre roman, n’a pas été cité pour les grands prix littéraire en France. Votre vive réaction dans le journal Le Parisien a crée une polémique dans le milieu littéraire parisien. Pensez-vous êtes victime du racisme ?
YK : Je n’aime pas l’injustice, et je la dénonce partout où je la rencontre. J’ai dit ce que je pense de ces institutions, et c’est tout. Pour qu’un écrivain avance, il faut qu’il tourne la page. En ce qui me concerne, c’est chose faite. Ce qui m’importe est mon lectorat.
4- « Ce que le jour doit à la nuit » vient de recevoir deux distinctions : il est élu le meilleur roman de l’année 2008 en France et a décroché le Prix du roman France télévision 2008. Cela vous satisfait-il ?
.
YK : Je crois qu’une dyslexie bien de chez nous rend la réception de mes propos totalement biaisée. Je n’ai pas parlé de la France, ni de Paris, mais du petit milieu parisien. La France est le pays qui m’a le plus soutenu. De la Médaille d’or de l’Académie française à la Légion d’honneur, du prix des Libraires à ceux des lecteurs, des critiques aux lycéens, jamais aucun pays ne m’a renouvelé avec autant d’enthousiasme sa confiance. Je n’ai jamais réclamé de prix. J’ai eu le courage intellectuel de mettre le doigt sur une absurdité.
5- Que pensez-vous du dernier salon du Livre d’Alger et de la censure qui a frappé certains écrivains algériens et étrangers. Quelle votre réaction au limogeage d’Amine Zaoui ?
YK : Le Salon d’Alger se doit de s’ouvrir aux idées, aux débats et aux rencontres plurielles. Il est impératif de le confier aux professionnels, et non aux fonctionnaires. C’est un rendez-vous ambitieux et un territoire de découverte et de conquête. C’est aux journalistes, aux éditeurs et aux Amis du livre qu’échoit la mission de l’organisation à tous les niveaux : conférences, signatures, attributions des prix littéraires, etc. Or, le Salon d’Alger est confié à des fonctionnaires qui, souvent, risquent leur poste à la moindre erreur, d’où ces précautions excessives qui bloquent des livres dans les ports, excluent des auteurs controversés, imposent la censure et fausse l’ambiance festive censée enthousiasmer les foules et les convives. Quant au limogeage d’Amine Zaoui, il rappelle des centaines d’autres limogeages qui s’opèrent dans le monde. J’ignore ce qui s’est passé et n’ai pas d’avis à donner là-dessus. Ce que je sais, c’est qu’Amine Zaoui s’était beaucoup investi dans son travail. Il a apporté un souffle formidable à la BN et lancé des projets titanesques à travers le pays, telles les caravanes du livre, les mille bibliothèques. Il a enrichi le programme de la BN en y conviant des intellectuels et des poètes de grande envergure.
6- Quand vous êtes arrivé au CCA de Paris, vous l’aviez trouvé moribond. Qu’est-ce que vous avez pu réaliser comment changements depuis vous que dirigez ce centre et quels sont vos projets d’avenir pour cet établissement?
YK : Je l’ai trouvé à l’image de la mentalité des Algériens : livré à lui-même. Un CCA détesté par les siens, isolé dans sa convalescence, et boudé par ceux-là mêmes qui sont censés lui insuffler de l’audace et de l’engouement : les artistes et les écrivains qui n’arrivent pas à dissocier le Régime de l’Algérie. Cette mentalité a la peau dure. Elle refuse de s’assagir, et c’est dommage. J’essaye de m’appuyer sur quelques bonnes consciences pour faire avancer les choses, et j’y arrive bien. J’ai envoyé 3 universitaires d’Algérie aux USA, et il y en aura d’autres ; je suis en relation avec certaines universités européennes pour provoquer des projets universitaires avec l’Algérie ( tel l’IEP d’Aix-en-Provence ), et j’essaye d’élargir les champs de manœuvre du CCA en me joignant à des projets collectifs et internationaux dans le domaine artistique. Cependant, je reste perplexe quant au support médiatique qui devrait accompagner les efforts consentis. D’éminents artistes viennent exposer au CCA, des conférenciers et des personnes intéressantes y sont invités, et nos médias préfèrent regarder ailleurs. J’ignore s’il s’agit d’un état d’âme, d’une hostilité viscérale pour la chose culturelle ou d’une connivence assassine; dans les deux cas de figure, c’est triste.
7- que pensez-vous du troisième mandat de Bouteflika ?
YK : Que c’est un aboutissement naturel. L’opposition étant devenue une rente. Seuls les Islamistes militent concrètement, avec détermination et efficacité. Ils disposent d’une vraie doctrine et s’appuient sur une stratégie réaliste et gérable pour un projet de société clairement défini : un état théocratique. Les autres partis ne sont que des caisses de résonnance durant les élections, et des caisses noires en temps de jachère et des siestes post-digestives.
Entretien réalisé par Fayçal Anseur
Source : www.algeriefocus.com
rebai_s- Nombre de messages : 1785
Date d'inscription : 26/04/2008
Re: Yasmina Khadra : "Il n'existe pas d'opposition à Bouteflika"
où est l'efficacité du militantisme islamiste monsieur Khadra , ils sont réduit à néant.il n'y a aucune pratique politique .on se console avec la politique d'outre mer.
Maximus- Nombre de messages : 1481
Date d'inscription : 04/05/2008
Re: Yasmina Khadra : "Il n'existe pas d'opposition à Bouteflika"
dire que l'opposition n'existe pas c'est ignorer tous les opposants qui ont été assassines par la clique de bouteflika depuis l'été 62
you and me- Nombre de messages : 2902
Date d'inscription : 29/04/2008
Yasmina Khadra : "Il n'existe pas d'opposition à Bouteflika"
Je pense que MR:YK est encore avec la mentalité de 1990.
Red@_Senoune- Nombre de messages : 1986
Localisation : earth
Date d'inscription : 13/12/2008
Re: Yasmina Khadra : "Il n'existe pas d'opposition à Bouteflika"
je suis heureux et rassuré ,l'algérie a enfin trouvé la sérénité politique et sécuritaire en la personne de bouteflika
rebai_s a écrit: L’écrivain et directeur du Centre Culturel Algérien à Paris, Yasmina Khadra, s’exprime, dans l’entretien qui suit, de son dernier roman, de la censure en Algérie et du troisième mandat de Bouteflika
1- Ce que le jour doit à la nuit raconte l’histoire d’un algérien vivant parmi les français dans une Algérie colonisée. Pourquoi ce choix, et quel message vouliez-vous passer à travers ce livre ?
Yasmina Khadra : Il n’y a pas de message, mais une nécessité littéraire de raconter l’Algérie coloniale en essayant de replacer chaque chose dans son contexte. L’histoire de l’Algérie est fascinante. Il me suffit d’ouvrir n’importe quel livre pour m’y diluer, traverser les générations et revivre des époques instructives, denses, chargées de repères aujourd’hui disparus ou travestis. Il me tenait à cœur de revisiter mon pays, d’essayer de le voir sous un angle personnel afin de mieux me l’approprier. Kateb Yacine, Mohammed Dib, Mouloud Mammeri, Feraoun, Mechakra, Moufdi Zakaria, Al Khalifa, pour ne citer que ces monuments, m’ont largement initié. Camus, Gide, chacun avec son talent, parfois avec ses maladresses et ses approches révoltantes de morgue et de raccourcis (Guy de Maupassant, entre autres), m’ont interpellé. Je suis la somme de tous les écrivains qui m’ont nourri, la synthèse des livres qui m’ont éveillé aux êtres et aux choses. J’ai voulu, à mon tour, apporter ma pierre à l’édifice. Une pierre parmi d’autres. J’estime que notre pays reste encore, et encore à découvrir.
2- Le roman est une belle histoire d’amour, qui connaît des déchirements, mais qui finit par la réconciliation et le pardon. Aujourd’hui le passé reste toujours vif, et des tensions entre les deux rives de la méditerranée existent encore. Etes-vous optimistes pour l’avenir, sachant que la France sous Sarkozy, a permis à un certains moment aux partisans de l’Algérie française de tenir des propos blessants notamment à travers le fameux article 23, abrogé, qui glorifiait la colonisation française, particulièrement en Afrique du Nord ?
YK : Politiquement, il reste beaucoup à faire pour que l’Algérie et la France puissent un jour se regarder en face. Les calculs et les haines torpillent l’ensemble des initiatives louables, et les slogans séditieux supplantent parfois les chants et les prières. Bien sûr, l’immaturité d’une certaine élite politicienne, nostalgique et revancharde, fausse les débats, mais les peuples se doivent de dépasser les traumatismes afin de construire, ensemble, des lendemains moins incléments, plus raisonnables et plus justes. Glorifier la colonisation est une grossière manœuvre, une indélicatesse malencontreuse. Par respect pour les morts des deux camps, nous devons plutôt panser les blessures et ranger au placard le chauvinisme et la cocarde qui ne sont, en réalité, que des artifices pour noceurs déphasés.
3- Votre roman, n’a pas été cité pour les grands prix littéraire en France. Votre vive réaction dans le journal Le Parisien a crée une polémique dans le milieu littéraire parisien. Pensez-vous êtes victime du racisme ?
YK : Je n’aime pas l’injustice, et je la dénonce partout où je la rencontre. J’ai dit ce que je pense de ces institutions, et c’est tout. Pour qu’un écrivain avance, il faut qu’il tourne la page. En ce qui me concerne, c’est chose faite. Ce qui m’importe est mon lectorat.
4- « Ce que le jour doit à la nuit » vient de recevoir deux distinctions : il est élu le meilleur roman de l’année 2008 en France et a décroché le Prix du roman France télévision 2008. Cela vous satisfait-il ?
.
YK : Je crois qu’une dyslexie bien de chez nous rend la réception de mes propos totalement biaisée. Je n’ai pas parlé de la France, ni de Paris, mais du petit milieu parisien. La France est le pays qui m’a le plus soutenu. De la Médaille d’or de l’Académie française à la Légion d’honneur, du prix des Libraires à ceux des lecteurs, des critiques aux lycéens, jamais aucun pays ne m’a renouvelé avec autant d’enthousiasme sa confiance. Je n’ai jamais réclamé de prix. J’ai eu le courage intellectuel de mettre le doigt sur une absurdité.
5- Que pensez-vous du dernier salon du Livre d’Alger et de la censure qui a frappé certains écrivains algériens et étrangers. Quelle votre réaction au limogeage d’Amine Zaoui ?
YK : Le Salon d’Alger se doit de s’ouvrir aux idées, aux débats et aux rencontres plurielles. Il est impératif de le confier aux professionnels, et non aux fonctionnaires. C’est un rendez-vous ambitieux et un territoire de découverte et de conquête. C’est aux journalistes, aux éditeurs et aux Amis du livre qu’échoit la mission de l’organisation à tous les niveaux : conférences, signatures, attributions des prix littéraires, etc. Or, le Salon d’Alger est confié à des fonctionnaires qui, souvent, risquent leur poste à la moindre erreur, d’où ces précautions excessives qui bloquent des livres dans les ports, excluent des auteurs controversés, imposent la censure et fausse l’ambiance festive censée enthousiasmer les foules et les convives. Quant au limogeage d’Amine Zaoui, il rappelle des centaines d’autres limogeages qui s’opèrent dans le monde. J’ignore ce qui s’est passé et n’ai pas d’avis à donner là-dessus. Ce que je sais, c’est qu’Amine Zaoui s’était beaucoup investi dans son travail. Il a apporté un souffle formidable à la BN et lancé des projets titanesques à travers le pays, telles les caravanes du livre, les mille bibliothèques. Il a enrichi le programme de la BN en y conviant des intellectuels et des poètes de grande envergure.
6- Quand vous êtes arrivé au CCA de Paris, vous l’aviez trouvé moribond. Qu’est-ce que vous avez pu réaliser comment changements depuis vous que dirigez ce centre et quels sont vos projets d’avenir pour cet établissement?
YK : Je l’ai trouvé à l’image de la mentalité des Algériens : livré à lui-même. Un CCA détesté par les siens, isolé dans sa convalescence, et boudé par ceux-là mêmes qui sont censés lui insuffler de l’audace et de l’engouement : les artistes et les écrivains qui n’arrivent pas à dissocier le Régime de l’Algérie. Cette mentalité a la peau dure. Elle refuse de s’assagir, et c’est dommage. J’essaye de m’appuyer sur quelques bonnes consciences pour faire avancer les choses, et j’y arrive bien. J’ai envoyé 3 universitaires d’Algérie aux USA, et il y en aura d’autres ; je suis en relation avec certaines universités européennes pour provoquer des projets universitaires avec l’Algérie ( tel l’IEP d’Aix-en-Provence ), et j’essaye d’élargir les champs de manœuvre du CCA en me joignant à des projets collectifs et internationaux dans le domaine artistique. Cependant, je reste perplexe quant au support médiatique qui devrait accompagner les efforts consentis. D’éminents artistes viennent exposer au CCA, des conférenciers et des personnes intéressantes y sont invités, et nos médias préfèrent regarder ailleurs. J’ignore s’il s’agit d’un état d’âme, d’une hostilité viscérale pour la chose culturelle ou d’une connivence assassine; dans les deux cas de figure, c’est triste.
7- que pensez-vous du troisième mandat de Bouteflika ?
YK : Que c’est un aboutissement naturel. L’opposition étant devenue une rente. Seuls les Islamistes militent concrètement, avec détermination et efficacité. Ils disposent d’une vraie doctrine et s’appuient sur une stratégie réaliste et gérable pour un projet de société clairement défini : un état théocratique. Les autres partis ne sont que des caisses de résonnance durant les élections, et des caisses noires en temps de jachère et des siestes post-digestives.
Entretien réalisé par Fayçal Anseur
Source : www.algeriefocus.com
Zhafit- Admin
- Nombre de messages : 13508
Date d'inscription : 26/04/2008
Re: Yasmina Khadra : "Il n'existe pas d'opposition à Bouteflika"
Fares
Moi, je n'ai aucune sympathie pour ce yasmina khadra, un frimeur francophone.
Moi, je n'ai aucune sympathie pour ce yasmina khadra, un frimeur francophone.
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: Yasmina Khadra : "Il n'existe pas d'opposition à Bouteflika"
Mohamed
il change de visage chak jour
il change de visage chak jour
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: Yasmina Khadra : "Il n'existe pas d'opposition à Bouteflika"
and I call " Les autres partis ne sont que des caisses de résonnance durant les élections, et des caisses noires en temps de jachère et des siestes post-digestives. "
voilà un point de vue trés intéressant à débattre .
voilà un point de vue trés intéressant à débattre .
Re: Yasmina Khadra : "Il n'existe pas d'opposition à Bouteflika"
Vous dites Mr Khadra "Les autres partis ne sont que des caisses de résonnance durant les élections, et des caisses noires en temps de jachère et des siestes post-digestives"
C'est absolument vrai .
Ds ces partis on n'a ni principes ni convictions...on s'engage pour ses interets ! Logement lsp ...un garage ...un bout de terrain à squatter ,un poste de travail pour soi ou pour ses proches ...et d'autres avantages.
Cela ne durera pas toujours !
C'est absolument vrai .
Ds ces partis on n'a ni principes ni convictions...on s'engage pour ses interets ! Logement lsp ...un garage ...un bout de terrain à squatter ,un poste de travail pour soi ou pour ses proches ...et d'autres avantages.
Cela ne durera pas toujours !
albatros- Nombre de messages : 79
Date d'inscription : 27/01/2011
Re: Yasmina Khadra : "Il n'existe pas d'opposition à Bouteflika"
mais c'est ce qui fait notre malheur ,c'est aussi ce qui amplifie notre détresse et nos peines , c'est ce qui pérennise notre misére morale ,l'absence d'un idéal
yasmina khadra souléve un véritable probléme de fond .
yasmina khadra souléve un véritable probléme de fond .
Sujets similaires
» Le grand écrivain yasmina khadra à “liberté” “Ce qui se passe en algérie m’interpelle”
» ENTRETIEN AVEC YASMINA KHADRA. ECRIVAIN ALGERIEN “Ma vraie consécration reste le soutien et les encouragements des lecteurs.”
» Yasmina Khadra est-il vraiment l'auteur de ses livres!
» Yasmina Khadra, plagiats, mensonges et mégalomanie
» YASMINA KHADRA, entre l'ecrivain et l'orateur, une sacrée différence.
» ENTRETIEN AVEC YASMINA KHADRA. ECRIVAIN ALGERIEN “Ma vraie consécration reste le soutien et les encouragements des lecteurs.”
» Yasmina Khadra est-il vraiment l'auteur de ses livres!
» Yasmina Khadra, plagiats, mensonges et mégalomanie
» YASMINA KHADRA, entre l'ecrivain et l'orateur, une sacrée différence.
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum