« La société algérienne engendre une très forte frustration »
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« La société algérienne engendre une très forte frustration »
Psychologue algérien spécialisé dans les questions d’enfance et d’adolescence, Yazid Haddar exerce actuellement dans un centre médico-professionnel à Lille, dans le nord de la France. D’après lui, les Algériens ne sont pas heureux en amour car ils ne sont pas encore épanouis sur le plan sexuel. Entretien.
Selon plusieurs sociologues locaux, l’Algérie est frappée par une « épidémie du célibat ». Partagez-vous cette observation ?
L’âge moyen du mariage est effectivement repoussé à 35 ans. Et d’après les statistiques récentes, quasiment un mariage sur deux finit par un divorce au bout de deux ans en Algérie. C’est parce que les relations amoureuses ne sont pas saines, même entre deux personnes mariées. Plusieurs de mes patientes se plaignent de leur époux, qui préfère se masturber au lieu d’avoir un rapport sexuel avec elle. A cause de l’obligation d’abstinence avant l’union, le plaisir est longtemps réprimé. La sexualité se réduit alors à un acte individuel, à la masturbation.
Les Algériens sont-ils si frustrés ?
La société algérienne engendre une très forte frustration. Un homme marié donne à la société l’image qu’elle attend de lui mais celle-ci ne lui correspond pas forcément. Il n’arrive donc pas à satisfaire tous ses besoins.
Le sexe est donc toujours un tabou…
Oui, on utilise l’expression « hashak ». Mariées ou pas, les rapports sexuels entre deux personnes sont toujours perçus comme un acte sale et illicite, alors qu’en réalité c’est un acte d’amour et de partage. Dans leurs représentations, la sexualité et la sensualité restent des interdits. Un homme n’ose même pas prendre son épouse par la main dans la rue alors que c’est permis. Les Algériens mariés gardent des séquelles de leur longue abstinence.
Quels effets une découverte tardive de la sexualité produit sur les Algériens ?
J’ai un collègue à Sétif dont les patients souffrent de trouble de l’érection. Les études prouvent que ces troubles sont fortement liés à une absence de sexualité durant l’adolescence.
Quel genre de séducteur l’Algérien est-il ?
D’un point de vue neurologique et hormonal, c’est la femme qui généralement séduit l’homme, notamment dans les périodes de fécondation. Mais sur le plan sociologique, c’est l’homme qui fait le premier pas. En cela la société algérienne n’est pas une exception parmi les sociétés méditerranéennes et patriarcales. Cependant, la séduction s’appuie sur un rapport violent en Algérie. Un homme qui essuie un refus répond par la violence. Dans certaines familles conservatrices, la mère incite même son fils à battre sa femme pour prouver qu’il est un vrai homme.
Et les femmes ? Sont-elles tout aussi violentes dans leurs rapports amoureux ?
Oui, elles sont poussées à agir ainsi. La violence est souvent leur seul levier d’influence. Par exemple, quand une femme a quelque chose d’important à demander à son mari, elle le fait généralement au lit, juste avant d’avoir un rapport sexuel. Et bien sûr elles recourent parfois à la grève du sexe.
Que représente le mariage pour les jeunes générations aujourd’hui ?
La conception du mariage a changé. On est passé d’un modèle traditionnel de mariage, celui entre deux familles, à un mariage fondé sur l’amour entre deux individus. C’est vrai du moins dans les grandes villes d’Algérie. Des nouveaux phénomènes sociaux tels que la scolarisation des filles contribuent à cette évolution.
Les Algériens en font-ils encore un objectif primordial ?
Comme il n’y pas d’alternative, le mariage reste un idéal. Surtout dans les régions rurales où les familles estiment que cette institution apporte stabilité professionnelle et émotionnelle aux garçons. Seuls des couples issus d’une petite élite bourgeoise des métropoles algériennes vivent en concubinage. Mais, là encore, ils n’assument pas entièrement leur mode de vie. Ils ne s’affichent pas.
Quels sont les principaux freins au mariage ?
Ils sont nombreux : difficultés socio-économiques, crise de l’emploi et du chômage et longues études. Le coût du mariage pèse lui aussi. Les festivités peuvent facilement s’élever à 30 millions dinars. Et il y a la dot. Une tradition préservée car elle rassure les familles. Mais aujourd’hui les femmes sont émancipées, elles travaillent, gèrent leur vie, elles n’ont plus besoin de la dot.
En Algérie, tolère-t-on de plus en plus les relations hors mariage ?
La réglementation ne suit pas l’évolution des mœurs et des comportements. Par exemple, il y a peu, des couples ont été arrêtés en pleine rue par la police pour subir un test de virginité. C’est très humiliant et traumatisant, surtout, pour les jeunes filles.
Selon plusieurs sociologues locaux, l’Algérie est frappée par une « épidémie du célibat ». Partagez-vous cette observation ?
L’âge moyen du mariage est effectivement repoussé à 35 ans. Et d’après les statistiques récentes, quasiment un mariage sur deux finit par un divorce au bout de deux ans en Algérie. C’est parce que les relations amoureuses ne sont pas saines, même entre deux personnes mariées. Plusieurs de mes patientes se plaignent de leur époux, qui préfère se masturber au lieu d’avoir un rapport sexuel avec elle. A cause de l’obligation d’abstinence avant l’union, le plaisir est longtemps réprimé. La sexualité se réduit alors à un acte individuel, à la masturbation.
Les Algériens sont-ils si frustrés ?
La société algérienne engendre une très forte frustration. Un homme marié donne à la société l’image qu’elle attend de lui mais celle-ci ne lui correspond pas forcément. Il n’arrive donc pas à satisfaire tous ses besoins.
Le sexe est donc toujours un tabou…
Oui, on utilise l’expression « hashak ». Mariées ou pas, les rapports sexuels entre deux personnes sont toujours perçus comme un acte sale et illicite, alors qu’en réalité c’est un acte d’amour et de partage. Dans leurs représentations, la sexualité et la sensualité restent des interdits. Un homme n’ose même pas prendre son épouse par la main dans la rue alors que c’est permis. Les Algériens mariés gardent des séquelles de leur longue abstinence.
Quels effets une découverte tardive de la sexualité produit sur les Algériens ?
J’ai un collègue à Sétif dont les patients souffrent de trouble de l’érection. Les études prouvent que ces troubles sont fortement liés à une absence de sexualité durant l’adolescence.
Quel genre de séducteur l’Algérien est-il ?
D’un point de vue neurologique et hormonal, c’est la femme qui généralement séduit l’homme, notamment dans les périodes de fécondation. Mais sur le plan sociologique, c’est l’homme qui fait le premier pas. En cela la société algérienne n’est pas une exception parmi les sociétés méditerranéennes et patriarcales. Cependant, la séduction s’appuie sur un rapport violent en Algérie. Un homme qui essuie un refus répond par la violence. Dans certaines familles conservatrices, la mère incite même son fils à battre sa femme pour prouver qu’il est un vrai homme.
Et les femmes ? Sont-elles tout aussi violentes dans leurs rapports amoureux ?
Oui, elles sont poussées à agir ainsi. La violence est souvent leur seul levier d’influence. Par exemple, quand une femme a quelque chose d’important à demander à son mari, elle le fait généralement au lit, juste avant d’avoir un rapport sexuel. Et bien sûr elles recourent parfois à la grève du sexe.
Que représente le mariage pour les jeunes générations aujourd’hui ?
La conception du mariage a changé. On est passé d’un modèle traditionnel de mariage, celui entre deux familles, à un mariage fondé sur l’amour entre deux individus. C’est vrai du moins dans les grandes villes d’Algérie. Des nouveaux phénomènes sociaux tels que la scolarisation des filles contribuent à cette évolution.
Les Algériens en font-ils encore un objectif primordial ?
Comme il n’y pas d’alternative, le mariage reste un idéal. Surtout dans les régions rurales où les familles estiment que cette institution apporte stabilité professionnelle et émotionnelle aux garçons. Seuls des couples issus d’une petite élite bourgeoise des métropoles algériennes vivent en concubinage. Mais, là encore, ils n’assument pas entièrement leur mode de vie. Ils ne s’affichent pas.
Quels sont les principaux freins au mariage ?
Ils sont nombreux : difficultés socio-économiques, crise de l’emploi et du chômage et longues études. Le coût du mariage pèse lui aussi. Les festivités peuvent facilement s’élever à 30 millions dinars. Et il y a la dot. Une tradition préservée car elle rassure les familles. Mais aujourd’hui les femmes sont émancipées, elles travaillent, gèrent leur vie, elles n’ont plus besoin de la dot.
En Algérie, tolère-t-on de plus en plus les relations hors mariage ?
La réglementation ne suit pas l’évolution des mœurs et des comportements. Par exemple, il y a peu, des couples ont été arrêtés en pleine rue par la police pour subir un test de virginité. C’est très humiliant et traumatisant, surtout, pour les jeunes filles.
Aokas Revolution- Nombre de messages : 3967
Date d'inscription : 30/06/2009
Re: « La société algérienne engendre une très forte frustration »
http://www.algerie-focus.com/blog/2013/04/24/la-societe-algerienne-engendre-une-tres-forte-frustration/
Aokas Revolution- Nombre de messages : 3967
Date d'inscription : 30/06/2009
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