Mohcine Belabbes, président du RCD, au forum de “Liberté”: “Le système en place est la vraie menace”
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Mohcine Belabbes, président du RCD, au forum de “Liberté”: “Le système en place est la vraie menace”
Révision de la Constitution, présidentielle 2014, Tiguentourine, Mali, diplomatie, rôle du DRS et d’autres sujets encore ont été abordés par l’invité du forum qui estime que l’origine du malaise national permanent remonte à la crise de l’été 1962.
Sevré de parole publique, le leader du parti d’opposition a d’abord exprimé ses remerciements pour l’invitation au Forum de Liberté qui intervient, précise-t-il, dans “une période de grandes incertitudes politiques, de vives tensions sociales et, malheureusement pour notre pays, de grande régression morale”. Mohcine Belabbes s’est d’autant félicité de cette opportunité que son parti est “frappé d’ostracisme et que l’expression publique continue d’être refusée en Algérie à l’opposition dans les médias publics et parapublics”. Pour lui, l’expression politique étant quasiment interdite en Algérie, il a insisté sur “la présence effective” du RCD sur le Net où ses comptes-rendus et ses prises de position sont publiés “en toute transparence”. Ceci dit, malgré l’absence d’espaces d’expression et notamment d’autorisations de manifester ou de réunion, le leader du RCD promet des démonstrations d’éclat. “Croyez-moi, on n’en a pas fini avec les marches dans la capitale”, assure-t-il.
Interrogé sur l’agitation autour de la candidature de Bouteflika qui ne s’est toujours pas présenté, l’invité du Forum de Liberté estime que les acteurs politiques devraient plutôt s’inquiéter de la transparence qui, selon lui, fait cruellement défaut dans ce pays. Pour lui, “Bouteflika est malade et son état de santé ne lui permet pas de se présenter”. Il reconnaît, certes, que la loi lui permet de se porter candidat “à la condition de soumettre un dossier médical attestant qu’il est en bonne santé”. Mais il estime que le chef de l’État est incapable aujourd’hui de gérer le pays. “Ce n’est pas une affaire personnelle, il y va surtout de l’application de la loi et de la sauvegarde de la nation”, précise-t-il, regrettant toutefois que le pays soit devenu, à cause de cet état de fait, “la risée du monde”. Et de rappeler que le Président n’a procédé cette année ni à l’ouverture de l’année judiciaire ni universitaire. “Même des responsables étrangers ont dû reporter leur visite en Algérie”, regrette-t-il, mentionnant que des chancelleries se gaussent à Alger de cette situation. Questionné sur les chances de réussite de sa proposition de destitution du chef de l’État en vertu de l’article 88 de la Constitution, et ce, d’autant qu’il est toujours le premier magistrat du pays et même accusé récemment par un rapport du département d’État américain d’avoir la mainmise sur l’appareil judiciaire, Mohcine Belabbes ne désespère pas de voir certaines parties réussir “à le convaincre” de se retirer. Quelles parties seraient-elles assez influentes pour arriver à cette fin ?
À quoi sert le DRS ?
Pour Belabbes qui appelle à la dissolution de la police politique, en l’occurrence le DRS, “cela pourrait être par exemple le Conseil constitutionnel, le Parlement, la société civile…”. Quoiqu’il en soit, la révision constitutionnelle peut constituer, selon lui, “une sérieuse opportunité pour revoir cet article 88 et y introduire plus d’éclaircissements”. Quant au DRS, il s’interroge sur son rôle exact. “Lutte antiterroriste ? Sonatrach ? Ou est-il seulement occupé à suivre les partis politiques, les militants berbéristes et les chômeurs du Sud ?” Revenant sur l’affaire de Tiguentourine, le responsable du RCD se demande “comment se fait-il qu’il s’est passé ce qui s’est passé ? Des terroristes lourdement armés se sont introduits à partir d’un territoire étranger sur une centaine de kilomètres pour s’en prendre aux richesses nationales : où était le DRS ?”. Il considère, par ailleurs, le fait d’avoir négocié avec Ansar Eddine comme “une erreur fatale”, puisque trois mois après, ce même groupe terroriste a essayé de prendre la capitale malienne déclenchant, ainsi, une intervention militaire de l’ancienne puissance coloniale, la France. Pour lui, il n’y a aucun doute que dans la crise du Sahel, “l’Algérie qui se devait d’agir très vite” a raté le coche. Impuissante, notre diplomatie s’est montrée, selon lui, incapable d’influer sur un processus régional qui, désormais, lui échappe complètement. N’ayant pu faire valoir son opinion sur des évènements qui se déroulaient à ses frontières, l’Algérie a vite été cantonnée au rang de “supplétif” en autorisant le survol de son espace aérien par l’aviation militaire française au mépris de sa réglementation. Pour Mohcine Belabbes, il ne s’agit pas seulement d’une “déformation” de notre doctrine de politique étrangère mais surtout d’une “violation des lois en vigueur” du pays et notamment un décret présidentiel pour lequel, assure-t-il, non sans ironie, que ce n’est sûrement pas lui qui l’a édicté. Pour lui, l’Algérie a failli à sa tradition qui lui avait toujours fait jouer “un rôle majeur” dans la région, un rôle déterminé essentiellement par son histoire, sa culture et l’identité de son peuple. “Il a fallu que la France vienne de là bas…”. Il regrette, également, les arguments fallacieux sinon défaitistes de certains décideurs qui invoquent, à tout-va, “la puissance de l’Otan et de certains pays occidentaux qui, eux, dans la réalité, ne font que défendre leurs propres intérêts”. De son point de vue, l’Algérie forte de son legs ancestral ne saurait être subordonnée à un quelconque acteur-clé sur la scène internationale. S’agissant, enfin, de la révision constitutionnelle, le leader du RCD ne remet pas en cause son opportunité mais plutôt son modus operandi. Il ne comprend pas, en effet, comment il a été fait appel à une commission d’experts pour plancher sur un projet fin prêt. “Réviser la Constitution est une affaire sérieuse qui ne concerne pas uniquement les constitutionnalistes mais tous les citoyens”. D’après lui, “il faut sortir du provisoire qui dure”, citant, ainsi, le défunt président du GPRA, Ferhat Abbas. “Il ne s’agit pas de se lever le matin et se demander quel costume je vais porter aujourd’hui. La Constitution doit être l’émanation d’un débat public”. Concernant le “timing” qui, faut-il noter, intrigue plus d’un puisqu’il s’agit d’une révision de la loi fondamentale à quelques mois d’une élection présidentielle, Belabbes a une toute autre opinion. “Que la révision intervienne maintenant ou après sous un président coopté par les différents clans du pouvoir ne changera strictement rien à la situation du pays. Il faut des solutions concrètes”. Par ailleurs, il se dit effaré que 50 ans après l’Indépendance, l’Algérie ne soit pas sortie, en matière de législation, du “mimétisme institutionnel français”. S’agissant des propositions du RCD, puisées, selon lui, dans “les référents culturels” du pays, un projet de Constitution sera soumis dès le 26 avril prochain au conseil national du parti avant d’être proposé au débat dans le cadre de conventions régionales.
C’est toujours l’été 62
S’invitant au débat, la crise de l’été 1962 qui avait été marquée par des luttes sanglantes de pouvoir a été, pour le leader du RCD, le début de “l’imposture” en Algérie, “le conflit originel”. Se revendiquant, pour sa part, du “groupe de Tizi Ouzou” qui était composé notamment de Hocine Aït Ahmed et de Mohamed Boudiaf, Belabbes fera porter, sans ambages, la responsabilité au “clan d’Oujda” (dirigé alors par le duo Ben Bella-Boumediene), les turpitudes vécues par l’Algérie depuis l’Indépendance à ce jour. Le clan d’Oujda personnifie, à ses yeux, aujourd’hui, le système en place qui représente, selon lui, la véritable menace pour le pays.
À la différence du groupe de Tizi Ouzou qui prônait la “primauté du civil sur le militaire”, le clan d’Oujda s’est appuyé, comme chacun sait, sur l’armée des frontières. Il regrette que “ces divergences fondamentales” n’aient pas été aplanies jusqu’à ce jour. Il ne manquera pas au cours de son intervention d’avoir une pensée pour les nombreuses victimes de ce clan d’Oujda notamment, les combattants de la Wilaya IV, les premiers à être tombés. “Depuis 1962, la fraude électorale a toujours dominé en Algérie. Jamais un dirigeant algérien n’a été choisi par son peuple”, martèle-t-il. Interpellé sur sa gestion du parti qualifiée d’“autoritaire” par certaines voix, Belabbes se défend qu’“il n’y a jamais eu de décision unilatérale ou sans la réunion des instances du parti”. Pour lui, “le RCD n’est pas une caserne”. Et de vanter le débat contradictoire : “Il faut critiquer dans un parti politique pour avancer.” Concernant l’avènement de nouveaux partis sur l’échiquier national, le patron du RCD ne se fait pas d’illusions sur le multipartisme en Algérie. “En 2011, des congrès constitutifs de nouveaux partis ont été organisés par des forces occultes”, affirme-t-il. Belabbes ne croit pas, ainsi, à la sincérité du pouvoir qui a légalisé des formations politiques alors qu’il le refuse à d’autres, citant, ainsi, nommément le parti de l’ancien Premier ministre, Sid-Ahmed Ghozali. Interrogé sur le rapprochement du RCD avec le MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie) à l’occasion des marches commémorant le 33e anniversaire du Printemps berbère, le leader du RCD voit dans cette convergence la possibilité de construire des rapports de force. “À chaque fois qu’il y a une revendication qui peut rassembler comme celle par exemple de l’officialisation du tamazight, nous nous allierons aux gens du MAK qui n’ont jamais pris les armes contre l’Algérie”. Il rappellera, ainsi, qu’en 1997, le RCD avait manifesté aux côtés de 10 partis politiques dont des islamistes pour dénoncer la fraude électorale. Pour lever toute ambiguïté, il recommandera à la fin “la régionalisation modulable” en vigueur notamment en Espagne. “C’est la seule solution pour rapprocher la décision des instances locales et impliquer le citoyen dans les affaires de la cité”. Pour Belabbes, cette tendance, du reste, universelle et inéluctable, a d’ailleurs été apprise chez nous. “On peut trouver dans notre histoire et dans la résistance algérienne des exemples et des solutions pour mieux fonctionner”. Il rappellera qu’en 1962, le colonel Salah Boubnider, dit Sawt El-Arab, avait déjà proposé un système fédéral. Il n’avait pas été écouté…
Bio express
n Né le 15 septembre 1970 dans la commune de Bouzeguène, dans la wilaya de Tizi Ouzou, Mohcine Belabbes est titulaire d’un DES en mathématiques obtenu à l’USTHB de Bab-Ezzouar. Il adhère dès 1989 au RCD où il occupe plusieurs postes de responsabilité. En 1992, il intègre le RPN du défunt Mohamed Boudiaf. En 1996, il crée le Syndicat algérien des étudiants démocrates (SAED) et en 1997, le Conseil estudiantin pour la sauvegarde de la démocratie, deux structures qui ne seront pas agréées par les pouvoirs publics. Élu député du RCD pour la circonscription d’Alger en 2007, il a été président de la commission culture et communication de l’APN. Après avoir occupé successivement plusieurs postes au sein de la direction du parti, Mohcine Belabbes a été élu président du RCD, le 10 mars 2012, succédant à Saïd Sadi.
Sevré de parole publique, le leader du parti d’opposition a d’abord exprimé ses remerciements pour l’invitation au Forum de Liberté qui intervient, précise-t-il, dans “une période de grandes incertitudes politiques, de vives tensions sociales et, malheureusement pour notre pays, de grande régression morale”. Mohcine Belabbes s’est d’autant félicité de cette opportunité que son parti est “frappé d’ostracisme et que l’expression publique continue d’être refusée en Algérie à l’opposition dans les médias publics et parapublics”. Pour lui, l’expression politique étant quasiment interdite en Algérie, il a insisté sur “la présence effective” du RCD sur le Net où ses comptes-rendus et ses prises de position sont publiés “en toute transparence”. Ceci dit, malgré l’absence d’espaces d’expression et notamment d’autorisations de manifester ou de réunion, le leader du RCD promet des démonstrations d’éclat. “Croyez-moi, on n’en a pas fini avec les marches dans la capitale”, assure-t-il.
Interrogé sur l’agitation autour de la candidature de Bouteflika qui ne s’est toujours pas présenté, l’invité du Forum de Liberté estime que les acteurs politiques devraient plutôt s’inquiéter de la transparence qui, selon lui, fait cruellement défaut dans ce pays. Pour lui, “Bouteflika est malade et son état de santé ne lui permet pas de se présenter”. Il reconnaît, certes, que la loi lui permet de se porter candidat “à la condition de soumettre un dossier médical attestant qu’il est en bonne santé”. Mais il estime que le chef de l’État est incapable aujourd’hui de gérer le pays. “Ce n’est pas une affaire personnelle, il y va surtout de l’application de la loi et de la sauvegarde de la nation”, précise-t-il, regrettant toutefois que le pays soit devenu, à cause de cet état de fait, “la risée du monde”. Et de rappeler que le Président n’a procédé cette année ni à l’ouverture de l’année judiciaire ni universitaire. “Même des responsables étrangers ont dû reporter leur visite en Algérie”, regrette-t-il, mentionnant que des chancelleries se gaussent à Alger de cette situation. Questionné sur les chances de réussite de sa proposition de destitution du chef de l’État en vertu de l’article 88 de la Constitution, et ce, d’autant qu’il est toujours le premier magistrat du pays et même accusé récemment par un rapport du département d’État américain d’avoir la mainmise sur l’appareil judiciaire, Mohcine Belabbes ne désespère pas de voir certaines parties réussir “à le convaincre” de se retirer. Quelles parties seraient-elles assez influentes pour arriver à cette fin ?
À quoi sert le DRS ?
Pour Belabbes qui appelle à la dissolution de la police politique, en l’occurrence le DRS, “cela pourrait être par exemple le Conseil constitutionnel, le Parlement, la société civile…”. Quoiqu’il en soit, la révision constitutionnelle peut constituer, selon lui, “une sérieuse opportunité pour revoir cet article 88 et y introduire plus d’éclaircissements”. Quant au DRS, il s’interroge sur son rôle exact. “Lutte antiterroriste ? Sonatrach ? Ou est-il seulement occupé à suivre les partis politiques, les militants berbéristes et les chômeurs du Sud ?” Revenant sur l’affaire de Tiguentourine, le responsable du RCD se demande “comment se fait-il qu’il s’est passé ce qui s’est passé ? Des terroristes lourdement armés se sont introduits à partir d’un territoire étranger sur une centaine de kilomètres pour s’en prendre aux richesses nationales : où était le DRS ?”. Il considère, par ailleurs, le fait d’avoir négocié avec Ansar Eddine comme “une erreur fatale”, puisque trois mois après, ce même groupe terroriste a essayé de prendre la capitale malienne déclenchant, ainsi, une intervention militaire de l’ancienne puissance coloniale, la France. Pour lui, il n’y a aucun doute que dans la crise du Sahel, “l’Algérie qui se devait d’agir très vite” a raté le coche. Impuissante, notre diplomatie s’est montrée, selon lui, incapable d’influer sur un processus régional qui, désormais, lui échappe complètement. N’ayant pu faire valoir son opinion sur des évènements qui se déroulaient à ses frontières, l’Algérie a vite été cantonnée au rang de “supplétif” en autorisant le survol de son espace aérien par l’aviation militaire française au mépris de sa réglementation. Pour Mohcine Belabbes, il ne s’agit pas seulement d’une “déformation” de notre doctrine de politique étrangère mais surtout d’une “violation des lois en vigueur” du pays et notamment un décret présidentiel pour lequel, assure-t-il, non sans ironie, que ce n’est sûrement pas lui qui l’a édicté. Pour lui, l’Algérie a failli à sa tradition qui lui avait toujours fait jouer “un rôle majeur” dans la région, un rôle déterminé essentiellement par son histoire, sa culture et l’identité de son peuple. “Il a fallu que la France vienne de là bas…”. Il regrette, également, les arguments fallacieux sinon défaitistes de certains décideurs qui invoquent, à tout-va, “la puissance de l’Otan et de certains pays occidentaux qui, eux, dans la réalité, ne font que défendre leurs propres intérêts”. De son point de vue, l’Algérie forte de son legs ancestral ne saurait être subordonnée à un quelconque acteur-clé sur la scène internationale. S’agissant, enfin, de la révision constitutionnelle, le leader du RCD ne remet pas en cause son opportunité mais plutôt son modus operandi. Il ne comprend pas, en effet, comment il a été fait appel à une commission d’experts pour plancher sur un projet fin prêt. “Réviser la Constitution est une affaire sérieuse qui ne concerne pas uniquement les constitutionnalistes mais tous les citoyens”. D’après lui, “il faut sortir du provisoire qui dure”, citant, ainsi, le défunt président du GPRA, Ferhat Abbas. “Il ne s’agit pas de se lever le matin et se demander quel costume je vais porter aujourd’hui. La Constitution doit être l’émanation d’un débat public”. Concernant le “timing” qui, faut-il noter, intrigue plus d’un puisqu’il s’agit d’une révision de la loi fondamentale à quelques mois d’une élection présidentielle, Belabbes a une toute autre opinion. “Que la révision intervienne maintenant ou après sous un président coopté par les différents clans du pouvoir ne changera strictement rien à la situation du pays. Il faut des solutions concrètes”. Par ailleurs, il se dit effaré que 50 ans après l’Indépendance, l’Algérie ne soit pas sortie, en matière de législation, du “mimétisme institutionnel français”. S’agissant des propositions du RCD, puisées, selon lui, dans “les référents culturels” du pays, un projet de Constitution sera soumis dès le 26 avril prochain au conseil national du parti avant d’être proposé au débat dans le cadre de conventions régionales.
C’est toujours l’été 62
S’invitant au débat, la crise de l’été 1962 qui avait été marquée par des luttes sanglantes de pouvoir a été, pour le leader du RCD, le début de “l’imposture” en Algérie, “le conflit originel”. Se revendiquant, pour sa part, du “groupe de Tizi Ouzou” qui était composé notamment de Hocine Aït Ahmed et de Mohamed Boudiaf, Belabbes fera porter, sans ambages, la responsabilité au “clan d’Oujda” (dirigé alors par le duo Ben Bella-Boumediene), les turpitudes vécues par l’Algérie depuis l’Indépendance à ce jour. Le clan d’Oujda personnifie, à ses yeux, aujourd’hui, le système en place qui représente, selon lui, la véritable menace pour le pays.
À la différence du groupe de Tizi Ouzou qui prônait la “primauté du civil sur le militaire”, le clan d’Oujda s’est appuyé, comme chacun sait, sur l’armée des frontières. Il regrette que “ces divergences fondamentales” n’aient pas été aplanies jusqu’à ce jour. Il ne manquera pas au cours de son intervention d’avoir une pensée pour les nombreuses victimes de ce clan d’Oujda notamment, les combattants de la Wilaya IV, les premiers à être tombés. “Depuis 1962, la fraude électorale a toujours dominé en Algérie. Jamais un dirigeant algérien n’a été choisi par son peuple”, martèle-t-il. Interpellé sur sa gestion du parti qualifiée d’“autoritaire” par certaines voix, Belabbes se défend qu’“il n’y a jamais eu de décision unilatérale ou sans la réunion des instances du parti”. Pour lui, “le RCD n’est pas une caserne”. Et de vanter le débat contradictoire : “Il faut critiquer dans un parti politique pour avancer.” Concernant l’avènement de nouveaux partis sur l’échiquier national, le patron du RCD ne se fait pas d’illusions sur le multipartisme en Algérie. “En 2011, des congrès constitutifs de nouveaux partis ont été organisés par des forces occultes”, affirme-t-il. Belabbes ne croit pas, ainsi, à la sincérité du pouvoir qui a légalisé des formations politiques alors qu’il le refuse à d’autres, citant, ainsi, nommément le parti de l’ancien Premier ministre, Sid-Ahmed Ghozali. Interrogé sur le rapprochement du RCD avec le MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie) à l’occasion des marches commémorant le 33e anniversaire du Printemps berbère, le leader du RCD voit dans cette convergence la possibilité de construire des rapports de force. “À chaque fois qu’il y a une revendication qui peut rassembler comme celle par exemple de l’officialisation du tamazight, nous nous allierons aux gens du MAK qui n’ont jamais pris les armes contre l’Algérie”. Il rappellera, ainsi, qu’en 1997, le RCD avait manifesté aux côtés de 10 partis politiques dont des islamistes pour dénoncer la fraude électorale. Pour lever toute ambiguïté, il recommandera à la fin “la régionalisation modulable” en vigueur notamment en Espagne. “C’est la seule solution pour rapprocher la décision des instances locales et impliquer le citoyen dans les affaires de la cité”. Pour Belabbes, cette tendance, du reste, universelle et inéluctable, a d’ailleurs été apprise chez nous. “On peut trouver dans notre histoire et dans la résistance algérienne des exemples et des solutions pour mieux fonctionner”. Il rappellera qu’en 1962, le colonel Salah Boubnider, dit Sawt El-Arab, avait déjà proposé un système fédéral. Il n’avait pas été écouté…
Bio express
n Né le 15 septembre 1970 dans la commune de Bouzeguène, dans la wilaya de Tizi Ouzou, Mohcine Belabbes est titulaire d’un DES en mathématiques obtenu à l’USTHB de Bab-Ezzouar. Il adhère dès 1989 au RCD où il occupe plusieurs postes de responsabilité. En 1992, il intègre le RPN du défunt Mohamed Boudiaf. En 1996, il crée le Syndicat algérien des étudiants démocrates (SAED) et en 1997, le Conseil estudiantin pour la sauvegarde de la démocratie, deux structures qui ne seront pas agréées par les pouvoirs publics. Élu député du RCD pour la circonscription d’Alger en 2007, il a été président de la commission culture et communication de l’APN. Après avoir occupé successivement plusieurs postes au sein de la direction du parti, Mohcine Belabbes a été élu président du RCD, le 10 mars 2012, succédant à Saïd Sadi.
rebelle kabyle- Nombre de messages : 6838
Date d'inscription : 12/02/2011
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