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François Hollande à Alger : les mots pour le dire

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François Hollande à Alger : les mots pour le dire Empty François Hollande à Alger : les mots pour le dire

Message  Aokas Revolution Lun 24 Déc - 11:46

On peut, comme le font certains éditorialistes en France, être sceptique sur le voyage de François Hollande en Algérie ; on peut aussi le critiquer, n’y voir que des intentions économiques, en citant ici ou là les projets de Renault, Sanofi ou Lafarge. C’est oublier que ces dossiers datent de plusieurs années et qu’ils ne sont pas l’œuvre de l’actuel gouvernement. On peut aussi y voir, comme Libération, un hommage inutile rendu au pouvoir algérien.

Mais on peut aussi penser que ce voyage a été utile, qu’il marque une avancée, un début et que comme tous les départs, il faudra le poursuivre et le prolonger. Il ne fallait pas tout attendre d’un premier voyage à Alger, mais l’essentiel est que ce voyage ait eu lieu.

Ce voyage a donc eu lieu et c’est bien. Il faut voir où en étaient les relations algéro‑françaises avant : l’année 2012, qui aurait pu être celle d’un renouveau, marquée par des élections en France et en Algérie, n’avait rien produit de neuf ; le cinquantenaire de l’indépendance algérienne n’a pas été l’occasion de retrouvailles (largement pour des raisons électorales en France) ; au contraire, la campagne présidentielle a donné lieu à des dérapages politiques verbaux dont on aurait pu se passer. Certains de ceux qui exerçaient des responsabilités en France hier font mine aujourd’hui de s’indigner des gestes, des mots, prononcés hier à Alger. Qu’est ce qui les empêchait de prononcer hier ces mots ou d’accomplir ces gestes ?

Les mots prononcés par François Hollande sont justes et sobres, son discours s’inscrit dans la lignée de celui prononcé par son prédécesseur à Constantine, mais va plus loin. La condamnation, par le président français, de l’usage de la torture pendant la guerre, la condamnation des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, pour la première fois chez un chef d’État sont aussi de nouvelles étapes. Il faut les saluer. La colonisation restera en France un sujet sensible et tabou : le regard porté sur cette page de l’Histoire ne sera jamais objectif et lucide. On célèbre Samuel de Champlain en France, on regrette les comptoirs des Indes et les arpents de neige perdus, Grévy et Clémenceau n’ont pas eu les mêmes politiques coloniales ; ce qu’on célébrait hier est condamné aujourd’hui mais c’est oublier que la colonisation s’inscrivait dans une certaine normalité de l’époque, en France, en Grande‑Bretagne, en Allemagne, jusqu’au Japon. Le discours sur la repentance peut être aussi creux que celui sur les bienfaits du colonialisme.

Il faut donc saluer ce voyage de François Hollande. Il n’a pas tout réglé, mais simplement posé des jalons. Il y en aura d’autres. Il faudra d’autres mots, aussi importants que les gestes nécessaires. Des gestes du côté de la France, de son gouvernement, de son peuple, des mots et des gestes aussi de l’Algérie, de ses autorités comme de sa population. C’est ainsi que se fera l’Algérie de la réconciliation : l’Algérie des Français qui ignorent ce pays, l’Algérie des pieds‑noirs, l’Algérie des harkis aussi, qu’il ne faudra pas oublier, et l’Algérie des Algériens d’Algérie, celle des Algériens de France, pauvres ici, riches là‑bas, rejetés par les deux pays. L’Algérie pour tous en quelque sorte.


http://www.tsa-algerie.com/diplomatie/francois-hollande-a-alger-les-mots-pour-le-dire_23179.html

Aokas Revolution

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