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Omar Sehabou. Fondateur du Mouvement réformiste tunisien: «Je crois que nous allons devenir une société bipolarisée»

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Omar Sehabou. Fondateur du Mouvement réformiste tunisien: «Je crois que nous allons devenir une société bipolarisée» Empty Omar Sehabou. Fondateur du Mouvement réformiste tunisien: «Je crois que nous allons devenir une société bipolarisée»

Message  laic-aokas Dim 26 Aoû - 12:53

Exilé pendant dix ans en France, le journaliste et militant, Omar Sehabou, est rentré en Tunisie au lendemain de la chute de Benali.
A son retour, il a fondé le Mouvement réformiste tunisien et réussi le projet de la reparution du journal Le Maghreb.


- Le Maghreb est devenu le journal n°1 en Tunisie en un temps très court, quel est le secret de ce succès ?


C’est très simple, Le Maghreb n’est pas un nouveau journal, c’est un journal qui a existé, qui est né en 1981, d’abord sous forme d’hebdomadaire. Et il a été à plusieurs reprises suspendu sous Bourguiba et sous Benali, et son directeur arrêté et emprisonné. C’est pour cela qu’il bénéficie d’un prestige et d’un capital de confiance, de sympathie et de crédibilité important. A sa naissance, les Tunisiens n’ont pas découvert un nouveau journal, non, ils l’ont retrouvé. Les nouvelles générations ne le connaissent pas, mais leurs parents si.



- Pouvez-vous nous donner les dates…


Il est né en 1981, il a été suspendu en 1982, ensuite en 1984, en 1986 et enfin en 1990. Soit trois fois sous Bourguiba et une fois sous Benali, mais cette dernière a été définitive en quelque sorte et le journal n’a reparu qu’après Benali, soit 20 ans d’absence. Quand il a reparu, il a retrouvé quand même la génération qui le lisait 20 ans plus tôt, c’est la première raison du succès relatif. Le deuxième facteur, c’est la qualité de ses journalistes et, troisièmement, sa ligne éditoriale qui se fonde et s’articule sur des exigences d’abord professionnelles d’objectivité, d’honnêteté, selon la règle très classique de «l’information est sacrée, le commentaire est libre». Nous avons essayé de pratiquer cette règle et je dois reconnaître que cela nous a valu quelques succès. Maintenant, Le Maghreb est considéré, je le pense à juste titre, comme un journal de référence, c’est un peu El Watan en Algérie.



- Ce succès est-il lié aussi à la conjoncture politique ?


Bien sûr, après Benali il y a eu une telle soif chez les lecteurs, chez les journalistes et chez les hommes politiques et les intellectuels, une telle soif de liberté d’expression extraordinaire et tout le monde en a profité.



- Le Maghreb, comme la chaîne Nessma TV, a subi des agressions de la part d’extrémistes religieux. Cela est dû à quoi ?


C’est dû à la ligne éditoriale du journal qui ne s’embarrasse pas de vilipender et de stigmatiser les débordements salafistes, le discours polyvalent et les menaces qu’ils font peser sur les libertés individuelles et collectives. On ne s’embarrasse pas de les dénoncer, pas une dénonciation émotionnelle, démagogique, mais une dénonciation construite sur les textes du Coran et le Hadith, etc. Ils ont senti le danger et ont peur qu’on les combatte avec leurs propres armes. Et nous sommes évidemment devenus leur cible.



- Justement, à votre avis, jusqu’où peuvent-ils aller ?


Je ne crois pas qu’ils seront capables de tuer par exemple, ils ne le feront pas.



- Le droit à l’information est aussi l’un des enjeux de la nouvelle Constitution en préparation…


Oui, les démocrates veulent inscrire ce droit dans le texte institutionnel, c’est clair, d’autant plus que maintenant, cela devient un besoin pressant, parce que nous commençons à constater quelques velléités de domestication de l’information de la part des nouveaux pouvoirs. Que le droit à l’information soit institutionnalisé, c’est une protection.




- La classe politique, les démocrates et les journalistes surtout, en sont-ils conscients et luttent-ils pour cela ?


Ah oui, heureusement ! Le Syndicat national des journalistes tunisiens est vraiment très combatif et il est en train d’essayer de peser sur les décisions du gouvernement actuel avec des fortunes diverses, mais il est actif et c’est de bon augure.



- M. Omar Sehabou est l’un des partisans du projet de Beji Caïd Essebsi ; expliquez-nous un peu ce projet et pourquoi vous êtes-vous engagé ?


Je suis à la tête d’un parti politique aussi. Après le 14 janvier, j’ai constitué un parti qui s’appelle le Mouvement réformiste tunisien, qui s’inscrit dans la tradition réformiste tunisienne initiée depuis le XIXe siècle. Après avoir quitté le gouvernement, Beji Caïd Essebsi a constaté qu’il y avait un appel populaire à l’endroit de Bourguiba pour qu’il continue à assumer un rôle dans l’histoire moderne de ce pays, de construire et structurer autour de sa personne une alternative à la troïka actuelle. Une alternative qui soit justement l’expression des valeurs modernistes et progressistes du pays. Il y a un appel populaire extraordinaire, un engouement même. Evidemment, j’ai vu qu’il est de mon devoir de m’inscrire dans cette dynamique-là, parce qu’il n’y a absolument rien qui nous sépare, ni idéologiquement ni même affectivement avec M. Caïd Essebsi.



- Il y a aussi une effervescence à gauche et un nombre extraordinaire de partis de gauche, le paysage politique en Tunisie a-t-il besoin de tout ce spectre, gauche/droite en passant par le centre ?


Je crois que nous allons finir par une société bipolarisée.



- C’est-à-dire ?


C’est-à-dire les conservateurs islamisés d’un côté, les modernistes réformateurs d’un autre. Il y aura des partis nationalistes arabes, des partis qui se réclament de la philosophie de gauche, ceux-là existeront mais n’auront pas le poids nécessaire pour peser sur l’équation politique du pays. Ils feront de la figuration à mon avis.



- Et en tant que chef de parti, que pensez-vous de la décision d’Ennahdha d’abandonner la charia comme source de législation ?


C’est une victoire des modernistes. Parce que c’est le fruit de pressions, de contestations et des débats, même s’il était latent. Il y a eu un débat national dans les journaux, dans les médias autour de cette question et Ennahdha a fini par capituler, c’est une victoire des forces progressistes et démocratiques



- Vous ne pensez pas que c’est juste une manœuvre tactique ?


Tactique ou pas, ils ont cédé, et ça, c’est un fait, le reste on verra.



- Un dernier mot concernant la situation actuelle et les perspectives de la Tunisie...


Il y a autant de chances de succès que de risques de faillite et de désordre. 

Nouri Nesrouche
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Message  laic-aokas Dim 26 Aoû - 13:03

El Watan
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