Le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie vu par la presse française
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Le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie vu par la presse française
La France absente aux commémorations officielles, le traité d'amitié renvoyé aux calendes grecques, la question des Pieds-noirs envenime encore le passé... Tels sont les points développés par la presse française dans son édition du 5 juillet 2012.
Comment la presse française a rendu compte de la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie ? Reportages réalisés d’Alger à la veille de la journée du 5 juillet 2012, peu d’entretiens mais beaucoup d’articles de rappel de faits historiques et d’analyses du contexte national et international dans lequel s’invite cette année ce 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Quatre mois auparavant, les journaux et périodiques de l’hexagone ont mis les bouchées doubles sur la commémoration du 19 mars 1962, celle du cinquantenaire de la signature des accords d’Evian. Le journal Libération note à ce propos que «Côté français, la date choisie pour célébrer cet anniversaire, fut le 18 mars, jour de la signature des accords d'Evian qui jeta les bases de la coopération bilatérale. Les médias, les associations et les historiens se sont chargés de faire revivre une mémoire commune mais difficilement partagée. Pour René Gallissot, historien, professeur émérite de l'université Paris 8 auteur de "Accords d'Evian en conjoncture et en longue durée" (Ed. Karthala, 1997), "la commémoration de cette date est un peu hypocrite. Pour effacer la guerre d'Algérie qui a été horrible, pour ne pas parler de l'indépendance qui a été accordée, on préfère parader sur la coopération».
Dans les journaux du 5 juillet 2012, l’information principale relayée par les quotidiens et périodiques est l’absence de la France aux commémorations officielles de l’Algérie, relevant également le peu d’enthousiasme affiché par le Président de la République, François Hollande, dans ses vœux adressés à l’Algérie à l’occasion du cinquantenaire de son indépendance.
Le journal Libération, explique cette absence de la France, comme invitée officielle de l’Etat algérien par «une réconciliation qui n’est pas encore au rendez-vous». Pourtant, note le journal, «les paroles se libèrent : les tortures sont un fait reconnu par les acteurs eux-mêmes, la colonisation commence à être enseignée dans le détail dans les manuels scolaires». Mais le traité d’amitié franco-algérien est renvoyé aux calendes grecques. Pour Libération, les tensions entre les deux pays ont été avivées de part et d’autre. En France, par la loi sur les "effets bénéfiques" de la colonisation en 2005 –abrogée depuis-, le débat sur l'identité nationale, les polémiques autour des dates et des lieux de mémoires ; en Algérie, par les propos blessants des autorités algériennes envers les harkis : «autant de débats publics qui ont cristallisé une guerre mémorielle sur un passé encore douloureux.»
Sous le titre "Algérie: Lever le secret défense sur les essais nucléaires", Libération accorde un entretien au député européen d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), Yannick Jadot qui, réagissant au fait que François Hollande s’est rendu le mercredi 14 juillet à bord u "Terrible", sous-marin Français lanceur de bombe, pour défendre la dissuasion nucléaire, a regretté que le président n’a pas plutôt choisi cette date, jour du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, pour régler la question des déchets nucléaires toujours enfouis dans les sols de l’ancienne colonie.
Ainsi, invité à s’expliquer sur cette critique de la sortie de François Hollande à bord d’un sous marin nucléaire, le jour même du 50e anniversaire de l’indépendance d’Algérie, le député européen des Verts estime que "Le jour du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, il y avait mieux à faire. Cela aurait été un bon geste de la part du nouveau président de lever le secret défense sur les activités nucléaires de la France dans le Sahara. On sait qu’il y eu des essais atmosphériques et souterrains dans les années soixante. Aujourd’hui encore, il y a toujours des déchets nucléaires enfouis au Sud Sahara et des milliers de personnes qu’il faudrait indemniser. Je pense que François Hollande n’a même pas fait le lien entre les deux, mais ce déplacement trouve écho dans l’histoire franco-algérienne. Il aurait pu ouvrir les archives militaires pour que les Français dépolluent ces sites."
Le journal Le point marque à sa façon ce cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie en consacrant un article très orienté sur les Harkis, rappelant les massacres d’Oran le 5 juillet 1962, les qualifiant de "pogroms": "À Oran, le 5 juillet, une manifestation dégénère et se transforme en pogrom. Des centaines d'Européens - deux mille, disent les organisations de rapatriés - sont massacrés, enlevés. Un million de pieds-noirs, accablés de chagrin, quitteront à jamais l'Algérie. Quelques milliers de harkis aussi. Les autres - des dizaines de milliers - finiront horriblement martyrisés." Pour Le Point, l’histoire des Harkis est une tâche noire de l’indépendance de l’Algérie. L’article établit un parallèle historique entre les Palestiniens chassés de leur terre en 1948 et les pieds-noirs chassés de leur terre chassés de leur terre en 1962 : "Vae victis (malheur aux vaincus) : le vieil adage romain s'applique inexorablement à la tragédie algérienne. Les pieds-noirs étaient, après tout, aussi nombreux (et même un peu plus) que les Palestiniens qui, en 1948, furent chassés de leurs terres lors de la création d'Israël. D'où vient que les premiers sont recouverts du linceul de l'oubli alors que les seconds occupent régulièrement - et à juste titre - la une de l'actualité ? Beaucoup de pieds-noirs étaient en Algérie depuis trois, voire quatre générations. Combien de temps faut-il pour être véritablement chez soi ?"
Pour Le Point, le visage horrible de la colonisation, la pratique systématique de la torture par l’armée française, tout cela ne doit pas, écrit le journal, transformer les combattants du FLN "en douces colombes." : "Le FLN a imposé sa loi par la persuasion mais aussi par la terreur, liquidant systématiquement ceux qui n'étaient pas dans la ligne, notamment les partisans de Messali Hadj. Il a pratiqué un terrorisme aveugle. Il a mis en place le système totalitaire qui allait enserrer l'Algérie indépendante dans un carcan sclérosant. Il a, plus tard, instauré une police de la mémoire collective au profit d'une caste prédatrice, toujours au pouvoir aujourd'hui."
Le quotidien Le Monde secoué par ses publi-reportages achetés par Bouteflika, sous le titre "En Algérie, la fête est en partie gâchée par un désenchantement général", dans son édition du 4 juillet 2012, rapporte des propos d’Algériens sur la situation de l’Algérie cinquante après et l’attitude de la France sous le quinquennat de François Hollande sur la réconciliation entre les deux pays.
Le Figaro, s’appuyant sur l’agence Reuters, croit savoir que François Hollande se rendra si possible avant la fin de l'année en Algérie : «Dans une lettre adressée au Président algérien Abdelaziz Bouteflika, François Hollande se déclare favorable à l'approfondissement du partenariat entre les deux pays et à une lecture apaisée de l'histoire entre l'ancienne puissance coloniale et le pays d'Afrique du Nord.» en commentant largement la missive adressée par le Président français à son homologue algérien : "La France considère qu'il y a place désormais pour un regard lucide et responsable son passé colonial si douloureux et en même temps un élan confiant vers l'avenir (…) Notre longue histoire commune a tissé entre la France et l'Algérie des liens d'une densité exceptionnelle. Nous devons aller ensemble au-delà pour construire ce partenariat que vous appelez de vos vœux." Selon Le Figaro, l'arrivée à l'Elysée de François Hollande "qui a fait un stage de huit mois à l'ambassade de France en Algérie en 1978" a fait renaître des espoirs d'une réconciliation.
Synthèse R.N
Comment la presse française a rendu compte de la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie ? Reportages réalisés d’Alger à la veille de la journée du 5 juillet 2012, peu d’entretiens mais beaucoup d’articles de rappel de faits historiques et d’analyses du contexte national et international dans lequel s’invite cette année ce 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Quatre mois auparavant, les journaux et périodiques de l’hexagone ont mis les bouchées doubles sur la commémoration du 19 mars 1962, celle du cinquantenaire de la signature des accords d’Evian. Le journal Libération note à ce propos que «Côté français, la date choisie pour célébrer cet anniversaire, fut le 18 mars, jour de la signature des accords d'Evian qui jeta les bases de la coopération bilatérale. Les médias, les associations et les historiens se sont chargés de faire revivre une mémoire commune mais difficilement partagée. Pour René Gallissot, historien, professeur émérite de l'université Paris 8 auteur de "Accords d'Evian en conjoncture et en longue durée" (Ed. Karthala, 1997), "la commémoration de cette date est un peu hypocrite. Pour effacer la guerre d'Algérie qui a été horrible, pour ne pas parler de l'indépendance qui a été accordée, on préfère parader sur la coopération».
Dans les journaux du 5 juillet 2012, l’information principale relayée par les quotidiens et périodiques est l’absence de la France aux commémorations officielles de l’Algérie, relevant également le peu d’enthousiasme affiché par le Président de la République, François Hollande, dans ses vœux adressés à l’Algérie à l’occasion du cinquantenaire de son indépendance.
Le journal Libération, explique cette absence de la France, comme invitée officielle de l’Etat algérien par «une réconciliation qui n’est pas encore au rendez-vous». Pourtant, note le journal, «les paroles se libèrent : les tortures sont un fait reconnu par les acteurs eux-mêmes, la colonisation commence à être enseignée dans le détail dans les manuels scolaires». Mais le traité d’amitié franco-algérien est renvoyé aux calendes grecques. Pour Libération, les tensions entre les deux pays ont été avivées de part et d’autre. En France, par la loi sur les "effets bénéfiques" de la colonisation en 2005 –abrogée depuis-, le débat sur l'identité nationale, les polémiques autour des dates et des lieux de mémoires ; en Algérie, par les propos blessants des autorités algériennes envers les harkis : «autant de débats publics qui ont cristallisé une guerre mémorielle sur un passé encore douloureux.»
Sous le titre "Algérie: Lever le secret défense sur les essais nucléaires", Libération accorde un entretien au député européen d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), Yannick Jadot qui, réagissant au fait que François Hollande s’est rendu le mercredi 14 juillet à bord u "Terrible", sous-marin Français lanceur de bombe, pour défendre la dissuasion nucléaire, a regretté que le président n’a pas plutôt choisi cette date, jour du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, pour régler la question des déchets nucléaires toujours enfouis dans les sols de l’ancienne colonie.
Ainsi, invité à s’expliquer sur cette critique de la sortie de François Hollande à bord d’un sous marin nucléaire, le jour même du 50e anniversaire de l’indépendance d’Algérie, le député européen des Verts estime que "Le jour du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, il y avait mieux à faire. Cela aurait été un bon geste de la part du nouveau président de lever le secret défense sur les activités nucléaires de la France dans le Sahara. On sait qu’il y eu des essais atmosphériques et souterrains dans les années soixante. Aujourd’hui encore, il y a toujours des déchets nucléaires enfouis au Sud Sahara et des milliers de personnes qu’il faudrait indemniser. Je pense que François Hollande n’a même pas fait le lien entre les deux, mais ce déplacement trouve écho dans l’histoire franco-algérienne. Il aurait pu ouvrir les archives militaires pour que les Français dépolluent ces sites."
Le journal Le point marque à sa façon ce cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie en consacrant un article très orienté sur les Harkis, rappelant les massacres d’Oran le 5 juillet 1962, les qualifiant de "pogroms": "À Oran, le 5 juillet, une manifestation dégénère et se transforme en pogrom. Des centaines d'Européens - deux mille, disent les organisations de rapatriés - sont massacrés, enlevés. Un million de pieds-noirs, accablés de chagrin, quitteront à jamais l'Algérie. Quelques milliers de harkis aussi. Les autres - des dizaines de milliers - finiront horriblement martyrisés." Pour Le Point, l’histoire des Harkis est une tâche noire de l’indépendance de l’Algérie. L’article établit un parallèle historique entre les Palestiniens chassés de leur terre en 1948 et les pieds-noirs chassés de leur terre chassés de leur terre en 1962 : "Vae victis (malheur aux vaincus) : le vieil adage romain s'applique inexorablement à la tragédie algérienne. Les pieds-noirs étaient, après tout, aussi nombreux (et même un peu plus) que les Palestiniens qui, en 1948, furent chassés de leurs terres lors de la création d'Israël. D'où vient que les premiers sont recouverts du linceul de l'oubli alors que les seconds occupent régulièrement - et à juste titre - la une de l'actualité ? Beaucoup de pieds-noirs étaient en Algérie depuis trois, voire quatre générations. Combien de temps faut-il pour être véritablement chez soi ?"
Pour Le Point, le visage horrible de la colonisation, la pratique systématique de la torture par l’armée française, tout cela ne doit pas, écrit le journal, transformer les combattants du FLN "en douces colombes." : "Le FLN a imposé sa loi par la persuasion mais aussi par la terreur, liquidant systématiquement ceux qui n'étaient pas dans la ligne, notamment les partisans de Messali Hadj. Il a pratiqué un terrorisme aveugle. Il a mis en place le système totalitaire qui allait enserrer l'Algérie indépendante dans un carcan sclérosant. Il a, plus tard, instauré une police de la mémoire collective au profit d'une caste prédatrice, toujours au pouvoir aujourd'hui."
Le quotidien Le Monde secoué par ses publi-reportages achetés par Bouteflika, sous le titre "En Algérie, la fête est en partie gâchée par un désenchantement général", dans son édition du 4 juillet 2012, rapporte des propos d’Algériens sur la situation de l’Algérie cinquante après et l’attitude de la France sous le quinquennat de François Hollande sur la réconciliation entre les deux pays.
Le Figaro, s’appuyant sur l’agence Reuters, croit savoir que François Hollande se rendra si possible avant la fin de l'année en Algérie : «Dans une lettre adressée au Président algérien Abdelaziz Bouteflika, François Hollande se déclare favorable à l'approfondissement du partenariat entre les deux pays et à une lecture apaisée de l'histoire entre l'ancienne puissance coloniale et le pays d'Afrique du Nord.» en commentant largement la missive adressée par le Président français à son homologue algérien : "La France considère qu'il y a place désormais pour un regard lucide et responsable son passé colonial si douloureux et en même temps un élan confiant vers l'avenir (…) Notre longue histoire commune a tissé entre la France et l'Algérie des liens d'une densité exceptionnelle. Nous devons aller ensemble au-delà pour construire ce partenariat que vous appelez de vos vœux." Selon Le Figaro, l'arrivée à l'Elysée de François Hollande "qui a fait un stage de huit mois à l'ambassade de France en Algérie en 1978" a fait renaître des espoirs d'une réconciliation.
Synthèse R.N
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: Le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie vu par la presse française
http://www.lematindz.net/news/8537-le-cinquantenaire-de-lindependance-de-lalgerie-vu-par-la-presse-francaise.html
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
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