Bâaziz à la Dépêche de Kabylie '' On a peur que je chante dans mon pays
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Bâaziz à la Dépêche de Kabylie '' On a peur que je chante dans mon pays
Bâaziz restera toujours le même, avec son légendaire pull de marin, il s’est confié à nous dans cet entretien exclusif. Il se trouve actuellement en Algérie où il passe le mois de ramadhan aux cotés des siens et prépare la sortie de son nouvel album qui verra le jour juste après l’Aid. Il nous parle ici de la culture et sa place en Algérie, le statut de l’artiste, la société algérienne ainsi que ses tabous et les problèmes auxquels il fait face quotidiennement.
La Dépêche de Kabylie : Actuellement, vous êtes en Algérie pour passer le ramadhan, pouvez-vous nous décrire l’ambiance ?
Bâaziz : ça fait toujours plaisir d’être chez soi surtout en cette période de ramadhan et ça va faire un bout de temps que je n’ai pas passé le ramadhan chez nous, néanmoins je suis un peu déçu par l’ambiance qui y règne car je n’ai pas trouvé cette odeur qui existait autrefois comme la gaieté et la bonté des gens et je me suis heurté à des bagarres, la misère et surtout la cherté de la vie, mais malgré tout ça on est content d’être parmi les siens durant ce mois sacré.
Avez-vous un programme durant ce mois ?
Vous savez, même en France, j’ai demandé à mon producteur d’arrêter tous les spectacles parce que je prépare un album, j’ai besoin d’un peu de recul car ça fait deux mois que je fais des allers retours Algérie-France pour me ressourcer, et ce nouvel album sortira inchallah juste après l’ Aid, un opus spécial Algérie ou il y a plein de chansons humoristiques, sociales avec tout ce qui se passe en Algérie.
Justement, allez-vous aborder des thèmes politiques dans ce nouvel opus ?
Peut-être pas trop politiques, néanmoins c’est au public de juger l’album, moi je raconte des histoires, le quotidien des Algériens avec beaucoup d’humour et de subtilité, il y a une chanson qui commence à accrocher le public sur Internet et ça parle de tous les chamboulements et les changements survenus au sein de la société algérienne.
Parlez-nous maintenant de votre programme artistique outre-mer ?
Durant toute l’année, je suis en tournée, j’ai été aussi en Tunisie avant d’être expulsé, j’ai fait le Maroc, et j’ai tourné énormément cette année en France, mais actuellement j’ai demandé à mon manager d’arrêter tous les spectacles pour bien bichonner mon nouvel album car c’est la période où j’écris mes chansons et où je suis plus inspiré pour l’écriture, et il y aura un autre album avec une autre production et ça demande du temps afin de se ressourcer et de chercher ses marques, alors je préfère arrêter les tournées qui vont redémarrer évidemment après la sortie de l’album
Vous avez évoqué l’affaire de la Tunisie, pouvez-vous nous donner plus de détails à propos de cet épisode ?
Tout le monde est au courant de la façon dont j’ai été expulsé, et je pense que je ne vais pas revenir là-dessus, l’essentiel est que j’ai eu beaucoup de succès en Tunisie, j’ai fait tous les festivals et jusqu’à maintenant j’ai des milliers de fans sur Internet et je crois que tout ça a fait peur au pouvoir tunisien et on me l’a démontré clairement en me demandant de ne pas donner le mauvais exemple au public tunisien, et vu la dictature de ce pays ils avaient peur que j’allume en eux cette fibre d’engagement et de militantisme surtout chez la jeunesse tunisienne, alors ils ont préféré m’expulser.
Revenons au domaine de la culture, quelle place occupe-t-elle dans la société Algérienne ?
Il existe beaucoup de médiocrité, on a perdu du terrain dans ce domaine et ce qu’on voit actuellement à l’image des khaimates,les karkabous.Il y’a un style qui est en ce moment importé d’ailleurs et qui est devenu à la mode,vous avez sans doute remarqué le niveau de la production algérienne à travers ses programmes diffusés sur la chaîne nationale, les sketchs,les séries…etc. sont d’un niveau médiocre, il n’y a pas de créativité, il y a beaucoup de copiage. Je pense qu’on a une génération très fertile et c’est normal car quand on ferme la société, automatiquement on tue la créativité et on tourne en rond et il n’y a rien qui se passe sur le plan culturel et on traîne toujours la queue.
Et que pensez-vous de la jeune génération ?
Franchement, il y a beaucoup de talents, nos jeunes sont à la recherche d’un repère. La preuve avec le gnaoui. Néanmoins, je reproche le manque de créativité et d’audace, il ne faut pas aller vers la facilité il faut créer son propre style, mais là il y a trop de copiage ce qui me déçoit le plus c’est ça à part quelques artistes qui osent et qui créent.
En comparant la France et l’Algérie, quelles sont les différences qui existent sur le plan artistique ?
La différence est majeure et il existe un fossé entre les deux. En Algérie, il n’y a pas de statut pour l’artiste, il n’est pas considéré comme quelqu’un qui travaille, contrairement en France où tu paies tes impôts, tu côtises pour ta retraite, tu disposes de tous les droits et en Algérie personne n’a osé donner à l’artiste un statut.
Vous avez sans doute côtoyé des artistes français et algériens en France, à l’image de feu Matoub Lounès, pouvez-vous nous raconter une anecdote sur lui ?
Evidemment que j’ai connu Matoub, il m’aimait beaucoup, bon je n’étais pas son meilleur ami, mais il y avait énormément de respect entre nous, on a fait plusieurs fois le Zénith ensemble, on se respectait mutuellement et je me rappelle cette anecdote où il me disait : "Tu es le Matoub arabe" (rire).
D’après-vous, quelles sont les raisons pour qu’on ne vous invite plus à faire des concerts en Algérie ?
Vous savez, l’Algérien a eu un peu d’ouverture et de démocratie et à un certain moment ça a commencé à déranger on a voulu priver le peuple de ce peu d’ouverture. On a commencé à réprimer les artistes, les journalistes qui dénonçaient et qui critiquaient le pouvoir, et bien sûr pour fermer la gueule à tout le monde. Il valait mieux gouverner tout seul en n’acceptant aucune critique émanant de ceux qui étaient contre le pouvoir. Au fond d’eux mêmes, ils ne sont pas démocrates ces gens-là, ce sont des dictateurs, alors c’est tout à fait normal que quelqu’un qui dénonce le système à l’image des artistes et des journalistes les gène et soit opprimé par tous les moyens, ce n’est pas qu’en Algérie que cela se passe ainsi et franchement, on est bien placé dans le monde arabe car quand j’ai eu l’expérience de la Tunisie et du Maroc, j’étais fier d’être algérien vu les problèmes que ces pays ont côté démocratie, et ce malgré tous les problèmes qu’on a.
Depuis combien d’années vous ne vous êtes pas produit face au public algérien ?
Il faut le demander aux organisateurs ainsi qu’aux responsables algériens, et vous savez, en Algérie tout passe par le ministère de la Culture, il n’y a pas de concerts privés et les quelques privés qui veulent organiser des spectacles on leur fait du chantage, on leur interdit des salles et franchement j’ai toujours été disponible pour chanter pour mon public et ça me fait toujours plaisir de chanter devant lui, je pense pas que ça vient de haut car ce sont les plus petits qui sont les plus dangereux, ce sont des lèche-bottes qui censurent. Je ne sais pas de quoi ils ont peur, voilà moi j’aimerai bien retrouver mon public, que les responsables me programment et ç’est avec un grand plaisir que je chanterai pour mon public. Actuellement il y a des blogs sur Internet où les internautes demandent mon retour sur la scène algérienne, en Tunisie j’ai rempli les salles il y avait beaucoup d’algériens qui venaient à mes concerts et des Tunisiens me disent " comment en Tunisie tu fais salle comble et tu chantes librement et chez vous, vous êtes interdit ? " C’est à partir de là que j’ai été interdit sur le sol tunisien, c’est une hypothèse mais je pense que derrière tout ça, il y’a peut-être une complicité entre le pouvoir algérien et tunisien …Je dis bien peut-être, mais on a peur que je chante face à mon public.
Quel message souhaitez-vous adresser à votre public ?
Je lui dis qu’une énorme surprise l’attend, en l’occurrence mon nouvel album, j’espère qu’il va lui plaire et je pense que l’album sera à la hauteur de l’attente de mon public. ça fait longtemps que je n’étais pas satisfait de mon travail comme je le suis pour ce nouvel opus, c’est une petite satisfaction, ça ressemble à du Bâaziz pur, beaucoup d’humour, je crois que c’est l’une des plus belles choses que je puisse offrir à mon public, l’artiste fait des chansons dans son album, mais il y a toujours une ou deux chansons qui sortent du lot et font le succès de l’album avec une magie et une spécificité et cette chanson je pense l’avoir trouvée et " inchallah " ça va plaire au public et c’est à lui de juger mon travail. Dans cet album, j’ai retrouvé mes ressources et mes repères.
Entretien réalisé par Hacène Merbouti
La Dépêche de Kabylie : Actuellement, vous êtes en Algérie pour passer le ramadhan, pouvez-vous nous décrire l’ambiance ?
Bâaziz : ça fait toujours plaisir d’être chez soi surtout en cette période de ramadhan et ça va faire un bout de temps que je n’ai pas passé le ramadhan chez nous, néanmoins je suis un peu déçu par l’ambiance qui y règne car je n’ai pas trouvé cette odeur qui existait autrefois comme la gaieté et la bonté des gens et je me suis heurté à des bagarres, la misère et surtout la cherté de la vie, mais malgré tout ça on est content d’être parmi les siens durant ce mois sacré.
Avez-vous un programme durant ce mois ?
Vous savez, même en France, j’ai demandé à mon producteur d’arrêter tous les spectacles parce que je prépare un album, j’ai besoin d’un peu de recul car ça fait deux mois que je fais des allers retours Algérie-France pour me ressourcer, et ce nouvel album sortira inchallah juste après l’ Aid, un opus spécial Algérie ou il y a plein de chansons humoristiques, sociales avec tout ce qui se passe en Algérie.
Justement, allez-vous aborder des thèmes politiques dans ce nouvel opus ?
Peut-être pas trop politiques, néanmoins c’est au public de juger l’album, moi je raconte des histoires, le quotidien des Algériens avec beaucoup d’humour et de subtilité, il y a une chanson qui commence à accrocher le public sur Internet et ça parle de tous les chamboulements et les changements survenus au sein de la société algérienne.
Parlez-nous maintenant de votre programme artistique outre-mer ?
Durant toute l’année, je suis en tournée, j’ai été aussi en Tunisie avant d’être expulsé, j’ai fait le Maroc, et j’ai tourné énormément cette année en France, mais actuellement j’ai demandé à mon manager d’arrêter tous les spectacles pour bien bichonner mon nouvel album car c’est la période où j’écris mes chansons et où je suis plus inspiré pour l’écriture, et il y aura un autre album avec une autre production et ça demande du temps afin de se ressourcer et de chercher ses marques, alors je préfère arrêter les tournées qui vont redémarrer évidemment après la sortie de l’album
Vous avez évoqué l’affaire de la Tunisie, pouvez-vous nous donner plus de détails à propos de cet épisode ?
Tout le monde est au courant de la façon dont j’ai été expulsé, et je pense que je ne vais pas revenir là-dessus, l’essentiel est que j’ai eu beaucoup de succès en Tunisie, j’ai fait tous les festivals et jusqu’à maintenant j’ai des milliers de fans sur Internet et je crois que tout ça a fait peur au pouvoir tunisien et on me l’a démontré clairement en me demandant de ne pas donner le mauvais exemple au public tunisien, et vu la dictature de ce pays ils avaient peur que j’allume en eux cette fibre d’engagement et de militantisme surtout chez la jeunesse tunisienne, alors ils ont préféré m’expulser.
Revenons au domaine de la culture, quelle place occupe-t-elle dans la société Algérienne ?
Il existe beaucoup de médiocrité, on a perdu du terrain dans ce domaine et ce qu’on voit actuellement à l’image des khaimates,les karkabous.Il y’a un style qui est en ce moment importé d’ailleurs et qui est devenu à la mode,vous avez sans doute remarqué le niveau de la production algérienne à travers ses programmes diffusés sur la chaîne nationale, les sketchs,les séries…etc. sont d’un niveau médiocre, il n’y a pas de créativité, il y a beaucoup de copiage. Je pense qu’on a une génération très fertile et c’est normal car quand on ferme la société, automatiquement on tue la créativité et on tourne en rond et il n’y a rien qui se passe sur le plan culturel et on traîne toujours la queue.
Et que pensez-vous de la jeune génération ?
Franchement, il y a beaucoup de talents, nos jeunes sont à la recherche d’un repère. La preuve avec le gnaoui. Néanmoins, je reproche le manque de créativité et d’audace, il ne faut pas aller vers la facilité il faut créer son propre style, mais là il y a trop de copiage ce qui me déçoit le plus c’est ça à part quelques artistes qui osent et qui créent.
En comparant la France et l’Algérie, quelles sont les différences qui existent sur le plan artistique ?
La différence est majeure et il existe un fossé entre les deux. En Algérie, il n’y a pas de statut pour l’artiste, il n’est pas considéré comme quelqu’un qui travaille, contrairement en France où tu paies tes impôts, tu côtises pour ta retraite, tu disposes de tous les droits et en Algérie personne n’a osé donner à l’artiste un statut.
Vous avez sans doute côtoyé des artistes français et algériens en France, à l’image de feu Matoub Lounès, pouvez-vous nous raconter une anecdote sur lui ?
Evidemment que j’ai connu Matoub, il m’aimait beaucoup, bon je n’étais pas son meilleur ami, mais il y avait énormément de respect entre nous, on a fait plusieurs fois le Zénith ensemble, on se respectait mutuellement et je me rappelle cette anecdote où il me disait : "Tu es le Matoub arabe" (rire).
D’après-vous, quelles sont les raisons pour qu’on ne vous invite plus à faire des concerts en Algérie ?
Vous savez, l’Algérien a eu un peu d’ouverture et de démocratie et à un certain moment ça a commencé à déranger on a voulu priver le peuple de ce peu d’ouverture. On a commencé à réprimer les artistes, les journalistes qui dénonçaient et qui critiquaient le pouvoir, et bien sûr pour fermer la gueule à tout le monde. Il valait mieux gouverner tout seul en n’acceptant aucune critique émanant de ceux qui étaient contre le pouvoir. Au fond d’eux mêmes, ils ne sont pas démocrates ces gens-là, ce sont des dictateurs, alors c’est tout à fait normal que quelqu’un qui dénonce le système à l’image des artistes et des journalistes les gène et soit opprimé par tous les moyens, ce n’est pas qu’en Algérie que cela se passe ainsi et franchement, on est bien placé dans le monde arabe car quand j’ai eu l’expérience de la Tunisie et du Maroc, j’étais fier d’être algérien vu les problèmes que ces pays ont côté démocratie, et ce malgré tous les problèmes qu’on a.
Depuis combien d’années vous ne vous êtes pas produit face au public algérien ?
Il faut le demander aux organisateurs ainsi qu’aux responsables algériens, et vous savez, en Algérie tout passe par le ministère de la Culture, il n’y a pas de concerts privés et les quelques privés qui veulent organiser des spectacles on leur fait du chantage, on leur interdit des salles et franchement j’ai toujours été disponible pour chanter pour mon public et ça me fait toujours plaisir de chanter devant lui, je pense pas que ça vient de haut car ce sont les plus petits qui sont les plus dangereux, ce sont des lèche-bottes qui censurent. Je ne sais pas de quoi ils ont peur, voilà moi j’aimerai bien retrouver mon public, que les responsables me programment et ç’est avec un grand plaisir que je chanterai pour mon public. Actuellement il y a des blogs sur Internet où les internautes demandent mon retour sur la scène algérienne, en Tunisie j’ai rempli les salles il y avait beaucoup d’algériens qui venaient à mes concerts et des Tunisiens me disent " comment en Tunisie tu fais salle comble et tu chantes librement et chez vous, vous êtes interdit ? " C’est à partir de là que j’ai été interdit sur le sol tunisien, c’est une hypothèse mais je pense que derrière tout ça, il y’a peut-être une complicité entre le pouvoir algérien et tunisien …Je dis bien peut-être, mais on a peur que je chante face à mon public.
Quel message souhaitez-vous adresser à votre public ?
Je lui dis qu’une énorme surprise l’attend, en l’occurrence mon nouvel album, j’espère qu’il va lui plaire et je pense que l’album sera à la hauteur de l’attente de mon public. ça fait longtemps que je n’étais pas satisfait de mon travail comme je le suis pour ce nouvel opus, c’est une petite satisfaction, ça ressemble à du Bâaziz pur, beaucoup d’humour, je crois que c’est l’une des plus belles choses que je puisse offrir à mon public, l’artiste fait des chansons dans son album, mais il y a toujours une ou deux chansons qui sortent du lot et font le succès de l’album avec une magie et une spécificité et cette chanson je pense l’avoir trouvée et " inchallah " ça va plaire au public et c’est à lui de juger mon travail. Dans cet album, j’ai retrouvé mes ressources et mes repères.
Entretien réalisé par Hacène Merbouti
rebai_s- Nombre de messages : 1785
Date d'inscription : 26/04/2008
Re: Bâaziz à la Dépêche de Kabylie '' On a peur que je chante dans mon pays
ce Baaziz on l'a vu instrumentalisé plus d'une fois et surtout dans les programmes de l'unique .avec des bande original de quelques series...alors tout ce beau monde que vius célebrer sont trés facile à récuperer , à manipuler et instrumentaliser..quand ça ne va pas vraiment de l'outre mèr ils viennent ici déclarer leur flamme aux algeriens...
Maximus- Nombre de messages : 1481
Date d'inscription : 04/05/2008
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