Zedek Mouloud, le ''taquineur'' des mots
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Zedek Mouloud, le ''taquineur'' des mots
Tout au long de ses vingt-cinq ans de carrière artistique, Mouloud Zedek n’a cessé de rappeler que malgré les temps " grincheux ", la vie a besoin de rêves, de chants et de lutte. Qui des Kabyles n’a pas été attiré par le verbe vif de Zedek Mouloud ?
Le barde kabyle par excellence conduit ses textes dans une langue kabyle des plus précises. Ses recherches avancées dans la poésie, sa verve étudiée et sa totale abnégation aux chants du terroir, témoignent de l’amour que porte L’Mulud à sa langue maternelle. Il déterre à travers ses poèmes des citations oubliées, des mots disparus pour orner sa verve. Un océan de paroles interrogeant notre passé, démêlant le présent, et quand le vœu est trahi il défigure les temps à venir, il les harcèle, surtout lorsqu’ils lui paraissent moins prémunis. Telle est la devise du poète qui nous dessine au verbe sûr à travers ses œuvres de multiples tableaux où chaque mélomane trouvera le fruit recherché selon sa propre quête. Depuis son premier album enregistré en 1983 à Paris, Zedek n’arrête pas d’égayer le public kabyle de ses chants, lesquels transcendent les situations propres à la Kabylie en une forme de lyrisme rigoureux. Un homme discret et modeste. Si l’on veut le connaître, ses mélodies soigneusement concoctées, et ses poèmes majestueusement ficelés nous offrent les multiples facettes de cette personnalité simple et complexe à la fois. Mouloud Zedek est natif du 13 septembre 1960 à At Xelfun dans la région d’At Dwala. Il est un ensemble de legs, venus du fonds des âges, et qui traduisent la sagesse kabyle et la pratique culturelle amazighe à travers les temps. Son amour visible et ses penchants poétiques ressentis dans ses œuvres informent sur ses attachements, comme ceux des villageois kabyles à leur identité collective plusieurs fois séculaire. Tout comme nos ancêtres, le mot occupe une place fondamentale chez lui. Il a compris la force des mots dans une société véhiculant une culture orale, il a su redonner à ce même mot la place qui lui sied. Il a fait de lui une passion, un art et une tribune dont lesquels se reconnaît tout un peuple. Zedek ne chante pas pour une catégorie de gens. La souplesse des mots lui offre cette vitalité et cette force originelle pour la conquête du monde artistique toujours plus large. Sa parole répond à ce désir ardent de comprendre et de se faire comprendre. A la première écoute, les poèmes de Zedek paraissent comme un rocher de Sisyphe à transporter. En des jeux de mots récurrents, le barde disséque un vécu en plusieurs scènes mobiles où l’auditeur est plongé dans un univers multi-couleurs où “le Awal” reste le maître des lieux: Il chante les délires des jeunes Kabyles. Il rappelle les digressions de tout un peuple. Il témoigne depuis un quart de siècle sous des formes appropriées sur le malaise profond de ses concitoyens. Ses chants d’amour puisés dans un univers quelquefois hostiles aux expressions charnelles, traduisent fidèlement “Tayri” dans nos villages. Ses poèmes consacrés à la donne sociale algérienne en général et kabyle en particulier décortiquent sans hésitation aucune, un ordre imposé où provoqué. En somme, la poésie de Zedek et son genre musical ne sont qu’une traduction sincère d’une personnalité portée sur la tradition, l’amour de la terre natale et une croyance indéfectible en l’espoir de lendemains meilleurs.
Toute la grandeur d’un poète réside dans sa conception des choses. Son nouvel album, Lihala N-tmurt, un séisme de mots, et dont le titre résume à lui seul les thèmes abordés, restitue ce même mot dans cette criarde démarche que fait sien le poète. Il laisse ses envies de crier prendre le relais, mais sous des airs calmes et passionnés. Eveillé, il se métamorphose pour mieux s’impreigner des situations qu’il décortique. En des mots lisses et équilibrés, il évoque la dégradation du cadre de vie en Kabylie : le chômage, le laisser-aller conjugué à un ordre voulu, passivité et manque de conscience de ceux qui subissent leur propre fioriture sont passées au crible par l’aède. Dans cet album qui ressemble de loin au testament d’un artiste, L’Mulud désacralise les choses avec une envie de bousculer l’ordre, déconstruit les images faites et change d’angle de vue et d’attaque pour mieux cerner les sujets abordés. Ne laissant rien au hasard, l’artiste nous inflige des morsures incurables en l’absence de conscience et de volonté pour faire changer l’ordre établi. Treize titres d’humilité, autant de paroles justes et sincères. Entre amour, espoir et révolte, Zedek connaît les similitudes et les limites. Il emmène la déraison au stade de la conscience, la haine au côté de l’amour, l’incertitude derrière l’espoir et enfin décomplexe les vœux et brise la fatalité. Le " Je " que Zedek utilise devient une évidence dans ses textes. Il traduit, non sans crainte de paraître comme le porte-voix d’un peuple qui se réduit au silence des errements, les frémissements des villages, les chuchotements des plaines et les cris de rêves noyés sous l’œil de Caïn qui les hante misérablement depuis la nuit des temps.
Tazri-d Ig Xeddam Wawal, Xas Errnu-d Awal !
Mohamed Mouloudj
La Dépêche de Kabylie du 09 09 2008
Le barde kabyle par excellence conduit ses textes dans une langue kabyle des plus précises. Ses recherches avancées dans la poésie, sa verve étudiée et sa totale abnégation aux chants du terroir, témoignent de l’amour que porte L’Mulud à sa langue maternelle. Il déterre à travers ses poèmes des citations oubliées, des mots disparus pour orner sa verve. Un océan de paroles interrogeant notre passé, démêlant le présent, et quand le vœu est trahi il défigure les temps à venir, il les harcèle, surtout lorsqu’ils lui paraissent moins prémunis. Telle est la devise du poète qui nous dessine au verbe sûr à travers ses œuvres de multiples tableaux où chaque mélomane trouvera le fruit recherché selon sa propre quête. Depuis son premier album enregistré en 1983 à Paris, Zedek n’arrête pas d’égayer le public kabyle de ses chants, lesquels transcendent les situations propres à la Kabylie en une forme de lyrisme rigoureux. Un homme discret et modeste. Si l’on veut le connaître, ses mélodies soigneusement concoctées, et ses poèmes majestueusement ficelés nous offrent les multiples facettes de cette personnalité simple et complexe à la fois. Mouloud Zedek est natif du 13 septembre 1960 à At Xelfun dans la région d’At Dwala. Il est un ensemble de legs, venus du fonds des âges, et qui traduisent la sagesse kabyle et la pratique culturelle amazighe à travers les temps. Son amour visible et ses penchants poétiques ressentis dans ses œuvres informent sur ses attachements, comme ceux des villageois kabyles à leur identité collective plusieurs fois séculaire. Tout comme nos ancêtres, le mot occupe une place fondamentale chez lui. Il a compris la force des mots dans une société véhiculant une culture orale, il a su redonner à ce même mot la place qui lui sied. Il a fait de lui une passion, un art et une tribune dont lesquels se reconnaît tout un peuple. Zedek ne chante pas pour une catégorie de gens. La souplesse des mots lui offre cette vitalité et cette force originelle pour la conquête du monde artistique toujours plus large. Sa parole répond à ce désir ardent de comprendre et de se faire comprendre. A la première écoute, les poèmes de Zedek paraissent comme un rocher de Sisyphe à transporter. En des jeux de mots récurrents, le barde disséque un vécu en plusieurs scènes mobiles où l’auditeur est plongé dans un univers multi-couleurs où “le Awal” reste le maître des lieux: Il chante les délires des jeunes Kabyles. Il rappelle les digressions de tout un peuple. Il témoigne depuis un quart de siècle sous des formes appropriées sur le malaise profond de ses concitoyens. Ses chants d’amour puisés dans un univers quelquefois hostiles aux expressions charnelles, traduisent fidèlement “Tayri” dans nos villages. Ses poèmes consacrés à la donne sociale algérienne en général et kabyle en particulier décortiquent sans hésitation aucune, un ordre imposé où provoqué. En somme, la poésie de Zedek et son genre musical ne sont qu’une traduction sincère d’une personnalité portée sur la tradition, l’amour de la terre natale et une croyance indéfectible en l’espoir de lendemains meilleurs.
Toute la grandeur d’un poète réside dans sa conception des choses. Son nouvel album, Lihala N-tmurt, un séisme de mots, et dont le titre résume à lui seul les thèmes abordés, restitue ce même mot dans cette criarde démarche que fait sien le poète. Il laisse ses envies de crier prendre le relais, mais sous des airs calmes et passionnés. Eveillé, il se métamorphose pour mieux s’impreigner des situations qu’il décortique. En des mots lisses et équilibrés, il évoque la dégradation du cadre de vie en Kabylie : le chômage, le laisser-aller conjugué à un ordre voulu, passivité et manque de conscience de ceux qui subissent leur propre fioriture sont passées au crible par l’aède. Dans cet album qui ressemble de loin au testament d’un artiste, L’Mulud désacralise les choses avec une envie de bousculer l’ordre, déconstruit les images faites et change d’angle de vue et d’attaque pour mieux cerner les sujets abordés. Ne laissant rien au hasard, l’artiste nous inflige des morsures incurables en l’absence de conscience et de volonté pour faire changer l’ordre établi. Treize titres d’humilité, autant de paroles justes et sincères. Entre amour, espoir et révolte, Zedek connaît les similitudes et les limites. Il emmène la déraison au stade de la conscience, la haine au côté de l’amour, l’incertitude derrière l’espoir et enfin décomplexe les vœux et brise la fatalité. Le " Je " que Zedek utilise devient une évidence dans ses textes. Il traduit, non sans crainte de paraître comme le porte-voix d’un peuple qui se réduit au silence des errements, les frémissements des villages, les chuchotements des plaines et les cris de rêves noyés sous l’œil de Caïn qui les hante misérablement depuis la nuit des temps.
Tazri-d Ig Xeddam Wawal, Xas Errnu-d Awal !
Mohamed Mouloudj
La Dépêche de Kabylie du 09 09 2008
rebai_s- Nombre de messages : 1785
Date d'inscription : 26/04/2008
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