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Mohcine Belabbas à “LIBERTÉ”: “Le RCD est une école et une famille pérennes”

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Mohcine Belabbas à “LIBERTÉ”: “Le RCD est une école et une famille pérennes” Empty Mohcine Belabbas à “LIBERTÉ”: “Le RCD est une école et une famille pérennes”

Message  Zhafit Ven 23 Mar - 20:42

Dans cette interview, la
première qu’il accorde à un média, Mohcine Belabbas, le tout nouveau
président du RCD, parle de ce passage de témoin, inédit dans les annales
politiques en Algérie, qui l’a vu succéder à Saïd Sadi. Il évoque aussi
les prochaines législatives dont il confirme qu’elles seront bel et
bien boycottées par le RCD, contrairement aux rumeurs qui prétendent le
contraire, ainsi que l’après-10 mai qui, estime-t-il, verra “une
aggravation de la crise de confiance dans les institutions et,
fatalement, une multiplication des manifestations et des révoltes”.


Liberté
: Lors du 4e Congrès du RCD, les militants vous ont élu à une écrasante
majorité comme nouveau président. Quel sentiment éprouvez-vous d’être à
la tête d’un parti d’opposition comme le RCD et surtout de succéder à
un leader comme Saïd Sadi ?

C’est une fierté et un immense
honneur pour moi de diriger un parti comme le RCD même si, à titre
personnel, il est délicat de se retrouver dans cette situation. C’est
aussi un privilège de succéder à un homme comme Saïd Sadi. Cela dit,
l’histoire de notre formation politique dont le parcours, le projet, les
valeurs, la crédibilité et les hommes est un socle solide sur lequel un
responsable peut s’appuyer. D’autant plus aisément que j’en suis, pour
ma part, imprégné depuis l’âge de 19 ans.

Lors du congrès
de votre parti, on a vu des congressistes bouleversés après le retrait
de Saïd Sadi. Puis, Nordine Aït Hamouda lui a emboîté le pas en
demandant à être déchargé de ses responsabilités au sein de la direction
du parti. Deux semaines après, comment la base digère-t-elle ces deux
évènements ?

L’émotion passée, la décision de Saïd Sadi de
ne pas se représenter pour un autre mandat à la présidence du parti et
celle de Nordine Aït Hamouda de ne pas figurer dans le nouveau
secrétariat national sont vécues avec une certaine fierté ; c’est un
acte pédagogique, un message politique et un signe de confiance dans la
nouvelle génération de militants et, à travers elle, dans la jeunesse
algérienne en général. Il est tout à fait sain que le collectif RCD
s’inquiète et se soucie du devenir de notre parti. Mais, plusieurs
messages me sont parvenus des militants et sympathisants. Ils
manifestent leur reconnaissance aux dirigeants sortants, réitèrent leur
fidélité à notre rassemblement et renouvellent leur disponibilité
militante. C’est cela la force du RCD qui est à la fois une école et une
famille pérennes.

On a constaté parmi les congressistes
un rajeunissement et une féminisation qui se sont traduits au sein de la
direction nationale. Comment appréhendez-vous ces mutations ?

L’essentiel
de la composante de la direction nationale d’avant le congrès vient de
la nouvelle génération de cadres formés dans et par le RCD. Le
rajeunissement et la féminisation de l’encadrement du parti est une
stratégie permanente dans notre parti. En 1998, à l’occasion du 2e
congrès ordinaire du RCD, Saïd Sadi avait déclaré qu’il faut faire
sortir la jeunesse du slogan politique pour l’installer dans la classe
politique. En 2009 déjà, le RCD avait organisé une journée nationale de
la jeunesse qui a vu la participation de 617 jeunes dont 148 femmes et
qui a traité, entre autres, du jeune dans l’action politique. En mars
2010, le RCD a réuni plus de 800 femmes pour débattre du rôle et de la
place de la femme dans le combat politique. C’est cet investissement
réfléchi et programmé qui a conduit à une présence plus prononcée des
femmes et des jeunes à tous les niveaux de la hiérarchie du parti. Pour
le RCD, la jeunesse représente à la fois la chance et la solution dans
notre pays.

Vous n’êtes pas de la même génération que
votre prédécesseur ; allez-vous imprimer un nouveau style dans la
conduite des affaires du parti ? Maintiendrez-vous la même ligne
radicale ?

Mon prédécesseur a été et restera un repère pour
ma génération tant sur le plan de la rigueur dans la gestion, de la
probité morale, de l’anticipation intellectuelle que de la détermination
concrète à faire avancer notre projet dans la société. Cela dit, un
exemple ne vaut que s’il libère les intelligences et les énergies. Le 4e
congrès est arrivé à la conclusion qu’une page se tourne dans l’Algérie
du pluralisme de façade et que le combat classique est dépassé. Nous
allons explorer de nouvelles voies pour informer, mobiliser et partager
notre vision stratégique avec d’autres couches sociales et à travers
d’autres espaces. Nous allons nous atteler à capter l’attention et
susciter l’intérêt des citoyens pour les amener à une convergence
démocratique large et efficiente.
Nous travaillerons à mieux gérer
notre communication dans un pays où les médias lourds, propriété du
pouvoir, sont fermés à l’opposition. Les nouvelles technologies de
communication sont un atout dont ne disposait pas la génération qui nous
a précédés. S’agissant de la ligne, je rappelle que le RCD n’a pas
choisi le chemin le plus facile mais le plus juste.

Au
lendemain de votre élection comme nouveau président du RCD, des rumeurs
ont circulé sur un possible repositionnement du RCD sur les prochaines
élections. Qu’en est-il exactement ?

Vous avez raison de
dire rumeurs. La décision du boycott des législatives du 10 mai a été
prise par un conseil national extraordinaire, instance souveraine de
notre parti. Elle a été appuyée par le conseil national ordinaire du 10
février. Cela fait 8 ans que le RCD revendique une observation
internationale massive et qualifiée des élections. Dans un premier
temps, l’Union européenne avait pris l’engagement de ne pas se laisser
impliquer dans le scrutin sans un assainissement crédible du fichier
électoral. Les intérêts bilatéraux, notamment de l’Espagne et de
l’Italie, en grandes difficultés financières, semblent avoir contribué à
un compromis où l’UE renonce à la phase préparatoire pour ne s’engager
que dans l’observation. Or, la manipulation est faite en amont. Et puis,
un pouvoir qui veut sortir des pratiques frauduleuses ne fait pas
passer au Parlement une batterie de lois liberticides quatre mois avant
les élections. Cela donne une situation un peu grotesque où le seul
parti qui demande la surveillance internationale sera absent de
l’élection. L’UE va surveiller des fraudeurs.
J’entends des
commentateurs relever que le RCD, ayant accepté de participer dans les
scrutins précédents, ne devrait pas boycotter. Quand il fallait assumer
la contestation à l’APN dans un contexte national et régional figé, nous
l’avons fait. Mais, s’engager dans une supercherie électorale au moment
où le peuple algérien se bat quotidiennement dans la rue, au moment où
les autres pays brisent le carcan des dictatures relève non pas de
l’erreur mais, au minimum de la faute politique pour ne pas dire de la
trahison nationale.
Alors vous savez, les manipulations et autres
tentatives de déstabilisation des services spéciaux ne nous atteignent
pas, bien au contraire. Ceux qui parient sur un infléchissement dans nos
positions seront vite déçus.

Restons dans les
élections. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, vient de déclarer que le
boycott ne constitue pas un programme. Que lui répondez-vous ?
Allez-vous mener campagne en faveur du boycott ?

Ouyahia a
aussi dit en 2009 que celui qui ne vote pas pour Bouteflika est un
traître. Il est mal placé pour parler de programme. Cela fera bientôt 20
ans qu’il est à la tête du gouvernement. Il a revendiqué des politiques
diamétralement opposées. Il est, cependant, constant dans un seul
programme : la fraude qui l’a fait naître politiquement et dont il vit
depuis. M. Ouyahia devrait revisiter notre histoire. Il verrait que le
boycott ou les grèves ont souvent été à l’origine des avancées
historiques du peuple algérien. Il verrait aussi que ce sont les fraudes
du colonialisme, semblables aux siennes, qui ont conduit au 1er
Novembre. S’agissant de la campagne pour le boycott, nous allons la
mener sur le terrain à travers des sorties de proximité. Ce travail a
déjà été entamé, nous allons l’intensifier dans les prochains jours.

Comment voyez-vous l’après-10 mai ?
L’après-10
mai verra s’établir la décantation politique. Il était temps. Il y aura
d’un côté ceux qui disent que le pouvoir a besoin d’une nouvelle
légitimité, d’un consensus politique et social rénové pour la stabilité
du système et qui, après avoir pris leurs quotas, devront assumer leur
clientélisation. Il y aura de l’autre côté les Algériens qui veulent
établir une souveraineté nationale à travers une alternative au système
par l’instauration d’un pouvoir légitime, civil. La rue continuera
d’être l’espace d’expression politique privilégié. Concrètement, on
aura une aggravation de la crise de confiance dans les institutions et,
fatalement, une multiplication des manifestations et des révoltes. Tous
les acquis arrachés jusque-là sont venus suite à la pression de la rue.
Ce fut le cas en 1980 quand la répression a dû reculer, ce fut aussi le
cas en 1988 pour le multipartisme…, idem en 1994, pour la création du
Haut-commissariat à l’amazighité. Plus près de nous, en 2011, la levée
de l’état d’urgence, l’augmentation des salaires… furent la conséquence
de la mobilisation citoyenne. Inversement, toutes les régressions sont
venues quand le pouvoir a enfermé l’opposition dans un jeu
institutionnel factice où il impose les termes et les objectifs du débat
politique. La pénalisation du délit de presse en 2001, la levée de la
limitation des mandats en 2008, la criminalisation de la harga, les lois
liberticides de 2011 sont les résultats de tactiques qu’il faut savoir
dépasser.

Les 50es anniversaires des accords d’Évian et
de l’Indépendance sont mieux célébrés en France qu’en Algérie. Pourquoi,
selon vous, cette attitude des autorités algériennes ? Quel bilan
faites-vous au RCD des 50 années d’indépendance du pays ?

La
question est d’autant plus pertinente que les dirigeants algériens ne
mettent en avant que la légitimité historique pour se maintenir au
pouvoir. Une légitimité par ailleurs largement entamée suite aux
récentes révélations sur l’implication de plusieurs dirigeants actuels
dans des crimes et forfaitures qui hanteront longtemps la mémoire
collective. Célébrer le 50e anniversaire des accords d’Évian et de
l’Indépendance, c’est évoquer et rappeler le souvenir de Krim Belkacem,
signataire des accords d’Évian, étranglé à Francfort en Allemagne,
Mohamed Khider exécuté à Madrid, Mohamed Boudiaf liquidé en direct à la
télévision, Amirouche et El-Houas dont les dépouilles ont été déterrées à
deux reprises avant d’être séquestrées dans les caves de l’état-major
de la gendarmerie, Chaâbani fusillé après un procès grotesque, Abane
Ramdane assassiné au Maroc, Ferhat Abbas placé sous résidence surveillée
et dépossédé de ses biens...
Mais parler courageusement et
loyalement de l’histoire c’est, également, traiter de la violence du
colonialisme et prendre le risque de heurter, en cette période
d’élections présidentielles, les dirigeants français desquels est
attendu la complaisance après les résultats frauduleux des législatives.
Il y a un deal mesquin qui se fait au prix d’un marchandage sur
l’Histoire. Cela ne fera que retarder et compliquer la coopération entre
l’Algérie et la France et, plus généralement, la construction d’un
nouveau destin. Ruinée par l’incompétence des dirigeants, la corruption,
l’absence de projection et d’ambition, l’Algérie est otage des
hydrocarbures. L’avenir économique est compromis. Le pays qui importe
tout perd les anciens cadres qui s’expatrient sans en avoir formé de
nouveaux. Après avoir confisqué l’Indépendance nationale et éliminé, y
compris par des liquidations physiques, tout homme capable de
construire, on voit Ould Kablia verser des larmes de crocodile et
regretter que les signataires des accords d’Évian ne soient pas associés
à la gestion du pays. Organiser la fraude en 2012 est un prolongement
naturel de l’assassinat de Abane et du reniement de la Soummam ;
c’est-à-dire du viol et du reniement des accords d’Évian.


A. C.
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Message  Zhafit Ven 23 Mar - 20:42

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Message  rebelle kabyle Lun 25 Fév - 14:15

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