Ben Bella-Kafi-Bennabi contre Abane de Bélaïd Abane: Radiographie des haines sordides
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Ben Bella-Kafi-Bennabi contre Abane de Bélaïd Abane: Radiographie des haines sordides
On ne crache pas impunément dans le bleu du ciel !» Cinglant rappel à l’ordre, voulu d’emblée par Bélaïd Abane, l’auteur de cet opus ravageur, plus décidé que jamais à solder des comptes en suspens.
Dans le collimateur de l’écrivain – il est professeur de médecine, neveu du héros de la résistance et marié à la fille de Zighout Youcef – aucunement pressé de pardonner l’offense, trois figures et pas des moindres : Ben Bella, Kafi et Bennabi, ligués contre un seul homme, Abane Ramdane, contre son idéal «soumamien» d’une République algérienne sociale et démocratique. «Ceux qui ont pris la responsabilité accablante et ineffaçable de l’assassiner ont, en effet, assassiné la double idée de démocratie et de cohésion nationale enfantée dans les djebels algériens.» De cette œuvre pamphlétaire, écrite avec les tripes, jaillissent en flux ininterrompus des geysers de haines singulières, mais au pluriel quand même, des rancunes inextinguibles sur lesquelles le temps n’a décidément aucun effet sédatif. Bien au contraire.
Toutefois, l’ouvrage n’est pas qu’un brûlot dirigé contre les détracteurs (d’hier et d’aujourd’hui) de Abane Ramdane, assassiné par ses frères d’armes à Tétouan, en décembre 1957. Le livre offre bien plus que cela : une plongée sans scaphandre dans les profondeurs de la Révolution, une radiographie des haines sordides, idéologiques, surfant sur un régionalisme primaire ayant conduit un quarteron de colonels (Krim, Boussouf, Bentobbal, Mahmoud Cherif) à liquider froidement l’architecte de la Soummam, et d’autres responsables et idéologues de la résistance (Bennabi, Benaouda, Kafi, Ben Bella) à légitimer l’assassinat d’un Abane faisant figure de «founding father», père parmi les «pères de l’indépendance» de l’Algérie, comme le rappelle l’auteur lui-même. Bélaïd Abane restitue dans un style incisif, avec un lexique contondant, des mots durs, violents, les motivations de ce triumvirat uni par la haine de celui qui incarnait la direction intérieure de la résistance.
Le livre explore le «traumatisme narcissique» de certains leaders de la Révolution, «exclus» ou portés «absents» du Congrès de la Soummam. On apprend à titre d’exemple que si Ben Bella était venu à Ifri, ses pairs l’auraient jugé (et peut-être exécuté) suite à l’affaire de l’OS et le démantèlement de l’organisation paramilitaire du PPA-MTLD.
L’écrivain rend coup pour coup, répond avec une égale véhémence à tous les «déversements fielleux» dont a fait l’objet Abane. D’abord à ceux d’un Malek Bennabi, «intellectuel islamiste francophone» aux «prêches défaitistes» sur la «colonisabilité» des Algériens et le «rôle nécessaire de la colonisation». Un «lilliputien de la Révolution aux prétentions gargantuesques», «exilé à la périphérie du mouvement national», «écartelé entre le phénomène coranique et la douceur emmiellée de la vie provinciale française», le premier à porter des attaques «malveillantes», dix ans après la Révolution, contre Abane Ramdane et le Congrès de la Soummam.
Pour s’attirer les bonnes grâces des maîtres successifs de céans (Ben Bella et Boumediène), Bennabi stigmatisera les concepteurs de la Soummam, «des politiciens, écrivit-il, qui, pour défendre leurs intérêts, ont créé un syndicat qu’ils ont baptisé FLN pour abuser le peuple avec des mots». Abane est comparé à «Mossailema», le «faux prophète de la Révolution».
Abane est à la Révolution ce que Georges Habbache est au processus révolutionnaire palestinien, «une erreur introduite de l’extérieur, une erreur induite». Le Congrès de la Soummam aurait, selon lui, «modifié fondamentalement les structures de la Révolution en mettant le CCE à la place du Nidham (…) et en transférant le pouvoir qui était entre les mains des moudjahidine, passé entre les mains des politiques».
Le parcours cahoteux de Bennabi est passé au crible : sa collaboration avec l’administration capitularde de Vichy, son batifolage dans l’Allemagne «nazie», sa condamnation à emprisonnement, en France, pour «collaboration», ses offres de services pour l’Egypte des Officiers libres, etc. «Bennabi, peut être, une fleur rare qui a poussé à la droite du seigneur, mais tout de même une fleur qui n’a jamais donné de fruit», conclut l’auteur. Le livre est aussi un retour sur la scène du crime. Plutôt sur les mobiles du crime. Car au-delà des frustrations et des querelles personnelles, explique l’auteur, les pourfendeurs de Abane «partagent la même haine de son projet d’une Algérie plurielle, moderne, démocratique et ouverte sur les valeurs universelles».
Le récit dévoile certaines facettes (sordides) de dirigeants de la Révolution, apparaissant sous un jour et un apparat nouveaux. On découvrira ainsi un Ali Kafi (président du HCE), accro aux casinos genevois. Et c’est Ben Bella lui-même, décrit dans le livre dans tous ses états et collusions avec l’ennemi, qui en fera la révélation (lire encadré). Un infatué Kafi, détracteur acharné de Abane, qu’il accusera en 1999 d’«intelligence avec l’ennemi», «impliqué» dans la mort de son chef, Zighout Youcef, autre grand héros de la résistance algérienne. Le livre est le second que son auteur consacre au parcours de Abane Ramdane après L’Algérie en guerre. Abane Ramdane, le fusil de la rébellion (L’Harmattan, 2008). Edité chez Koukou éditions, le premier tirage est déjà épuisé. Un troisième ouvrage qui promet, Abane, vérités sur un assassinat programmé, est au four.
Ben Bella-Kafi-Bennabi contre Abane. Edition Koukou, Alger 2012
Ben Bella parlant de ses frères d’armes :
- Sur Abdelhafid Boussouf : «Boussouf, un criminel assoiffé de sang. C’est le Beria de la Révolution. C’est lui l’assassin de Abane. Mais sans l’aval de Krim, Abane Ramdane n’aurait pas été assassiné. Boussouf est le plus grand criminel de notre Révolution. Il a fait assassiner 3000 djounoud à la base de Khemissat, au Maroc. A l’indépendance, il était venu me rendre visite à la Présidence, je l’ai chassé et sommé de quitter le pays. Ce qu’il a fait. Il n’est revenu qu’après le 19 juin.»
- Sur Ali Kafi et ses attaques contre Abane : «C’est une infamie (…) Ali Kafi, hachak, est saoul à partir de 10 heures du matin. C’est aussi un qmardji (flambeur). Il a perdu 2 millions de francs au casino de Divonne-les-Bains et on se demande d’où il a pu sortir une telle somme. Ce n’est pas un comportement révolutionnaire. Parler de Abane est un non-sens de sa part car ce n’est ni la même stature, ni le même niveau de responsabilité. Win yaâraf Ramdane ? Où a-t-il connu Ramdane ? (…) Et dire que cet individu a été à la tête de l’Etat algérien ! Savez-vous que c’est lui qui a trahi Zighout Youcef ? C’est lui qui l’a donné aux Français…»
- Sur les 3 B : «Ils portent une énorme responsabilité dans toutes les dérives de la Révolution et même celles qu’a connu, par la suite, l’Algérie indépendante. Dans toutes ces dérives, je ne peux pas trop charger Krim, même dans l’affaire Abane.»
- Sur Bentobbal : «Voilà un homme qui n’a rien apporté à la Révolution. Elle aurait pu s’en passer ça n’aurait rien changé, ou peut-être qu’elle se serait mieux portée.»
- Sur Mohamed Boudiaf : «Je m’étonne qu’on considère Boudiaf comme le père de la Révolution. C’est inexact. Alors que Mahsas (le recruteur de Boudiaf, ndlr) a joué un rôle plus important.»
- Sur Abdenour Ali Yahia : «Un homme très courageux, pur et honnête. J’ai beaucoup apprécié son rôle en tant que conseiller politique auprès du colonel Mohand Oulhadj, au moment où je négociais avec le FFS.»
- Sur les négociations avec le FFS : «Les officiers accompagnant le colonel Oulhadj étaient si nombreux que j’ai été amené à les faire asseoir par terre, dans les jardins du Palais d’été. Certains m’ont traité de dictateur. Alors je leur ai répondu : est-ce que vous connaissez un dictateur qui s’assoit par terre pour encaisser des insultes ? Ils ont, sans doute, apprécié ma boutade puisque quelques jours après, tout était rentré dans l’ordre et le colonel Oulhadj et ses hommes ont rejoint l’ANP pour aller défendre le territoire national à la frontière algéro-marocaine. En fait, ce qui a décidé Oulhadj à se séparer d’Aït Ahmed, ce sont les contacts que ce dernier entretenait avec le palais royal alors que nous étions en guerre contre le Maroc. Il existe (en effet) des liens familiaux entre Hocine et l’entourage du roi. L’une de ses sœurs était mariée à un proche de Allal El Fassi, le leader de l’Istiqlal.»
- Sur Hocine Aït Ahmed : «Nous sommes très proches l’un de l’autre même si, parfois, il y a eu des différends assez graves. Nous avons vécu de grands moments ensemble, des moments souvent assez cocasses. Personne ne peut nous séparer. Hocine et moi on s’aime (n’thabou) comme des frères. C’est sur mon conseil que Abdelaziz Bouteflika a fait envoyer un mot gentil et un bouquet de fleurs à Hocine, lors de sa convalescence en Suisse à la suite de son surmenage dû à la campagne présidentielle, en 1999. J’ai dit à Abdelaziz que s’il y a un seul homme politique à honorer dans notre pays, c’est bien Hocine Aït Ahmed. C’est un historique. Si quelqu’un doit jouer un rôle majeur dans les institutions de l’Etat algérien, c’est Aït Ahmed. Je lui ai demandé de lui donner un poste très important. Si on doit impliquer un parti politique dans les affaires de l’Etat, c’est au FFS qu’il faut faire appel et non au RCD, qui n’est pas représentatif. Je suis désolé de vous le dire, mais le RCD a été concocté dans une officine, créé par le biais d’Aboubakr Belkaïd et de Larbi Belkheir.»
- Sur Mohamed Khider : «C’est un homme sincère, un homme de bien et un grand patriote. Son assassinat a causé une grande perte pour l’Algérie.»
- Sur les oulémas : «Ils n’étaient pas pour la Révolution (…) ni pour l’indépendance. Cheikh El Ibrahimi nous avait fait part d’un plan qu’il voulait proposer aux Français. Ce plan prévoyait l’indépendance de l’Algérie pour… 2034.»
(Extraits de l’entretien de l’auteur du livre avec Ahmed Ben Bella, le 22 juillet 1999)
Mohand Aziri
Dans le collimateur de l’écrivain – il est professeur de médecine, neveu du héros de la résistance et marié à la fille de Zighout Youcef – aucunement pressé de pardonner l’offense, trois figures et pas des moindres : Ben Bella, Kafi et Bennabi, ligués contre un seul homme, Abane Ramdane, contre son idéal «soumamien» d’une République algérienne sociale et démocratique. «Ceux qui ont pris la responsabilité accablante et ineffaçable de l’assassiner ont, en effet, assassiné la double idée de démocratie et de cohésion nationale enfantée dans les djebels algériens.» De cette œuvre pamphlétaire, écrite avec les tripes, jaillissent en flux ininterrompus des geysers de haines singulières, mais au pluriel quand même, des rancunes inextinguibles sur lesquelles le temps n’a décidément aucun effet sédatif. Bien au contraire.
Toutefois, l’ouvrage n’est pas qu’un brûlot dirigé contre les détracteurs (d’hier et d’aujourd’hui) de Abane Ramdane, assassiné par ses frères d’armes à Tétouan, en décembre 1957. Le livre offre bien plus que cela : une plongée sans scaphandre dans les profondeurs de la Révolution, une radiographie des haines sordides, idéologiques, surfant sur un régionalisme primaire ayant conduit un quarteron de colonels (Krim, Boussouf, Bentobbal, Mahmoud Cherif) à liquider froidement l’architecte de la Soummam, et d’autres responsables et idéologues de la résistance (Bennabi, Benaouda, Kafi, Ben Bella) à légitimer l’assassinat d’un Abane faisant figure de «founding father», père parmi les «pères de l’indépendance» de l’Algérie, comme le rappelle l’auteur lui-même. Bélaïd Abane restitue dans un style incisif, avec un lexique contondant, des mots durs, violents, les motivations de ce triumvirat uni par la haine de celui qui incarnait la direction intérieure de la résistance.
Le livre explore le «traumatisme narcissique» de certains leaders de la Révolution, «exclus» ou portés «absents» du Congrès de la Soummam. On apprend à titre d’exemple que si Ben Bella était venu à Ifri, ses pairs l’auraient jugé (et peut-être exécuté) suite à l’affaire de l’OS et le démantèlement de l’organisation paramilitaire du PPA-MTLD.
L’écrivain rend coup pour coup, répond avec une égale véhémence à tous les «déversements fielleux» dont a fait l’objet Abane. D’abord à ceux d’un Malek Bennabi, «intellectuel islamiste francophone» aux «prêches défaitistes» sur la «colonisabilité» des Algériens et le «rôle nécessaire de la colonisation». Un «lilliputien de la Révolution aux prétentions gargantuesques», «exilé à la périphérie du mouvement national», «écartelé entre le phénomène coranique et la douceur emmiellée de la vie provinciale française», le premier à porter des attaques «malveillantes», dix ans après la Révolution, contre Abane Ramdane et le Congrès de la Soummam.
Pour s’attirer les bonnes grâces des maîtres successifs de céans (Ben Bella et Boumediène), Bennabi stigmatisera les concepteurs de la Soummam, «des politiciens, écrivit-il, qui, pour défendre leurs intérêts, ont créé un syndicat qu’ils ont baptisé FLN pour abuser le peuple avec des mots». Abane est comparé à «Mossailema», le «faux prophète de la Révolution».
Abane est à la Révolution ce que Georges Habbache est au processus révolutionnaire palestinien, «une erreur introduite de l’extérieur, une erreur induite». Le Congrès de la Soummam aurait, selon lui, «modifié fondamentalement les structures de la Révolution en mettant le CCE à la place du Nidham (…) et en transférant le pouvoir qui était entre les mains des moudjahidine, passé entre les mains des politiques».
Le parcours cahoteux de Bennabi est passé au crible : sa collaboration avec l’administration capitularde de Vichy, son batifolage dans l’Allemagne «nazie», sa condamnation à emprisonnement, en France, pour «collaboration», ses offres de services pour l’Egypte des Officiers libres, etc. «Bennabi, peut être, une fleur rare qui a poussé à la droite du seigneur, mais tout de même une fleur qui n’a jamais donné de fruit», conclut l’auteur. Le livre est aussi un retour sur la scène du crime. Plutôt sur les mobiles du crime. Car au-delà des frustrations et des querelles personnelles, explique l’auteur, les pourfendeurs de Abane «partagent la même haine de son projet d’une Algérie plurielle, moderne, démocratique et ouverte sur les valeurs universelles».
Le récit dévoile certaines facettes (sordides) de dirigeants de la Révolution, apparaissant sous un jour et un apparat nouveaux. On découvrira ainsi un Ali Kafi (président du HCE), accro aux casinos genevois. Et c’est Ben Bella lui-même, décrit dans le livre dans tous ses états et collusions avec l’ennemi, qui en fera la révélation (lire encadré). Un infatué Kafi, détracteur acharné de Abane, qu’il accusera en 1999 d’«intelligence avec l’ennemi», «impliqué» dans la mort de son chef, Zighout Youcef, autre grand héros de la résistance algérienne. Le livre est le second que son auteur consacre au parcours de Abane Ramdane après L’Algérie en guerre. Abane Ramdane, le fusil de la rébellion (L’Harmattan, 2008). Edité chez Koukou éditions, le premier tirage est déjà épuisé. Un troisième ouvrage qui promet, Abane, vérités sur un assassinat programmé, est au four.
Ben Bella-Kafi-Bennabi contre Abane. Edition Koukou, Alger 2012
Ben Bella parlant de ses frères d’armes :
- Sur Abdelhafid Boussouf : «Boussouf, un criminel assoiffé de sang. C’est le Beria de la Révolution. C’est lui l’assassin de Abane. Mais sans l’aval de Krim, Abane Ramdane n’aurait pas été assassiné. Boussouf est le plus grand criminel de notre Révolution. Il a fait assassiner 3000 djounoud à la base de Khemissat, au Maroc. A l’indépendance, il était venu me rendre visite à la Présidence, je l’ai chassé et sommé de quitter le pays. Ce qu’il a fait. Il n’est revenu qu’après le 19 juin.»
- Sur Ali Kafi et ses attaques contre Abane : «C’est une infamie (…) Ali Kafi, hachak, est saoul à partir de 10 heures du matin. C’est aussi un qmardji (flambeur). Il a perdu 2 millions de francs au casino de Divonne-les-Bains et on se demande d’où il a pu sortir une telle somme. Ce n’est pas un comportement révolutionnaire. Parler de Abane est un non-sens de sa part car ce n’est ni la même stature, ni le même niveau de responsabilité. Win yaâraf Ramdane ? Où a-t-il connu Ramdane ? (…) Et dire que cet individu a été à la tête de l’Etat algérien ! Savez-vous que c’est lui qui a trahi Zighout Youcef ? C’est lui qui l’a donné aux Français…»
- Sur les 3 B : «Ils portent une énorme responsabilité dans toutes les dérives de la Révolution et même celles qu’a connu, par la suite, l’Algérie indépendante. Dans toutes ces dérives, je ne peux pas trop charger Krim, même dans l’affaire Abane.»
- Sur Bentobbal : «Voilà un homme qui n’a rien apporté à la Révolution. Elle aurait pu s’en passer ça n’aurait rien changé, ou peut-être qu’elle se serait mieux portée.»
- Sur Mohamed Boudiaf : «Je m’étonne qu’on considère Boudiaf comme le père de la Révolution. C’est inexact. Alors que Mahsas (le recruteur de Boudiaf, ndlr) a joué un rôle plus important.»
- Sur Abdenour Ali Yahia : «Un homme très courageux, pur et honnête. J’ai beaucoup apprécié son rôle en tant que conseiller politique auprès du colonel Mohand Oulhadj, au moment où je négociais avec le FFS.»
- Sur les négociations avec le FFS : «Les officiers accompagnant le colonel Oulhadj étaient si nombreux que j’ai été amené à les faire asseoir par terre, dans les jardins du Palais d’été. Certains m’ont traité de dictateur. Alors je leur ai répondu : est-ce que vous connaissez un dictateur qui s’assoit par terre pour encaisser des insultes ? Ils ont, sans doute, apprécié ma boutade puisque quelques jours après, tout était rentré dans l’ordre et le colonel Oulhadj et ses hommes ont rejoint l’ANP pour aller défendre le territoire national à la frontière algéro-marocaine. En fait, ce qui a décidé Oulhadj à se séparer d’Aït Ahmed, ce sont les contacts que ce dernier entretenait avec le palais royal alors que nous étions en guerre contre le Maroc. Il existe (en effet) des liens familiaux entre Hocine et l’entourage du roi. L’une de ses sœurs était mariée à un proche de Allal El Fassi, le leader de l’Istiqlal.»
- Sur Hocine Aït Ahmed : «Nous sommes très proches l’un de l’autre même si, parfois, il y a eu des différends assez graves. Nous avons vécu de grands moments ensemble, des moments souvent assez cocasses. Personne ne peut nous séparer. Hocine et moi on s’aime (n’thabou) comme des frères. C’est sur mon conseil que Abdelaziz Bouteflika a fait envoyer un mot gentil et un bouquet de fleurs à Hocine, lors de sa convalescence en Suisse à la suite de son surmenage dû à la campagne présidentielle, en 1999. J’ai dit à Abdelaziz que s’il y a un seul homme politique à honorer dans notre pays, c’est bien Hocine Aït Ahmed. C’est un historique. Si quelqu’un doit jouer un rôle majeur dans les institutions de l’Etat algérien, c’est Aït Ahmed. Je lui ai demandé de lui donner un poste très important. Si on doit impliquer un parti politique dans les affaires de l’Etat, c’est au FFS qu’il faut faire appel et non au RCD, qui n’est pas représentatif. Je suis désolé de vous le dire, mais le RCD a été concocté dans une officine, créé par le biais d’Aboubakr Belkaïd et de Larbi Belkheir.»
- Sur Mohamed Khider : «C’est un homme sincère, un homme de bien et un grand patriote. Son assassinat a causé une grande perte pour l’Algérie.»
- Sur les oulémas : «Ils n’étaient pas pour la Révolution (…) ni pour l’indépendance. Cheikh El Ibrahimi nous avait fait part d’un plan qu’il voulait proposer aux Français. Ce plan prévoyait l’indépendance de l’Algérie pour… 2034.»
(Extraits de l’entretien de l’auteur du livre avec Ahmed Ben Bella, le 22 juillet 1999)
Mohand Aziri
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Re: Ben Bella-Kafi-Bennabi contre Abane de Bélaïd Abane: Radiographie des haines sordides
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