Je couche désormais avec Ali Belhadj

Demain, j’ai rendez-vous avec Ali Belhadj et Mohcine Belabbas. Le premier sera accompagné de son ministre de la Défense, Madani Mezrag et le second, de Réda Boudraâ, le Secrétaire National chargé des élections, des électeurs, des fichiers électoraux, des élus et de la surveillance des élections truquées. Je leur ai donné un rendez-vous dans un bar clandestin implanté à quelques encablures de la mosquée à un milliard d’euros baptisée « futur mausolée du calife Abdelaziz Bouteflika que Dieu l’agrée, comme président, dans son vaste paradis ».


J’ai provoqué cette réunion extraordinaire, ce Sant’Egidio décontracté, pour essayer de sceller une réconciliation entre le FIS et le RCD. La condition étant que les responsables du FIS renoncent à leur projet de république obscurantiste et théocratique et que le RCD admette enfin qu’on peut être, à la fois, un bon démocrate et un bon consommateur de bières, car rappelons-le, la séparation entre la politique et la religion est importante alors que la séparation entre la politique et la chose éthylique n’est point nécessaire. Espérons que Mohcine Belabbas sera plus souple sur ces questions que Saïd Sadi plus enclin à pencher du côté des cinq fruits et légumes par jour que du côté des produits prohibés par la charia.
Revenons à nos moutons. N’en déplaise à Bouteflika et aux généraux M. dit T. et T. dit B. mon idée est de faire fusionner les deux partis antinomiques afin de donner naissance au Front pour la Culture, la Démocratie et le Salut, le FCDS. Si le régime flirte avec Djaballah, l’islamiste agréé par le DRS, je vais coucher avec Ali Belhadj, un intégriste de souche. Si le pouvoir prend la copie, moi je préfère l’original. Le pouvoir, qui s’y connaît en matière de manipulations génétiques devrait savoir qu’on obtient de meilleures résultats avec la cellule souche.
Imaginons un instant que mon projet aboutisse. Nous aurons tous simplement la possibilité d’écrire au laser « 33 », « Abou Nawas » ou « Cuvée du président » dans le ciel d’Alger en plein meeting électoral. Nous pourrions enfin manifester en tenue afghane, réclamant la démocratie tout en scandant « Faites l’amour, pas la guerre ! ». Nous aurons la possibilité de prendre le maquis avec toutes ces filles voilées qui ne demandent qu’à faire du camping sauvage avec des démocrates. Nous ferons ainsi notre mai 1968, des 69, un mai 2012, enfin tout ce qui fera plaisir aux Indigènes qui ont besoin de jouir sans entraves, car il est interdit désormais d’interdire, de contrôler, d’espionner, d’épier, etc.
Imaginez un instant si mon projet pouvait aboutir. Nous aurons des imams qui, en plein prêche du vendredi, nous loueront les vertus du Viagra devant les incantations d’Anis Rahmani et le regard ému de H’mida Layachi, les journalistes que nous envient parfois les tracts clandestins du FIS et de l’AIS. Nous aurons aussi un pouvoir qui sera obligé de devenir démocrate. Ah non ! Si le pouvoir devient vraiment démocrate, ce jour-là, je deviendrai islamiste. Mais ça, c’est une autre histoire. Alors, malgré tout, vive les Indigènes !

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