INTRODUCTION DE SAÏD SADI AU CONSEIL NATIONAL DU 17 FEVRIER 2012
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INTRODUCTION DE SAÏD SADI AU CONSEIL NATIONAL DU 17 FEVRIER 2012
La rencontre d’aujourd’hui est importante à plus d’un titre puisque nous aurons à traiter de deux sujets essentiels : d’une part nous aurons à faire l’évaluation des préparatifs avant un congrès décisif dans la vie du parti et de l’opposition démocratique ; d’autre part, nous devrons arrêter une position définitive sur les prochaines législatives. En vérité les deux sujets sont intimement liés.
En ce qui concerne le 4éme congrès, il survient dans une conjoncture régionale marquée par des soulèvements populaires qui ont mis fin à plusieurs dictatures et en ont ébranlé de nombreuses autres. Tombés après des dizaines d’années de despotisme, ces régimes perturberont la région pendant de longues années avant que la stabilité et la prospérité ne reviennent. Les répercussions de ces soulèvements ont dépassé largement les pays de la rive sud de la méditerranée. La Côte d’ivoire, la Birmanie et, depuis quelques semaines, le Sénégal connaissent des secousses d’une demande de liberté portées par un mouvement qui dépasse le strict domaine politique. Nous assistons, en fait, à une dynamique historique qui embrasse les registres civilisationnels et philosophiques en ce qu’elle annonce une nouvelle perspective qui fait suite à la période post décolonisation.
Certains régimes ont compris la nature et l’ampleur des enjeux et essaient d’engager des réformes plus ou moins adaptées à la situation, d’autres, à l’instar de celui qui sévit en Algérie, nient le phénomène et se raidissent en cultivant l’arrogance, la corruption clientéliste et la fermeture politique.
Cependant, en dépit de cet aveuglement, dans notre pays aussi, ces mouvements populaires libérateurs impactent le pouvoir et la société.
Du côté du pouvoir, et nous avons eu à en débattre dans les différentes cessions de notre conseil national, nous observons une attitude ou le raidissement qui trahit mal une certaine peur se manifeste par des décisions à contre-courant de l’évolution mondiale : les dernières lois votées par l’APN sont autant de verrous qui révèlent une panne et une panique du système :
- Les associations algériennes sont interdites de communiquer avec des ONG étrangères et doivent soumettre les résultats de leurs délibérations à l’administration en violation d’un principe de droit universel qui garantit le secret des délibérations ;
- Les partis politiques voient leur fonctionnement interne soumis au contrôle du ministère de l’intérieur auquel revient, en dernière instance, le droit de valider ou non le choix des militants y compris dans l’élection de leur direction ;
- Les journalistes sont encore plus restreints dans leur droit à l’investigation et des pans entiers de la vie nationale comme la diplomatie, la « souveraineté » économique ou politique sont mis sous régime spécial ;
- Les élus locaux, dont les prérogatives sont déjà rognées par un centralisme aussi opaque que tentaculaire sont transformés par un nouveau code communal hors d’époque en boucs émissaires face à la colère des citoyens.
Voilà le dispositif qui a fait suite aux 30 000 policiers déployés lors de l’hiver 2011 pour répondre à la demande de manifester pacifiquement dans la capitale.
La folie des dirigeants se lit aussi sur leur action diplomatique. Le soutien apporté à tous les despotes de la région est à la fois un reniement et une insulte aux principes politiques et aux valeurs éthiques qui ont conduit à la libération de notre peuple.
Voilà la lecture et les réponses qu’oppose le DRS à un bouleversement planétaire.
Dans la société le citoyen algérien, voyant des peuples se libérer d’un arbitraire semblable à celui qu’il endure, réagit en développant des stratégies symétriques. Voyant une gouvernance qui hypothèque dignité et potentiel économique de la nation, l’Algérien s’affranchit de toute tutelle et engage un rapport de force permanent avec l’Etat à chaque fois qu’il rencontre un problème. Le lieu d’exposition et de règlements des conflits sociaux n’est ni la mairie, ni le commissariat de police ni la gendarmerie ni même le tribunal, mais la rue.
L’administration conçue pour surveiller, corrompre ou réprimer est totalement inopérante quand il faut entendre un citoyen, enregistrer ses doléances et satisfaire ses droits. Ce caractère prédateur et policier vient encore de se révéler dans la dernière tempête de neige qui a fait des dizaines de victimes et des milliards de dégâts sans qu’un seul dirigeant n’ait exprimé un regret ou une compassion.
Comment le pouvoir traite-t-il ce climat pré-insurrectionnel ? Par la fuite en avant : corrompre plus de monde, parasiter la scène politique par des mises en scène où sont exhibés des voyous et des ripoux et, en bon débris stalinien, il désinforme encore et toujours.
Nous avons eu à noter cette désinformation, pour la condamner ici même à plusieurs reprises : incapable d’assumer son bilan ou de formuler un projet, le DRS, maîtrisant l’intégralité des moyens de communication, n’a de cesse de faire distiller sa rengaine pour disqualifier l’action militante en criant partout que tous les partis se valent et qu’il n’ya rien à en attendre de bon. Cette propagande est récurrente et pernicieuse car les vecteurs sont nombreux et avancent généralement masqués. Voici ce que vient d’écrire un universitaire d’Oran, un certain Larbi Mehdi, dans une contribution publiée par le quotidien El Watan du 14 février 2012 : « A vrai dire, les couches sociales, tous corps confondus, n’ont pas arrêté de manifester dans les rues de toutes les villes algériennes…et aucun parti politique n’a pris la peine de s’impliquer pour, non seulement marquer sa présence et sa visibilité dans un espace public en formation mais aussi pour construire un discours politique… » On peut lire plus loin qu’aucun parti politique n’a fait de proposition ni essayer de proposer un projet au pays. L’article est agrémenté de photos des responsables du FLN, du RND, du PT, du FFS, du HAMAS et du RCD. » Cette diatribe n’est pas publiée par Ech-chourouk, En-nahar ou El-DjazaïrNews mais El Watan ; il est vrai dans la rubrique Idées-débats. Le reste du texte élucubre sur tous les dirigeants qui, sans exception, ont de tout temps vécu sous le dos de l’Etat avec des salaires faramineux etc…Aucun militant du RCD n’a jamais été emprisonné, aucun n’a manifesté avec le peuple et le jeune militant du RCD, Mohcine Bouterfif Allah irahmou, premier Algérien à s’être immolé à Tebessa et dont le père est aujourd’hui parmi nous, n’a pas existé. Naturellement, il n’y a jamais eu la moindre proposition faite par notre parti. Peu importe qui a demandé à cet homme de s’exprimer, le fait est que les universitaires s’empressent trop souvent à relayer le discours d’anathèmes et de confusion des services qui, eux, sont dans leur rôle. Nous devons bien enregistrer cette vassalisation des élites car elle cause plus de dégâts à la perspective démocratique que la répression ou la corruption traditionnelles.
Prenons un autre exemple : Abdelhamid Meri vient dedécéder. Ses amis peuvent pleurer sa disparition mais une fois les émotions passées, la raison devait reprendre ses droits et les commentateurs aurait pu éviter de se transformer en laudateurs voire en négationnistes de l’Histoire des luttes démocratiques. Abdelhamid Mehri s’est engagé dans le mouvement national, nul ne peut le contester mais depuis l’indépendance il fut un apparatchik conservateur qui a occupé toutes sortes de fonctions, à commencer par celle de premier responsable du FLN, et dont il n’a jamais renié ni la doctrine ni les méthodes tant qu’il était en poste.
En faire aujourd’hui un chantre du courage politique et de la démocratie sinon de l’opposition revient à se rendre complice de la confusion nationale qui fait que tout valant tout, on fertilise le terreau dont les services spéciaux nourrissent toutes les impostures qui privent la jeunesse de repères sur lesquels peut se reconstruire une mémoire structurante.
Les exemples de manipulation de l’opinion sont légion et n’épargnent aucun secteur. Il faudra donc que nous reprenions notre destin en main en rétablissant les canaux de communication qui nous ont permis d’affronter et de neutraliser la propagande du parti unique.
Non tous les partis ne se valent pas. Non tous les dirigeants n’ont pas le même parcours, ni les mêmes pratiques ni les mêmes objectifs.
Dans la dernière tempête, les élus RCD ont fait preuve d’héroïsme oui je dis bien d’héroïsme. Ils ont démontré que malgré le sectarisme de l’administration, il y a en Algérie des élus soucieux d’honorer le parti qui les a mandatés et la confiance des citoyens qui les ont élus. De toutes les APWdes régions montagneuses, seule celle de Tizi-Ouzou, dirigée par le RCD, a pu doter les communes d’un chasse neige malgré le budget dérisoire dont elles disposent.
Dans toutes les APC d’Algérie seules celles dirigées par le RCD ont, à ce jour, procéder à la distribution des logements sociaux sans la moindre contestation.
Les présidents d’APC de Béni Abbès à Bechar et de Bériane à Ghardaïa qui ont mené leur municipalité vers des projets qui ont transformé le quotidien de leur administré en un minimum de temps ont été destitués en toute illégalité. Ils continuent de résister dignement aux pressions, démontrant à leurs concitoyens qu’il fallait savoir refuser l’arbitraire. Peu de responsables ont eu ces réactions face au pouvoir.
Vous ne trouverez pas ces informations dans la presse car, pour l’essentiel, les medias ne peuvent pas travailler librement :pression par la publicité, intimidation par des lois liberticides font que ce qui n’est pas produit ou installé dans le périmètre du système doit être ignoré, minimisé ou disqualifié.
A côté de ce brouillage stratégique, le DRS use d’un autre stratagème pour justifier le statut quo : la menace islamiste. Nous avons suffisamment débattu ici de la grossièreté de ce chantage pour ne pas nous étaler d’avantage là- dessus. Je me rappelle encore de ce que j’ai déclaré sur les ondes de la chaine 3 le soir même des élections législatives de 1991 :« s’il se confirme que ces résultats sont fidèles au vote des Algériens, il faudra le respecter ». Mais dès que les menaces ont été proférées contre celles et ceux qui n’adhèrent pas aux thèses des gagnants, il fallait se mobiliser contre l’abus. Aujourd’hui encore, il faut rester sur la même position. En tout état de cause, ce n’est pas aux services qui ont livré l’école, les mosquées et les médias à l’extrémisme qu’il revient de nous faire la leçon contre un péril qu’ils ont semé et qu’ils continuent de manipuler avec cynisme et irresponsabilité.
Voilà dans quel environnement nous évoluons actuellement. Il faut le savoir pour mieux appréhender l’avenir. Y a-t-il possibilité de réagir avec rapidité et efficacité. La réponse aujourd’hui est très clairement oui. Le congrès aura à prospecter les pistes et les méthodes que le parti peut légitimement envisager pour lancer une nouvelle dynamique alternative. Une génération de cadres dévoués, performants, ouverts sur le monde a été formée par le parti. Elle a affronté courageusement toutes les turpitudes, tous les sectarismes et, souvent sacrifié carrière et famille. Ce capital, cet investissement n’a pas de prix. Quel parti subissant autant d’abus et d’ostracisme peut restructurer en deux mois 20 000 militants qui sont à jour de leurs cotisations et qui ponctionnent leurs maigres mensualités pour payer leur frais de participation au congrès. Quel parti, affrontant quotidiennement un pouvoir aussi archaïque, peut aller vers un congrès alors que dans ses rangs et depuis longtemps il était quasiment acquis que les conditions exigées pour assurer au peuple algérien des élections régulières n’allaient pas être satisfaites.
Pour ce qui est des prochaines législatives, tous les problèmes soulevés dans nos précédentes rencontres se sont confirmés et dans bien des cas aggravés. Le fichier électoral est une gigantesque usine à gaz. Les 4 millions de nouveaux électeurs annoncés sont une fumisterie. Du point démographique et administratif. Aucune statistique ne peut justifier une telle augmentation en moins de 3 ans pour une population de 35 millions d’habitants. Par ailleurs,il suffit de regarder autour de soi pour voir combien de citoyens s’inscrivent ou se réinscrivent sur les listes électorales. Hier soir, je discutais avec une parlementaire qui suivait le fichier de Beni Douala à Tizi-ouzou : surplus de 11 000 habitants, il y a eu 81 personnes nouveaux inscrits. Les militaires en opération sont portés d’office sur les registres des communes où ils sont affectés et, souvent, ils ne sont pas rayés quand ils sont déplacés vers d’autres régions…
Chers amis,
Nous avons été et nous restons le seul parti à avoir demandé une surveillance électorale massive et qualifiée. Nous avons informé, documents à l’appui, les institutions internationales du traquenard dans lequel elles peuvent être entraînées.
Mais au-delà de l’opacité des conditions techniques qui permettent toutes les manipulations pour gonfler le taux de participation et falsifier les procès-verbaux de consolidation, le pouvoir a créé un problème politique d’où il aura beaucoup de peine à s’extirper. Comment interdire à des associations de citoyens de communiquer avec des ONG étrangères au motif que ces contacts représentent un risque majeur pour la sécurité intérieure et prétendre accepter une observation de la part de ces même ONG ? Comment convaincre qu’un citoyen considéré à priori comme un traitre potentiel va pouvoir s’exprimer librement dans une élection ?
En attendant l’ouverture des débats, je me dois de vous donner une information : les participants au vote du 10 mai ont tous négocié leur quota. Malgré les risques de fraude, nous avions accepté par le passé de participer à des législatives quand l’environnement géopolitique et la situation nationale n’offraient pas d’autres alternatives que l’exploitation de la fonction tribunitienne de l’assemblée. Nous avions préféré être spoliés de nos sièges plutôt que de nous compromettre dans des opérations de détournement de la volonté populaire. Cette intégrité vous permet de regarder vos concitoyens droit dans les yeux et de dire à vos enfants nous sommes de ceux qui n’ont cédé ni à la peur ni à la tentation. Car le pire des vols c’est de confisquer la voix de son prochain. Celui qui commet un tel forfait commettra tous les autres.
Mes chers amis,
La vulgarité avec laquelle a été menée l’action publique ces derniers mois ne laisse pas beaucoup de choix à celles et ceux qui ont un minimum de bon sens. La prochaine assemblée sera recrutée sur le mode du proxénétisme et aura une mission de prostitution politique. Je m’explique : composée pour l’essentiel de petits délinquants pris la main dans le sac, cette assemblée aura pour fonction d’occuper le trottoir parlementaire en attendant que, derrière les rideaux, les maquereaux réorganisent leurs réseaux à travers une succession particulièrement laborieuse.
Ce n’est plus une décision politique que nous aurons à prendre ; c’est une mesure de salubrité publique que nous devons à notre peuple qui a le droit de compter dans ses rangs des femmes et des hommes qui ont sauvé leur dignité et partant l’honneur de la nation.
La révolution démocratique adviendra en Algérie; plus tôt que certains l’imaginent. Le DRS devra bien entendre qu’un pays comme l’Algérie ne peut plus être géré en 2012 par des manœuvres héritées de la guerre froide.Nous avons l’insigne honneur d’avoir été les principaux et infatigables acteurs de la refondation nationale. La jeunesse algérienne, les femmes et le monde du travail peuvent comprendre que nous adaptions nos méthodes de luttes à une conjoncture difficile. Ils ne nous pardonneront pas d’avoir souillé le viatique qui a nourri leurs espérances.
Je vous remercie.
En ce qui concerne le 4éme congrès, il survient dans une conjoncture régionale marquée par des soulèvements populaires qui ont mis fin à plusieurs dictatures et en ont ébranlé de nombreuses autres. Tombés après des dizaines d’années de despotisme, ces régimes perturberont la région pendant de longues années avant que la stabilité et la prospérité ne reviennent. Les répercussions de ces soulèvements ont dépassé largement les pays de la rive sud de la méditerranée. La Côte d’ivoire, la Birmanie et, depuis quelques semaines, le Sénégal connaissent des secousses d’une demande de liberté portées par un mouvement qui dépasse le strict domaine politique. Nous assistons, en fait, à une dynamique historique qui embrasse les registres civilisationnels et philosophiques en ce qu’elle annonce une nouvelle perspective qui fait suite à la période post décolonisation.
Certains régimes ont compris la nature et l’ampleur des enjeux et essaient d’engager des réformes plus ou moins adaptées à la situation, d’autres, à l’instar de celui qui sévit en Algérie, nient le phénomène et se raidissent en cultivant l’arrogance, la corruption clientéliste et la fermeture politique.
Cependant, en dépit de cet aveuglement, dans notre pays aussi, ces mouvements populaires libérateurs impactent le pouvoir et la société.
Du côté du pouvoir, et nous avons eu à en débattre dans les différentes cessions de notre conseil national, nous observons une attitude ou le raidissement qui trahit mal une certaine peur se manifeste par des décisions à contre-courant de l’évolution mondiale : les dernières lois votées par l’APN sont autant de verrous qui révèlent une panne et une panique du système :
- Les associations algériennes sont interdites de communiquer avec des ONG étrangères et doivent soumettre les résultats de leurs délibérations à l’administration en violation d’un principe de droit universel qui garantit le secret des délibérations ;
- Les partis politiques voient leur fonctionnement interne soumis au contrôle du ministère de l’intérieur auquel revient, en dernière instance, le droit de valider ou non le choix des militants y compris dans l’élection de leur direction ;
- Les journalistes sont encore plus restreints dans leur droit à l’investigation et des pans entiers de la vie nationale comme la diplomatie, la « souveraineté » économique ou politique sont mis sous régime spécial ;
- Les élus locaux, dont les prérogatives sont déjà rognées par un centralisme aussi opaque que tentaculaire sont transformés par un nouveau code communal hors d’époque en boucs émissaires face à la colère des citoyens.
Voilà le dispositif qui a fait suite aux 30 000 policiers déployés lors de l’hiver 2011 pour répondre à la demande de manifester pacifiquement dans la capitale.
La folie des dirigeants se lit aussi sur leur action diplomatique. Le soutien apporté à tous les despotes de la région est à la fois un reniement et une insulte aux principes politiques et aux valeurs éthiques qui ont conduit à la libération de notre peuple.
Voilà la lecture et les réponses qu’oppose le DRS à un bouleversement planétaire.
Dans la société le citoyen algérien, voyant des peuples se libérer d’un arbitraire semblable à celui qu’il endure, réagit en développant des stratégies symétriques. Voyant une gouvernance qui hypothèque dignité et potentiel économique de la nation, l’Algérien s’affranchit de toute tutelle et engage un rapport de force permanent avec l’Etat à chaque fois qu’il rencontre un problème. Le lieu d’exposition et de règlements des conflits sociaux n’est ni la mairie, ni le commissariat de police ni la gendarmerie ni même le tribunal, mais la rue.
L’administration conçue pour surveiller, corrompre ou réprimer est totalement inopérante quand il faut entendre un citoyen, enregistrer ses doléances et satisfaire ses droits. Ce caractère prédateur et policier vient encore de se révéler dans la dernière tempête de neige qui a fait des dizaines de victimes et des milliards de dégâts sans qu’un seul dirigeant n’ait exprimé un regret ou une compassion.
Comment le pouvoir traite-t-il ce climat pré-insurrectionnel ? Par la fuite en avant : corrompre plus de monde, parasiter la scène politique par des mises en scène où sont exhibés des voyous et des ripoux et, en bon débris stalinien, il désinforme encore et toujours.
Nous avons eu à noter cette désinformation, pour la condamner ici même à plusieurs reprises : incapable d’assumer son bilan ou de formuler un projet, le DRS, maîtrisant l’intégralité des moyens de communication, n’a de cesse de faire distiller sa rengaine pour disqualifier l’action militante en criant partout que tous les partis se valent et qu’il n’ya rien à en attendre de bon. Cette propagande est récurrente et pernicieuse car les vecteurs sont nombreux et avancent généralement masqués. Voici ce que vient d’écrire un universitaire d’Oran, un certain Larbi Mehdi, dans une contribution publiée par le quotidien El Watan du 14 février 2012 : « A vrai dire, les couches sociales, tous corps confondus, n’ont pas arrêté de manifester dans les rues de toutes les villes algériennes…et aucun parti politique n’a pris la peine de s’impliquer pour, non seulement marquer sa présence et sa visibilité dans un espace public en formation mais aussi pour construire un discours politique… » On peut lire plus loin qu’aucun parti politique n’a fait de proposition ni essayer de proposer un projet au pays. L’article est agrémenté de photos des responsables du FLN, du RND, du PT, du FFS, du HAMAS et du RCD. » Cette diatribe n’est pas publiée par Ech-chourouk, En-nahar ou El-DjazaïrNews mais El Watan ; il est vrai dans la rubrique Idées-débats. Le reste du texte élucubre sur tous les dirigeants qui, sans exception, ont de tout temps vécu sous le dos de l’Etat avec des salaires faramineux etc…Aucun militant du RCD n’a jamais été emprisonné, aucun n’a manifesté avec le peuple et le jeune militant du RCD, Mohcine Bouterfif Allah irahmou, premier Algérien à s’être immolé à Tebessa et dont le père est aujourd’hui parmi nous, n’a pas existé. Naturellement, il n’y a jamais eu la moindre proposition faite par notre parti. Peu importe qui a demandé à cet homme de s’exprimer, le fait est que les universitaires s’empressent trop souvent à relayer le discours d’anathèmes et de confusion des services qui, eux, sont dans leur rôle. Nous devons bien enregistrer cette vassalisation des élites car elle cause plus de dégâts à la perspective démocratique que la répression ou la corruption traditionnelles.
Prenons un autre exemple : Abdelhamid Meri vient dedécéder. Ses amis peuvent pleurer sa disparition mais une fois les émotions passées, la raison devait reprendre ses droits et les commentateurs aurait pu éviter de se transformer en laudateurs voire en négationnistes de l’Histoire des luttes démocratiques. Abdelhamid Mehri s’est engagé dans le mouvement national, nul ne peut le contester mais depuis l’indépendance il fut un apparatchik conservateur qui a occupé toutes sortes de fonctions, à commencer par celle de premier responsable du FLN, et dont il n’a jamais renié ni la doctrine ni les méthodes tant qu’il était en poste.
En faire aujourd’hui un chantre du courage politique et de la démocratie sinon de l’opposition revient à se rendre complice de la confusion nationale qui fait que tout valant tout, on fertilise le terreau dont les services spéciaux nourrissent toutes les impostures qui privent la jeunesse de repères sur lesquels peut se reconstruire une mémoire structurante.
Les exemples de manipulation de l’opinion sont légion et n’épargnent aucun secteur. Il faudra donc que nous reprenions notre destin en main en rétablissant les canaux de communication qui nous ont permis d’affronter et de neutraliser la propagande du parti unique.
Non tous les partis ne se valent pas. Non tous les dirigeants n’ont pas le même parcours, ni les mêmes pratiques ni les mêmes objectifs.
Dans la dernière tempête, les élus RCD ont fait preuve d’héroïsme oui je dis bien d’héroïsme. Ils ont démontré que malgré le sectarisme de l’administration, il y a en Algérie des élus soucieux d’honorer le parti qui les a mandatés et la confiance des citoyens qui les ont élus. De toutes les APWdes régions montagneuses, seule celle de Tizi-Ouzou, dirigée par le RCD, a pu doter les communes d’un chasse neige malgré le budget dérisoire dont elles disposent.
Dans toutes les APC d’Algérie seules celles dirigées par le RCD ont, à ce jour, procéder à la distribution des logements sociaux sans la moindre contestation.
Les présidents d’APC de Béni Abbès à Bechar et de Bériane à Ghardaïa qui ont mené leur municipalité vers des projets qui ont transformé le quotidien de leur administré en un minimum de temps ont été destitués en toute illégalité. Ils continuent de résister dignement aux pressions, démontrant à leurs concitoyens qu’il fallait savoir refuser l’arbitraire. Peu de responsables ont eu ces réactions face au pouvoir.
Vous ne trouverez pas ces informations dans la presse car, pour l’essentiel, les medias ne peuvent pas travailler librement :pression par la publicité, intimidation par des lois liberticides font que ce qui n’est pas produit ou installé dans le périmètre du système doit être ignoré, minimisé ou disqualifié.
A côté de ce brouillage stratégique, le DRS use d’un autre stratagème pour justifier le statut quo : la menace islamiste. Nous avons suffisamment débattu ici de la grossièreté de ce chantage pour ne pas nous étaler d’avantage là- dessus. Je me rappelle encore de ce que j’ai déclaré sur les ondes de la chaine 3 le soir même des élections législatives de 1991 :« s’il se confirme que ces résultats sont fidèles au vote des Algériens, il faudra le respecter ». Mais dès que les menaces ont été proférées contre celles et ceux qui n’adhèrent pas aux thèses des gagnants, il fallait se mobiliser contre l’abus. Aujourd’hui encore, il faut rester sur la même position. En tout état de cause, ce n’est pas aux services qui ont livré l’école, les mosquées et les médias à l’extrémisme qu’il revient de nous faire la leçon contre un péril qu’ils ont semé et qu’ils continuent de manipuler avec cynisme et irresponsabilité.
Voilà dans quel environnement nous évoluons actuellement. Il faut le savoir pour mieux appréhender l’avenir. Y a-t-il possibilité de réagir avec rapidité et efficacité. La réponse aujourd’hui est très clairement oui. Le congrès aura à prospecter les pistes et les méthodes que le parti peut légitimement envisager pour lancer une nouvelle dynamique alternative. Une génération de cadres dévoués, performants, ouverts sur le monde a été formée par le parti. Elle a affronté courageusement toutes les turpitudes, tous les sectarismes et, souvent sacrifié carrière et famille. Ce capital, cet investissement n’a pas de prix. Quel parti subissant autant d’abus et d’ostracisme peut restructurer en deux mois 20 000 militants qui sont à jour de leurs cotisations et qui ponctionnent leurs maigres mensualités pour payer leur frais de participation au congrès. Quel parti, affrontant quotidiennement un pouvoir aussi archaïque, peut aller vers un congrès alors que dans ses rangs et depuis longtemps il était quasiment acquis que les conditions exigées pour assurer au peuple algérien des élections régulières n’allaient pas être satisfaites.
Pour ce qui est des prochaines législatives, tous les problèmes soulevés dans nos précédentes rencontres se sont confirmés et dans bien des cas aggravés. Le fichier électoral est une gigantesque usine à gaz. Les 4 millions de nouveaux électeurs annoncés sont une fumisterie. Du point démographique et administratif. Aucune statistique ne peut justifier une telle augmentation en moins de 3 ans pour une population de 35 millions d’habitants. Par ailleurs,il suffit de regarder autour de soi pour voir combien de citoyens s’inscrivent ou se réinscrivent sur les listes électorales. Hier soir, je discutais avec une parlementaire qui suivait le fichier de Beni Douala à Tizi-ouzou : surplus de 11 000 habitants, il y a eu 81 personnes nouveaux inscrits. Les militaires en opération sont portés d’office sur les registres des communes où ils sont affectés et, souvent, ils ne sont pas rayés quand ils sont déplacés vers d’autres régions…
Chers amis,
Nous avons été et nous restons le seul parti à avoir demandé une surveillance électorale massive et qualifiée. Nous avons informé, documents à l’appui, les institutions internationales du traquenard dans lequel elles peuvent être entraînées.
Mais au-delà de l’opacité des conditions techniques qui permettent toutes les manipulations pour gonfler le taux de participation et falsifier les procès-verbaux de consolidation, le pouvoir a créé un problème politique d’où il aura beaucoup de peine à s’extirper. Comment interdire à des associations de citoyens de communiquer avec des ONG étrangères au motif que ces contacts représentent un risque majeur pour la sécurité intérieure et prétendre accepter une observation de la part de ces même ONG ? Comment convaincre qu’un citoyen considéré à priori comme un traitre potentiel va pouvoir s’exprimer librement dans une élection ?
En attendant l’ouverture des débats, je me dois de vous donner une information : les participants au vote du 10 mai ont tous négocié leur quota. Malgré les risques de fraude, nous avions accepté par le passé de participer à des législatives quand l’environnement géopolitique et la situation nationale n’offraient pas d’autres alternatives que l’exploitation de la fonction tribunitienne de l’assemblée. Nous avions préféré être spoliés de nos sièges plutôt que de nous compromettre dans des opérations de détournement de la volonté populaire. Cette intégrité vous permet de regarder vos concitoyens droit dans les yeux et de dire à vos enfants nous sommes de ceux qui n’ont cédé ni à la peur ni à la tentation. Car le pire des vols c’est de confisquer la voix de son prochain. Celui qui commet un tel forfait commettra tous les autres.
Mes chers amis,
La vulgarité avec laquelle a été menée l’action publique ces derniers mois ne laisse pas beaucoup de choix à celles et ceux qui ont un minimum de bon sens. La prochaine assemblée sera recrutée sur le mode du proxénétisme et aura une mission de prostitution politique. Je m’explique : composée pour l’essentiel de petits délinquants pris la main dans le sac, cette assemblée aura pour fonction d’occuper le trottoir parlementaire en attendant que, derrière les rideaux, les maquereaux réorganisent leurs réseaux à travers une succession particulièrement laborieuse.
Ce n’est plus une décision politique que nous aurons à prendre ; c’est une mesure de salubrité publique que nous devons à notre peuple qui a le droit de compter dans ses rangs des femmes et des hommes qui ont sauvé leur dignité et partant l’honneur de la nation.
La révolution démocratique adviendra en Algérie; plus tôt que certains l’imaginent. Le DRS devra bien entendre qu’un pays comme l’Algérie ne peut plus être géré en 2012 par des manœuvres héritées de la guerre froide.Nous avons l’insigne honneur d’avoir été les principaux et infatigables acteurs de la refondation nationale. La jeunesse algérienne, les femmes et le monde du travail peuvent comprendre que nous adaptions nos méthodes de luttes à une conjoncture difficile. Ils ne nous pardonneront pas d’avoir souillé le viatique qui a nourri leurs espérances.
Je vous remercie.
rebelle kabyle- Nombre de messages : 6838
Date d'inscription : 12/02/2011
Re: INTRODUCTION DE SAÏD SADI AU CONSEIL NATIONAL DU 17 FEVRIER 2012
http://www.rcd-algerie.org/details_article.php?Rid=167&Aid=1465&titre=%20INTRODUCTION%20DE%20SAÏD%20SADI%20AU%20CONSEIL%20NATIONAL%20DU%2017%20FEVRIER%202012
rebelle kabyle- Nombre de messages : 6838
Date d'inscription : 12/02/2011
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