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De l'absurdité d'un Forum dans une université en détresse

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De l'absurdité d'un Forum dans une université en détresse Empty De l'absurdité d'un Forum dans une université en détresse

Message  rebai_s Jeu 30 Juin - 23:46


De l'absurdité d'un Forum dans une université en détresse C’est dans un contexte explosif, marqué par une grève sans précédent qui a paralysé toute l’université de Béjaia, que le recteur et son équipe s’apprêtent à organiser le « Forum », une manifestat...ion des plus trompeuses puisqu’elle ne sert qu’à diffuser une image factice d’une université performante et au diapason de ses semblables à travers le monde. Or, tous les troubles qui ont bouleversé notre université durant cette année sont là pour dire le contraire ! L’organisation de ce Forum, spécialement en cette année 2010-2011, est une véritable insulte à tous ceux qui exercent et étudient au sein de l’université A. MIRA-Béjaia ! En effet, alors que nous tous ne savons pas encore comment procéder pour finir cette année dans les meilleures conditions possibles, notre premier responsable, par contre, sait continuer à tourner le dos aux préoccupations de la communauté universitaire. Alors que nous tous déplorons le caractère catastrophique de l’enseignement du 2ème semestre de cette année, et exprimons des inquiétudes par rapport à la qualité des enseignements prodigués à nos étudiants, ce même responsable ne se montre soucieux que de son image de marque et se précipite par le biais de ce Forum à renvoyer une image mensongère du côté pédagogique au mépris de la réalité du terrain ! Aussi, nous ne pouvons nous empêcher d’être interpellés par certains slogans à la langue de bois affligeante, et qui reviennent comme des leitmotivs dans les affiches du Forum : 1) Le Recteur dit : « Un espace d’expression, d’échange et de partenariat entre la communauté scientifique et le secteur industriel ». Nous disons que si les espaces d’expressions ne sont ouverts que durant de telles festivités, c’est que cette université a un réel problème ! La véritable expression libre est celle dont on jouirait tout le temps et non au gré des manifestations d’apparat ! 2) Le Recteur dit : « Un édifice pour rassembler tous les moyens nécessaires pour un développement local et durable » Nous disons que ce développement que tout le monde appelle de ses vœux tarde à venir parce que, justement, les moyens nécessaires ne sont presque jamais mis là où il faut : il n’y a qu’à voir ce paradoxe ridicule entre, d’un côté, tout ce matériel acheté à coup de milliards mais qui ne sert à rien, et d’un autre côté ce manque cruel du matériel le plus basique pour la réalisation des Travaux Pratiques qui perdent de ce fait tout leur sens : ils ne gardent de pratique que leur appellation ! 3) Le Recteur dit : « Un cadre pour les diplômés potentiels de l’université afin de réaliser leurs projets et identifier des opportunités d’emplois », ou encore « L’orientation et l’insertion professionnelle des étudiants diplômés » Nous disons qu’une réalité amère veut que ces diplômés qui réussissent véritablement à trouver des opportunités d’emploi ne soient malheureusement qu’une infime minorité servant d’arbre à cacher une forêt pleine de dizaines de milliers de diplômés qui peinent à se frayer un chemin dans un monde du travail réduit, avec leurs diplômes dévalués et discrédités ! 4) Le Recteur dit : « Un cadre pour une contribution des compétences algériennes à l’étranger au développement scientifique, technologique et économique de l’Algérie ». Nous disons que ces cadres qui ont fui notre pays vers des contrées plus clémentes et sachant reconnaître le mérite, auraient pu rester ici si ce n’étaient la médiocrité ambiante et les entraves bureaucratiques qui les ont poussés sur le chemin de l’exil ! 5) Le Recteur dit : « Créer une véritable passerelle entre le monde universitaire et le secteur industriel », « Favoriser les échanges et la coopération entre formateurs et employeurs » ou encore « Amplifier les relations entre les entreprises et les universités par le transfert de compétences et du savoir-faire des laboratoires de recherche vers les acteurs économiques ». Nous répondons que oui ! Nous aimerions bien qu’une telle manifestation serve réellement à jeter les ponts entre notre université et le monde du travail, cela n’apporterait que du bénéfice à nos étudiants ! Mais que ce Forum soit maintenu même en cette année qui a été catastrophique sur tous les plans, nous gêne énormément ! Il nous donne même un sentiment de honte, une honte de voir qu’on est en train de mentir à notre société à laquelle on ne sert que des mirages ! 6) Le Recteur dit : « Soutenir l’émergence d’entreprises innovantes » et « Encourager l’esprit d’entreprenariat chez les étudiants ». Nous disons que des étudiants, dont la libre expression est muselée, dont l’avenir demeure incertain et qui ont perdu toute confiance en leurs responsables, ne sauraient faire preuve de créativité ou d’innovation pour la simple raison que leur esprit d’initiative a été atrophié par la politique persistante d’exclusion et de mépris prônée par le premier responsable de notre université qui ne fait appel à l’expression estudiantine qu’au milieu des fanfares des cérémonies solennelles ! Comment peut-on oser, dans le terrible marasme que nous traversons en ce moment, s’adonner à des festivités, inviter des entrepreneurs, organiser des stands, remplir l’espace de toutes ces décorations clinquantes et brillantes de fausseté, alors que la situation véritable que vivent les enseignants, les étudiants et les travailleurs est alarmante dans tous les sens ?? Pour toutes ces raisons, nous considérons que l’organisation de ce Forum est tout simplement indécente ! Et si elle consacre quelque chose, ce n’est nullement « l’ouverture de l’université sur le monde productif », mais bien le décalage total qui sépare notre Recteur et « sa cour » de la communauté universitaire, et leur déphasage ridicule et tragique à la fois par rapport à la réalité concrète du terrain ! Le simple fait d’assister à cette « foire » donne l’impression qu’il existe deux universités à Béjaia : la première, l’officielle, la factice, l’image de façade, le fonds de commerce. Et la seconde, la véritable, l’oubliée des officiels, la honte à cacher, le revers de la médaille ! Nous ne voulons pas de deux universités, une seule nous suffit : la nôtre qui, malgré l’état de déliquescence extrême auquel l’a réduite l’ « excellente » gestion de l’équipe actuelle, demeure notre propriété à tous ! Nous qui, contrairement aux gestionnaires actuels, ne cachons pas cette université avec honte, mais nous affrontons ses tares, apportons des solutions à ses nombreuses défaillances, et n’attendons pas ce genre de réjouissances officielles et pompeuses pour proclamer que, malgré tout, nous en sommes fiers ! C’est pour cela que nous, enseignants de l’université de Béjaia, refusons de cautionner l’organisation de ce genre de foires qui ne sauraient apporter de solutions à la crise que vit notre université. En revanche, nous tenons à rappeler dans ces lignes notre détermination à édifier une université où le mot « mépris » ne sera plus confondu avec le mot « gestion ». Une université où l’avenir de nos étudiants primera et ne sera plus pris pour un fonds de commerce. Enfin, une université qui ne sera plus considérée comme une image de marque au profit de certaines personnes ! En guise de conclusion, et parce que nous aspirons à une université publique, performante et de qualité, la marche inexorable vers la médiocrité, résultat d’une gestion basée sur la démagogie, l’arbitraire et l’incompétence, doit cesser. Cela passe dans un premier temps, par un changement immédiat à la tête de notre université et dans un second temps par la consécration du principe fondamental de la gestion démocratique. Ce n’est qu’à ce prix que l’éthique, la pédagogie et la recherche seront enfin réhabilitées. Pour affronter la crise et répondre aux aspirations des acteurs de l’université, il convient de tenir des états généraux en vue d’élaborer un bilan et d’envisager un redressement vital. Enfin, l’inopportunité de la tenue de cette foire est bien résumée par le proverbe kabyle « Aγyul yewwi-t wasif, yessawal a leεdari » et qui peut être traduit par « Tel cet âne rêvant des grands pâturages alors qu’il est emporté par la crue ! ». Béjaia le 25 juin 2010 Pour L’assemblée générale des enseignants de l’université A. Mira de Béjaia Le bureau de l’AG Afficher la suite
Par : Mohamed Bakour
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