"J'ai cessé de porter le hijab"

Le blogue égyptien صرخات مدوية Echoing Screams présente des témoignages de jeunes femmes ayant décidé d'enlever leur foulard. Elles nous parlent des pressions qu'elles subissent de leur famille et de la société pour le porter, et de leur immense désir de liberté. J'ai publié le témoignage de deux d'entre elles dans un billet précédent. En voici un troisième :

Foulard-enleve
Mon nom est Reem Abdel Razek et voici mon histoire de « hijab ». Un jour, quand j'avais dix ans et vivais en Arabie Saoudite, je suis allée au parc d'attractions et je courais dans tous les sens après mon frère cadet. Un homme saoudien s’est approché de mon père et lui a dit quelque chose. Je n'étais pas en mesure d’entendre ce qu’il disait, mais l’expression faciale de mon père a changé radicalement, il m’a regardée avec dégoût et m’a ramenée à la maison. Sur le chemin du retour, il m’a raconté que l’homme lui avait dit que sa fille était une source de « fitna » (discorde) et qu’elle devrait se voiler sinon elle serait vue comme une « mauvaise fille ».

Sucette_pub
Les femmes sont des sucettes, les hommes des mouches

Huit ans plus tard, on m’a envoyé une image sur Facebook qui m’a profondément ébranlée et a provoqué un changement de paradigme : il y avait une sucette emballée, représentant le voile, et une sucette déballée couverte de mouches représentant les femmes non voilées. Je me suis regardée dans le miroir et ce que j’ai vu pourrait en choquer plusieurs : j'ai vu un être humain, pas une sucette. J’ai vu un cerveau, j’ai vu des sentiments, j’ai vu des émotions, j'ai vu un être moral et éthique, mais, « souffle coupé », je n’ai pas vu de sucette. Après des lectures critiques sur le voile, j’ai décidé que ce n’était pas fait pour moi. J’ai été qualifiée de pute, de désaxée, de salope, j’ai été torturée, j’ai été humiliée, j’ai été expulsée de la maison d’un membre de ma famille.

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