AHMED BENBITOUR DÉDICACE SON LIVRE RADIOSCOPIE DE LA GOUVERNANCE ALGÉRIENNE
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AHMED BENBITOUR DÉDICACE SON LIVRE RADIOSCOPIE DE LA GOUVERNANCE ALGÉRIENNE
Culture : AHMED BENBITOUR DÉDICACE SON LIVRE RADIOSCOPIE DE LA GOUVERNANCE ALGÉRIENNE
Une révolution en attente de son accomplissement
Samedi dernier, la librairie du Tiers-Monde, Alger, accueillait, pour une séance de vente-dédicace, un auteur pas comme les autres. La rencontre avec les lecteurs concernait, en effet, un écrivain qui avait été plusieurs fois ministre et même chef du gouvernement.
Ahmed Benbitour signait là son dernier livre, Radioscopie de la gouvernance algérienne, paru récemment aux éditions Edif 2000. En réalité, il s’agit de la version enrichie et actualisée d’un même ouvrage sorti en novembre 2006 chez le même éditeur. Affable et décontracté, discret dans la sobriété de la tenue, l’homme présentait un look et une attitude aux antipodes du «vernis» qu’affichent les hauts commis de l’Etat, même après leur mise à la retraite. Aujourd’hui, c’est sûr, Ahmed Benbitour donne l’image de quelqu’un qui a divorcé complètement d’avec les lambris dorés du pouvoir. Il est redevenu un monsieur Tout-le-Monde, un simple citoyen. Mais un citoyen qui, ayant été au cœur du mode de gouvernance, connaît parfaitement celui-ci. Alors, mieux que quiconque, il peut en parler objectivement, porter sur le «système» un regard lucide. Quoi de plus naturel, donc, que de se placer en témoin privilégié, du haut de ce poste d’observation qui était le sien, pour offrir aux lecteurs cette Radioscopie de la gouvernance algérienne ? Un ouvrage très intéressant au demeurant, qui aide à comprendre comment fonctionne le système politique algérien depuis au moins une cinquantaine d’années. Ahmed Benbitour l’a si bien décortiqué, passé au scanner et incisé au bistouri sous toutes les coutures que l’on en sort fort instruit après lecture. «J’ai voulu, nous dit-il, apporter mon témoignage sur les rendez-vous ratés, les espoirs déçus, les rêves brisés après l’indépendance de l’Algérie. Dans ce livre, je traite de questions politiques et économiques, je retrace les étapes de mon action à la tête de certains ministères et du gouvernement. L’évocation de mon parcours personnel, depuis mon enfance, sert à mieux illustrer et enrichir mon analyse d’une pratique et d’une gestion dans le cadre desquelles j'avais exercé.» A ce sujet (son parcours), et comme pour mieux souligner l’exception qui confirme la règle, Ahmed Benbitour s’interroge : «Comment se fait-il que quelqu'un venu d’une région lointaine du Sud, qui plus est n’appartient à aucun clan ni à une quelconque clientèle, est-il parvenu au sommet ? Hasard ou déterminisme ? Je dirais que c’est plutôt le fruit de mon seul travail, de l’éducation familiale reçue et des nobles valeurs qu’on m’avait inculquées.» En parallèle à cette ascension jusqu’au sommet du pouvoir, à la manière d’un alpiniste, l’auteur fait rappeler que son parcours «est celui d’une génération qui a vécu la guerre de Libération nationale et qui quelques années après l’indépendance a été tout de suite mise face à ses responsabilités». Ahmed Benbitour a, lui, eu cette chance et, au fil du temps, a appris comment s'exerçait la gouvernance du jeune Etat algérien, en particulier depuis l’année 1991 quand il s’est vu nommé chargé de mission à la présidence de la République. C’est ainsi que l’homme qui avait été l’un des artisans des accords avec le FMI, le club de Paris et le club de Londres, au moment du rééchelonnement de la dette, a occupé les plus hautes fonctions gouvernementales. Tour à tour ministre délégué au Trésor (1992-1993, ministre de l’Energie (1993-19994), ministre des Finances (1994-1996), sénateur au Conseil de la Nation (1998-1999), il est finalement nommé chef du gouvernement le 23 décembre 1999. Quelques mois après, le 26 août 2000, il claque la porte. Après sa démission de l’Exécutif sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika, il a rejoint l’opposition tout en se mettant à l’écriture. C’est ainsi qu’Ahmed Benbitour a déjà publié L’expérience algérienne de développement : 1962-1991, L’Algérie du 3e millénaire, défis et potentialités et Radioscopie de la gouvernance algérienne. Ce dernier ouvrage notamment, qui revient sur certains dossiers économiques et la façon dont est géré l’Etat, se veut aussi une réflexion politique. Agissant désormais à l’extérieur d’un système avec lequel il était en désaccord sur le mode de gouvernance, Ahmed Benbitour est devenu l’un des acteurs du débat intellectuel. Parmi les idées-forces qu’on retrouve dans son livre, celle du «fleuve détourné» à l’indépendance du pays. En l’occurrence, la prise du pouvoir par des responsables (issus pour la plupart de l’état-major général ou «armée des frontières) beaucoup plus préoccupés par la lutte des clans que par la construction d’un Etat authentique, a généré ce que l’auteur appelle «un mode de gouvernance par l’utopie et le faire-semblant». Un tel système politique consacre tout naturellement «un autoritarisme et un patrimonialisme qui freinent la modernisation» entamée à partir de l’année 1919, date de l’émergence du Mouvement national. Aujourd’hui, derrière le multipartisme de façade, le pouvoir est resté aux mains de l’oligarchie militaire. Bien plus, selon Ahmed Benbitour, la dernière décennie est caractérisée par «la défaillance de l’Etat, la généralisation de la corruption et la perte de la morale collective». Pour résoudre la crise politique en Algérie — qui est aussi et surtout une crise du nationalisme —, Ahmed Benbitour prône une refondation de l’Etat, de l’économie et de l’école. Pour cela, il faut donc faire pression sur le régime aux fins de mettre en œuvre de vraies réformes. Radioscopie de la gouvernance algérienne répond par conséquent au souci de contribuer à bien analyser les éléments de crise et proposer les actions à entreprendre pour s’en sortir. Actualité régionale et internationale oblige, le livre déborde sur l’expérience tunisienne et égyptienne. Il y a là aussi le rôle et l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) sur l’éveil des consciences arabes. Ahmed Benbitour nous confie, parlant de ses projets : «J’ai l’idée d’écrire un livre sur la révolution algérienne en attente de son accomplissement. Elle a connu une bonne marche de 1919 à 1954. Hélas, après 1962, cette révolution a été mise en veilleuse. Par ailleurs, la version en langue arabe du présent ouvrage va bientôt paraître, chez le même éditeur.»
Hocine T.
Ahmed Benbitour, Radioscopie de la gouvernance algérienne, éditions EDIF 2000, juin 2011, 282 pages, 800 DA
Une révolution en attente de son accomplissement
Samedi dernier, la librairie du Tiers-Monde, Alger, accueillait, pour une séance de vente-dédicace, un auteur pas comme les autres. La rencontre avec les lecteurs concernait, en effet, un écrivain qui avait été plusieurs fois ministre et même chef du gouvernement.
Ahmed Benbitour signait là son dernier livre, Radioscopie de la gouvernance algérienne, paru récemment aux éditions Edif 2000. En réalité, il s’agit de la version enrichie et actualisée d’un même ouvrage sorti en novembre 2006 chez le même éditeur. Affable et décontracté, discret dans la sobriété de la tenue, l’homme présentait un look et une attitude aux antipodes du «vernis» qu’affichent les hauts commis de l’Etat, même après leur mise à la retraite. Aujourd’hui, c’est sûr, Ahmed Benbitour donne l’image de quelqu’un qui a divorcé complètement d’avec les lambris dorés du pouvoir. Il est redevenu un monsieur Tout-le-Monde, un simple citoyen. Mais un citoyen qui, ayant été au cœur du mode de gouvernance, connaît parfaitement celui-ci. Alors, mieux que quiconque, il peut en parler objectivement, porter sur le «système» un regard lucide. Quoi de plus naturel, donc, que de se placer en témoin privilégié, du haut de ce poste d’observation qui était le sien, pour offrir aux lecteurs cette Radioscopie de la gouvernance algérienne ? Un ouvrage très intéressant au demeurant, qui aide à comprendre comment fonctionne le système politique algérien depuis au moins une cinquantaine d’années. Ahmed Benbitour l’a si bien décortiqué, passé au scanner et incisé au bistouri sous toutes les coutures que l’on en sort fort instruit après lecture. «J’ai voulu, nous dit-il, apporter mon témoignage sur les rendez-vous ratés, les espoirs déçus, les rêves brisés après l’indépendance de l’Algérie. Dans ce livre, je traite de questions politiques et économiques, je retrace les étapes de mon action à la tête de certains ministères et du gouvernement. L’évocation de mon parcours personnel, depuis mon enfance, sert à mieux illustrer et enrichir mon analyse d’une pratique et d’une gestion dans le cadre desquelles j'avais exercé.» A ce sujet (son parcours), et comme pour mieux souligner l’exception qui confirme la règle, Ahmed Benbitour s’interroge : «Comment se fait-il que quelqu'un venu d’une région lointaine du Sud, qui plus est n’appartient à aucun clan ni à une quelconque clientèle, est-il parvenu au sommet ? Hasard ou déterminisme ? Je dirais que c’est plutôt le fruit de mon seul travail, de l’éducation familiale reçue et des nobles valeurs qu’on m’avait inculquées.» En parallèle à cette ascension jusqu’au sommet du pouvoir, à la manière d’un alpiniste, l’auteur fait rappeler que son parcours «est celui d’une génération qui a vécu la guerre de Libération nationale et qui quelques années après l’indépendance a été tout de suite mise face à ses responsabilités». Ahmed Benbitour a, lui, eu cette chance et, au fil du temps, a appris comment s'exerçait la gouvernance du jeune Etat algérien, en particulier depuis l’année 1991 quand il s’est vu nommé chargé de mission à la présidence de la République. C’est ainsi que l’homme qui avait été l’un des artisans des accords avec le FMI, le club de Paris et le club de Londres, au moment du rééchelonnement de la dette, a occupé les plus hautes fonctions gouvernementales. Tour à tour ministre délégué au Trésor (1992-1993, ministre de l’Energie (1993-19994), ministre des Finances (1994-1996), sénateur au Conseil de la Nation (1998-1999), il est finalement nommé chef du gouvernement le 23 décembre 1999. Quelques mois après, le 26 août 2000, il claque la porte. Après sa démission de l’Exécutif sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika, il a rejoint l’opposition tout en se mettant à l’écriture. C’est ainsi qu’Ahmed Benbitour a déjà publié L’expérience algérienne de développement : 1962-1991, L’Algérie du 3e millénaire, défis et potentialités et Radioscopie de la gouvernance algérienne. Ce dernier ouvrage notamment, qui revient sur certains dossiers économiques et la façon dont est géré l’Etat, se veut aussi une réflexion politique. Agissant désormais à l’extérieur d’un système avec lequel il était en désaccord sur le mode de gouvernance, Ahmed Benbitour est devenu l’un des acteurs du débat intellectuel. Parmi les idées-forces qu’on retrouve dans son livre, celle du «fleuve détourné» à l’indépendance du pays. En l’occurrence, la prise du pouvoir par des responsables (issus pour la plupart de l’état-major général ou «armée des frontières) beaucoup plus préoccupés par la lutte des clans que par la construction d’un Etat authentique, a généré ce que l’auteur appelle «un mode de gouvernance par l’utopie et le faire-semblant». Un tel système politique consacre tout naturellement «un autoritarisme et un patrimonialisme qui freinent la modernisation» entamée à partir de l’année 1919, date de l’émergence du Mouvement national. Aujourd’hui, derrière le multipartisme de façade, le pouvoir est resté aux mains de l’oligarchie militaire. Bien plus, selon Ahmed Benbitour, la dernière décennie est caractérisée par «la défaillance de l’Etat, la généralisation de la corruption et la perte de la morale collective». Pour résoudre la crise politique en Algérie — qui est aussi et surtout une crise du nationalisme —, Ahmed Benbitour prône une refondation de l’Etat, de l’économie et de l’école. Pour cela, il faut donc faire pression sur le régime aux fins de mettre en œuvre de vraies réformes. Radioscopie de la gouvernance algérienne répond par conséquent au souci de contribuer à bien analyser les éléments de crise et proposer les actions à entreprendre pour s’en sortir. Actualité régionale et internationale oblige, le livre déborde sur l’expérience tunisienne et égyptienne. Il y a là aussi le rôle et l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) sur l’éveil des consciences arabes. Ahmed Benbitour nous confie, parlant de ses projets : «J’ai l’idée d’écrire un livre sur la révolution algérienne en attente de son accomplissement. Elle a connu une bonne marche de 1919 à 1954. Hélas, après 1962, cette révolution a été mise en veilleuse. Par ailleurs, la version en langue arabe du présent ouvrage va bientôt paraître, chez le même éditeur.»
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Date d'inscription : 26/04/2008
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