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L’Algérie de nouveau face au spectre islamiste ?

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L’Algérie de nouveau face au spectre islamiste ? Empty L’Algérie de nouveau face au spectre islamiste ?

Message  laic-aokas Mar 6 Déc - 17:23

Comme en Tunisie avec Ennahda, au Maroc avec le PJD et en Égypte avec les Frères Musulmans, l’Algérie n’est pas à l’abri d’une victoire des islamistes aux prochaines échéances électorales. Eux, en tous cas, encouragés par le triomphe de "leurs frères" dans les pays arabes, croient en leurs chances. « Je pense que le courant islamiste a toutes ses chances d’arriver au pouvoir à condition de tenir des élections libres et transparentes », déclare dans un entretien à TSA, Abdellah Djaballah, président du Front pour la justice et le développement (FJD), parti non agréé.

Abdellah Djaballah, qualifié d’islamiste radical, a déjà créé deux partis politiques, Ennahda et El Islah, qu’il a dû quitter, poussé vers la sortie par les autres dirigeants. On ignore encore son poids ou son influence dans la société, actuellement en pleine mutation. Mais au sein des anciennes structures qu’il avait dirigées, il semble toujours jouir de la confiance des cadres. « Je ne veux pas anticiper et citer de noms, mais je peux vous confirmer l’adhésion d’un nombre important de cadres issus de ces deux partis », répond‑il à la question de savoir si son nouveau parti est disposé à accueillir ses anciens compagnons.

Le même optimisme est également affiché par le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Au terme d’un séminaire organisé samedi à Bordj Bou Arreridj, le leader du MSP, formation politique cataloguée de modérée, a estimé que la percée historique des islamistes dans les pays arabes aura « un effet inducteur positif » sur les islamistes algériens. Miné par une crise interne qui a vu le parti se scinder en deux entités, éclaboussé par des scandales de corruption dans lesquels des ministres MSP ont été impliqués (autoroute Est‑Ouest, affaire du thon rouge) et voué à la haine de certains islamistes pour son "concubinage" avec le pouvoir, le MSP voit le salut dans le rassemblement des islamistes. « Les partis représentant le courant islamiste doivent s’allier pour les prochaines échéances électorales afin d’améliorer leurs résultats », a‑t‑il déclaré.

« Nous ne sommes pas encore au stade de l'alliance, mais le débat est ouvert avec les islamistes algériens, car nous sommes en devoir, nous islamistes algériens, d'être à la hauteur de attentes de notre société qui veut être gouvernée par les islamistes », estime‑t‑il encore. Mais au sein des partis démocrates algériens, qui ont payé un lourd tribut au terrorisme, le "péril vert" n’est pas une fatalité. « Les Algériens n’ont pas oublié que ce sont les islamistes qui sont derrière la tragédie nationale (…) le FIS (parti dissous) en 1991 a eu la possibilité de gérer les communes, son bilan, nous le connaissons tous, il a été catastrophique », a affirmé à la radio nationale, Louisa Hanoune, porte‑parole du PT.

Selon Mme Hanoune, dont le parti s’est joint en 1995 aux côtés du FIS au contrat de Rome, avec le FFS, le FLN et la LADDH, pour trouver alors une solution politique à la crise, « chaque pays a son principe et chaque pays à son expérience ». Elle estime que « chez nous », les islamistes ont déjà gouverné. « Chez nous, les islamistes sont intégrés dans le jeu politique, en étant présents dans les institutions et dans le gouvernement depuis les trois dernières législatures. A ce titre, ils sont comptables du bilan, politique économique et social », soutient‑elle. Mme Hanoune soupçonne les Occidentaux d’être derrière la vague islamiste, à partir du moment que « leur intérêt et la sécurité d’Israël ne sont pas menacés ».

Farouche opposant aux islamistes au début des années quatre‑vingt‑dix, le RCD, qui fut l’un des animateurs du CNSA (Comité national pour la sauvegarde de l’Algérie), après la victoire de l’ex‑FIS, en compagnie de l’UGTA du défunt Abdelhak Benhamouda, et du MDS, semble avoir mis de l’eau de son vin par rapport aux islamistes. Même s’il leur reste hostile, il refuse cependant qu’ils soient brandis comme un épouvantail. « Le chantage à l’islamisme, dont les dirigeants algériens inondent les médias, est obscène. Le système FLN a administré la preuve qu’en étouffant les voix des démocrates et en offrant les institutions à l’islamisme, la dictature mène inévitablement à la théocratie », affirme le parti de Saïd Sadi, dans un communiqué au lendemain de la victoire d’Ennahda en Tunisie. Saluant la réussite d’une « élection libre », il a dénoncé ceux qui présentent les islamistes comme une menace. « C’est avec un cynisme non dissimulé que les relais du système se sont saisis de la victoire du parti islamiste Ennahda pour essayer de relancer la rengaine dictatoriale qui veut que seul l’autoritarisme permet d’assurer la stabilité d’un pays ou d’une région ». Pour Saïd Sadi, l’urgence en Algérie est le changement de système. « Les évènements qui bouleversent notre région confirment que la solution de l’équation algérienne passe par le changement d’un système qui a fait du pays le plus moderniste de l’Afrique du Nord la nation la plus rétrograde ».

Certains spécialistes du monde politique considèrent également que cette menace est exagérée et que les islamistes ont connu un reflux ces dernières années. « Je pense que le Mouvement pour la société et la paix (MSP) aura de sérieuses difficultés lors des prochaines législatives. C’est depuis bien longtemps que le MSP a abandonné la lutte dans le champ social. Si les islamistes, de par le monde, ont investi le champ social par des actions caritatives, des actions d’aide aux démunis, ce n’est pas le cas des islamistes algériens. Ils ont opté pour l’entrisme dans le cadre de l’alliance présidentielle, un club politique bien fermé aux non‑initiés à la prédation », estime le politoloque Rachid Tlemçani. Pour cet enseignant en sciences politiques, la question est de savoir si les islamistes, une fois au pouvoir, respecteraient les règles démocratiques. « La question cruciale qui taraude les esprits est la suivante : faut‑il faire confiance aux islamistes ? Vont‑ils accepter les règles du jeu, une fois au pouvoir, dans un contexte politique marqué par un conservatisme archaïque ? Pour eux, le jeu politique est une ruse, comme nous l’enseigne Machiavel », dit‑il.

Au final, le spectre de l’islamisme est donc toujours bien présent en Algérie. Mais il reste que dans une société traumatisée par plusieurs années de violences, déstructurée et où la confiance avec l’État est rompue, tous les scénarios sont possibles.

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Message  laic-aokas Mar 6 Déc - 17:23

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