Hommage à la chanteuse Zohra

L'Expression: Le 15-12-07.

Elle était la diva de la chanson kabyle.

Zohra était d’une beauté divine au sort triste. Elle aimait la vie et le chant. Elle s’est vouée à la chanson et la poésie kabyles. Aujourd’hui, cela fait douze ans quelle nous a quittés. L’Association culturelle Asurif Bouaidel de Boumehni Aïn Zaouia en collaboration avec la maison de la culture de Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou organise trois jours de festivités pour rendre hommage à cette grande poétesse et chanteuse kabyle.


L’association a voulu faire revivre cette chanteuse au coeur malheureux et mélancolique pour ses fans qui n’ont jamais cessé de l’aimer.

Au programme, il y aura des manifestations culturelles, notamment des expositions d’arts traditionnels de Kabylie. Une exposition sur la vie et le parcours de la chanteuse. Ainsi qu’une projection-vidéo des clips de Zohra. L’association se rendra dimanche matin sur la tombe de la chanteuse pour un recueillement et pour remémorer le parcours de cette femme qui a su casser toutes les barrières pour redonner un autre souffle pour la femme algérienne et kabyle en général.


Cette chanteuse a su prendre de l’avant et mettre fin à la misère avec ses chansons et sa voix qui était une source de courage pour combattre la torture que la femme subit en Algérie. Elle a brillé avec succès avec l’inspiration de ses chants de sa propre vie et celle de ses proches. Par ailleurs, la journée de lundi prochain sera consacrée à des témoignages d’amis et proches. Une conférence sera animée par M.Abdeslam Abdenour et Mme Abdeslam Hayet sur la chanson et la poésie féminines. En fin de journée sera animé un gala avec de nombreux chanteurs et une cérémonie de remise des prix.
Mélancolique, Zohra était une femme qui aimait chanter la tristesse et le malheur de sa vie. Son complexe elle a su le rendre plus cruel et plus souple en même temps.


Dans l’une de ses chansons, elle dit «pourquoi Dieu suis-je différente de mes semblables toute ma jeunesse vécue dans des ténèbres?» Ainsi chantait déjà la diva pour exprimer toute la détresse qui la marqua dans sa courte vie de 33 ans, où elle exprimera toute la douleur de ses semblables, elle qui aimait tant la vie.


Zohra adorait fréquenter la fontaine, lieu de prédilection et de discussions pour les femmes où celles-ci aiment se retrouver entre elles et passer ainsi d’agréables petits moments racontant des anecdotes avec une remarquable délectation jusqu’au retour, chemin faisant, vers la maison sur la tête des cruches pleines d’eau.

Zohra était également une adepte du travail de la laine en compagnie des jeunes filles de son âge fréquentant les vieilles femmes de son entourage, pratiquant aussi des travaux de jardinage dans des champs, et aussi dans des lopins de terre tout près du domicile.

La défunte aimait aussi particulièrement la période des récoltes aussi bien des figues de Barbarie que celle des olives se faisant dès l’automne jusqu’à fin mars.

La période de récolte des olives est pourtant très difficile puisqu’elle intervient durant plusieurs mois d’hiver avec la rigueur du froid hivernal.
Par ailleurs, la chanteuse était une passionnée de la lecture d’ouvrages d’alphabétisation, puisque n’ayant pas eu la chance de fréquenter l’école à l’âge d’être scolarisé, aimant l’ordre comme seconde nature, propre à toute femme qui se respecte, elle a accordé autant d’attention à l’évolution dans le respect mutuel de son entourage.


Elle aimait particulièrement passer son temps libre à écouter la Chaîne II de la Radio nationale.


Les programmes préférés de Zohra étaient ceux de Ramadhan, surtout les comédies. Elle s’est formée seule depuis qu’elle a vu le jour au mois de décembre 1962, à Aguemoune, commune de Larbaâ Nath Irathen. Elle s’est mariée deux fois et était maman de deux filles. C’est en 1982 qu’elle sort sa première k7, et suite au succès de son oeuvre elle part en France en 1986 pour animer des galas. Elle possède un répertoire de 36 chansons avec lesquelles elle marquera de son empreinte la mémoire de ses fans. Tragiquement, elle trouvera la mort un jour de janvier 1995 à Paris.

Hakima SMAÏ