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Razik Zouaoui : « L’autonomie est la seule chance de survie de la Kabylie »

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Razik Zouaoui : « L’autonomie est la seule chance de survie de la Kabylie » Empty Razik Zouaoui : « L’autonomie est la seule chance de survie de la Kabylie »

Message  laic-aokas Jeu 20 Oct - 13:20

Razik Zouaoui (Raziq n At Tecrift, en kabyle) est originaire d’At Yemmel, commune de Timezrit, dans la préfécture de Bgayet (Béjaïa en arabe), où il vit toujours. Âgé de 42 ans, il est enseignant de langue française et membre depuis 2009 de l’exécutif du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK). Au sein de ce mouvement, il est chargé de la promotion de la langue kabyle.

Depuis le départ de la France en 1962, la "question kabyle" hante l’Algérie. Guérilla du FFS en 1963, manifestation du "Printemps berbère" en 1980, "grève du cartable" en 1994-95, émeutes de 1998 suite à l’assassinat du poète-chanteur Matoub Lounès, immense mouvement de protestation dit "des Aarchs" en 2001-2002... cette région de langue et culture amazighes (berbères) s’est régulièrement distinguée des autres contrées algériennes. Aujourd’hui, l’idée d’autonomie régionale pour la Kabylie y est portée par un mouvement, le MAK. Généralement très critiquée par les médias et responsables politiques algériens, cette idée semble faire son chemin parmi une partie de la population kabyle. Nous avons interrogé Razik Zouaoui, un cadre du mouvement sur place.

Voix berbères : En un mois, 3 personnes (Dial Moustapha, ouvrier et père de famille, Goudjil Madani, garde communal et Kaci Zahia, mère de famille nombreuse) ont été tuées lors de "bavures" de l’armée algérienne en Kabylie. A cela s’ajoute une recrudescence des actions terroristes (dont les plus marquantes ont été un attentat kamikaze en plein centre de Tizi-Ouzou et l’assassinat de 3 villageois à Maâtkas). Des dizaines d’incendies simultanés ont ravagé la région de Bgayet . Selon vous, quelles sont les causes de cette recrudescence de la violence dans la région ?

Le constat que vous venez de faire nous renseigne aisément sur la nature coloniale du système d’Alger à l’égard des Kabyles et de la Kabylie. Il n’est un secret pour personne que nous n’avons rien à espérer de positif de ce système jacobin arabo-islamiste, digne héritier du pouvoir colonial qui l’a précédé. Je lance un appel à tous les Kabyles, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur de la Kabylie à se solidariser et à aller de l’avant afin de nous assurer un lendemain meilleur dans le cadre d’une Kabylie libre et autonome. Si nous voulons réellement que nos oliveraies soient à l’abri d’incendies d’origine criminelle et que nos enfants soient à l’abri d’un système éducatif au rabais produisant des zombis à la solde de leurs occupants et que notre langue soit officielle dans son propre pays, il est urgent et nécessaire d’appuyer la démarche du MAK et du GPK pour arriver le plutôt possible à notre autonomie. Comme dit le proverbe kabyle : « Leḥkem azzayri am win yettrebbin ibki, la taduḍṭ la ayefki. » (Le système d’Alger est à l’image de celui qui élève un singe ; il ne produit ni fourrure ni lait).

Selon vous, parmi les différents mouvements constituant le paysage politique en Kabylie (FFS, RCD, MAK, FLN-RND, islamistes...), quels sont ceux qui rencontrent le plus de soutien populaire ? Et lesquels sont les mieux structurés ?

Je suis militant du MAK. A ce titre, je ne pourrai m’exprimer, de façon détaillée, que sur notre formation politique. Concernant le FLN-RND et les islamistes, il n’y a pas grand chose à dire, si ce n’est qu’ils cadrent parfaitement avec les aspirations de leurs programmes politiques qui se rejoignent tous dans la haine qu’ils ont de l’esprit de liberté qui caractérise la Kabylie. En revanche, le constat que je peux faire concernant les autres formations politiques à ancrage quasi exclusivement kabyle (même s’ils s’en défendent), serait celui qui peut être fait par n’importe quel citoyen kabyle : La Kabylie prouve continuellement, depuis près de 20 ans maintenant, son attachement à sa liberté, à son autonomie et à ses propres valeurs par le rejet systématique de tous les rendez-vous électoraux organisés jusqu’ici par le système en place ; et ce, malgré les moyens colossaux mis à la disposition de ses relais locaux. Quand bien même les partis traditionnels kabyles voudraient le nier, la Kabylie a bel et bien une attitude des plus singulière vis à vis de l’Etat central d’Alger...c’est le moins que l’on puisse en dire. Le particularisme kabyle existe bel et bien ! Le nier (voire même, le combattre) équivaut à aggraver les dégâts commis par l’Etat algérien.

Sans exagération aucune, je dirais que le projet du MAK et du GPK est l’unique espoir du peuple kabyle. L’autonomie est la seule chance de survie de la Kabylie. A terme, la Kabylie, de par la politique acharnée de dépersonnalisation intensive à laquelle elle est soumise depuis l’indépendance, est appelée à disparaitre en tant qu’entité identitaire, linguistique et culturelle. Au vu de l’évolution et des" résultats" des formations politiques à ancrage kabyle, nous sommes, hélas, dans l’obligation de faire le constat d’échec qui s’impose : ce n’est pas l’Algérie qui se démocratise mais c’est la Kabylie qui s’arabise. Cette situation n’est pas acceptable ! A ce titre, nous estimons que seule l’autonomie de la Kabylie est à même de garantir la pérennité de la Kabylie. Le MAK s’affirme de jour en jour en Kabylie comme seule force politique crédible. Il est à rappeler que la seule formation politique kabyle qui a pu organiser et réussir trois marches simultanées à Tuviret , Vgayet et Tizi Wezzu est bel et bien le MAK ; et cela, en dépit du manque de moyens dont souffre notre mouvement, du black-out médiatique et de la répression qui s’abat sur nos militants et sympathisants : menaces de représailles, séquestrations et intimidations de nos militants, sans oublier les traditionnelles campagnes de dénigrement qui assimilent notre formation à un mouvement séparatiste, raciste et sectaire. Le pouvoir central d’Alger est passé maître dans l’art d’inverser les rôles.

Personnellement, j’ai fais objet d’une forte campagne de dénigrement de la part des supplétifs du pouvoir arabo-islamique d’Alger. On me fait passer pour un délégué dialoguiste de l’équipe d’ « Alilouche » alors que je ne connais même pas cet individu. Il est vrai que j’ai été, à plusieurs reprises, délégué des citoyens de notre commune pendant le génocide du printemps noir perpétré par les gendarmes algériens en Kabylie (et je n’ai fait là que mon devoir de citoyen kabyle), mais je n’ai, à aucun moment, fait partie des dialoguistes, ni d’ « Alilouche » ni d’aucun autre. J’ai, au contraire, à cette période noire de notre histoire, défendu le principe d’autonomie de la Kabylie au sein des Âarchs.

Tous les moyens de pressions sont utilisés contre notre mouvement. Ainsi, récemment, plusieurs responsables du MAK ont fait l’objet de séquestration et d’intimidations, par les agents de services algériens dont, notamment, Salah CHEMLAL notre secrétaire général et Bouaziz AIT CHEBIB responsable au sein de l’exécutif chargé à l’organique.

En tout état de cause, cela n’entrave en rien notre détermination à continuer notre combat jusqu’à son aboutissement. Quelles que soient les conditions que nous impose le pouvoir raciste d’Alger…Nous savons que notre objectif sera atteint tôt ou tard (bien que le plus tôt serait le mieux, si nous voulons éviter de trop importants dégâts). L’autonomie de la Kabylie n’est qu’une question de temps ! Pour reprendre un adage populaire : je dirais comme le poète d’antan : « Win iteddun ɣef tidet yessawa ».

Lorsque l’on compare les manifestations organisées aujourd’hui en Kabylie (chaque 20 avril, pour la commémoration du Printemps berbère, par exemple) à celles organisées à l’époque du MCB (années 80-90) ou du Printemps noir (2001-2002), on est frappé de la faible mobilisation des populations. Comment expliquez-vous cela ?

Il est vrai que ce n’est pas facile de regagner la confiance du citoyen kabyle qui demeure très exigeant. La récurrence des trahisons de son idéal de liberté et les déceptions qui ont soldé ses mobilisations et ses sacrifices monumentaux font que le Kabyle est devenu, et pour cause, très méfiant à l’égard du monde de la politique. A cela, il y a lieu de rajouter, et ce n’est pas négligeable, le climat de terreur qui prévaut en Kabylie maintenant, qu’en plus des terroristes islamistes actifs dans les maquis et l’installation des repentis dans nos villes, les gendarmes et les militaires assassinent ouvertement les citoyens kabyles. Depuis la soi-disant ouverture démocratique en Algérie en 89, la déception politique ne cesse de frapper en Kabylie. L’échec par lequel s’est soldé le mouvement des Âarch, qui a pourtant, à un moment donné, incarné l’espoir du peuple kabyle, a fait régresser la confiance dans le combat politique à plus d’un titre en Kabylie. Néanmoins, en dépit du climat de méfiance et de la récurrence des échecs, ce qui est aisément compréhensible, le MAK réussit à convaincre de plus en plus de Kabyles du bien fondé de son projet. Nous sommes confiants ! Nous savons que les Kabyles finissent toujours par distinguer le bon grain de l’ivraie.

Chaque jour voit son lot de protestations en Kabylie : des manifestants coupent les routes, occupent des APC (mairies), pétitionnent leur wilaya (préfecture)... Cependant, tous ces mouvements restent liés à des causes locales (mauvais état des routes, absence d’eau courante, non-attribution de logements sociaux...) et semblent déconnectés de toute conscience politique. Partagez-vous ce constat ?

C’est la triste vérité ! Mais je n’irais pas jusqu’à dire qu’il n’y a pas de conscience politique. Ce constat rejoint votre constat précédent : il y a un problème de confiance vis à vis du combat politique : " chat échaudé craint l’eau froide". Nous travaillons à regagner la confiance des Kabyles vis à vis de l’investissement politique et nous sommes en mesure de dire que nous avançons doucement mais surement. Cependant, au risque de me répéter, il y a lieu de préciser que la Kabylie ne peut plus se permettre d’espérer quoi que soit de ce système. Il n’y a qu’une seule solution pour l’épanouissement de la Kabylie : il faut qu’elle se débarrasse de ce système arabo-islamiste qui agit en force coloniale en Kabylie : La politique raciste, l’exercice de la terreur et la ségrégation économique sont des faits avérés qui parlent d’eux-mêmes ! Réduire le mal kabyle à de simples problèmes sociaux-économiques serait une grave erreur de notre part pour la simple et bonne raison que ces derniers relèvent de la politique ségrégationniste menée par l’Etat algérien à l’encontre de la Kabylie. En d’autres termes, appelons "un chat un chat" et disons tout simplement la triste vérité : NOUS SOMMES COLONISÉS ! Or l’asservissement et la soumission sont des conditions qui ne peuvent en aucun cas convenir à la Kabylie ! Nous voulons vivre librement notre langue, notre culture et nos propres valeurs. Nous sommes Kabyles et nous comptons bien le rester. Nous refusons notre assimilation forcée à la culture officielle de l’Etat algérien. L’arabo-islamisme qui caractérise l’Etat algérien prétend nous asservir, et à terme nous anéantir. Nous rappelons simplement au pouvoir raciste d’Alger que d’autres ont essayé avant lui. Après tout, ce n’est pas de notre faute si l’Algérie officielle est actuellement coincée entre Kaboul et Dubaï. Cela ne relève pas de notre responsabilité et nous n’avons pas à en payer les frais !

Notre seule alternative réside dans un statut de région à large autonomie pour la Kabylie ; nous voulons élire notre président, notre parlement et notre gouvernement régional. Tout le reste viendra de lui-même.

Les habitants et un grand nombre d’observateurs s’accordent à dire que la Kabylie vit actuellement un marasme politique, économique, sécuritaire, identitaire et culturel. Quelles sont selon vous les perspectives d’avenir qui pourraient la tirer de cette impasse historique ?

C’est triste à dire mais le marasme multidimensionnel que vit actuellement la Kabylie n’est, hélas, qu’une douloureuse réalité. Cependant, dans le cadre d’une large autonomie régionale, tout cela ne restera qu’un triste épisode dans l’Histoire de la Kabylie qui n’en est pas à sa première période noire. La Kabylie en a vu d’autres. A l’image de " l’Éternel Jugurtha ", comme l’a si bien décrit le regretté Jean-El Mouhouv Amrouche à propos du destin de l’Afrique du Nord, nous savons que la Kabylie renaitra de ses cendres et elle ouvrira le chemin de la liberté à nos frères dans toute Tamazgha . Avec le MAK et le GPK, l’espoir est encore permis pour la Kabylie, et à travers elle pour toutes les autres entités amazighs. Il y a toujours des hommes et des femmes sincères qui œuvrent nuit et jour pour l’aboutissement de notre idéal de liberté. Je salue leur courage et leur abnégation et je rends hommage à notre infatigable président de l’Anavad , Mass Ferhat Mehenni, qui malgré les innombrables attaques dont il fait l’objet poursuit inlassablement le dur combat de la liberté pour le peuple kabyle.

Je profite de cette occasion pour lancer un appel à tous les Kabyles soucieux de la sauvegarde de la Kabylie en tant qu’entité régionale disposant librement de sa langue, de sa culture et de son identité propre ! c’est tout cela qui fait notre kabylité : j’appelle les Kabyles à s’impliquer massivement dans le combat autonomiste pour arracher nos droits de peuple à part entière dans le cadre d’une large autonomie pour la Kabylie dans une Algérie plurielle (n’en déplaise aux négationnistes de tous bords) … il y va de notre survie !

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Razik Zouaoui : « L’autonomie est la seule chance de survie de la Kabylie » Empty Re: Razik Zouaoui : « L’autonomie est la seule chance de survie de la Kabylie »

Message  laic-aokas Jeu 20 Oct - 13:20

source:

http://www.tamurt.info/razik-zouaoui-l-autonomie-est-la-seule-chance-de-survie-de-la-kabylie,1943.html?lang=fr

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