LES HOMMES SAUVAGES DE VOREPPE
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LES HOMMES SAUVAGES DE VOREPPE
En lisant Le médecin de campagne de BALZAC, on en vient à se demander qui sont ces crétins des Alpes : on ne comprend pas comment des débiles ont pu assumer la responsabilité de garder des troupeaux dans l’alpage, ni pourquoi l’Eglise catholique se refusait de leur donner le moindre sacrement, ni pourquoi la décision de les faire disparaître fut prise, sous prétexte qu’ils se reproduisaient trop bien. Le comportement de la population villageoise à leur égard est surprenant : quand le maire du village vient chercher le dernier crétin, qui avait échappé à la solution finale, le téméraire est reçu à coups de pierre, et quand le dernier crétin finit par mourir, l’Eglise accepte tout de même de l’enterrer au cimetière, comme un être humain. Cet homme n’a jamais parlé : les sourds-muets non plus ne parlent pas. Mais les sourds-muets gardent-ils des troupeaux dans l’alpage ? Cet homme a un énorme bourrelet sus-orbital, et il a des yeux de ’poisson mort’. Surtout, cet homme a la peau blanche comme la craie, ce qui lui a fait donner le surnom de crétin.
Bien sûr, on peut prendre un débile et l’appeler crétin pour montrer que crétin n’est que synonyme de débile, et classer le dossier, comme TYSON en 1699 avait pris un chimpanzé, qu’il avait appelé orang-outan pour montrer que l’orang-outan n’était qu’un chimpanzé, mais quand on connut le mawass de Bornéo, on l’appela orang-outan, ce qui permit au chimpanzé de redevenir chimpanzé, mais n’empêcha pas le pongo d’Afrique de conserver son surnom de gorille pour faire disparaître à jamais le gorille insulaire décrit par HANNON. Chacun peut prendre n’importe qui pour lui donner n’importe quel nom. Mais cette ruse est grossière, et le crétin des Alpes, aujourd’hui disparu, ne semble à personne avoir été un débile. C’était un homme robuste et fruste, qu’on gardait en hiver dans de sombres maisons. Cet homme ne cultivait pas, mais on le nourrissait pour garder les troupeaux dans l’alpage, en été.
Les hommes qu’on envoyait dans l’alpage étaient châtrés, mais on gardait quelques reproducteurs. Quant aux femelles, on ne gardait que celles nécessaires à la reproduction de cette sous-espèce, et au plaisir illicite des villageois.
L’ensemble était trouble sur le plan moral, et le maire du village décida d’envoyer sur Aiguebelle, avec l’autorisation verbale du préfet, cette population mi-humaine mi-bestiale, et personne n’est allé vérifier si les convois, partis de nuit, ’nuitamment’ nous dit BALZAC, étaient arrivés à destination ou si leur chargement n’avait pas été déversé dans des charniers, quelque part dans le Massif de la Grande Chartreuse, non loin de Voreppe.
Le hasard des travaux des Ponts et Chaussées nous fera peut-être un jour découvrir un de ces charniers. Peut-être aussi découvrirons-nous un jour dans un cimetière les ossements du dernier crétin, celui que la population villageoise avait surnommé CHAUTARD, et dont elle avait obtenu l’ensevelissement au cimetière communal. De façon plus vraisemblable le mystère des crétins des Alpes risque de rester à jamais enfoui. C’est le mystère des hommes-des-neiges français, capturés dans la neige, mais qu’on ne laissait sortir qu’en été."
Bien sûr, on peut prendre un débile et l’appeler crétin pour montrer que crétin n’est que synonyme de débile, et classer le dossier, comme TYSON en 1699 avait pris un chimpanzé, qu’il avait appelé orang-outan pour montrer que l’orang-outan n’était qu’un chimpanzé, mais quand on connut le mawass de Bornéo, on l’appela orang-outan, ce qui permit au chimpanzé de redevenir chimpanzé, mais n’empêcha pas le pongo d’Afrique de conserver son surnom de gorille pour faire disparaître à jamais le gorille insulaire décrit par HANNON. Chacun peut prendre n’importe qui pour lui donner n’importe quel nom. Mais cette ruse est grossière, et le crétin des Alpes, aujourd’hui disparu, ne semble à personne avoir été un débile. C’était un homme robuste et fruste, qu’on gardait en hiver dans de sombres maisons. Cet homme ne cultivait pas, mais on le nourrissait pour garder les troupeaux dans l’alpage, en été.
Les hommes qu’on envoyait dans l’alpage étaient châtrés, mais on gardait quelques reproducteurs. Quant aux femelles, on ne gardait que celles nécessaires à la reproduction de cette sous-espèce, et au plaisir illicite des villageois.
L’ensemble était trouble sur le plan moral, et le maire du village décida d’envoyer sur Aiguebelle, avec l’autorisation verbale du préfet, cette population mi-humaine mi-bestiale, et personne n’est allé vérifier si les convois, partis de nuit, ’nuitamment’ nous dit BALZAC, étaient arrivés à destination ou si leur chargement n’avait pas été déversé dans des charniers, quelque part dans le Massif de la Grande Chartreuse, non loin de Voreppe.
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