Confronté à la poussée salafiste, Alger interdit 500 livres religieux islamistes
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Confronté à la poussée salafiste, Alger interdit 500 livres religieux islamistes
Alger
Envoyée spéciale
Les sacs en plastique bleu tendus
à craquer sous le poids
des livres qu’ils transportent
sont posés de côté, sur le parking,
le temps pour des groupes d’hommes
de se joindre à la prière de la
mi-journée, abrités sous une tente,
vendredi 23septembre. Portant
barbe longue et kamis (tunique),
les islamistes algériens ont afflué
au 16e Salon international du livre
d’Alger (SILA) qui s’est ouvert le
21septembre, au complexe olympique
Mohamed-Boudiaf, sur le
thème du changement dans les
pays arabes. Près de 500ouvrages
religieux ont été interdits par les
autorités algériennes, dont 90%
relatifs à la pensée salafiste – un
courant qui se répand en Algérie.
«Ils contreviennentàlaloi interdisant
l’importation de livres faisantl’apologieduracisme,
duterrorisme,
de la pédophilie et portant
atteinte aux religions et aux prophètes
», a expliqué laministre de
la culture Khalida Toumi, en inaugurant
l’une des manifestations
phare, aussi bien arabophone que
francophone, de la vie culturelle
algérienne. « C’est moitié moins
qu’ilya deuxans,maisonest passé
dustadedel’endoctrinementàl’action
ou comment fabriquer un
engin explosif », dit au Monde,
Smaïn Amziane, commissaire du
salon et patron des éditions Casbah.
« La plupart de ces pseudoimprimeurs,
qui déstabilisent les
circuits, ont pris la direction du
bazar, mais ils ne sont plus majoritaires
», poursuit-il.
Des titres «subversifs»
Seuls les ouvrages d’importation
ont fait l’objet, pendant trois
mois, sur la base de listes présentées
à l’avance par les 521 exposants
de 32 pays, d’un examen de
lacommissiondecontrôlecomposée
de représentants du ministère
de la culture, des affaires religieuses,
de l’intérieur, de la sécurité
militaire et des douanes.
Ces restrictions n’ont certes pas
empêché, reconnaît à mi-voix un
responsable du salon, des titres
jugés «subversifs» de passer à travers
les maillesdufilet, mais, ajoute-
t-il,«quandils arrivent jusqu’ici,
nous fermons les yeux».
«Les réserves ont été faites sur
500ouvrages en fonction du titre,
de l’auteur ou de la maison d’édition
», précise Yasser Arafat Gana,
sous-directeurdulivreauministère
de la culture. La plupart des
livres interdits venaient d’Egypte,
ou d’Arabie saoudite. Quelquesuns,
jugés extrémistes comme cet
ouvrage sur les talibans, «les guerriers
d’Allah» ou qui vantaient la
pensée chiite, publiés en Iran, en
Syrie, ou au Liban, – pays invité
d’honneur cette année du SILA –,
ont également été censurés.
«Ladoctrinechiiten’apassaplace
en Algérie, ce n’est pas toléré»,
affirmeM.Gana.Objets d’unevigilance
quotidienne, les éditeurs
algériens n’ont pas été soumis au
contrôle a priori.
«Jene suis pas contre le fait d’interdire
certains livres, mais il faudrait
que la commission soit à la
hauteur et non pas composée d’illettrés
ou d’administrateurs qui
n’y connaissent rien », bougonne
«Boualem». Barbe rousse et longue
robe blanche impeccable, ce
responsable des éditions algériennes
Darelfadhila créées en 2006,
qui rechigne à donner son nom, se
présente comme un « spécialiste
des livres islamistes ». «Quand je
regarde tout autour de moi, il y a
beaucoup de choses que j’aurais
interdites», lâche-t-il.
A quelques mètres, les stands
francophones, notamment celui
d’Hachette,venu pour la première
fois en force avec un stand de
450m2 et 100000livres exposés,
ont connu une forte affluence. Le
Salon international du livre d’Alger
a également attiré, côtoyant
les islamistes avec une indifférence
affectée, de nombreuses
familles algériennes avides de
manuels scolaires et de nouveautés
en littérature étrangère qui
font défaut en Algérie.
Soucieuse de ne pas prêter le
flanc aux critiques sur la censure,
la ministre de la culture, Khalida
Toumi,a laissé les responsablesdu
stand Gallimard sans voix en leur
reprochant de ne pas exposer
Boualem Sensal. Un auteur bien
connuenFrance, critique envers le
régime, dont il était quasiment
impossible, jusqu’ici, de trouver
les oeuvres dans les librairies algériennes.
p
Isabelle Mandraud
Envoyée spéciale
Les sacs en plastique bleu tendus
à craquer sous le poids
des livres qu’ils transportent
sont posés de côté, sur le parking,
le temps pour des groupes d’hommes
de se joindre à la prière de la
mi-journée, abrités sous une tente,
vendredi 23septembre. Portant
barbe longue et kamis (tunique),
les islamistes algériens ont afflué
au 16e Salon international du livre
d’Alger (SILA) qui s’est ouvert le
21septembre, au complexe olympique
Mohamed-Boudiaf, sur le
thème du changement dans les
pays arabes. Près de 500ouvrages
religieux ont été interdits par les
autorités algériennes, dont 90%
relatifs à la pensée salafiste – un
courant qui se répand en Algérie.
«Ils contreviennentàlaloi interdisant
l’importation de livres faisantl’apologieduracisme,
duterrorisme,
de la pédophilie et portant
atteinte aux religions et aux prophètes
», a expliqué laministre de
la culture Khalida Toumi, en inaugurant
l’une des manifestations
phare, aussi bien arabophone que
francophone, de la vie culturelle
algérienne. « C’est moitié moins
qu’ilya deuxans,maisonest passé
dustadedel’endoctrinementàl’action
ou comment fabriquer un
engin explosif », dit au Monde,
Smaïn Amziane, commissaire du
salon et patron des éditions Casbah.
« La plupart de ces pseudoimprimeurs,
qui déstabilisent les
circuits, ont pris la direction du
bazar, mais ils ne sont plus majoritaires
», poursuit-il.
Des titres «subversifs»
Seuls les ouvrages d’importation
ont fait l’objet, pendant trois
mois, sur la base de listes présentées
à l’avance par les 521 exposants
de 32 pays, d’un examen de
lacommissiondecontrôlecomposée
de représentants du ministère
de la culture, des affaires religieuses,
de l’intérieur, de la sécurité
militaire et des douanes.
Ces restrictions n’ont certes pas
empêché, reconnaît à mi-voix un
responsable du salon, des titres
jugés «subversifs» de passer à travers
les maillesdufilet, mais, ajoute-
t-il,«quandils arrivent jusqu’ici,
nous fermons les yeux».
«Les réserves ont été faites sur
500ouvrages en fonction du titre,
de l’auteur ou de la maison d’édition
», précise Yasser Arafat Gana,
sous-directeurdulivreauministère
de la culture. La plupart des
livres interdits venaient d’Egypte,
ou d’Arabie saoudite. Quelquesuns,
jugés extrémistes comme cet
ouvrage sur les talibans, «les guerriers
d’Allah» ou qui vantaient la
pensée chiite, publiés en Iran, en
Syrie, ou au Liban, – pays invité
d’honneur cette année du SILA –,
ont également été censurés.
«Ladoctrinechiiten’apassaplace
en Algérie, ce n’est pas toléré»,
affirmeM.Gana.Objets d’unevigilance
quotidienne, les éditeurs
algériens n’ont pas été soumis au
contrôle a priori.
«Jene suis pas contre le fait d’interdire
certains livres, mais il faudrait
que la commission soit à la
hauteur et non pas composée d’illettrés
ou d’administrateurs qui
n’y connaissent rien », bougonne
«Boualem». Barbe rousse et longue
robe blanche impeccable, ce
responsable des éditions algériennes
Darelfadhila créées en 2006,
qui rechigne à donner son nom, se
présente comme un « spécialiste
des livres islamistes ». «Quand je
regarde tout autour de moi, il y a
beaucoup de choses que j’aurais
interdites», lâche-t-il.
A quelques mètres, les stands
francophones, notamment celui
d’Hachette,venu pour la première
fois en force avec un stand de
450m2 et 100000livres exposés,
ont connu une forte affluence. Le
Salon international du livre d’Alger
a également attiré, côtoyant
les islamistes avec une indifférence
affectée, de nombreuses
familles algériennes avides de
manuels scolaires et de nouveautés
en littérature étrangère qui
font défaut en Algérie.
Soucieuse de ne pas prêter le
flanc aux critiques sur la censure,
la ministre de la culture, Khalida
Toumi,a laissé les responsablesdu
stand Gallimard sans voix en leur
reprochant de ne pas exposer
Boualem Sensal. Un auteur bien
connuenFrance, critique envers le
régime, dont il était quasiment
impossible, jusqu’ici, de trouver
les oeuvres dans les librairies algériennes.
p
Isabelle Mandraud
Re: Confronté à la poussée salafiste, Alger interdit 500 livres religieux islamistes
un pays aussi fragile que ça!
fatima- Nombre de messages : 1074
Date d'inscription : 28/02/2009
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