En Kabylie, la population confrontée au retour en force du terrorisme
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En Kabylie, la population confrontée au retour en force du terrorisme
En Kabylie, la population confrontée au retour en force du terrorisme
Imene Brahimi
Au village Igoujdal, sur les hauteurs de la commune d’Aït Chafâa, dans la daïra d’Azeffoun, à 60 km au nord‑est de la wilaya de Tizi Ouzou, le premier groupe d’autodéfense qui a vu le jour après une attaque terroriste durant la nuit du 31 juillet 1994 est dissous depuis l’année 2009 comme tous les autres groupes qui ont été créés en Kabylie dans la foulée mais qui ont fini pour la plupart par être désarmés. « Chacun est allé de son côté pour lutter contre sa misère après avoir longtemps lutté contre le terrorisme », raconte un des membres du groupe d’autodéfense d’Igoujdal qui ont vu leurs adversaires d’hier pris en charge dans le cadre de la réconciliation nationale au moment où, pour leur part, les patriotes étaient livrés à eux‑mêmes.
Une telle inéquité n’a pas manqué de porter un coup fatal au moral de la population de la région en général et des patriotes et autres groupes d’autodéfense en particulier qui continuent toutefois à signaler tout mouvement suspect. « Si mon père, moudjahid, a continué à aimer son pays en dépit de la confiscation des valeurs pour lesquelles il a combattu la France, c’est qu’il n’y a aucune raison pour que je cesse de participer, même avec le moindre renseignement, à la lutte antiterroriste même si la bête immonde d’hier est apprivoisée par le pouvoir aujourd’hui », dira un ancien patriote de Yakourène qui n’a rien oublié des nuits blanches passées à participer aux embuscades dans sa région, qui a été érigée en quartier général des groupes armés. Les traces de balles sur son corps attestent des blessures endurées. Nombreux sont ceux qui partagent ses propos. Du temps où les patriotes et les gardes communaux se comptaient par milliers en Kabylie, essentiellement des enfants de la région, au contact facile avec la population – dont ils étaient les médiateurs auprès des services de sécurité –, force est de reconnaître que les résultats des opérations antiterroristes étaient spectaculaires.
Mais la dissolution des groupes d’autodéfense, et tout récemment du corps de la garde communale, a été perçue par les patriotes comme une coupure entre la population et les services de sécurité qui menaient depuis 2008 des opérations dont les résultats étaient mitigés. C’était le cas à Yakourène, 50 km à l’est de la ville de Tizi Ouzou, où une opération a été lancée le 13 juillet 2008 suite à un attentat qui a ciblé la brigade de gendarmerie locale. L’opération de ratissage menée par les seules forces de l’ANP s’est achevée sans que le moindre résultat ne soit officiellement annoncé. Une opération similaire a été lancée quelques jours après dans les maquis d’Amejoudh, du côté de Maâtkas, dans le sud de la wilaya de Tizi Ouzou. Plusieurs blessés ont été enregistrés dans les rangs de l’ANP dont les éléments avançaient laborieusement dans des massifs au rude relief alors que les patriotes et les gardes communaux y évoluaient très facilement, renseignés et avec une bonne maîtrise du terrain, du temps où ils étaient mis à contribution dans la lutte antiterroriste.
Le 19 août dernier, dans la localité de Maâtkas, trois hauts responsables d’Aqmi ont été abattus sur la base d’un signalement donné par des citoyens à la police locale. Ils étaient encore rares, ceux parmi les 34 terroristes abattus dans la wilaya de Tizi Ouzou durant l’année 2010, à avoir été éliminés sans que les renseignements ne soient donnés par des citoyens. « Des groupes armés transitent souvent par notre village, mais nous ne savons plus qui on doit contacter, les services de sécurité n’ont plus de numéro vert comme avant », nous explique Nacer, un étudiant de la région d’Aït Yahia Moussa. « Parfois, même si tu les contactes, ils n’arrivent que des heures après. Ou alors, ils ne viennent pas, tout simplement ! », ajoute son compagnon. Lors de la fusillade qui a coûté la vie à trois citoyens du village El Vir jeudi dernier vers 23 h 30, les forces de l’ANP n’étaient arrivées qu’à 3 h du matin. « Comment voulez‑vous faire confiance à des services de sécurité qui n’interviennent qu’une fois le massacre perpétré ? », s’est interrogé l’un des parents des victimes, rencontré le jour de l’enterrement. « Les terroristes vivent non loin de nous certes, mais quand ils s’approchent de nous, on ne se laisse pas faire, on les signale et on résiste. On n’a même pas peur des représailles », a ajouté l’un des patriotes de Maâtkas, appelé à la rescousse durant la nuit du drame.
Dans les régions d’Iflissen, Aghribs, Fréha, Boghni, Mechtras et Béni Aïssi tout le monde se souvient encore de l’élan de solidarité et de mobilisation ayant fait plier les groupes armés qui ont libéré les victimes des kidnappings saines et sauves et sans versement de rançon, et ce sous le regard observateur des pouvoirs publics. Ce qui mène à un constat sans appel : en dépit de l’implantation effective du terrorisme en Kabylie, la population locale continue de lui résister, mais dans sa résistance elle se sent toujours livrée à elle‑même. Pourquoi, dès lors, devrait‑elle se culpabiliser d’un refus de collaborer au renseignement sécuritaire ?
Pour rappel, le jour même de l’attentat kamikaze à la voiture piégée qui a ciblé, le 3 août 2008, la Direction des renseignements généraux au centre‑ville de Tizi Ouzou, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Yazid Nouredine Zerhouni, avait lancé un appel à une collaboration accrue entre les services de sécurité et la population qu’il considérait comme source primaire et précieuse de renseignement. Au cours de sa déclaration, le ministre n’a pas omis de souligner que la recrudescence du terrorisme durant la même période était due essentiellement au retrait de la gendarmerie de cette région.
Au lendemain de l’attentat qui a ciblé le 14 août dernier le commissariat du centre‑ville de Tizi Ouzou, un colonel à la retraite, Benameur Bendjana a encore une fois déclaré au quotidien El Watan que « la population doit contribuer pour contenir la situation en Kabylie », mais il n’a pas fait que sensibiliser. Tout en rappelant que « la région de Kabylie a été le bastion de la résistance contre les groupes armés », le colonel en question s’est surtout donné la peine d’expliquer que « les groupes terroristes ont trouvé les deux éléments qui renforcent leur présence dans la région, à savoir le relief géographique et la quiétude parmi les habitants ». « C’est à partir de cette région que les actions terroristes sont lancées et que les véhicules piégés prennent le départ vers les villes limitrophes et les axes routiers », a‑t‑il relevé. Pour lui, « le manque de renseignement est impossible à nier », sauf, ajoute‑t‑il, qu’il trouve son explication dans le retrait du terrain – lors des événements de 2001 – de la gendarmerie qu’il qualifie de « corps efficace pour la collecte d’informations sur tous les mouvements des groupes terroristes dans les régions les plus reculées ». « Son retrait a été pour beaucoup dans l’implantation des terroristes dans cette zone », a‑t‑il estimé. Un argument déjà développé à l’unisson par les autorités locales à chaque fois que les terroristes profitent de la baisse de vigilance pour commettre un attentat. Pour rappel, le jour même de l’attentat kamikaze à la voiture piégée qui a ciblé, le 3 août 2008, la direction des renseignements généraux au centre‑ville de Tizi Ouzou, le ministre de l’intérieur de l’époque, Yazid Zerhouni, avait lancé un appel à une collaboration accrue entre les services de sécurité et la population, qu’il a considérée comme une incontournable source de renseignement.
http://www.tsa-algerie.com/divers/en-kabylie-la-population-confrontee-au-retour-en-force-du-terrorisme_17037.html
Imene Brahimi
Au village Igoujdal, sur les hauteurs de la commune d’Aït Chafâa, dans la daïra d’Azeffoun, à 60 km au nord‑est de la wilaya de Tizi Ouzou, le premier groupe d’autodéfense qui a vu le jour après une attaque terroriste durant la nuit du 31 juillet 1994 est dissous depuis l’année 2009 comme tous les autres groupes qui ont été créés en Kabylie dans la foulée mais qui ont fini pour la plupart par être désarmés. « Chacun est allé de son côté pour lutter contre sa misère après avoir longtemps lutté contre le terrorisme », raconte un des membres du groupe d’autodéfense d’Igoujdal qui ont vu leurs adversaires d’hier pris en charge dans le cadre de la réconciliation nationale au moment où, pour leur part, les patriotes étaient livrés à eux‑mêmes.
Une telle inéquité n’a pas manqué de porter un coup fatal au moral de la population de la région en général et des patriotes et autres groupes d’autodéfense en particulier qui continuent toutefois à signaler tout mouvement suspect. « Si mon père, moudjahid, a continué à aimer son pays en dépit de la confiscation des valeurs pour lesquelles il a combattu la France, c’est qu’il n’y a aucune raison pour que je cesse de participer, même avec le moindre renseignement, à la lutte antiterroriste même si la bête immonde d’hier est apprivoisée par le pouvoir aujourd’hui », dira un ancien patriote de Yakourène qui n’a rien oublié des nuits blanches passées à participer aux embuscades dans sa région, qui a été érigée en quartier général des groupes armés. Les traces de balles sur son corps attestent des blessures endurées. Nombreux sont ceux qui partagent ses propos. Du temps où les patriotes et les gardes communaux se comptaient par milliers en Kabylie, essentiellement des enfants de la région, au contact facile avec la population – dont ils étaient les médiateurs auprès des services de sécurité –, force est de reconnaître que les résultats des opérations antiterroristes étaient spectaculaires.
Mais la dissolution des groupes d’autodéfense, et tout récemment du corps de la garde communale, a été perçue par les patriotes comme une coupure entre la population et les services de sécurité qui menaient depuis 2008 des opérations dont les résultats étaient mitigés. C’était le cas à Yakourène, 50 km à l’est de la ville de Tizi Ouzou, où une opération a été lancée le 13 juillet 2008 suite à un attentat qui a ciblé la brigade de gendarmerie locale. L’opération de ratissage menée par les seules forces de l’ANP s’est achevée sans que le moindre résultat ne soit officiellement annoncé. Une opération similaire a été lancée quelques jours après dans les maquis d’Amejoudh, du côté de Maâtkas, dans le sud de la wilaya de Tizi Ouzou. Plusieurs blessés ont été enregistrés dans les rangs de l’ANP dont les éléments avançaient laborieusement dans des massifs au rude relief alors que les patriotes et les gardes communaux y évoluaient très facilement, renseignés et avec une bonne maîtrise du terrain, du temps où ils étaient mis à contribution dans la lutte antiterroriste.
Le 19 août dernier, dans la localité de Maâtkas, trois hauts responsables d’Aqmi ont été abattus sur la base d’un signalement donné par des citoyens à la police locale. Ils étaient encore rares, ceux parmi les 34 terroristes abattus dans la wilaya de Tizi Ouzou durant l’année 2010, à avoir été éliminés sans que les renseignements ne soient donnés par des citoyens. « Des groupes armés transitent souvent par notre village, mais nous ne savons plus qui on doit contacter, les services de sécurité n’ont plus de numéro vert comme avant », nous explique Nacer, un étudiant de la région d’Aït Yahia Moussa. « Parfois, même si tu les contactes, ils n’arrivent que des heures après. Ou alors, ils ne viennent pas, tout simplement ! », ajoute son compagnon. Lors de la fusillade qui a coûté la vie à trois citoyens du village El Vir jeudi dernier vers 23 h 30, les forces de l’ANP n’étaient arrivées qu’à 3 h du matin. « Comment voulez‑vous faire confiance à des services de sécurité qui n’interviennent qu’une fois le massacre perpétré ? », s’est interrogé l’un des parents des victimes, rencontré le jour de l’enterrement. « Les terroristes vivent non loin de nous certes, mais quand ils s’approchent de nous, on ne se laisse pas faire, on les signale et on résiste. On n’a même pas peur des représailles », a ajouté l’un des patriotes de Maâtkas, appelé à la rescousse durant la nuit du drame.
Dans les régions d’Iflissen, Aghribs, Fréha, Boghni, Mechtras et Béni Aïssi tout le monde se souvient encore de l’élan de solidarité et de mobilisation ayant fait plier les groupes armés qui ont libéré les victimes des kidnappings saines et sauves et sans versement de rançon, et ce sous le regard observateur des pouvoirs publics. Ce qui mène à un constat sans appel : en dépit de l’implantation effective du terrorisme en Kabylie, la population locale continue de lui résister, mais dans sa résistance elle se sent toujours livrée à elle‑même. Pourquoi, dès lors, devrait‑elle se culpabiliser d’un refus de collaborer au renseignement sécuritaire ?
Pour rappel, le jour même de l’attentat kamikaze à la voiture piégée qui a ciblé, le 3 août 2008, la Direction des renseignements généraux au centre‑ville de Tizi Ouzou, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Yazid Nouredine Zerhouni, avait lancé un appel à une collaboration accrue entre les services de sécurité et la population qu’il considérait comme source primaire et précieuse de renseignement. Au cours de sa déclaration, le ministre n’a pas omis de souligner que la recrudescence du terrorisme durant la même période était due essentiellement au retrait de la gendarmerie de cette région.
Au lendemain de l’attentat qui a ciblé le 14 août dernier le commissariat du centre‑ville de Tizi Ouzou, un colonel à la retraite, Benameur Bendjana a encore une fois déclaré au quotidien El Watan que « la population doit contribuer pour contenir la situation en Kabylie », mais il n’a pas fait que sensibiliser. Tout en rappelant que « la région de Kabylie a été le bastion de la résistance contre les groupes armés », le colonel en question s’est surtout donné la peine d’expliquer que « les groupes terroristes ont trouvé les deux éléments qui renforcent leur présence dans la région, à savoir le relief géographique et la quiétude parmi les habitants ». « C’est à partir de cette région que les actions terroristes sont lancées et que les véhicules piégés prennent le départ vers les villes limitrophes et les axes routiers », a‑t‑il relevé. Pour lui, « le manque de renseignement est impossible à nier », sauf, ajoute‑t‑il, qu’il trouve son explication dans le retrait du terrain – lors des événements de 2001 – de la gendarmerie qu’il qualifie de « corps efficace pour la collecte d’informations sur tous les mouvements des groupes terroristes dans les régions les plus reculées ». « Son retrait a été pour beaucoup dans l’implantation des terroristes dans cette zone », a‑t‑il estimé. Un argument déjà développé à l’unisson par les autorités locales à chaque fois que les terroristes profitent de la baisse de vigilance pour commettre un attentat. Pour rappel, le jour même de l’attentat kamikaze à la voiture piégée qui a ciblé, le 3 août 2008, la direction des renseignements généraux au centre‑ville de Tizi Ouzou, le ministre de l’intérieur de l’époque, Yazid Zerhouni, avait lancé un appel à une collaboration accrue entre les services de sécurité et la population, qu’il a considérée comme une incontournable source de renseignement.
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laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: En Kabylie, la population confrontée au retour en force du terrorisme
seule une réconciliation totale et élargie aux ex membres fondateurs historiques du FIS réglera le probléme.
arrétant cette politique d'exclusion et de va-en-guerre .
arrétant cette politique d'exclusion et de va-en-guerre .
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: En Kabylie, la population confrontée au retour en force du terrorisme
voilà pourquoi la kabylie souffre et souffrira éternellement
http://windowsupdate.microsoft.com/windowsupdate/v6/default.aspx
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folle- Nombre de messages : 3347
Date d'inscription : 25/01/2009
folle- Nombre de messages : 3347
Date d'inscription : 25/01/2009
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