Arrivée du CNT au pouvoir en Libye: Quelles conséquences pour l’Algérie ?
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Arrivée du CNT au pouvoir en Libye: Quelles conséquences pour l’Algérie ?
Arrivée du CNT au pouvoir en Libye
Quelles conséquences pour l’Algérie ?
Hadjer Guenanfa
Depuis dimanche et l’entrée des rebelles à Tripoli, la chute de Kadhafi ne fait plus aucun doute. Le CNT devrait s’installer officiellement aux commandes dans les prochains jours. Alger n’a toujours pas reconnu officiellement le représentant des rebelles. Depuis le début de la révolte contre le régime de Kadhafi, les relations entre l’Algérie et le CNT sont tendues. A plusieurs reprises, les rebelles ont accusé l’Algérie de soutenir militairement le régime de Kadhafi. Le CNT a même porté plainte contre l’Algérie auprès de la Ligue arabe.
« L'Algérie, après la chute du régime Kadhafi, va être confrontée à de sérieuses difficultés de voisinage et d'insertion régionale », tranche le politologue Mohamed Chafik Mesbah. Le politologue Rachid Grim estime qu'en plus des inimitiés avec Rabat, Alger devrait aussi s'attendre à l'apparition d'un nouvel « ennemi » à l'est et avec qui elle partage une longue frontière. « Le CNT a un passif à régler avec l'Algérie officielle parce qu'elle a soutenu de près ou de loin Kadhafi », explique‑t‑il. La reconnaissance du CNT par l'Algérie qui interviendra, selon lui, tôt ou tard, n'y changera pas grand‑chose. « On n’aura pas de bonnes relations d'aussi tôt avec la Libye », affirme‑t‑il.
Cette position sur le dossier libyen pourrait accentuer l’isolement diplomatique de l’Algérie. En fait, « hormis l'attrait circonstanciel qu'elle présente de par ses ressources financières appréciables, l'Algérie n'est plus un acteur qui compte sur la scène mondiale », souligne Mohamed Chafik Mesbah. Son statut de partenaire des pays occidentaux dans la lutte contre le terrorisme ne met pas l’Algérie à l’abri. « Il ne faut surtout pas croire que sa forte participation à la lutte contre le terrorisme va la prémunir contre les desseins stratégiques des grandes puissances. Voyez ce qu'il est advenu des régimes tunisien et égyptien alignés, on ne peut plus, sur les exigences occidentales », prévient‑il.
Une diplomatie en perte de vitesse
L'accélération des événements en Libye au cours de ces derniers jours confirme les errements de la diplomatie algérienne. « La position algérienne à l'égard de la Libye s'intègre parfaitement dans le cadre de la politique étrangère du pays », indique Rachid Tlemçani, politologue et professeur à l'Université d'Alger. Une politique qui est représentée, rappelle‑t‑il, depuis 1999 par le président de la République Abdelaziz Bouteflika. En effet, les dossiers diplomatiques sont traités par le président en personne. Les autres responsables ne jouent pas un rôle très important dans l’élaboration et la prise de décision.
« Une politique étrangère est, par excellence, le lieu du plus large consensus national. Ce consensus est inexistant en Algérie où, de toute manière, tous les consensus sont mous, par conséquent, fragiles », rappelle Mohamed Chafik Mesbah. Or, « la politique extérieure algérienne en est encore, au plan formel, au temps des dogmes éculés de la guerre froide. Au plan pratique, opératoire je veux dire, l’Algérie n'a plus les ressorts nécessaires pour concevoir et impulser une démarche diplomatique ambitieuse », poursuit‑il.
Pour Rachid Tlemçani, l'Algérie pouvait pourtant être à l'avant‑garde dans le mouvement international de soutien aux révoltes ayant vu le jour dans le monde arabe. « L'Algérie était en retrait. C'est pire pour le cas libyen et syrien. Elle avait soutenu en catimini et discrètement le colonel Kadhafi alors qu'il n’avait aucune chance de survie ».
Autre critique concernant la politique étrangère algérienne : son manque de vision. « Il y a pour le régime algérien, je ne dis pas pour l'Algérie, un revers symbolique exceptionnel », assure Mohamed Chafik Mesbah. Et de continuer : « outre sa perte de compétence avérée dans l'anticipation stratégique, il a voulu entretenir le mythe que les régimes autoritaristes pouvant surpasser les frondes populaires et même faire face à l'hostilité étrangère. Comme si le maintien au pouvoir du Colonel Kadhafi permettait de conjurer le mauvais sort ».
Des conséquences sur les réformes en Algérie
Les conséquences du changement survenu en Libye se feront également ressentir sur le plan national. Le processus de réformes politiques décidées par le président de la République prendront peut être moins de temps que prévu, estime Rachid Grim. « Mais ça ne changera rien dans ce qui a déjà été décidé », note‑t‑il. Toutefois, le régime subira une énorme pression. « Outre les enjeux sur le plan régional, le régime devra composer en tenant compte des foyers de tension à l'intérieur qu'il va essayer de gérer », analyse un député qui préfère rester anonyme.
La défaite du « guide » libyen après celle de Ben Ali en Tunisie et de Moubarak en Égypte devrait envoyer un signal fort à Alger : « aucun régime despotique ne peut survivre éternellement. Il existe une dynamique politique et sociale poussée par le sens de l'histoire dont le régime algérien devrait, désormais, tenir compte », conclut Mohamed Chafik Mesbah.
http://www.tsa-algerie.com/diplomatie/quelles-consequences-pour-l-algerie_17010.html
Quelles conséquences pour l’Algérie ?
Hadjer Guenanfa
Depuis dimanche et l’entrée des rebelles à Tripoli, la chute de Kadhafi ne fait plus aucun doute. Le CNT devrait s’installer officiellement aux commandes dans les prochains jours. Alger n’a toujours pas reconnu officiellement le représentant des rebelles. Depuis le début de la révolte contre le régime de Kadhafi, les relations entre l’Algérie et le CNT sont tendues. A plusieurs reprises, les rebelles ont accusé l’Algérie de soutenir militairement le régime de Kadhafi. Le CNT a même porté plainte contre l’Algérie auprès de la Ligue arabe.
« L'Algérie, après la chute du régime Kadhafi, va être confrontée à de sérieuses difficultés de voisinage et d'insertion régionale », tranche le politologue Mohamed Chafik Mesbah. Le politologue Rachid Grim estime qu'en plus des inimitiés avec Rabat, Alger devrait aussi s'attendre à l'apparition d'un nouvel « ennemi » à l'est et avec qui elle partage une longue frontière. « Le CNT a un passif à régler avec l'Algérie officielle parce qu'elle a soutenu de près ou de loin Kadhafi », explique‑t‑il. La reconnaissance du CNT par l'Algérie qui interviendra, selon lui, tôt ou tard, n'y changera pas grand‑chose. « On n’aura pas de bonnes relations d'aussi tôt avec la Libye », affirme‑t‑il.
Cette position sur le dossier libyen pourrait accentuer l’isolement diplomatique de l’Algérie. En fait, « hormis l'attrait circonstanciel qu'elle présente de par ses ressources financières appréciables, l'Algérie n'est plus un acteur qui compte sur la scène mondiale », souligne Mohamed Chafik Mesbah. Son statut de partenaire des pays occidentaux dans la lutte contre le terrorisme ne met pas l’Algérie à l’abri. « Il ne faut surtout pas croire que sa forte participation à la lutte contre le terrorisme va la prémunir contre les desseins stratégiques des grandes puissances. Voyez ce qu'il est advenu des régimes tunisien et égyptien alignés, on ne peut plus, sur les exigences occidentales », prévient‑il.
Une diplomatie en perte de vitesse
L'accélération des événements en Libye au cours de ces derniers jours confirme les errements de la diplomatie algérienne. « La position algérienne à l'égard de la Libye s'intègre parfaitement dans le cadre de la politique étrangère du pays », indique Rachid Tlemçani, politologue et professeur à l'Université d'Alger. Une politique qui est représentée, rappelle‑t‑il, depuis 1999 par le président de la République Abdelaziz Bouteflika. En effet, les dossiers diplomatiques sont traités par le président en personne. Les autres responsables ne jouent pas un rôle très important dans l’élaboration et la prise de décision.
« Une politique étrangère est, par excellence, le lieu du plus large consensus national. Ce consensus est inexistant en Algérie où, de toute manière, tous les consensus sont mous, par conséquent, fragiles », rappelle Mohamed Chafik Mesbah. Or, « la politique extérieure algérienne en est encore, au plan formel, au temps des dogmes éculés de la guerre froide. Au plan pratique, opératoire je veux dire, l’Algérie n'a plus les ressorts nécessaires pour concevoir et impulser une démarche diplomatique ambitieuse », poursuit‑il.
Pour Rachid Tlemçani, l'Algérie pouvait pourtant être à l'avant‑garde dans le mouvement international de soutien aux révoltes ayant vu le jour dans le monde arabe. « L'Algérie était en retrait. C'est pire pour le cas libyen et syrien. Elle avait soutenu en catimini et discrètement le colonel Kadhafi alors qu'il n’avait aucune chance de survie ».
Autre critique concernant la politique étrangère algérienne : son manque de vision. « Il y a pour le régime algérien, je ne dis pas pour l'Algérie, un revers symbolique exceptionnel », assure Mohamed Chafik Mesbah. Et de continuer : « outre sa perte de compétence avérée dans l'anticipation stratégique, il a voulu entretenir le mythe que les régimes autoritaristes pouvant surpasser les frondes populaires et même faire face à l'hostilité étrangère. Comme si le maintien au pouvoir du Colonel Kadhafi permettait de conjurer le mauvais sort ».
Des conséquences sur les réformes en Algérie
Les conséquences du changement survenu en Libye se feront également ressentir sur le plan national. Le processus de réformes politiques décidées par le président de la République prendront peut être moins de temps que prévu, estime Rachid Grim. « Mais ça ne changera rien dans ce qui a déjà été décidé », note‑t‑il. Toutefois, le régime subira une énorme pression. « Outre les enjeux sur le plan régional, le régime devra composer en tenant compte des foyers de tension à l'intérieur qu'il va essayer de gérer », analyse un député qui préfère rester anonyme.
La défaite du « guide » libyen après celle de Ben Ali en Tunisie et de Moubarak en Égypte devrait envoyer un signal fort à Alger : « aucun régime despotique ne peut survivre éternellement. Il existe une dynamique politique et sociale poussée par le sens de l'histoire dont le régime algérien devrait, désormais, tenir compte », conclut Mohamed Chafik Mesbah.
http://www.tsa-algerie.com/diplomatie/quelles-consequences-pour-l-algerie_17010.html
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: Arrivée du CNT au pouvoir en Libye: Quelles conséquences pour l’Algérie ?
Depuis dimanche et l’entrée des rebelles à Tripoli, la chute de Kadhafi ne fait plus aucun doute.
pas si vite pas si vite les pros frança et marikane .
pas si vite pas si vite les pros frança et marikane .
Re: Arrivée du CNT au pouvoir en Libye: Quelles conséquences pour l’Algérie ?
l'Algerie est entouré d'ennemis, un mauvais signe!
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
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