Crise libyenne : Alger avait tout faux
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Crise libyenne : Alger avait tout faux
Crise libyenne : Alger avait tout faux
Samir Allam
Il fallait attendre la 20e minute, ce lundi 22 août, pour voir l’ENTV traiter le sujet libyen dans son journal de 20 h. Pourtant, depuis hier dimanche, la situation en Libye, avec la chute rapide de Tripoli aux mains des rebelles et les combats autour de la résidence de Kadhafi, tient en haleine tous les médias internationaux et mobilise les gouvernements des grandes puissances.
Et l’Algérie est doublement concernée par le dossier. Les évènements tragiques se passent dans un pays voisin où des centaines de personnes ont été tuées dans les combats et notre ambassade attaquée par des hommes armés, probablement des proches du CNT, avec lequel Alger entretient des relations difficiles depuis le début de la révolution en février dernier.
La discrétion de l’ENTV reflète l’embarras des autorités algériennes sur le dossier libyen. Lundi soir, Alger n’avait toujours pas réagi aux événements. L’Algérie semble même les subir, comme en témoigne cette décision des diplomates libyens de hisser le drapeau du CNT sur leur ambassade à Alger.
L’Algérie ne reconnaît pas officiellement le CNT mais accueille sur son sol une ambassade qui le représente : une situation qui ressemble à s’y méprendre à un affront. Un affront qui vient s’ajouter à celui commis trois jours auparavant par la Tunisie. Le petit voisin de l’Est a décidé de reconnaître le CNT. Une décision sans doute prise sans consulter Alger.
En fait, cet embarras montre qu’Alger avait tout faux sur le dossier libyen. Dès le départ, les autorités algériennes avaient agité plusieurs arguments pour expliquer leur opposition à la guerre et le refus de discuter avec le CNT : la menace terroriste, la perspective d’une « afghanisation » de la Libye qui déstabiliserait toute la région et renforcerait Al‑Qaïda… Pendant quelques semaines, au moment où l’opération militaire de l’Otan montrait ses limites et où apparaissaient des divisions au sein de la rébellion, Alger avait cru avoir raison. Les diplomates algériens n’hésitaient pas à le suggérer à leurs interlocuteurs à chaque fois que l’occasion se présentait. Mais c’était sans compter sur les surprises de la guerre et la détermination des rebelles libyens et de leurs alliés occidentaux. Ces derniers ont en effet joué un rôle déterminant dans la prise rapide de Tripoli. L’Otan ne s’est pas contentée d’engager des avions pour bombarder les troupes de Kadhafi. Ses forces spéciales ont été actives sur le terrain. Elles ont encadré les rebelles et participé aux opérations.
Certes, Alger n’a pas eu tout à fait tort de mettre en garde contre les risques terroristes et ceux d’une déstabilisation de la région. Mais les Algériens auraient pu ouvrir des canaux de communication avec le CNT, voire le reconnaître comme un interlocuteur au même titre que le régime qui était fortement contesté. Une telle position aurait permis à l’Algérie de ne pas trop donner l’impression d’un soutien inconditionnel du régime libyen engagé dans une guerre contre son peuple. Elle nous aurait permis aussi d’éviter d’avoir à nos frontières de l’Est un gouvernement avec lequel nous allons avoir des relations encore plus difficiles que celles que nous entretenons avec l’autre voisin, le Maroc, pour des raisons différentes. L’Algérie a également perdu un autre allié de taille dans le monde arabe, à cause du conflit libyen : le Qatar. Au sein de la Ligue arabe, Alger est désormais seul. Le début d’un isolement diplomatique et régional qui pourrait avoir de lourdes conséquences.
Samir Allam
Il fallait attendre la 20e minute, ce lundi 22 août, pour voir l’ENTV traiter le sujet libyen dans son journal de 20 h. Pourtant, depuis hier dimanche, la situation en Libye, avec la chute rapide de Tripoli aux mains des rebelles et les combats autour de la résidence de Kadhafi, tient en haleine tous les médias internationaux et mobilise les gouvernements des grandes puissances.
Et l’Algérie est doublement concernée par le dossier. Les évènements tragiques se passent dans un pays voisin où des centaines de personnes ont été tuées dans les combats et notre ambassade attaquée par des hommes armés, probablement des proches du CNT, avec lequel Alger entretient des relations difficiles depuis le début de la révolution en février dernier.
La discrétion de l’ENTV reflète l’embarras des autorités algériennes sur le dossier libyen. Lundi soir, Alger n’avait toujours pas réagi aux événements. L’Algérie semble même les subir, comme en témoigne cette décision des diplomates libyens de hisser le drapeau du CNT sur leur ambassade à Alger.
L’Algérie ne reconnaît pas officiellement le CNT mais accueille sur son sol une ambassade qui le représente : une situation qui ressemble à s’y méprendre à un affront. Un affront qui vient s’ajouter à celui commis trois jours auparavant par la Tunisie. Le petit voisin de l’Est a décidé de reconnaître le CNT. Une décision sans doute prise sans consulter Alger.
En fait, cet embarras montre qu’Alger avait tout faux sur le dossier libyen. Dès le départ, les autorités algériennes avaient agité plusieurs arguments pour expliquer leur opposition à la guerre et le refus de discuter avec le CNT : la menace terroriste, la perspective d’une « afghanisation » de la Libye qui déstabiliserait toute la région et renforcerait Al‑Qaïda… Pendant quelques semaines, au moment où l’opération militaire de l’Otan montrait ses limites et où apparaissaient des divisions au sein de la rébellion, Alger avait cru avoir raison. Les diplomates algériens n’hésitaient pas à le suggérer à leurs interlocuteurs à chaque fois que l’occasion se présentait. Mais c’était sans compter sur les surprises de la guerre et la détermination des rebelles libyens et de leurs alliés occidentaux. Ces derniers ont en effet joué un rôle déterminant dans la prise rapide de Tripoli. L’Otan ne s’est pas contentée d’engager des avions pour bombarder les troupes de Kadhafi. Ses forces spéciales ont été actives sur le terrain. Elles ont encadré les rebelles et participé aux opérations.
Certes, Alger n’a pas eu tout à fait tort de mettre en garde contre les risques terroristes et ceux d’une déstabilisation de la région. Mais les Algériens auraient pu ouvrir des canaux de communication avec le CNT, voire le reconnaître comme un interlocuteur au même titre que le régime qui était fortement contesté. Une telle position aurait permis à l’Algérie de ne pas trop donner l’impression d’un soutien inconditionnel du régime libyen engagé dans une guerre contre son peuple. Elle nous aurait permis aussi d’éviter d’avoir à nos frontières de l’Est un gouvernement avec lequel nous allons avoir des relations encore plus difficiles que celles que nous entretenons avec l’autre voisin, le Maroc, pour des raisons différentes. L’Algérie a également perdu un autre allié de taille dans le monde arabe, à cause du conflit libyen : le Qatar. Au sein de la Ligue arabe, Alger est désormais seul. Le début d’un isolement diplomatique et régional qui pourrait avoir de lourdes conséquences.
Taremant.Ighil.Alemmas- Nombre de messages : 562
Date d'inscription : 17/08/2011
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