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Un feuilleton belge pour oublier Amel

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Message  Taremant.Ighil.Alemmas Lun 22 Aoû - 11:37

[b]Chronique du jour : KIOSQUE ARABE
Un feuilleton belge pour oublier Amel

Par Ahmed Halli




Un Ramadan sans feuilleton égyptien, c'est comme une «chorba» sans coriandre, je vous le dis tout net : ce n'est pas demain, ni même après-demain, que la télévision nationale va nous faire oublier les veillées d'antan. Nous avons pas mal de griefs vis-à-vis des Égyptiens, il est vrai, et notamment en football où les matches entre les deux pays tournent à la foire d'empoigne. Il n'empêche : le prétexte est trop beau pour certains décideurs qui pensent que certains thèmes de feuilletons égyptiens ne conviennent pas à notre sensibilité actuelle. Les Algériens ne verront pas «Hassan et Hussein», parce que cette production montre que la «fitna», ou la discorde, n'a pas commencé à l'été 1962.
De plus, le feuilleton a fait l'objet d'une interdiction («Tahrim») émise par Al- Azhar, au nom de la tradition qui proscrit les images du Prophète, des membres de sa famille et de ses compagnons. Plus grave encore, le parlement irakien a décidé lui aussi, le mois dernier, d'interdire «Hassan et Hussein», auquel il est reproché une trop grande liberté avec la vérité historique. Des chaînes satellitaires l'avaient annoncé dans leur grille du Ramadan, mais nombre d'entre elles se sont ravisées de crainte de choquer les élites religieuses. Tout le monde se souvient de la polémique soulevée, à son époque, par le projet du film «Al- Rissala», objet d'une violente attaque des milieux religieux bien avant le premier tour de manivelle(1). Il y a bien le nouveau feuilleton «Al-Rayan» qui défraie la chronique et alimente les polémiques, mais outre le fait qu'il est égyptien, il parle des sociétés d'investissements et de financement islamiques. Ces sociétés ont poussé comme des champignons en Égypte, dans les années quatre-vingt, proposant aux épargnants naïfs, d'ignorer le système bancaire moderne, basé sur les taux d'intérêt et d'opter pour un système «halal». On ne peut que comprendre, après cela, qu'un pays qui se retrouve dans une situation politico-religieuse, à peine plus enviable que celle de l'Égypte des années quatre-vingt, se refuse à diffuser un feuilleton qui colle si bien à sa réalité d'aujourd'hui. Au final, les épargnants ont été dépossédés et les auteurs de cette escroquerie ont fini en prison, sans avoir rendu la totalité de l'argent extorqué. Une «noukta» circule au Caire sur le principal protagoniste de l'affaire, Ahmed Al-Rayan, condamné à l'époque à une peine de vingt-trois ans de prison. Libéré lors des manifestations de janvier dernier, et entendant les clameurs de la foule, il a cru que les épargnants spoliés voulaient se venger. Il s'est alors empressé de retourner à la prison et de demander à réintégrer sa cellule. A nouveau libre de ses faits et gestes, Al-Rayan s'emploie à dénoncer le feuilleton éponyme qui porte atteinte à son image et déforme l'histoire, selon lui. L'ex-détenu de la prison de Tara, près du Caire, s'insurge surtout contre le fait que le scénariste aurait été trop généreux avec lui, en lui attribuant onze épouses. Or, nul n'ignore que la célèbre prison de Tara offrait toutes les commodités, dont des possibilités de recevoir des femmes, pour les détenus ayant une certaine aisance financière. Selon le journal Al-Kahira, la direction de la prison de Tara aurait entamé des travaux d'aménagement pour y accueillir éventuellement Moubarak après sa condamnation. D'ores et déjà, les deux enfants du «Raïs», Ala et Djamel, auraient demandé à installer, à leurs frais, un bassin artificiel pour compenser la perte de leurs piscines privées. Ce que la direction de la prison aurait refusé craignant que les autres détenus n'en profitent pour réclamer des traitements de faveur aussi peu ordinaires. En revanche, les deux rejetons de Moubarak ont reçu la visite de l'ambassadeur de Grande-Bretagne, eu égard à leur nationalité britannique. L'ancien chef du gouvernement, Ahmed Nadhif a reçu lui, en tant que citoyen américain, la visite de l'ambassadeur des États- Unis. Quant aux autres personnalités de l'ancien régime détenues, elles auraient le droit d'organiser des barbecues et des réceptions à l'intérieur de la prison(2). Ce qui est remarquable, encore, c'est que ces détenus ont refusé les services religieux de l'imam et aumônier attitré de la prison. Ils ont choisi, selon le journal, leurs codétenus Fethi Sourour et Safwat Cherif, anciens barons du régime, pour les prières et les prêches. Que faire alors pour contenter les téléspectateurs algériens qui ne se suffisent pas des aventures kabylofantasques de la «Maison de Da Méziane», ou des tribulations ubuesques de la «Famille Djemaï» ? On a bien pensé aux productions syriennes, mais le massacre du roman de Ahlam Mostéghanémi, La mémoire du corps, par le réalisateur syrien Najdat Anzour, n'a pas de quoi encourager les initiatives dans ce sens(3). D'autant plus que ledit Anzour s'est aligné sur le régime Assad, et crie à qui veut l'entendre que le feuilleton syrien est visé par le même complot américano-sioniste ourdi contre Bachar. On attendait encore un feuilleton syrien «Djalassat Nissaïya» (Séances féminines), avec notre vedette nationale Amel Bouchoucha, mais en vain. L'ENTV l'avait annoncé dans son programme du Ramadan, mais un journal arabophone nous a annoncé la semaine dernière que la diffusion avait été annulée. Il a été question des craintes des programmateurs que la beauté d'Amel ne transperce le petit écran, et ne brise le jeûne, de la gent masculine bien sûr, mais il doit y avoir une raison, plus égyptienne, derrière cette censure singulière. À la place, nous aurons eu quand même droit au feuilleton théoriquement consacré au syndicaliste Aïssat Idir. On y montre de belles choses, et notamment des Kabyles d'une certaine époque qui invoquent tout le temps Dieu et ses saints. Selon une certaine presse, à l'affût de la moindre conversion à l'Islam dans nos lointaines contrées, ce ne serait pas le cas de nos jours. C'est sans doute pourquoi la télévision nationale en a fait beaucoup avec ce Belge catholique qui a choisi la Kabylie pour annoncer sa conversion à l'Islam. Pauvres Kabyles, pendant que vous vous convertissez en masse au christianisme, des Belges viennent jusque dans vos bras pour embrasser l'Islam et compenser votre défection religieuse !
A. H.

(1) Les gardiens du dogme avaient voulu interdire au réalisateur Mustapha Al-Akkad de représenter Hamza, l'oncle et le bras armé du Prophète. Ils avaient ensuite contesté le choix de l'acteur Anthony Quinn pour le rôle de Hamza, ce qui avait amené le réalisateur à faire deux versions, avec Hamdi Ghit, pour les spectateurs arabes.
(2) L'hebdomadaire Al-Fedjr suggère que la prison de Tara participe cette année au concours mondial de la prison la plus riche et la plus confortable, considérant les pointures et les fortunes qui y sont détenues.
(3) Ajoutons à cela, la seconde mort de Fadhma N'soumeur, occasionnée par les funestes caméras d'un autre Syrien, un certain Sammy Al-Djenadi, d'après un scénario de Azzedine Mihoubi. On a vu pire, par la suite, mais…


Taremant.Ighil.Alemmas

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Date d'inscription : 17/08/2011

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