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Alger relance le danger islamiste

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Message  laic-aokas Dim 21 Aoû - 15:26

Alger relance le danger islamiste

Le régime tente ainsi de masquer la contestation

Par José Garçon, Liberation 27 juillet 2001


"Le régime ne peut reprendre l'initiative qu'en sortant de la confrontation "société-pouvoir" et en revenant au conflit "pouvoir-islamistes"."
Un diplomate algérien

A Aïn Oussara, on s'y attendait. Depuis une semaine, l'eau s'était mise à couler des robinets et cela annonçait la visite d'un haut responsable. Mercredi, c'est Ali Benflis, le Premier ministre en personne, qui a débarqué dans un bidonville de cette localité située à une centaine de kilomètres de Djelfa. Perché sur le capot d'une voiture, au milieu des eaux usées, entouré d'une dizaine de notables, le chef du gouvernement est allé droit au but. "Je vous demande de vous tenir prêts à faire barrage aux actes destructeurs et terroristes", a-t-il lancé aux habitants. Depuis l'aube, tous l'attendaient devant leurs cahutes dans l'espoir de dire enfin "à un responsable" le manque de tout. "Qui sont les plus nombreux, les services de sécurité ou le peuple?", a demandé Ali Benflis. "Le peuple", a grondé le bidonville. "Alors luttez contre le terrorisme", a dit Benflis.

Plusieurs voix ont répliqué: "Nous n'avons pas de terrorisme." Et d'autres en écho: "Nous avons le terrorisme de l'administration, la corruption, la hogra", ce déni de justice, ce mépris dans lequel les autorités tiennent les Algériens. "Vos problèmes de gaz, d'électricité, de chômage, d'école, de misère et de faim, je les connais, a rétorqué Benflis, cité par la presse algérienne. Et le gouvernement est déterminé à vous aider. Mais les citoyens doivent de leur côté aider les services de sécurité à combattre le terrorisme."

Case départ. En quelques minutes, le Premier ministre ramenait cette cité de misère aux années les plus noires de la "sale guerre", quand l'Etat se faisait le propagandiste de l'autodéfense pour se décharger du devoir de protection d'hommes et de femmes accusés d'avoir voté FIS. Près d'une décennie après le début des affrontements qui ont suivi l'annulation des législatives de 1991, l'Algérie officielle semble ainsi vouloir revenir à la case départ. Ali Benflis n'a pas pris de gants pour le signifier. "Sans la sécurité, a-t-il martelé, il n'y aura ni développement économique ni emploi."

La détérioration brutale et inexpliquée de la situation sécuritaire depuis le début de l'été est à l'origine de cette offensive des autorités. Même si les violences sont sans commune mesure avec les années les plus dures de la guerre civile, pas un jour ne passe sans que des familles soient massacrées dans les taudis où elles tentent de survivre. Dans la willaya de Tipaza, les monts de Médéa, à Aïn Defla ou aux portes d'Alger. Un complexe touristique a même été visé mardi, ce qui ne s'était pas vu au plus fort des années terroristes. Sinistre nouveauté enfin, les expéditions punitives contre les femmes seules se multiplient depuis une dizaine de jours.

Viols collectifs. Il est environ 22 h 30 ce 13 juillet quand 300 à 500 personnes envahissent El-Haïcha, un quartier de la banlieue d'Hassi Messaoud, la grande ville située au cœur de la zone des hydrocarbures à 1 000 kilomètres au sud d'Alger. Jusqu'à l'aube, ils sèment la terreur dans les garages et les chambres loués - très cher - par les habitants de la cité pétrolière à des femmes de ménage ou à des cuisinières. Généralement originaires de l'Ouest, elles travaillent pour des sociétés étrangères et vivent dans des bidonvilles autour de la zone industrielle.

Rapportés par la presse algérienne et des associations, les témoignages de ces femmes "émigrées" à Hassi Messaoud pour subvenir aux besoins de leur famille en doublant leur salaire sont effrayants. Viols collectifs, parfois dans la rue. Coups de gourdins. Blessures au couteau. "Une cinquantaine de personnes se sont acharnées sur moi. Plusieurs m'ont violée, battue, lacéré les seins, enfoncé les mains dans le bas-ventre avant de me traîner au cimetière pour m'enterrer vivante", raconte l'une des dix-sept victimes, sauvée in extremis.

Jusqu'ici, les autorités n'ont soufflé mot de cette affaire, pour laquelle neuf personnes ont été arrêtées. Mais les journaux privés les plus hostiles aux islamistes ont vu dans ces raids la conséquence d'un prêche dénonçant, dans une mosquée d'Hassi Messaoud, "les femmes sans mari qui salissent notre quartier". Le fait que les agresseurs hurlaient "Allah Akbar" ("Dieu est grand") confirmerait cette thèse, bien que certaines des victimes aient reconnu leur... logeur parmi les agresseurs. "On nous a traitées de prostituées, alors que tout le monde ici sait que les vraies prostituées ont été évacuées trois jours avant ce cauchemar", a confié sans plus de détail l'une des femmes à une ONG.

Faut-il voir dans ce raid - deux autres ont eu lieu à Tébessa - le résultat d'un certain ressentiment observé dans plusieurs régions contre des "émigrés" de l'intérieur accusés de travailler quand les "locaux" sont au chômage? "On peut le penser. Comment comprendre autrement que les fréquentes dénonciations de la prostitution dans les mosquées n'aient pas tourné plus souvent à l'expédition punitive", se demande un magistrat algérien?

Comment expliquer aussi que de telles exactions puissent se dérouler pendant toute une nuit dans cette région qui est l'une des plus sécurisées d'Algérie? Toutes les willayas pétrolières sont en effet des "zones d'exclusion", où tous les étrangers sont armés et où les Algériens ont besoin d'une autorisation pour circuler?

"Union sacrée". Certes, nul ne peut nier que certains groupes armés islamistes, notamment les GSPC, se sont restructurés et sont à l'origine de nombreux attentats et embuscades contre les forces de sécurité. Pour autant, le regain brutal de violences tombe on ne peut mieux pour Alger. "Tout se passe comme si le pouvoir tolérait un certain degré de violence", affirmait la semaine dernière un expert cité par l'agence Reuters. Un diplomate algérien est moins allusif: "Après que des centaines de milliers de personnes en Kabylie, à Alger et à l'Est ont conspué le régime aux cris de "généraux assassins", celui-ci ne peut reprendre l'initiative qu'en sortant de la confrontation "société-pouvoir" et en revenant au conflit "pouvoir-islamistes" pour refaire l'union sacrée autour de lui." Alger espère aussi que la (re)mise en avant du "danger islamiste" lui permettra de regagner un peu du terrain perdu auprès de ses partenaires étrangers, ébranlés par les dénonciations des exactions de l'armée au cours de la "sale guerre" et plus encore par l'ampleur de la révolte qui s'est exprimée dans le pays. "Le "retour du terrorisme" est une stratégie pour déplacer le débat", estime un opposant. Enragé de voir que les petites émeutes qui continuent à éclater un peu partout ne font plus l'actualité.

http://www.algeria-watch.org/farticle/sale_guerre/relance_danger.htm
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