Algérie 2011 : un système socio-éducatif naufragé, des taux de croissance et de chômage officiels fictifs
2 participants
Page 1 sur 1
Algérie 2011 : un système socio-éducatif naufragé, des taux de croissance et de chômage officiels fictifs
Algérie 2011 : un système socio-éducatif naufragé, des taux de croissance et de chômage officiels fictifs
Selon les données officielles, pour les réalisations entre 2009/2011, l’économie algérienne aurait un taux de croissance hors hydrocarbures le plus élevé et un taux de chômage le moins élevé, et un taux de réussite au baccalauréat les plus élevés dans le monde. Face à ce miracle algérien, nos responsables économiques ne doivent-ils pas espérer le prix Nobel d‘économie ? Les intellectuels algériens, grâce à un débat contradictoire, fondé sur la tolérance, ont une lourde responsabilité devant l’histoire pour avancer des propositions constructives et démystifier certains propos démagogiques. C’est l’objet de cette contribution.
Le taux de croissance moyen 3% entre 2004/2011 est presque identique au taux de croissance de la population active (400.000 demandes d’emplois additionnelles par an) avec des emplois qui disparaissent et d’autres qui naissent du fait des mutations mondiales. Cela renvoie au nouveau système socio-éducatif qui se met en place au XXIème siècle supposant un niveau élevé de connaissances. Dans ce cadre, tout en se demandant que deviendront les 2 millions d’étudiants sortis horizon 2000 sans relance économique, le taux de réussite à l'examen du baccalauréat en 2011 a atteint 62,45 %, 220 518 candidats qui entreront à l’Université où selon le ministère de l'Éducation nationale ces résultats exceptionnels sont le fruit d’une nouvelle culture impulsée dans le sillage des réformes. Or, contradiction la publication du rapport international le même jour c’est à dire le 6 juillet 2011 de l’Iinsead, l’école de commerce internationale (France) qui note une dévalorisation de la connaissance en Algérie, la preuve , le poste assistance technique (appel aux compétences étrangères et exode de cerveaux algériens) est passé de 4 milliards de dollars en 2004 à plus de 11 milliards de dollars entre 2010/2011. Le classement mondial a été établi en référence à 125 pays et le plus mauvais score enregistré appartient à l’Algérie qui n’a obtenu que 19,79 points, et qui dégringole à la 125 place, dernière du classement, soit un recul de 4 places par rapport à 2010 et de 17 places par rapport au classement de 2009. En d’autres termes, l’Algérie représente le pays le moins performant au monde en matière d’innovation. Elle est classée dernière le Soudan (124ème), le Yémen (123ème) et le Niger (123). Sur le plan régional, l’Algérie se trouve dépassée et de loin par la Tunisie (66ème), l’Egypte (87ème), ou le Maroc (94ème). Ce rapport corrobore, la récente enquête inquiétante, de l’importante revue américaine Foreign Policy de 2010, classant l’Algérie parmi les plus vulnérables au monde avec une note de 8,6 sur 10 pour la disparition et la dispersion de l’élite, s’agissant d’une des notes les plus mauvaises du monde et de conclure : «L’Algérie risque de se retrouver sans son intelligentsia pour construire son avenir». Cela explique également que l’Algérie dans le classement des grandes universités du monde établi, depuis 2003, par l’université chinoise de Jiao-Tong de Shanghai pour 2009/2010 ne figure pas dans le Top des 500 et encore moins dans le Top des 3000 premières. Pour avoir passé plusieurs décennies entre les secteurs économiques et l’Université, je peux affirmer , quitte à choquer certains collègues que les innombrables laboratoires de recherche, malgré les nombreuses compétences, mais du fait la gestion bureaucratique, sont plus considérés comme des compléments de salaires, participant très peu pour ne pas dire pas à l’innovation, assistant d’ailleurs tant à une déconnexion Université/Université qu’université/environnement.
Or la réhabilitation de la connaissance et du savoir, pilier du développement durable, comme l’a montré souvent mon ami le sociologue Nadji Safir suppose de profonds réaménagements du pouvoir algérien dont le fondement hélas repose sur les couches rentières. Et dans ce contexte qu’il faille éviter d’avoir une vision tant une vision économiciste étroite du développement ou raciste , le monde ayant connu des cycles de civilisations de différentes religions, l’islam ou tout autre religion n’étant pas l’antinomie du développement et les expériences récentes réussies mariant leur authenticité et la modernité de pays émergents comme l’Indonésie, la Turquie, le Brésil l’Inde ou la Chine l’attestent. En cette ère de mondialisation avec des inégalités criardes dues à la fois à la mauvaise gouvernance dont la corruption de bon nombre de dirigeants du Sud et également au fondement inadapté des relations internationales, le dialogue des cultures doit favoriser la symbiose des apports de l’Orient et de l’Occident au profit de l’humanité.
Lié au taux de chômage, paradoxalement l’ONS annonce en moyenne 2009/2010 un recul de 30% de la création d’entreprises productives et en termes de structure, plus de 50% activent dans le secteur du commerce n’étant pas en majorité des services marchands créateur de valeurs ajoutées , le reste des entreprises étant les secteurs de l’immobilier avec 14%, la construction et travaux publics 12% et enfin les industries manufacturières 11%, taux dérisoire montrant la désindustrialisation du pays. Paradoxalement pour l’officiel, l’Algérie aurait un taux de croissance hors hydrocarbures un des plus élevés du monde, loin devant tous les pays de la région Mena, de la Chine, de l’Inde, du Brésil, pour ne pas parler de l’Europe, des Etats-Unis d’Amérique ou du Japon, les segments hors hydrocarbures constituant la majorité de leurs segments. La technique de la triangularisation du tableau d’échange interindustriel- permet de démontrer que les hydrocarbures irriguent presque l’ensemble de l’économie et le segment hors hydrocarbures l’est à plus de 80% et montre clairement qu’il reste aux seules véritables entreprises créatrices de richesses une participation réelle inférieure à 15/20% du total du produit intérieur brut (PIB). Et ce compte tenu de l’accroissement de la valeur ajoutée agricole en 2009/2010 toujours selon des facteurs exogènes, bonne pluviométrie et non d’une bonne gestion, comme le montre l’échec relatif du PNDA (programme agricole) qui a englouti des dizaines de milliards de dollars et dont la facture alimentaire pour 2011 avoisinera certainement 7 milliards de dollars.
Aussi, face à cette situation, résultat de la panne de la réforme globale et du retour à la gestion administrative des années 1970, il est techniquement impossible de créer 3 millions d’emplois entre 2010/2013 et la fuite en avant serait de créer des emplois non productifs dans l’administration non créateurs de valeur. Dès lors, si l’on redresse par le fléchissement de 30% de création d ‘entreprises productives, supposant la même tendance en 2011, en pondérant par un taux de participation de la population féminine que de 50% contre 84% pour les hommes, en enlevant les emplois temporaires improductifs créés artificiellement par la rente, nous aurons alors un taux de chômage qui dépasse largement les 2O% de la population active. En soustrayant la sphère informelle qui selon le ministre du Travail contribue à 25% à la création d‘emplois, et en nous tenant à la sphère réelle, le taux de chômage dépasserait les 35% moyenne 2010/2011.
Aussi, ce n’est pas une question uniquement d’argent comme en témoigne les assainissements répétées des entreprises publiques, plus de 60 milliards de dollars entre 1991/2011, pour un effectif du secteur industriel public ne dépassant pas 180.000 et moins de 600.000 pour les emplois permanents du secteur public économique, plus de 80% étant revenues à la case de départ. Or, l’objectif stratégique est de créer un nouveau tissu économique fondé sur la nouvelle économie s’insérant dans le cadre des valeurs internationales, le tout étant conditionné par une plus grande efficacité des institutions, la moralité des responsables, la valorisation du savoir, un dialogue social et économique permanent avec les forces représentatives et non créées bureaucratiquement et donc un nouveau management stratégique, certains parleront de bonne gouvernance inséparable d’un Etat de droit. La distribution de la rente pour calmer le front social ne peut être durable et au contraire suicidaire pour le pays comme le montre le déficit budgétaire de 2011 qui avoisinera 62 milliards de dollars.
C’est que l’allocation financière n’est pas optimale misant uniquement sur les infrastructures (70% des dépenses) qui ne sont qu’un moyen du développement.
Aussitôt terminé que deviendront les centaines de milliers de travailleurs sans avoir préparé leur reconversion ? La dépense publique (500 milliards de dollars entre 2004/2013, le programme américain) sans se préoccuper d’une bonne gestion, pour l’Algérie montre que la performance est dérisoire. Comparé aux dépenses sur la population, le rapport de l’Ocde pour la région Mena montre que des pays similaires en voie de développant dépensant le tiers de l’Algérie ont des taux de croissance plus importants, l’économie algérienne fondamentalement rentière, enregistrant, selon la majorité des rapports internationaux, un taux de croissance inférieur à la moyenne méditerranéenne pour la période 2004/2011. Il s’agit donc d’éviter la manipulation des données pour affirmer que tout va bien, ce qui ne peut que conduire à des erreurs de politique économique, devant synchroniser les différentes enquêtes afin d‘éviter d’induire en erreur l’opinion algérienne qui a une faible culture économique mais non les institutions internationales, les journalistes et les économistes algériens avertis. Les différents ministères doivent avoir la même base de sondage afin de pouvoir effectuer des comparaisons crédibles, le raisonnement à prix constants étant fondamental pour toute politique fiable. Pour le calcul de l’inflation, cela implique de revoir le panier de biens qui doit être historiquement daté, le lier au modèle de régulation, c'est-à-dire au mode d’accumulation, de consommation et à la répartition du revenu par couches sociales afin d’analyser la concentration du revenu national à l’aide de l’indice Gini qui prend en Algérie des tendances dangereuses au profit d’une minorité de rentiers. C’est que 70% de couches sociales, consacrent leurs revenus aux produits de première nécessité, produits qui accusent un taux d’inflation supérieur à 10% entre 2009/2011. Aussi, une interrogation s’impose : comment est-ce qu’un Algérien, qui vit au SNMG, soit 4 euros par jour alors que le prix du kilo de viande dépasse 9/10 euros fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation ?
En conclusion
Au vu que 98% des exportations proviennent des hydrocarbures et important 75% des besoins des ménages et des entreprises, nous sommes en face de contradictions flagrantes : la faiblesse du nombre d’entreprises productives, la prédominance du commerce de détail où le nombre de commerçants a doublé en 10 ans selon les données officielles passant de 697.275 en 2001 à 1.407.449 en 2010, un taux de chômage réel élevé que l’on comprime, autant que l’inflation par des subventions et des emplois fictifs.
L’Algérie de 2011 est caractérisée premièrement par une aisance financière grâce aux hydrocarbures 157 milliards de dollars de réserves de change fin 2010 mais des incertitudes vis-à-vis de l’avenir avec une population en 2011 de 36 million d’habitants mais qui dans 30 ans sans hydrocarbures atteindra 50 millions. Deuxième caractéristique, un Etat riche mais une population de plus en plus pauvre. La sphère informelle, la crise du logement et les transferts sociaux pour une paix sociale fictive grâce aux hydrocarbures plus de 10% du PIB (entre 2009/2011) jouent temporairement comme tampon social. Troisièmement, devant cette prise de conscience d’inégalités, brisant le mur de la peur, favorisées par le nouveau système de communication et le printemps démocratique arabe, qui a montré l’importance de la corruption des dirigeants et leurs proches avec des fortunes colossales à l’étranger, une tendance à un suicide collectif : tous les Algériens exigent immédiatement leur part de la rente des hydrocarbures assistant à des augmentations des salaires sans contreparties productives.
Dans ce cadre, l’Algérie traversant un phase cruciale de son histoire, je lance un appel au pouvoir politique afin d’ouvrir, comme cela a été promis par le président de la République la télévision aux débats contradictoires au lieu de favoriser les intellectuels organiques (aux ordres,) selon l’expression heureuse du grand philosophe italien Antonio Gramsci et des monologues lassants sans impacts. Parallèlement, je lance un appel à tous les intellectuels algériens afin qu’ils sortent du coma, ayant une responsabilité devant l’histoire afin de participer, à l’instar de tous les pays qui avancent, à un débat utile, sans verser ni dans la sinistrose, ni dans l’autosatisfaction source de névrose collective. Je considère que le rôle tant d’un cadre responsable, que de l’intellectuel ou du journaliste n’est pas de produire des louanges par la soumission contreproductive pour le pouvoir lui-même en contrepartie d’une distribution de la rente, mais d’émettre des idées constructives, selon sa propre vision du monde, par un discours de vérité pour faire avancer la société.
Professeur Abderrahmane Mebtoul, expert International en management stratégique
Selon les données officielles, pour les réalisations entre 2009/2011, l’économie algérienne aurait un taux de croissance hors hydrocarbures le plus élevé et un taux de chômage le moins élevé, et un taux de réussite au baccalauréat les plus élevés dans le monde. Face à ce miracle algérien, nos responsables économiques ne doivent-ils pas espérer le prix Nobel d‘économie ? Les intellectuels algériens, grâce à un débat contradictoire, fondé sur la tolérance, ont une lourde responsabilité devant l’histoire pour avancer des propositions constructives et démystifier certains propos démagogiques. C’est l’objet de cette contribution.
Le taux de croissance moyen 3% entre 2004/2011 est presque identique au taux de croissance de la population active (400.000 demandes d’emplois additionnelles par an) avec des emplois qui disparaissent et d’autres qui naissent du fait des mutations mondiales. Cela renvoie au nouveau système socio-éducatif qui se met en place au XXIème siècle supposant un niveau élevé de connaissances. Dans ce cadre, tout en se demandant que deviendront les 2 millions d’étudiants sortis horizon 2000 sans relance économique, le taux de réussite à l'examen du baccalauréat en 2011 a atteint 62,45 %, 220 518 candidats qui entreront à l’Université où selon le ministère de l'Éducation nationale ces résultats exceptionnels sont le fruit d’une nouvelle culture impulsée dans le sillage des réformes. Or, contradiction la publication du rapport international le même jour c’est à dire le 6 juillet 2011 de l’Iinsead, l’école de commerce internationale (France) qui note une dévalorisation de la connaissance en Algérie, la preuve , le poste assistance technique (appel aux compétences étrangères et exode de cerveaux algériens) est passé de 4 milliards de dollars en 2004 à plus de 11 milliards de dollars entre 2010/2011. Le classement mondial a été établi en référence à 125 pays et le plus mauvais score enregistré appartient à l’Algérie qui n’a obtenu que 19,79 points, et qui dégringole à la 125 place, dernière du classement, soit un recul de 4 places par rapport à 2010 et de 17 places par rapport au classement de 2009. En d’autres termes, l’Algérie représente le pays le moins performant au monde en matière d’innovation. Elle est classée dernière le Soudan (124ème), le Yémen (123ème) et le Niger (123). Sur le plan régional, l’Algérie se trouve dépassée et de loin par la Tunisie (66ème), l’Egypte (87ème), ou le Maroc (94ème). Ce rapport corrobore, la récente enquête inquiétante, de l’importante revue américaine Foreign Policy de 2010, classant l’Algérie parmi les plus vulnérables au monde avec une note de 8,6 sur 10 pour la disparition et la dispersion de l’élite, s’agissant d’une des notes les plus mauvaises du monde et de conclure : «L’Algérie risque de se retrouver sans son intelligentsia pour construire son avenir». Cela explique également que l’Algérie dans le classement des grandes universités du monde établi, depuis 2003, par l’université chinoise de Jiao-Tong de Shanghai pour 2009/2010 ne figure pas dans le Top des 500 et encore moins dans le Top des 3000 premières. Pour avoir passé plusieurs décennies entre les secteurs économiques et l’Université, je peux affirmer , quitte à choquer certains collègues que les innombrables laboratoires de recherche, malgré les nombreuses compétences, mais du fait la gestion bureaucratique, sont plus considérés comme des compléments de salaires, participant très peu pour ne pas dire pas à l’innovation, assistant d’ailleurs tant à une déconnexion Université/Université qu’université/environnement.
Or la réhabilitation de la connaissance et du savoir, pilier du développement durable, comme l’a montré souvent mon ami le sociologue Nadji Safir suppose de profonds réaménagements du pouvoir algérien dont le fondement hélas repose sur les couches rentières. Et dans ce contexte qu’il faille éviter d’avoir une vision tant une vision économiciste étroite du développement ou raciste , le monde ayant connu des cycles de civilisations de différentes religions, l’islam ou tout autre religion n’étant pas l’antinomie du développement et les expériences récentes réussies mariant leur authenticité et la modernité de pays émergents comme l’Indonésie, la Turquie, le Brésil l’Inde ou la Chine l’attestent. En cette ère de mondialisation avec des inégalités criardes dues à la fois à la mauvaise gouvernance dont la corruption de bon nombre de dirigeants du Sud et également au fondement inadapté des relations internationales, le dialogue des cultures doit favoriser la symbiose des apports de l’Orient et de l’Occident au profit de l’humanité.
Lié au taux de chômage, paradoxalement l’ONS annonce en moyenne 2009/2010 un recul de 30% de la création d’entreprises productives et en termes de structure, plus de 50% activent dans le secteur du commerce n’étant pas en majorité des services marchands créateur de valeurs ajoutées , le reste des entreprises étant les secteurs de l’immobilier avec 14%, la construction et travaux publics 12% et enfin les industries manufacturières 11%, taux dérisoire montrant la désindustrialisation du pays. Paradoxalement pour l’officiel, l’Algérie aurait un taux de croissance hors hydrocarbures un des plus élevés du monde, loin devant tous les pays de la région Mena, de la Chine, de l’Inde, du Brésil, pour ne pas parler de l’Europe, des Etats-Unis d’Amérique ou du Japon, les segments hors hydrocarbures constituant la majorité de leurs segments. La technique de la triangularisation du tableau d’échange interindustriel- permet de démontrer que les hydrocarbures irriguent presque l’ensemble de l’économie et le segment hors hydrocarbures l’est à plus de 80% et montre clairement qu’il reste aux seules véritables entreprises créatrices de richesses une participation réelle inférieure à 15/20% du total du produit intérieur brut (PIB). Et ce compte tenu de l’accroissement de la valeur ajoutée agricole en 2009/2010 toujours selon des facteurs exogènes, bonne pluviométrie et non d’une bonne gestion, comme le montre l’échec relatif du PNDA (programme agricole) qui a englouti des dizaines de milliards de dollars et dont la facture alimentaire pour 2011 avoisinera certainement 7 milliards de dollars.
Aussi, face à cette situation, résultat de la panne de la réforme globale et du retour à la gestion administrative des années 1970, il est techniquement impossible de créer 3 millions d’emplois entre 2010/2013 et la fuite en avant serait de créer des emplois non productifs dans l’administration non créateurs de valeur. Dès lors, si l’on redresse par le fléchissement de 30% de création d ‘entreprises productives, supposant la même tendance en 2011, en pondérant par un taux de participation de la population féminine que de 50% contre 84% pour les hommes, en enlevant les emplois temporaires improductifs créés artificiellement par la rente, nous aurons alors un taux de chômage qui dépasse largement les 2O% de la population active. En soustrayant la sphère informelle qui selon le ministre du Travail contribue à 25% à la création d‘emplois, et en nous tenant à la sphère réelle, le taux de chômage dépasserait les 35% moyenne 2010/2011.
Aussi, ce n’est pas une question uniquement d’argent comme en témoigne les assainissements répétées des entreprises publiques, plus de 60 milliards de dollars entre 1991/2011, pour un effectif du secteur industriel public ne dépassant pas 180.000 et moins de 600.000 pour les emplois permanents du secteur public économique, plus de 80% étant revenues à la case de départ. Or, l’objectif stratégique est de créer un nouveau tissu économique fondé sur la nouvelle économie s’insérant dans le cadre des valeurs internationales, le tout étant conditionné par une plus grande efficacité des institutions, la moralité des responsables, la valorisation du savoir, un dialogue social et économique permanent avec les forces représentatives et non créées bureaucratiquement et donc un nouveau management stratégique, certains parleront de bonne gouvernance inséparable d’un Etat de droit. La distribution de la rente pour calmer le front social ne peut être durable et au contraire suicidaire pour le pays comme le montre le déficit budgétaire de 2011 qui avoisinera 62 milliards de dollars.
C’est que l’allocation financière n’est pas optimale misant uniquement sur les infrastructures (70% des dépenses) qui ne sont qu’un moyen du développement.
Aussitôt terminé que deviendront les centaines de milliers de travailleurs sans avoir préparé leur reconversion ? La dépense publique (500 milliards de dollars entre 2004/2013, le programme américain) sans se préoccuper d’une bonne gestion, pour l’Algérie montre que la performance est dérisoire. Comparé aux dépenses sur la population, le rapport de l’Ocde pour la région Mena montre que des pays similaires en voie de développant dépensant le tiers de l’Algérie ont des taux de croissance plus importants, l’économie algérienne fondamentalement rentière, enregistrant, selon la majorité des rapports internationaux, un taux de croissance inférieur à la moyenne méditerranéenne pour la période 2004/2011. Il s’agit donc d’éviter la manipulation des données pour affirmer que tout va bien, ce qui ne peut que conduire à des erreurs de politique économique, devant synchroniser les différentes enquêtes afin d‘éviter d’induire en erreur l’opinion algérienne qui a une faible culture économique mais non les institutions internationales, les journalistes et les économistes algériens avertis. Les différents ministères doivent avoir la même base de sondage afin de pouvoir effectuer des comparaisons crédibles, le raisonnement à prix constants étant fondamental pour toute politique fiable. Pour le calcul de l’inflation, cela implique de revoir le panier de biens qui doit être historiquement daté, le lier au modèle de régulation, c'est-à-dire au mode d’accumulation, de consommation et à la répartition du revenu par couches sociales afin d’analyser la concentration du revenu national à l’aide de l’indice Gini qui prend en Algérie des tendances dangereuses au profit d’une minorité de rentiers. C’est que 70% de couches sociales, consacrent leurs revenus aux produits de première nécessité, produits qui accusent un taux d’inflation supérieur à 10% entre 2009/2011. Aussi, une interrogation s’impose : comment est-ce qu’un Algérien, qui vit au SNMG, soit 4 euros par jour alors que le prix du kilo de viande dépasse 9/10 euros fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation ?
En conclusion
Au vu que 98% des exportations proviennent des hydrocarbures et important 75% des besoins des ménages et des entreprises, nous sommes en face de contradictions flagrantes : la faiblesse du nombre d’entreprises productives, la prédominance du commerce de détail où le nombre de commerçants a doublé en 10 ans selon les données officielles passant de 697.275 en 2001 à 1.407.449 en 2010, un taux de chômage réel élevé que l’on comprime, autant que l’inflation par des subventions et des emplois fictifs.
L’Algérie de 2011 est caractérisée premièrement par une aisance financière grâce aux hydrocarbures 157 milliards de dollars de réserves de change fin 2010 mais des incertitudes vis-à-vis de l’avenir avec une population en 2011 de 36 million d’habitants mais qui dans 30 ans sans hydrocarbures atteindra 50 millions. Deuxième caractéristique, un Etat riche mais une population de plus en plus pauvre. La sphère informelle, la crise du logement et les transferts sociaux pour une paix sociale fictive grâce aux hydrocarbures plus de 10% du PIB (entre 2009/2011) jouent temporairement comme tampon social. Troisièmement, devant cette prise de conscience d’inégalités, brisant le mur de la peur, favorisées par le nouveau système de communication et le printemps démocratique arabe, qui a montré l’importance de la corruption des dirigeants et leurs proches avec des fortunes colossales à l’étranger, une tendance à un suicide collectif : tous les Algériens exigent immédiatement leur part de la rente des hydrocarbures assistant à des augmentations des salaires sans contreparties productives.
Dans ce cadre, l’Algérie traversant un phase cruciale de son histoire, je lance un appel au pouvoir politique afin d’ouvrir, comme cela a été promis par le président de la République la télévision aux débats contradictoires au lieu de favoriser les intellectuels organiques (aux ordres,) selon l’expression heureuse du grand philosophe italien Antonio Gramsci et des monologues lassants sans impacts. Parallèlement, je lance un appel à tous les intellectuels algériens afin qu’ils sortent du coma, ayant une responsabilité devant l’histoire afin de participer, à l’instar de tous les pays qui avancent, à un débat utile, sans verser ni dans la sinistrose, ni dans l’autosatisfaction source de névrose collective. Je considère que le rôle tant d’un cadre responsable, que de l’intellectuel ou du journaliste n’est pas de produire des louanges par la soumission contreproductive pour le pouvoir lui-même en contrepartie d’une distribution de la rente, mais d’émettre des idées constructives, selon sa propre vision du monde, par un discours de vérité pour faire avancer la société.
Professeur Abderrahmane Mebtoul, expert International en management stratégique
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Nouara- Nombre de messages : 1104
Date d'inscription : 31/01/2009
Sujets similaires
» Que pensez vous de régionaliser le système éducatif en Algérie?
» Que pensez vous de régionaliser le système éducatif en Algérie?
» La Kabylie exige son propre système éducatif
» La Kabylie exige son propre système éducatif
» ALGERIE/CHOMAGE
» Que pensez vous de régionaliser le système éducatif en Algérie?
» La Kabylie exige son propre système éducatif
» La Kabylie exige son propre système éducatif
» ALGERIE/CHOMAGE
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum