Le 8 mai 1945 en Kabylie : Des massacres encore lancinants, des rêves inachevés ( Kader Dahdah, Sabrina Cherif)
2 participants
Page 1 sur 1
Le 8 mai 1945 en Kabylie : Des massacres encore lancinants, des rêves inachevés ( Kader Dahdah, Sabrina Cherif)
Il aura fallu 74 ans au peuple Kabyle pour surmonter le traumatise causé suite à sa défaite contre la France coloniale de 1871. Revenant à la charge en 1945, la France qui fêtait sa victoire sur l’Allemagne nazis réprima encore une fois dans le sang l’aspiration des Kabyles à la liberté. Communément appelé « lgirra u εekkaz », cet évènement qui s’étendait de la région de Bgayet jusqu’au territoire des Chaouis est gravé dans notre mémoire collective.
,,
Plusieurs décennies après les fameux évènements du 8 mai 1945, cette date symbolique reste dans la mémoire avec des séquelles indélébiles et des aspirations encore lointaines.
Le début du mois de mai 1945 avait marqué l’Histoire de l’Algérie colonisée. Les Algériens avaient payé de leur sang les conséquences de cette halte ténébreuse. Les Kabyles avaient, aussi, une importante part d’un « tribu » chèrement payé. En effet, des carnages ont eu lieu en Kabylie orientale, à savoir Sétif, Guelma et Kherrata (Bgayet ). C’est la réponse répressive de la France à des manifestations pacifistes.
Pour fêter la fin de la deuxième guerre mondiale, marquant la victoire des Alliés sur les forces de l’Axe, des défilés ont été organisés un peu partout en Algérie. Les Algériens croyaient que la France allait leur « donné » leur indépendance, car eux aussi ont versé leur sang pour libérer le pays des Gaulois. Les partis nationalistes algériens, profitant de l’audience particulière donnée à cette journée, ont décidé de rappeler leurs revendications patriotiques ainsi que les promesses de liberté faites par les Français avant la mobilisation de milliers d’indigènes pour vaincre les Allemands. Durant les manifestations à Sétif, un policier a tiré sur un jeune tenant le drapeau algérien et l’a tué, d’innombrables assassinats ont suivi.
Le nombre des victimes autochtones reste sujet à débat ; les autorités françaises de l’époque fixèrent le nombre de tués à 1 165. Un rapport des services secrets américains à Alger en 1945 notait 17 000 morts et 20 000 blessés, quant au gouvernement algérien, il avance le nombre de 45 000 morts. Toutefois, ce qui est à retenir c’est les massacres collectifs orchestrés par la « France des lumières ». C’est abominable de tuer des civils innocents, lesquels ont juste osé manifester dans la rue. Après ces tueries, le mouvement national algérien s’est persuadé que seule une lutte armée pouvait libérer le pays. En somme, ces évènements ont été les déclencheurs de la guerre de libération nationale (1954/4962), une guerre qui coûtera la vie à des centaines de milliers d’Algériens et de Français.
Des témoins encore vivants racontent le grand regroupement de Melbou, 40 km à l’est de Bgayet (Béjaia ). D. Djoudi, qui est aujourd’hui résident à Champigny en France, raconte : « Ma famille et moi étions contraints sous menace de mort de quitter notre village, Aggemun, pour rejoindre le regroupement, prison à ciel ouvert, de Melbou. Ce jour du 08 mais 1945, à 11h la plaine de Melbou (environ 9 km2) était déjà remplie par des centaines de milliers de familles kabyles ramenées de tous les environs. Regroupés dans cette espace hautement surveillé par des militaires munis de mitrailleuses et postés sur les collines avoisinantes, nous ne comprenions pas l’acharnement de la France sur un peuple qui ne demandait que sa liberté. À notre libération, sur le chemin du retour vers notre village nous constatâmes, sur l’ancienne route de cap à Aokas, plein de cadavres jetés à la mer par-dessus le muret. Certains corps, retenus par les arbustes et les branchages, étaient encore vivants. Le gémissement de mes frères agonisants et pour jamais gravé dans ma mémoire. »
Rappelons que les pittoresques gorges de Kherrata sur la RN9 sont connues pour les massacres perpétrés par la France en 1945 : Des chargements de camions remplis de cadavres de kabyles morts et vivants furent déchargés dans des ravins de plus de 300 m de profondeur.
Le 8 mai 1945 est un grand virage dans l’histoire de l’Algérie, dans l’histoire de la Kabylie. A ce jour beaucoup reste à décrypter à étudier. L’Algérie officielle fête cette journée chaque année, tout en marginalisant des acteurs importants de cette date historiques, les Kabyles. Si le colonialisme français et ses crimes contre l’humanité sont à condamner, la trahison du pouvoir despotique d’Alger des valeurs de notre noble révolution est plus condamnable. Beaucoup d’Algériennes et d’Algériens se sont sacrifiés pour que le pays soit libre. Hélas, malgré l’indépendance du pays d’Abane Remdane, L’Algérie est encore emprisonné par une poignée de militaires, lesquels étaient dans les frontières au moment du feu et du sang, ils guettaient l’indépendance pour accaparer tout un pays et en faire une propriété privée. Cependant, tout a une fin, et le vent de la liberté et de la démocratie soufflera inévitablement.
,,
Plusieurs décennies après les fameux évènements du 8 mai 1945, cette date symbolique reste dans la mémoire avec des séquelles indélébiles et des aspirations encore lointaines.
Le début du mois de mai 1945 avait marqué l’Histoire de l’Algérie colonisée. Les Algériens avaient payé de leur sang les conséquences de cette halte ténébreuse. Les Kabyles avaient, aussi, une importante part d’un « tribu » chèrement payé. En effet, des carnages ont eu lieu en Kabylie orientale, à savoir Sétif, Guelma et Kherrata (Bgayet ). C’est la réponse répressive de la France à des manifestations pacifistes.
Pour fêter la fin de la deuxième guerre mondiale, marquant la victoire des Alliés sur les forces de l’Axe, des défilés ont été organisés un peu partout en Algérie. Les Algériens croyaient que la France allait leur « donné » leur indépendance, car eux aussi ont versé leur sang pour libérer le pays des Gaulois. Les partis nationalistes algériens, profitant de l’audience particulière donnée à cette journée, ont décidé de rappeler leurs revendications patriotiques ainsi que les promesses de liberté faites par les Français avant la mobilisation de milliers d’indigènes pour vaincre les Allemands. Durant les manifestations à Sétif, un policier a tiré sur un jeune tenant le drapeau algérien et l’a tué, d’innombrables assassinats ont suivi.
Le nombre des victimes autochtones reste sujet à débat ; les autorités françaises de l’époque fixèrent le nombre de tués à 1 165. Un rapport des services secrets américains à Alger en 1945 notait 17 000 morts et 20 000 blessés, quant au gouvernement algérien, il avance le nombre de 45 000 morts. Toutefois, ce qui est à retenir c’est les massacres collectifs orchestrés par la « France des lumières ». C’est abominable de tuer des civils innocents, lesquels ont juste osé manifester dans la rue. Après ces tueries, le mouvement national algérien s’est persuadé que seule une lutte armée pouvait libérer le pays. En somme, ces évènements ont été les déclencheurs de la guerre de libération nationale (1954/4962), une guerre qui coûtera la vie à des centaines de milliers d’Algériens et de Français.
Des témoins encore vivants racontent le grand regroupement de Melbou, 40 km à l’est de Bgayet (Béjaia ). D. Djoudi, qui est aujourd’hui résident à Champigny en France, raconte : « Ma famille et moi étions contraints sous menace de mort de quitter notre village, Aggemun, pour rejoindre le regroupement, prison à ciel ouvert, de Melbou. Ce jour du 08 mais 1945, à 11h la plaine de Melbou (environ 9 km2) était déjà remplie par des centaines de milliers de familles kabyles ramenées de tous les environs. Regroupés dans cette espace hautement surveillé par des militaires munis de mitrailleuses et postés sur les collines avoisinantes, nous ne comprenions pas l’acharnement de la France sur un peuple qui ne demandait que sa liberté. À notre libération, sur le chemin du retour vers notre village nous constatâmes, sur l’ancienne route de cap à Aokas, plein de cadavres jetés à la mer par-dessus le muret. Certains corps, retenus par les arbustes et les branchages, étaient encore vivants. Le gémissement de mes frères agonisants et pour jamais gravé dans ma mémoire. »
Rappelons que les pittoresques gorges de Kherrata sur la RN9 sont connues pour les massacres perpétrés par la France en 1945 : Des chargements de camions remplis de cadavres de kabyles morts et vivants furent déchargés dans des ravins de plus de 300 m de profondeur.
Le 8 mai 1945 est un grand virage dans l’histoire de l’Algérie, dans l’histoire de la Kabylie. A ce jour beaucoup reste à décrypter à étudier. L’Algérie officielle fête cette journée chaque année, tout en marginalisant des acteurs importants de cette date historiques, les Kabyles. Si le colonialisme français et ses crimes contre l’humanité sont à condamner, la trahison du pouvoir despotique d’Alger des valeurs de notre noble révolution est plus condamnable. Beaucoup d’Algériennes et d’Algériens se sont sacrifiés pour que le pays soit libre. Hélas, malgré l’indépendance du pays d’Abane Remdane, L’Algérie est encore emprisonné par une poignée de militaires, lesquels étaient dans les frontières au moment du feu et du sang, ils guettaient l’indépendance pour accaparer tout un pays et en faire une propriété privée. Cependant, tout a une fin, et le vent de la liberté et de la démocratie soufflera inévitablement.
djamel ikni- Nombre de messages : 2666
Date d'inscription : 12/06/2010
Re: Le 8 mai 1945 en Kabylie : Des massacres encore lancinants, des rêves inachevés ( Kader Dahdah, Sabrina Cherif)
un trés bon article.merci
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Sujets similaires
» Le 8 mai 1945 en Kabylie : Des massacres encore lancinants, des rêves inachevés
» Contribution pour la Convention nationale Kabyle,L’autonomie de la Kabylie est le salut de toute l’Afrique du Nord(Kader Dahdah )
» Commémoration des événements du 08 mai 1945: La Kabylie se souvient
» Massacres du 8 Mai 1945 , y compris Aokas
» Saadi et Tabou, des voies suicidaires (par Kader Dahdah )
» Contribution pour la Convention nationale Kabyle,L’autonomie de la Kabylie est le salut de toute l’Afrique du Nord(Kader Dahdah )
» Commémoration des événements du 08 mai 1945: La Kabylie se souvient
» Massacres du 8 Mai 1945 , y compris Aokas
» Saadi et Tabou, des voies suicidaires (par Kader Dahdah )
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum