Alger, une capitale étrangère en Algérie par Kamel Daoud
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Alger, une capitale étrangère en Algérie par Kamel Daoud
Alger, une capitale étrangère en Algérie par Kamel Daoud
Alger contre l'Algérie. Pas la capitale, pas les gens, mais l'Alger du Pouvoir qui a le Pouvoir. La ville, située sur le dos des Algériens, avec une baie sur la mer de France et le dos qui nous tourne le dos est déjà traitée comme un territoire privé, interdit à la circulation des étrangers, fermé à l'usage de tous et où les Algériens sont interdits de se rassembler, marcher, protester, discuter en groupe de plus de trois personnes. D'ailleurs, dans ce pays qui se sépare de notre pays, des Algériens sont sommés de montrer leurs papiers, peuvent être jetés à l'Oued-sans-Seine comme cela est arrivé avec la dernière marche des étudiants. On peut aussi vous y refouler à cause du teint, de la peau, du matricule ou de la région d'origine.
Tour à tour, et selon la corporation qui veut aller s'y rassembler ou chercher s'il y existe vraiment un Président, on refoule les médecins, les étudiants, les Kabyles, les démocrates ou les gardes communaux. Un jour, un ministre de l'Intérieur va nous y annoncer sa volonté de nettoyer les parages au karcher. D'ailleurs, même les Algérois sont sommés ou conditionnés à traiter les «marcheurs» algériens comme une menace, un désordre, un chaos comme s'il s'agissait d'une marche «d'arabes» en Champs-Elysées. Lors des cycles du CNCD, l'ENTV a montré des riverains «dérangés», des commerçants qui demandent aux grévistes d'aller ailleurs et des jeunes de la Houma expliquer qu'ils n'aiment pas les noirs et les arabes ou presque. Où va Alger ? Personne n'a écrit le livre sur la rime de «Où va l'Algérie ?».
Pour le moment, c'est une ville où les places publiques vont être toutes grillagées pour cause de «travaux» et de réfection de carrelage. Belle ruse pour y fermer l'espace public au peuple public. C'est le premier pas avant des murs de la honte et le retour vers les anciennes architectures des villes ottomanes ou anciennes: portes des Kabyles au sud, porte des gardes communaux à l'ouest de la ville, portes des médecins, etc. Comment cela va finir ? Comme à chaque fois dans notre longue histoire de lutte du pays profond contre la capitale qui devient étrangère: le refoulement vers la mer ou vers le vide. Révolte et reconquête. A la fin, nous sommes émouvants nous les Algériens: nous ne finissons pas de reconquérir et de perdre cette ville. De l'aimer et de la haïr. De vouloir y aller et de la rater en retombant de l'autre côté de la Méditerranée. La seule chance que nous y avons, c'est que les puits de pétrole ne s'y trouvent pas. Sans cela, elle aurait déjà eu un autre drapeau.
«Jetez-les à l'oued !» aurait dit un policier contre les étudiants grévistes cette semaine après de violentes courses-poursuites. Abyssale reproduction de l'histoire des Algériens en Algérie et en France. Papon est inconnu en Algérie pour les générations immédiates et pourtant sont mot est là au bout des matraques. On chasse le colon pour mieux le remplacer. Heureusement que Oued El Harrach est à sec et qu'on ne peut rien y cacher et qu'il ne peut rien emporter.
Alger contre l'Algérie. Pas la capitale, pas les gens, mais l'Alger du Pouvoir qui a le Pouvoir. La ville, située sur le dos des Algériens, avec une baie sur la mer de France et le dos qui nous tourne le dos est déjà traitée comme un territoire privé, interdit à la circulation des étrangers, fermé à l'usage de tous et où les Algériens sont interdits de se rassembler, marcher, protester, discuter en groupe de plus de trois personnes. D'ailleurs, dans ce pays qui se sépare de notre pays, des Algériens sont sommés de montrer leurs papiers, peuvent être jetés à l'Oued-sans-Seine comme cela est arrivé avec la dernière marche des étudiants. On peut aussi vous y refouler à cause du teint, de la peau, du matricule ou de la région d'origine.
Tour à tour, et selon la corporation qui veut aller s'y rassembler ou chercher s'il y existe vraiment un Président, on refoule les médecins, les étudiants, les Kabyles, les démocrates ou les gardes communaux. Un jour, un ministre de l'Intérieur va nous y annoncer sa volonté de nettoyer les parages au karcher. D'ailleurs, même les Algérois sont sommés ou conditionnés à traiter les «marcheurs» algériens comme une menace, un désordre, un chaos comme s'il s'agissait d'une marche «d'arabes» en Champs-Elysées. Lors des cycles du CNCD, l'ENTV a montré des riverains «dérangés», des commerçants qui demandent aux grévistes d'aller ailleurs et des jeunes de la Houma expliquer qu'ils n'aiment pas les noirs et les arabes ou presque. Où va Alger ? Personne n'a écrit le livre sur la rime de «Où va l'Algérie ?».
Pour le moment, c'est une ville où les places publiques vont être toutes grillagées pour cause de «travaux» et de réfection de carrelage. Belle ruse pour y fermer l'espace public au peuple public. C'est le premier pas avant des murs de la honte et le retour vers les anciennes architectures des villes ottomanes ou anciennes: portes des Kabyles au sud, porte des gardes communaux à l'ouest de la ville, portes des médecins, etc. Comment cela va finir ? Comme à chaque fois dans notre longue histoire de lutte du pays profond contre la capitale qui devient étrangère: le refoulement vers la mer ou vers le vide. Révolte et reconquête. A la fin, nous sommes émouvants nous les Algériens: nous ne finissons pas de reconquérir et de perdre cette ville. De l'aimer et de la haïr. De vouloir y aller et de la rater en retombant de l'autre côté de la Méditerranée. La seule chance que nous y avons, c'est que les puits de pétrole ne s'y trouvent pas. Sans cela, elle aurait déjà eu un autre drapeau.
«Jetez-les à l'oued !» aurait dit un policier contre les étudiants grévistes cette semaine après de violentes courses-poursuites. Abyssale reproduction de l'histoire des Algériens en Algérie et en France. Papon est inconnu en Algérie pour les générations immédiates et pourtant sont mot est là au bout des matraques. On chasse le colon pour mieux le remplacer. Heureusement que Oued El Harrach est à sec et qu'on ne peut rien y cacher et qu'il ne peut rien emporter.
Zhafit- Admin
- Nombre de messages : 13508
Date d'inscription : 26/04/2008
Re: Alger, une capitale étrangère en Algérie par Kamel Daoud
il est l'un des meilleurs chroniqueurs algériens de tout les temps ,je ne rate jamais ses chroniques ,sur le quotidien d'oran .
il est vrai que le niveau est un peu élevé ,mais c'est aux gens d'en bas(intellectuellement) de suivre les gens den haut dans le domaine .
il est vrai que le niveau est un peu élevé ,mais c'est aux gens d'en bas(intellectuellement) de suivre les gens den haut dans le domaine .
Re: Alger, une capitale étrangère en Algérie par Kamel Daoud
il est le meilleur
aokasaokas- Nombre de messages : 109
Date d'inscription : 23/12/2010
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