Castro accuse l'occident de boucherie contre les savants iraniens
2 participants
Page 1 sur 1
Castro accuse l'occident de boucherie contre les savants iraniens
Castro accuse l'Occident de boucherie contre les scientifiques iraniens 08/01/2011
Le dirigeant cubain Fidel Castro a accusé les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et « Israël » d'organiser une boucherie contre les scientifiques iraniens, afin de freiner le programme nucléaire de Téhéran et de torpiller les négociations internationales sur le sujet .
"Que dirait Einstein?", écrit l'ancien président cubain, âgé de 84 ans, dans une tribune publiée vendredi par la presse locale .
Il y cite notamment un article de la revue américaine The Atlantic, évoquant les efforts des services secrets des trois pays et "d'autres puissances occidentales" pour freiner le programme nucléaire de Téhéran, qui comprennent parfois "la disparition coordonnée" de scientifiques iraniens.
Il y reprend aussi les arguments de Téhéran qui accuse les services secrets américains et israéliens d'être derrière deux attentats à la voiture piégée ayant tué Majid Shahriari et blessé Fereydoon Abbasi Davani, deux physiciens participant au programme nucléaire iranien, le 29 novembre.
Il y a un an, un autre scientifique nucléaire iranien, Masoud Ali Mohammadi, avait été tué dans un attentat que Téhéran avait attribué à "des mercenaires" agissant pour le compte d' « Israël » et des Etats-Unis.
"Il existe d'autres graves événements liés à la boucherie de scientifiques, organisés par « Israël », les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et d'autres puissances contre les scientifiques iraniens, qui ne sont pas relayés à l'opinion mondiale par les grands médias", affirme Fidel Castro.
Il cite notamment un article du journal dominical britannique The Sunday Telegraph, pointant du doigt le rôle du Mossad israélien dans la mort des scientifiques.
"Je ne me souviens pas d'une autre époque de l'histoire au cours de laquelle l'assassinat de scientifiques soit devenu la politique officielle d'un groupe de puissances dotées d'armes nucléaires", poursuit-il.
Il reprend aussi la thèse de Téhéran selon laquelle ces actions contre les scientifiques iraniens s'inscrivent dans la politique de pressions des grandes puissances avant la reprise des négociations avec Téhéran sur son programme, prévue le 20 janvier à Istanbul.
http://www.almanar.com.lb
Le dirigeant cubain Fidel Castro a accusé les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et « Israël » d'organiser une boucherie contre les scientifiques iraniens, afin de freiner le programme nucléaire de Téhéran et de torpiller les négociations internationales sur le sujet .
"Que dirait Einstein?", écrit l'ancien président cubain, âgé de 84 ans, dans une tribune publiée vendredi par la presse locale .
Il y cite notamment un article de la revue américaine The Atlantic, évoquant les efforts des services secrets des trois pays et "d'autres puissances occidentales" pour freiner le programme nucléaire de Téhéran, qui comprennent parfois "la disparition coordonnée" de scientifiques iraniens.
Il y reprend aussi les arguments de Téhéran qui accuse les services secrets américains et israéliens d'être derrière deux attentats à la voiture piégée ayant tué Majid Shahriari et blessé Fereydoon Abbasi Davani, deux physiciens participant au programme nucléaire iranien, le 29 novembre.
Il y a un an, un autre scientifique nucléaire iranien, Masoud Ali Mohammadi, avait été tué dans un attentat que Téhéran avait attribué à "des mercenaires" agissant pour le compte d' « Israël » et des Etats-Unis.
"Il existe d'autres graves événements liés à la boucherie de scientifiques, organisés par « Israël », les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et d'autres puissances contre les scientifiques iraniens, qui ne sont pas relayés à l'opinion mondiale par les grands médias", affirme Fidel Castro.
Il cite notamment un article du journal dominical britannique The Sunday Telegraph, pointant du doigt le rôle du Mossad israélien dans la mort des scientifiques.
"Je ne me souviens pas d'une autre époque de l'histoire au cours de laquelle l'assassinat de scientifiques soit devenu la politique officielle d'un groupe de puissances dotées d'armes nucléaires", poursuit-il.
Il reprend aussi la thèse de Téhéran selon laquelle ces actions contre les scientifiques iraniens s'inscrivent dans la politique de pressions des grandes puissances avant la reprise des négociations avec Téhéran sur son programme, prévue le 20 janvier à Istanbul.
http://www.almanar.com.lb
l.hakik- Nombre de messages : 74
Date d'inscription : 31/12/2010
castro est mort
Fidel Castro : un géant du XXe siècle
Fidel Castro et Ernesto Che Guevara. Photo Cubadebate/AfP/Archives-Roberto Salas
Fidel Castro et Ernesto Che Guevara. Photo Cubadebate/AfP/Archives-Roberto Salas
Un récit de José Fort. Rarement un révolutionnaire, un homme d’Etat aura provoqué autant de réactions aussi passionnées que Fidel Castro. Certains l’ont adoré avant de le brûler sur la place publique, d’autres ont d’abord pris leurs distances avant de se rapprocher de ce personnage hors du commun. Fidel Castro n’a pas de pareil.
Il était « Fidel » ou le « Comandante » pour les Cubains et les latino-américains, pas le « leader maximo », une formule ânonnée par les adeptes européo-étatsuniens du raccourci facile. Quoi qu’ils en disent, Fidel Castro restera un géant du XXe siècle.
Le jeune Fidel, fils d’un aisé propriétaire terrien, né il y a 90 ans à Biran dans la province de Holguin, n’affiche pas au départ le profil d’un futur révolutionnaire. Premières études chez les Jésuites, puis à l’université de La Havane d’où il sort diplômé en droit en 1950. Il milite dans des associations d’étudiants, tape dur lors des affrontements musclés avec la police dans les rues de la capitale, puis se présente aux élections parlementaires sous la casaque du Parti orthodoxe, une formation se voulant « incorruptible » et dont le chef, Chivas, se suicida en direct à la radio. Un compagnon de toujours de Fidel, Alfredo Guevara, fils d’immigrés andalous et légendaire inspirateur du cinéma cubain, dira de lui : « Ou c’est un nouveau José Marti (le héros de l’indépendance), ou ce sera le pire des gangsters ».
Le coup d’Etat du général Fulgencio Batista renverse le gouvernement de Carlos Prio Socarras et annule les élections. Voici le jeune Castro organisant l’attaque armée de la caserne Moncada, le 26 juillet 1953. Un échec. Quatre-vingts combattants sont tués. Arrêté et condamné à 15 ans de prison, Fidel rédige « l’Histoire m’acquittera », un plaidoyer expliquant son action et se projetant sur l’avenir de son pays. Libéré en 1955, il s’exile avec son frère Raul au Mexique d’où il organise la résistance à Batista. Son groupe porte le nom « Mouvement du 26 juillet ». Plusieurs opposants à la dictature rejoignent Fidel. Parmi eux, un jeune médecin argentin, Ernesto Rafael Guevara de la Serna. Son père me dira plus tard : « Au début, mon fils le Che était plus marxiste que Fidel ».
Fidel communiste ? Fidel agent du KGB ? Fidel Castro à cette époque se définit comme un adversaire acharné de la dictature, un adepte de la philosophie chère à Thomas Jefferson, principal auteur de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis, et adhère au projet de Lincoln de coopération entre le capital et le travail. Raul et plusieurs de ses compagnons sont nettement plus marqués à gauche.
Le 2 décembre 1956, Fidel monte une expédition avec 82 autres exilés. Venant du Mexique à bord d’un bateau de plaisance, le « Granma », ils débarquent après une traversée mouvementée dans la Province Orientale (sud-est de Cuba). La troupe de Batista les y attend. Seuls 12 combattants (parmi lesquels Ernesto Che Guevara, Raul Castro, Camilo Cienfuegos et Fidel) survivent aux combats et se réfugient dans la Sierra Maestra. Commence alors une lutte de guérilla avec le soutien de la population. Fidel Castro apparaît au grand jour dans les journaux nord-américains et européens, accorde des interviews, pose pour les photographes, parle sur les radios. A Washington, on ne s’en émeut guère lassés des frasques d’un Batista peu présentable. Après l’entrée de Fidel dans La Havane, le 9 janvier 1959, on observe avec intérêt ce « petit bourgeois qui viendra à la soupe comme tout le monde », ricane-t-on au département d’Etat. Même le vice-président Nixon mandaté pour le recevoir afin de vérifier s’il est communiste soufflera à Eisenhower : « C’est un grand naïf, nous en ferons notre affaire ». Tant que Fidel ne s’attaque pas à leurs intérêts économiques, les dirigeants étasuniens ne s’alarment pas. Lorsque la révolution commence à exproprier des industries nord-américaines, la United Fruit par exemple, la donne change brutalement.
Le premier attentat dans le port de La Havane, le 4 mars 1960, sonne le prélude à une longue liste d’actes terroristes : le cargo battant pavillon tricolore, La Coubre, qui avait chargé des munitions à Hambourg, Brème et Anvers explose dans le port de La Havane faisant plus de cent morts, dont six marins français. Ulcéré, le général de Gaulle donne l’ordre d’accélérer la livraison des locomotives commandées du temps de Batista. Elles font l’objet d’étranges tentatives de sabotage. Les dockers CGT du port du Havre surveilleront le matériel jusqu’au départ des navires.
Une opération de grande envergure se préparait du côté de Miami : le débarquement de la Baie des Cochons. En avril 1961, au lendemain de l’annonce par Fidel de l’orientation socialiste de la révolution, le gouvernement des Etats-Unis missionne la CIA pour encadrer 1400 exilés cubains et mercenaires latino-américains en espérant, en vain, un soulèvement populaire. Fidel en personne dirige la contre-attaque. La tentative d’invasion se solde par un fiasco. Les Etats-Unis signent là leur déclaration de guerre à la révolution cubaine. Pendant des dizaines d’années, ils utiliseront toute la panoplie terroriste pour tenter d’assassiner Fidel, jusqu’à la combinaison de plongée sous-marine enduite de poison, faciliteront le débarquement de groupes armés, financeront et manipuleront les opposants, détruiront des usines, introduiront la peste porcine et des virus s’attaquant au tabac et à la canne à sucre. Ils organiseront l’asphyxie économique de l’île en décrétant un embargo toujours en vigueur. « El Caballo » (le cheval) comme l’appelaient parfois les gens du peuple, ce que Fidel n’appréciait pas, aura survécu à Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon, Reagan, Ford et assisté aux départs à la retraite de Carter, Bush père et Clinton. Il dira de Bush fils « celui là, il finira très mal. »
Tant d’années d’agressions, tant d’années de dénigrement et de coups tordus, tant d’années de résistance d’un petit pays de douze millions d’habitants face à la première puissance économique et militaire mondiale. Qui fait mieux ? Lorsqu’on évoque le manque de libertés à Cuba, ne faudrait-il pas d’abord se poser la question : un pays harcelé, étranglé, en guerre permanente, constitue-t-il le meilleur terreau pour favoriser l’épanouissement de la démocratie telle que nous la concevons en occident et que, à l’instar de George Bush, certains souhaiteraient calquer mécaniquement en d’autres endroits du monde, particulièrement dans le Tiers monde? Lorsque dans les salons douillets parisiens, on juge, tranche, condamne, sait-on au juste de quoi on parle ?
La crise des fusées ? Lorsque l’URSS dirigée par Nikita Khrouchtchev décide en 1962 d’installer à Cuba des missiles afin, officiellement, de dissuader les Etats-Unis d’agresser l’île, la « patrie du socialisme » répond à une demande de Raul Castro mandaté par Fidel. La direction soviétique fournit déjà à Cuba le pétrole que lui refuse son proche voisin. Elle met deux fers au feu : dissuader les Etats-Unis d’agresser Cuba, afficher un clair avertissement à Washington sur l’air de « nous sommes désormais à proximité de vos côtes ». La tension atteint un point tel qu’un grave conflit mondial est évité de justesse. Les missiles soviétiques retirés, Fidel regrettera que le représentant de l’URSS à l’ONU n’ait pas reconnu la réalité des faits. « Il fallait dire la vérité », disait-il. Il fut bien obligé de se plier à la décision finale de Moscou même si dans les rues de La Havane des manifestants scandaient à l’adresse de Khrouchtchev : « Nikita, ce qui se donne ne se reprend pas. »
Entre Moscou et La Havane, au-delà des rituels, les relations ont toujours été conflictuelles. Pas seulement, pure anecdote, parce que des « responsables » soviétiques ignorants faisaient livrer des chasse-neige à la place des tracteurs attendus. Les Soviétiques voyaient d’un mauvais œil le rôle croissant de Fidel dans le mouvement des non alignés, l’implication cubaine aux côtés des mouvements révolutionnaires latino-américains puis l’aide à l’Afrique. Ils ne supportaient pas la farouche volonté d’indépendance et de souveraineté de La Havane et ont été impliqués dans plusieurs tentatives dites « fractionnelles » reposant sur des prétendus « communiste purs et durs », en fait marionnettes de Moscou, pour tenter de déstabiliser Fidel. Une fois l’URSS disparue, les nouveaux dirigeants russes ont pratiqué avec le même cynisme abandonnant l’île, coupant du jour au lendemain les livraisons de pétrole et déchirant les contrats commerciaux. Quel autre pays aurait pu supporter la perte en quelques semaines de 85% de son commerce extérieur et de 80% de ses capacités d’achat ? L’Espagne, ancienne puissance coloniale, a laissé à Cuba un héritage culturel, les Etats-Unis son influence historique et ses détonants goûts culinaires comme le mélange de fromage et de confiture. Mais la Russie ? Rien, même pas le nom d’un plat ou d’un cocktail.
L’exportation de la révolution ? Fidel n’a jamais utilisé le mot « exportation ». Ernesto Che Guevara, non plus. Ils préféraient évoquer la « solidarité » avec ceux qui se levaient contre les régimes dictatoriaux, créatures des gouvernements nord-américains. Doit-on reprocher ou remercier Fidel d’avoir accueilli les réfugiés fuyant les dictatures du Chili et d’Argentine, de Haïti et de Bolivie, d’avoir ouvert les écoles, les centres de santé aux enfants des parias de toute l’Amérique latine et, plus tard, aux enfants contaminés de Tchernobyl ? Doit-on lui reprocher ou le remercier d’avoir soutenu les insurrections armées au Nicaragua, au Salvador et d’avoir sauvé, face à l’indifférence des dirigeants soviétiques, l’Angola fraîchement indépendante encerclée par les mercenaires blancs sud-africains fuyant, effrayés, la puissance de feu et le courage des soldats cubains, noirs pour la plupart ? Dans la mémoire de millions d’hommes et de femmes d’Amérique latine et du Tiers monde, Fidel et le Che sont et resteront des héros des temps modernes.
Les libertés ? Fidel, un tyran sanguinaire ? Il y eut d’abord l’expulsion des curés espagnols qui priaient le dimanche à la gloire de Franco. Complice de Batista, l’église catholique cubaine était et demeure la plus faible d’Amérique latine alors que la « santeria », survivance des croyances, des divinités des esclaves africains sur lesquels est venue se greffer la religion catholique, rassemble un grand nombre de noirs cubains. Les relations avec l’Eglise catholique furent complexes durant ces longues années jusqu’au séjour de Jean Paul II en 1998 annoncée trop rapidement comme l’extrême onction de la révolution. Ce n’est pas à Cuba que des évêques et des prêtres ont été assassinés, mais au Brésil, en Argentine, au Salvador, au Guatemala et au Mexique.
Il y eut la fuite de la grande bourgeoisie, des officiers, des policiers qui formèrent, dès la première heure, l’ossature de la contre révolution encadrée et financée par la CIA. Il y eut ensuite les départs d’hommes et de femmes ne supportant pas les restrictions matérielles. Il y eut l’insupportable marginalisation des homosexuels. Il y eut les milliers de balseros qui croyaient pouvoir trouver à Miami la terre de toutes les illusions. Il y eut la froide exécution du général Ochoa étrangement tombé dans le trafic de drogue. Il y eut aussi ceux qui refusaient la pensée unique, la censure édictée par la Révolution comme « un acte de guerre en période de guerre », les contrôles irritants, la surveillance policière. Qu’il est dur de vivre le rationnement et les excès dits « révolutionnaires ». Excès? Je l’ai vécu, lorsque correspondant de « l’Humanité » à La Havane, l’écrivain Lisandro Otero, alors chef de la section chargée de la presse internationale au Ministère des Affaires étrangères, monta une cabale de pur jus stalinien pour tenter de me faire expulser du pays.
Ceux qui osent émettre une version différente d’un « goulag tropical » seraient soit des « agents à la solde de La Havane », soit victimes de cécité. Que la révolution ait commis des erreurs, des stupidités, des crimes parfois n’est pas contestable. Mais comment, dans une situation de tension extrême, écarter les dérives autoritaires?
A Cuba, la torture n’a jamais été utilisée, comme le reconnaît Amnesty international. On tranchait les mains des poètes à Santiago du Chili, pas à la Havane. Les prisonniers étaient largués en mer depuis des hélicoptères en Argentine, pas à Cuba. Il n’y a jamais eu des dizaines de milliers de détenus politiques dans l’île mais un nombre trop important qui ont dû subir pour certains des violences inadmissibles. Mais n’est-ce pas curieux que tous les prisonniers sortant des geôles cubaines aient été libérés dans une bonne condition physique ?
Voici un pays du Tiers monde où l’espérance de vie s’élève à 75 ans, où tous les enfants sont scolarisés et soignés gratuitement. Un petit pays par la taille capable de produire des universitaires de talent, des médecins et des chercheurs parmi les meilleurs au monde, des sportifs raflant les médailles d’or, des artistes, des créateurs. Où, dans cette région du monde, peut-on présenter un tel bilan ?
Fidel aura tout vécu. La prison, la guérilla, l’enthousiasme révolutionnaire du début, la défense contre les agressions, l’aide internationaliste, l’abandon de l’URSS, une situation économique catastrophique lors de la « période spéciale », les effets de la mondialisation favorisant l’explosion du système D. Il aura (difficilement) accepté l’adaptation économique avec un tourisme de masse entraînant la dollarisation des esprits parmi la population au contact direct des visages pâles à la recherche de soleil, de mojito, de filles où de garçons. Comment ne pas comprendre les jeunes cubains, alléchés par l’écu ou le dollar, et regardant avec envie les visiteurs aisés venus de l’étranger ? Il aura, enfin, très mal supporté le retour de la prostitution même si dans n’importe quelle bourgade latino-américaine on trouve plus de prostituées que dans la 5 eme avenue de La Havane. Alors, demain quoi ?
Fidel mort, la révolution va-t-elle s’éteindre ? Il ne se passera pas à Cuba ce qui s’est produit en Europe de l’Est car la soif d’indépendance et de souveraineté n’est pas tarie. Les adversaires de la révolution cubaine ne devraient pas prendre leurs désirs pour la réalité. Il y a dans cette île des millions d’hommes et de femmes – y compris de l’opposition – prêts à prendre les armes et à en découdre pour défendre la patrie. Fidel avait prévenu en déclarant : « Nous ne commettrons pas l’erreur de ne pas armer le peuple. » Le souvenir de la colonisation, malgré le fil du temps, reste dans tous les esprits, les progrès sociaux enregistrés, au-delà des difficultés de la vie quotidienne, constituent désormais des acquis. Il y a plus. La révolution a accouché d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes refusant le retour au passé, des cadres « moyens » de trente à quarante ans très performants en province, des jeunes dirigeants nationaux aux talents confirmés. Une nouvelle époque va s’ouvrir et elle disposera d’atouts que Fidel n’avait pas. L’Amérique latine, ancienne arrière cour des Etats-Unis, choisit des chemins progressistes de développement, l’intégration régionale est en marche, le prestige de la révolution cubaine demeure intacte auprès des peuples latino-américains. Cuba, enfin, peut respirer.
Il n’y aura pas de rupture à Cuba. Il y aura évolution. Obligatoire. Pour qu’elle puisse s’effectuer dans les meilleures conditions, il faudra que les vieux commandants de la Révolution rangent leurs treillis vert olive, prennent leur retraite et passent la main. Les atlantes du futur, de plus en plus métissés, sont prêts. Ne sont-ils pas les enfants de Fidel ?
José Fort
José Fort est un internationaliste
Fidel Castro et Ernesto Che Guevara. Photo Cubadebate/AfP/Archives-Roberto Salas
Fidel Castro et Ernesto Che Guevara. Photo Cubadebate/AfP/Archives-Roberto Salas
Un récit de José Fort. Rarement un révolutionnaire, un homme d’Etat aura provoqué autant de réactions aussi passionnées que Fidel Castro. Certains l’ont adoré avant de le brûler sur la place publique, d’autres ont d’abord pris leurs distances avant de se rapprocher de ce personnage hors du commun. Fidel Castro n’a pas de pareil.
Il était « Fidel » ou le « Comandante » pour les Cubains et les latino-américains, pas le « leader maximo », une formule ânonnée par les adeptes européo-étatsuniens du raccourci facile. Quoi qu’ils en disent, Fidel Castro restera un géant du XXe siècle.
Le jeune Fidel, fils d’un aisé propriétaire terrien, né il y a 90 ans à Biran dans la province de Holguin, n’affiche pas au départ le profil d’un futur révolutionnaire. Premières études chez les Jésuites, puis à l’université de La Havane d’où il sort diplômé en droit en 1950. Il milite dans des associations d’étudiants, tape dur lors des affrontements musclés avec la police dans les rues de la capitale, puis se présente aux élections parlementaires sous la casaque du Parti orthodoxe, une formation se voulant « incorruptible » et dont le chef, Chivas, se suicida en direct à la radio. Un compagnon de toujours de Fidel, Alfredo Guevara, fils d’immigrés andalous et légendaire inspirateur du cinéma cubain, dira de lui : « Ou c’est un nouveau José Marti (le héros de l’indépendance), ou ce sera le pire des gangsters ».
Le coup d’Etat du général Fulgencio Batista renverse le gouvernement de Carlos Prio Socarras et annule les élections. Voici le jeune Castro organisant l’attaque armée de la caserne Moncada, le 26 juillet 1953. Un échec. Quatre-vingts combattants sont tués. Arrêté et condamné à 15 ans de prison, Fidel rédige « l’Histoire m’acquittera », un plaidoyer expliquant son action et se projetant sur l’avenir de son pays. Libéré en 1955, il s’exile avec son frère Raul au Mexique d’où il organise la résistance à Batista. Son groupe porte le nom « Mouvement du 26 juillet ». Plusieurs opposants à la dictature rejoignent Fidel. Parmi eux, un jeune médecin argentin, Ernesto Rafael Guevara de la Serna. Son père me dira plus tard : « Au début, mon fils le Che était plus marxiste que Fidel ».
Fidel communiste ? Fidel agent du KGB ? Fidel Castro à cette époque se définit comme un adversaire acharné de la dictature, un adepte de la philosophie chère à Thomas Jefferson, principal auteur de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis, et adhère au projet de Lincoln de coopération entre le capital et le travail. Raul et plusieurs de ses compagnons sont nettement plus marqués à gauche.
Le 2 décembre 1956, Fidel monte une expédition avec 82 autres exilés. Venant du Mexique à bord d’un bateau de plaisance, le « Granma », ils débarquent après une traversée mouvementée dans la Province Orientale (sud-est de Cuba). La troupe de Batista les y attend. Seuls 12 combattants (parmi lesquels Ernesto Che Guevara, Raul Castro, Camilo Cienfuegos et Fidel) survivent aux combats et se réfugient dans la Sierra Maestra. Commence alors une lutte de guérilla avec le soutien de la population. Fidel Castro apparaît au grand jour dans les journaux nord-américains et européens, accorde des interviews, pose pour les photographes, parle sur les radios. A Washington, on ne s’en émeut guère lassés des frasques d’un Batista peu présentable. Après l’entrée de Fidel dans La Havane, le 9 janvier 1959, on observe avec intérêt ce « petit bourgeois qui viendra à la soupe comme tout le monde », ricane-t-on au département d’Etat. Même le vice-président Nixon mandaté pour le recevoir afin de vérifier s’il est communiste soufflera à Eisenhower : « C’est un grand naïf, nous en ferons notre affaire ». Tant que Fidel ne s’attaque pas à leurs intérêts économiques, les dirigeants étasuniens ne s’alarment pas. Lorsque la révolution commence à exproprier des industries nord-américaines, la United Fruit par exemple, la donne change brutalement.
Le premier attentat dans le port de La Havane, le 4 mars 1960, sonne le prélude à une longue liste d’actes terroristes : le cargo battant pavillon tricolore, La Coubre, qui avait chargé des munitions à Hambourg, Brème et Anvers explose dans le port de La Havane faisant plus de cent morts, dont six marins français. Ulcéré, le général de Gaulle donne l’ordre d’accélérer la livraison des locomotives commandées du temps de Batista. Elles font l’objet d’étranges tentatives de sabotage. Les dockers CGT du port du Havre surveilleront le matériel jusqu’au départ des navires.
Une opération de grande envergure se préparait du côté de Miami : le débarquement de la Baie des Cochons. En avril 1961, au lendemain de l’annonce par Fidel de l’orientation socialiste de la révolution, le gouvernement des Etats-Unis missionne la CIA pour encadrer 1400 exilés cubains et mercenaires latino-américains en espérant, en vain, un soulèvement populaire. Fidel en personne dirige la contre-attaque. La tentative d’invasion se solde par un fiasco. Les Etats-Unis signent là leur déclaration de guerre à la révolution cubaine. Pendant des dizaines d’années, ils utiliseront toute la panoplie terroriste pour tenter d’assassiner Fidel, jusqu’à la combinaison de plongée sous-marine enduite de poison, faciliteront le débarquement de groupes armés, financeront et manipuleront les opposants, détruiront des usines, introduiront la peste porcine et des virus s’attaquant au tabac et à la canne à sucre. Ils organiseront l’asphyxie économique de l’île en décrétant un embargo toujours en vigueur. « El Caballo » (le cheval) comme l’appelaient parfois les gens du peuple, ce que Fidel n’appréciait pas, aura survécu à Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon, Reagan, Ford et assisté aux départs à la retraite de Carter, Bush père et Clinton. Il dira de Bush fils « celui là, il finira très mal. »
Tant d’années d’agressions, tant d’années de dénigrement et de coups tordus, tant d’années de résistance d’un petit pays de douze millions d’habitants face à la première puissance économique et militaire mondiale. Qui fait mieux ? Lorsqu’on évoque le manque de libertés à Cuba, ne faudrait-il pas d’abord se poser la question : un pays harcelé, étranglé, en guerre permanente, constitue-t-il le meilleur terreau pour favoriser l’épanouissement de la démocratie telle que nous la concevons en occident et que, à l’instar de George Bush, certains souhaiteraient calquer mécaniquement en d’autres endroits du monde, particulièrement dans le Tiers monde? Lorsque dans les salons douillets parisiens, on juge, tranche, condamne, sait-on au juste de quoi on parle ?
La crise des fusées ? Lorsque l’URSS dirigée par Nikita Khrouchtchev décide en 1962 d’installer à Cuba des missiles afin, officiellement, de dissuader les Etats-Unis d’agresser l’île, la « patrie du socialisme » répond à une demande de Raul Castro mandaté par Fidel. La direction soviétique fournit déjà à Cuba le pétrole que lui refuse son proche voisin. Elle met deux fers au feu : dissuader les Etats-Unis d’agresser Cuba, afficher un clair avertissement à Washington sur l’air de « nous sommes désormais à proximité de vos côtes ». La tension atteint un point tel qu’un grave conflit mondial est évité de justesse. Les missiles soviétiques retirés, Fidel regrettera que le représentant de l’URSS à l’ONU n’ait pas reconnu la réalité des faits. « Il fallait dire la vérité », disait-il. Il fut bien obligé de se plier à la décision finale de Moscou même si dans les rues de La Havane des manifestants scandaient à l’adresse de Khrouchtchev : « Nikita, ce qui se donne ne se reprend pas. »
Entre Moscou et La Havane, au-delà des rituels, les relations ont toujours été conflictuelles. Pas seulement, pure anecdote, parce que des « responsables » soviétiques ignorants faisaient livrer des chasse-neige à la place des tracteurs attendus. Les Soviétiques voyaient d’un mauvais œil le rôle croissant de Fidel dans le mouvement des non alignés, l’implication cubaine aux côtés des mouvements révolutionnaires latino-américains puis l’aide à l’Afrique. Ils ne supportaient pas la farouche volonté d’indépendance et de souveraineté de La Havane et ont été impliqués dans plusieurs tentatives dites « fractionnelles » reposant sur des prétendus « communiste purs et durs », en fait marionnettes de Moscou, pour tenter de déstabiliser Fidel. Une fois l’URSS disparue, les nouveaux dirigeants russes ont pratiqué avec le même cynisme abandonnant l’île, coupant du jour au lendemain les livraisons de pétrole et déchirant les contrats commerciaux. Quel autre pays aurait pu supporter la perte en quelques semaines de 85% de son commerce extérieur et de 80% de ses capacités d’achat ? L’Espagne, ancienne puissance coloniale, a laissé à Cuba un héritage culturel, les Etats-Unis son influence historique et ses détonants goûts culinaires comme le mélange de fromage et de confiture. Mais la Russie ? Rien, même pas le nom d’un plat ou d’un cocktail.
L’exportation de la révolution ? Fidel n’a jamais utilisé le mot « exportation ». Ernesto Che Guevara, non plus. Ils préféraient évoquer la « solidarité » avec ceux qui se levaient contre les régimes dictatoriaux, créatures des gouvernements nord-américains. Doit-on reprocher ou remercier Fidel d’avoir accueilli les réfugiés fuyant les dictatures du Chili et d’Argentine, de Haïti et de Bolivie, d’avoir ouvert les écoles, les centres de santé aux enfants des parias de toute l’Amérique latine et, plus tard, aux enfants contaminés de Tchernobyl ? Doit-on lui reprocher ou le remercier d’avoir soutenu les insurrections armées au Nicaragua, au Salvador et d’avoir sauvé, face à l’indifférence des dirigeants soviétiques, l’Angola fraîchement indépendante encerclée par les mercenaires blancs sud-africains fuyant, effrayés, la puissance de feu et le courage des soldats cubains, noirs pour la plupart ? Dans la mémoire de millions d’hommes et de femmes d’Amérique latine et du Tiers monde, Fidel et le Che sont et resteront des héros des temps modernes.
Les libertés ? Fidel, un tyran sanguinaire ? Il y eut d’abord l’expulsion des curés espagnols qui priaient le dimanche à la gloire de Franco. Complice de Batista, l’église catholique cubaine était et demeure la plus faible d’Amérique latine alors que la « santeria », survivance des croyances, des divinités des esclaves africains sur lesquels est venue se greffer la religion catholique, rassemble un grand nombre de noirs cubains. Les relations avec l’Eglise catholique furent complexes durant ces longues années jusqu’au séjour de Jean Paul II en 1998 annoncée trop rapidement comme l’extrême onction de la révolution. Ce n’est pas à Cuba que des évêques et des prêtres ont été assassinés, mais au Brésil, en Argentine, au Salvador, au Guatemala et au Mexique.
Il y eut la fuite de la grande bourgeoisie, des officiers, des policiers qui formèrent, dès la première heure, l’ossature de la contre révolution encadrée et financée par la CIA. Il y eut ensuite les départs d’hommes et de femmes ne supportant pas les restrictions matérielles. Il y eut l’insupportable marginalisation des homosexuels. Il y eut les milliers de balseros qui croyaient pouvoir trouver à Miami la terre de toutes les illusions. Il y eut la froide exécution du général Ochoa étrangement tombé dans le trafic de drogue. Il y eut aussi ceux qui refusaient la pensée unique, la censure édictée par la Révolution comme « un acte de guerre en période de guerre », les contrôles irritants, la surveillance policière. Qu’il est dur de vivre le rationnement et les excès dits « révolutionnaires ». Excès? Je l’ai vécu, lorsque correspondant de « l’Humanité » à La Havane, l’écrivain Lisandro Otero, alors chef de la section chargée de la presse internationale au Ministère des Affaires étrangères, monta une cabale de pur jus stalinien pour tenter de me faire expulser du pays.
Ceux qui osent émettre une version différente d’un « goulag tropical » seraient soit des « agents à la solde de La Havane », soit victimes de cécité. Que la révolution ait commis des erreurs, des stupidités, des crimes parfois n’est pas contestable. Mais comment, dans une situation de tension extrême, écarter les dérives autoritaires?
A Cuba, la torture n’a jamais été utilisée, comme le reconnaît Amnesty international. On tranchait les mains des poètes à Santiago du Chili, pas à la Havane. Les prisonniers étaient largués en mer depuis des hélicoptères en Argentine, pas à Cuba. Il n’y a jamais eu des dizaines de milliers de détenus politiques dans l’île mais un nombre trop important qui ont dû subir pour certains des violences inadmissibles. Mais n’est-ce pas curieux que tous les prisonniers sortant des geôles cubaines aient été libérés dans une bonne condition physique ?
Voici un pays du Tiers monde où l’espérance de vie s’élève à 75 ans, où tous les enfants sont scolarisés et soignés gratuitement. Un petit pays par la taille capable de produire des universitaires de talent, des médecins et des chercheurs parmi les meilleurs au monde, des sportifs raflant les médailles d’or, des artistes, des créateurs. Où, dans cette région du monde, peut-on présenter un tel bilan ?
Fidel aura tout vécu. La prison, la guérilla, l’enthousiasme révolutionnaire du début, la défense contre les agressions, l’aide internationaliste, l’abandon de l’URSS, une situation économique catastrophique lors de la « période spéciale », les effets de la mondialisation favorisant l’explosion du système D. Il aura (difficilement) accepté l’adaptation économique avec un tourisme de masse entraînant la dollarisation des esprits parmi la population au contact direct des visages pâles à la recherche de soleil, de mojito, de filles où de garçons. Comment ne pas comprendre les jeunes cubains, alléchés par l’écu ou le dollar, et regardant avec envie les visiteurs aisés venus de l’étranger ? Il aura, enfin, très mal supporté le retour de la prostitution même si dans n’importe quelle bourgade latino-américaine on trouve plus de prostituées que dans la 5 eme avenue de La Havane. Alors, demain quoi ?
Fidel mort, la révolution va-t-elle s’éteindre ? Il ne se passera pas à Cuba ce qui s’est produit en Europe de l’Est car la soif d’indépendance et de souveraineté n’est pas tarie. Les adversaires de la révolution cubaine ne devraient pas prendre leurs désirs pour la réalité. Il y a dans cette île des millions d’hommes et de femmes – y compris de l’opposition – prêts à prendre les armes et à en découdre pour défendre la patrie. Fidel avait prévenu en déclarant : « Nous ne commettrons pas l’erreur de ne pas armer le peuple. » Le souvenir de la colonisation, malgré le fil du temps, reste dans tous les esprits, les progrès sociaux enregistrés, au-delà des difficultés de la vie quotidienne, constituent désormais des acquis. Il y a plus. La révolution a accouché d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes refusant le retour au passé, des cadres « moyens » de trente à quarante ans très performants en province, des jeunes dirigeants nationaux aux talents confirmés. Une nouvelle époque va s’ouvrir et elle disposera d’atouts que Fidel n’avait pas. L’Amérique latine, ancienne arrière cour des Etats-Unis, choisit des chemins progressistes de développement, l’intégration régionale est en marche, le prestige de la révolution cubaine demeure intacte auprès des peuples latino-américains. Cuba, enfin, peut respirer.
Il n’y aura pas de rupture à Cuba. Il y aura évolution. Obligatoire. Pour qu’elle puisse s’effectuer dans les meilleures conditions, il faudra que les vieux commandants de la Révolution rangent leurs treillis vert olive, prennent leur retraite et passent la main. Les atlantes du futur, de plus en plus métissés, sont prêts. Ne sont-ils pas les enfants de Fidel ?
José Fort
José Fort est un internationaliste
Re: Castro accuse l'occident de boucherie contre les savants iraniens
Les intellectuels français et la révolution castriste : de l'amour à la haine
Texte par Ségolène ALLEMANDOU
Fidel Castro suscite aujourd'hui des réactions hostiles dans le monde des intellectuels français. C'est sans oublier la fascination que le dirigeant cubain et la révolution ont suscité dans les années 1960 à Paris.
Quelle position adopter face à l'annonce du décès de Fidel Castro ? En France, il y a ceux qui saluent le héros de la révolution cubaine : "Fidel ! Fidel ! Mais qu'est-ce qui s'est passé avec Fidel ? Demain était une promesse. Fidel ! Fidel ! L'épée de Bolivar marche dans le ciel", a tweeté samedi 26 novembre Jean-Luc Mélenchon. Quand d'autres n'ont pas hésité à dénoncer les dérives dictatoriales du dirigeant cubain : "Une pensée à toutes les victimes du dictateur communiste", a réagi le maire d'extrême droite de Béziers Robert Ménard. De son côté, le député du Gard Gilbert Collard, proche de Marine Le Pen, a évoqué "un assassin de moins".
Ces réactions vives et opposées reflètent la relation passionnelle que la France a entretenu avec le dirigeant cubain. Et notamment par le passé la gauche française. "Le monde intellectuel français s'est épris de Cuba dans les années 1960", commente Christophe Ventura, chercheur à l'Irir (Institut de relations internationales et stratégiques), spécialiste de l'Amérique latine.
Jean-Paul Sartre à La Havane
Quand, le 1er janvier 1959, Castro proclame le "début de la Révolution", il n'a pas encore évoqué son caractère marxiste. Marquée à gauche, elle représente un espoir formidable pour certains intellectuels, après la débâcle stalinienne. Les premières réformes, en faveur de l'éducation, de la santé et de la culture trouvent un écho auprès de Français qui rêvent alors d'une nouvelle société.
À l'époque, la révolution attire de nombreux artistes et intellectuels français, qui se pressent à La Havane. En pleine Guerre froide, l'acteur Gérard Philipe est l'un des premiers à serrer la main de Fidel Castro, en 1959, quelques mois après son installation à la tête du pays, au terme de deux ans de guérilla contre le régime de Fulgencio Batista. L'année suivante, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir s'affichent également dans les rues de La Havane. En 1963, la réalisatrice Agnès Varda se rend elle aussi sur place et réalise un documentaire, "Salut les Cubains".
"L'île représente alors le laboratoire d'un idéal pour les autres pays d'Amérique latine, mais aussi pour les intellectuels parisiens", poursuit Christophe Ventura. Et Fidel Castro incarne cette utopie. Pendant deux décennies, d'autres personnalités défilent à Cuba : le cofondateur de Médecins sans frontières Bernard Kouchner, le journaliste Claude Julien, les écrivains Michel Leiris, Marguerite Duras, Jorge Semprun ou l'éditeur François Maspero.
Même François Mitterrand, après sa défaite à l'élection présidentielle de 1974, vient reprendre des forces à Cuba. "À l'origine, ce n'était pas un amoureux du castrisme, il était plutôt prudent mais il a fini par voir en Fidel Castro un alter-ego", commente Chirstophe Ventura.
Sympathie des souverainistes
La révolution castriste a aussi fasciné une partie de la droite française pour ses positions antiaméricaines. Le général de Gaulle, Dominique de Villepin ou Nicolas Dupont-Aignan avaient un respect pour Castro le souverainiste. "Cuba et la France se sont toujours retrouvées sur les positions antisouverainistes", précise le chercheur.
Pourtant à l'époque, le régime castriste a déjà planté les limites de la liberté d'expression. Mais il faut attendre 1971 et l'arrestation du poète cubain Heberto Padilla pour mettre fin au mythe. Sartre écrit son indignation dans le journal Le Monde dans une lettre également signée par une soixantaine d'intellectuels. Fidel Castro a riposté en les qualifiant "d'agents de la CIA" et en leur interdisant "indéfiniment" d'entrer à Cuba. Pour une certaine partie des intellectuels, c'est la fin d'un mythe.
Texte par Ségolène ALLEMANDOU
Fidel Castro suscite aujourd'hui des réactions hostiles dans le monde des intellectuels français. C'est sans oublier la fascination que le dirigeant cubain et la révolution ont suscité dans les années 1960 à Paris.
Quelle position adopter face à l'annonce du décès de Fidel Castro ? En France, il y a ceux qui saluent le héros de la révolution cubaine : "Fidel ! Fidel ! Mais qu'est-ce qui s'est passé avec Fidel ? Demain était une promesse. Fidel ! Fidel ! L'épée de Bolivar marche dans le ciel", a tweeté samedi 26 novembre Jean-Luc Mélenchon. Quand d'autres n'ont pas hésité à dénoncer les dérives dictatoriales du dirigeant cubain : "Une pensée à toutes les victimes du dictateur communiste", a réagi le maire d'extrême droite de Béziers Robert Ménard. De son côté, le député du Gard Gilbert Collard, proche de Marine Le Pen, a évoqué "un assassin de moins".
Ces réactions vives et opposées reflètent la relation passionnelle que la France a entretenu avec le dirigeant cubain. Et notamment par le passé la gauche française. "Le monde intellectuel français s'est épris de Cuba dans les années 1960", commente Christophe Ventura, chercheur à l'Irir (Institut de relations internationales et stratégiques), spécialiste de l'Amérique latine.
Jean-Paul Sartre à La Havane
Quand, le 1er janvier 1959, Castro proclame le "début de la Révolution", il n'a pas encore évoqué son caractère marxiste. Marquée à gauche, elle représente un espoir formidable pour certains intellectuels, après la débâcle stalinienne. Les premières réformes, en faveur de l'éducation, de la santé et de la culture trouvent un écho auprès de Français qui rêvent alors d'une nouvelle société.
À l'époque, la révolution attire de nombreux artistes et intellectuels français, qui se pressent à La Havane. En pleine Guerre froide, l'acteur Gérard Philipe est l'un des premiers à serrer la main de Fidel Castro, en 1959, quelques mois après son installation à la tête du pays, au terme de deux ans de guérilla contre le régime de Fulgencio Batista. L'année suivante, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir s'affichent également dans les rues de La Havane. En 1963, la réalisatrice Agnès Varda se rend elle aussi sur place et réalise un documentaire, "Salut les Cubains".
"L'île représente alors le laboratoire d'un idéal pour les autres pays d'Amérique latine, mais aussi pour les intellectuels parisiens", poursuit Christophe Ventura. Et Fidel Castro incarne cette utopie. Pendant deux décennies, d'autres personnalités défilent à Cuba : le cofondateur de Médecins sans frontières Bernard Kouchner, le journaliste Claude Julien, les écrivains Michel Leiris, Marguerite Duras, Jorge Semprun ou l'éditeur François Maspero.
Même François Mitterrand, après sa défaite à l'élection présidentielle de 1974, vient reprendre des forces à Cuba. "À l'origine, ce n'était pas un amoureux du castrisme, il était plutôt prudent mais il a fini par voir en Fidel Castro un alter-ego", commente Chirstophe Ventura.
Sympathie des souverainistes
La révolution castriste a aussi fasciné une partie de la droite française pour ses positions antiaméricaines. Le général de Gaulle, Dominique de Villepin ou Nicolas Dupont-Aignan avaient un respect pour Castro le souverainiste. "Cuba et la France se sont toujours retrouvées sur les positions antisouverainistes", précise le chercheur.
Pourtant à l'époque, le régime castriste a déjà planté les limites de la liberté d'expression. Mais il faut attendre 1971 et l'arrestation du poète cubain Heberto Padilla pour mettre fin au mythe. Sartre écrit son indignation dans le journal Le Monde dans une lettre également signée par une soixantaine d'intellectuels. Fidel Castro a riposté en les qualifiant "d'agents de la CIA" et en leur interdisant "indéfiniment" d'entrer à Cuba. Pour une certaine partie des intellectuels, c'est la fin d'un mythe.
Re: Castro accuse l'occident de boucherie contre les savants iraniens
Décès de Fidel Castro: une "grande perte" pour le peuple algérien (Bouteflika)
Décès de Fidel Castro: une pour le peuple algérien (Bouteflika) Photo-APS-Archives
ALGER - Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé samedi un message de condoléances au président du Conseil d'Etat et du Conseil des ministres cubain, Raul Castro Ruz, suite au décès du leader cubain, Fidel Castro, dans lequel il a affirmé que ce décès était une "grande perte" pour le peuple algérien.
"J'ai appris avec une immense tristesse le décès du leader historique de la Révolution cubain, Fidel Castro Ruz. Permettez-moi, en ce jour de deuil pour le peuple cubain et pour sa famille, de vous présenter, au nom du peuple et du gouvernement algériens ainsi qu'au mon nom personnel, nos plus sincères condoléances et vous assurer de notre compassion et de notre solidarité", écrit le chef de l'Etat dans son message.
"Avec sa disparition, je perds personnellement, un ami et un compagnon de plus d'un demi-siècle. C'est aussi une grande perte pour le peuple algérien qui entretient une relation particulière avec El Commandante, faite de respect, d'admiration et d'affection mutuels", ajoute-t-il.
"Une relation, poursuit le président de la République, qui trouve aussi sa singularité dans le partage de quelques pages de l'histoire de la glorieuse lutte de libération nationale et dans lesquelles El Lider Maximo avait joué un rôle de premier plan aux côtés du peuple algérien".
"Ce compagnonnage de lutte trouvera son prolongement après l'accession de l'Algérie à l'indépendance et se manifesta par une solidarité et un soutien à la reconstruction de notre pays ruiné par une guerre coloniale dévastatrice", a relevé le président Bouteflika.
Le président de la République souligne qu'"avec la disparition de Fidel Castro, se tourne une page de notre histoire contemporaine", rappelant que le défunt "a été au coeur de tous les événements qui ont façonné le 20e siècle et un témoin d'une perspicacité inégalée des évolutions de ce siècle et de ses tumultes".
"J'ai déjà dit que Fidel a la rare faculté de voyager dans le futur, de revenir et nous le raconter. Il aura mérité sans conteste de figurer au panthéon des rares hommes qui ont été à la fois précurseurs et acteurs des dynamiques qui ont dessiné la marche de notre monde", rappelle-t-il.
"Je salue en lui un authentique défenseur des valeurs de paix, de respect de la souveraineté nationale et de son combat intransigeant en faveur du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", a encore écrit le chef de l'Etat.
"Je rends également hommage à son parcours exemplaire de jeune avocat épris des nobles valeurs de justice, de l'exceptionnel chef révolutionnaire, de fondateur et clairvoyant dirigeant de sa nation et d'homme d'Etat éclairé", affirme le président Bouteflika.
Le président de la République a fait remarquer que le défunt "a su forcer l'admiration de tous, y compris de ses plus farouches adversaires, en restant fidèle aux valeurs et idéaux pour lesquels il a dédié toute sa vie".
Pour le chef de l'Etat, le regretté Fidel Castro "incarne pour ses nombreux admirateurs le combat qui a brisé le joug de l'asservissement et de la domination", ajoutant que "le Lider Maximo demeurera un repère exceptionnel et pour la postérité un exemple de générosité et de rectitude".
"En vous renouvelant, Excellence et cher ami, mes condoléances les plus attristées et en vous priant d'être mon interprète auprès de votre auguste famille et du peuple cubain ami, de mes sentiments de sympathie et de solidarité, je vous prie d'agréer l'expression de ma très haute et cordiale considération", conclut le président Bouteflika.
https://youtu.be/b-1PKseH7PI
Décès de Fidel Castro: une pour le peuple algérien (Bouteflika) Photo-APS-Archives
ALGER - Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé samedi un message de condoléances au président du Conseil d'Etat et du Conseil des ministres cubain, Raul Castro Ruz, suite au décès du leader cubain, Fidel Castro, dans lequel il a affirmé que ce décès était une "grande perte" pour le peuple algérien.
"J'ai appris avec une immense tristesse le décès du leader historique de la Révolution cubain, Fidel Castro Ruz. Permettez-moi, en ce jour de deuil pour le peuple cubain et pour sa famille, de vous présenter, au nom du peuple et du gouvernement algériens ainsi qu'au mon nom personnel, nos plus sincères condoléances et vous assurer de notre compassion et de notre solidarité", écrit le chef de l'Etat dans son message.
"Avec sa disparition, je perds personnellement, un ami et un compagnon de plus d'un demi-siècle. C'est aussi une grande perte pour le peuple algérien qui entretient une relation particulière avec El Commandante, faite de respect, d'admiration et d'affection mutuels", ajoute-t-il.
"Une relation, poursuit le président de la République, qui trouve aussi sa singularité dans le partage de quelques pages de l'histoire de la glorieuse lutte de libération nationale et dans lesquelles El Lider Maximo avait joué un rôle de premier plan aux côtés du peuple algérien".
"Ce compagnonnage de lutte trouvera son prolongement après l'accession de l'Algérie à l'indépendance et se manifesta par une solidarité et un soutien à la reconstruction de notre pays ruiné par une guerre coloniale dévastatrice", a relevé le président Bouteflika.
Le président de la République souligne qu'"avec la disparition de Fidel Castro, se tourne une page de notre histoire contemporaine", rappelant que le défunt "a été au coeur de tous les événements qui ont façonné le 20e siècle et un témoin d'une perspicacité inégalée des évolutions de ce siècle et de ses tumultes".
"J'ai déjà dit que Fidel a la rare faculté de voyager dans le futur, de revenir et nous le raconter. Il aura mérité sans conteste de figurer au panthéon des rares hommes qui ont été à la fois précurseurs et acteurs des dynamiques qui ont dessiné la marche de notre monde", rappelle-t-il.
"Je salue en lui un authentique défenseur des valeurs de paix, de respect de la souveraineté nationale et de son combat intransigeant en faveur du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", a encore écrit le chef de l'Etat.
"Je rends également hommage à son parcours exemplaire de jeune avocat épris des nobles valeurs de justice, de l'exceptionnel chef révolutionnaire, de fondateur et clairvoyant dirigeant de sa nation et d'homme d'Etat éclairé", affirme le président Bouteflika.
Le président de la République a fait remarquer que le défunt "a su forcer l'admiration de tous, y compris de ses plus farouches adversaires, en restant fidèle aux valeurs et idéaux pour lesquels il a dédié toute sa vie".
Pour le chef de l'Etat, le regretté Fidel Castro "incarne pour ses nombreux admirateurs le combat qui a brisé le joug de l'asservissement et de la domination", ajoutant que "le Lider Maximo demeurera un repère exceptionnel et pour la postérité un exemple de générosité et de rectitude".
"En vous renouvelant, Excellence et cher ami, mes condoléances les plus attristées et en vous priant d'être mon interprète auprès de votre auguste famille et du peuple cubain ami, de mes sentiments de sympathie et de solidarité, je vous prie d'agréer l'expression de ma très haute et cordiale considération", conclut le président Bouteflika.
https://youtu.be/b-1PKseH7PI
Re: Castro accuse l'occident de boucherie contre les savants iraniens
https://www.youtube.com/watch?v=W52ExQ0KEMw
Sujets similaires
» La campagne "contre le vin" durcit, Chemseddine accuse Benyounès de mener une "guerre contre Dieu"
» FFS : Ali Laskri accuse la presse et ses "ex" de complot contre son parti
» Le colonel Bencherif accuse le wali de Béjaïa J’accuse
» Cher Iraniens: Ayez le courage de dire non à l'Islam
» seule une dictature sauvera aokas
» FFS : Ali Laskri accuse la presse et ses "ex" de complot contre son parti
» Le colonel Bencherif accuse le wali de Béjaïa J’accuse
» Cher Iraniens: Ayez le courage de dire non à l'Islam
» seule une dictature sauvera aokas
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum