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Les sept plaies de l'Algérie

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Message  l.hakik Mer 5 Jan - 18:59

Les sept plaies de l'Algérie

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29/12/2010 à 17h:43 Par Cherif Ouazani, envoyé spécial

Particulièrement critique et incisif, le rapport annuel de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l’homme pointe des insuffisances, mais aussi des manquements graves. Revue de détail.

En rendant public, le 7 décembre, son rapport annuel sur l’état des droits de l’homme en Algérie, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH, une structure rattachée à la présidence de la République), a pris de court politiques et juristes. En anticipant de soixante-douze heures la Journée mondiale des droits de l’homme, qui a eu lieu le 10 décembre, il a réussi à faire de l’ombre aux autres organisations et à occuper seul la scène médiatique. En outre, son regard critique contraste avec les us et coutumes des institutions de la République. Ceux qui doutaient de la crédibilité de son instance en raison de sa proximité avec le pouvoir en sont pour leurs frais. Sérieuse et exhaustive, l’enquête de la CNCPPDH dresse un bilan sans concession : de graves atteintes aux droits de l’homme caractérisent l’Algérie de Bouteflika. Le rapport de 150 pages s’appuie sur un travail de terrain, des inspections dans les commissariats et brigades de gendarmerie, dans les maisons d’arrêt, les hôpitaux et centres de santé. Il cite des enquêtes d’universitaires ou de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN, police). Revue de détail des sept plaies de l’Algérie en matière de droits de l’homme.

1 - Les jeunes et la harga

En 2009, près d’un millier de candidats à l’émigration clandestine ont été interceptés, dont 90 % de moins de 30 ans et 13 % de jeunes femmes. En outre, 325 Algériens ayant réussi la traversée ont été refoulés d’Espagne, ce qui représente, selon le rapport, 65 % des clandestins arrêtés par Madrid. Ce qui hérisse les rapporteurs n’est pas le phénomène de la harga (l’émigration irrégulière), mais son traitement par les pouvoirs publics. « Il est inconcevable qu’un problème social ne reçoive pour seule réponse qu’une action répressive », s’insurge Farouk Ksentini, qui déplore « une pénalisation du désespoir ». Pour illustrer ces propos, le rapport cite une enquête du Centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement (Ceneap), un organisme scientifique spécialisé dans la recherche démographique. Selon cette enquête, plus de 60 % des jeunes scolarisés dénoncent le flou qui caractérise leur avenir, tandis que 73 % critiquent leur cadre de vie. Plus grave : 1 jeune sur 3 (33 %) rêve de s’installer à l’étranger, 58 % tournent le dos aux activités sportives et 90 % ne s’intéressent pas à la vie associative ni à aucun parti politique. La détresse sociale et les inquiétudes que suscite l’avenir doivent inciter, selon le rapport, à « décriminaliser l’acte de la harga » et à « se focaliser sur la consolidation des droits sociaux des citoyens ».

2 - Les violences faites aux femmes

Elles revêtent diverses formes et touchent toutes les catégories sociales. Physiques ou psychologiques, les violences faites aux femmes constituent un phénomène en nette recrudescence. Pour les dix premiers mois de l’année, la DGSN a enregistré plus de 7 500 plaintes de femmes ayant subi des violences, dont 5 486 pour coups et blessures.

Le rapport renvoie dos à dos les pouvoirs publics et la société, les premiers pour ne pas avoir pris la mesure du phénomène et légiféré en conséquence, la seconde pour ses pesanteurs qui empêchent les victimes de signaler la violence du père, du frère, du conjoint, voire du collègue de travail. « Outre toutes ces formes de violence, affirme Farouk Ksentini, il y en a une autre, plus pernicieuse, d’ordre juridique », en référence au code de la famille qui fait de la femme une éternelle mineure, voire une sous-citoyenne, en violation des dispositions constitutionnelles. Le rapport considère ce phénomène comme une atteinte fondamentale aux droits de l’homme et préconise un durcissement de la législation à l’encontre des auteurs d’agression ou de harcèlement. Sur le plan des droits politiques, le document suggère une révision de l’article 31 bis de la Constitution qui prévoit un quota de 30 % de femmes dans les assemblées élues et qui est jugé restrictif. « Pourquoi le réduire aux seules assemblées élues ? » s’interroge Me Ksentini.

l.hakik

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