Said Sadi : « Tous les ministres sont installés dans l’après-Bouteflika
3 participants
Page 1 sur 1
Said Sadi : « Tous les ministres sont installés dans l’après-Bouteflika
Said Sadi : « Tous les ministres sont installés dans l’après-Bouteflika »
Mardi, 06 Juillet 2010, 18:23 | DNA/Mediapart
Envoyer Imprimer
Maladie de Bouteflika, rapport entre le président et l’armée, corruption, condamnation par contumace de Hassan Hattab et « El Para », interdiction pour les universitaires de se rendre à l'étranger sans avoir communiqué le texte de leur intervention… Said Sadi, président du RCD, estime que le régime algérien est en « décomposition avancée ». Entretien
Nous reproduisons de larges extraits de l’entretien accordé par Sadi Sadi le 4 juillet 2010 à notre confrère Mediapart. Avec l’aimable autorisation de la rédaction de Mediapart.
Désorganisation au sommet de l’Etat
Il y a en effet une décomposition qui s'accélère, un certain nombre de signes l'attestent. Maintenant, il y a des frottements entre les clans du président et les services spéciaux, c'est sûr, ce qui se traduit par une paralysie générale des institutions dans un pays où les problèmes sociaux ne font que croître. Un exemple très simple: cela fait maintenant quatre mois que le directeur de la sûreté nationale a été tué dans son propre bureau. À ce jour, les différents clans n'ont pas réussi à se mettre d'accord pour un remplaçant. La sûreté nationale demeure donc sans chef, dans un pays où, mercredi encore, il y a eu onze gendarmes tués, à Tamanrasset.
Remaniement ministériel
On fait par exemple monter l'ancien ministre de l'intérieur au poste de vice-premier ministre, sans que l'on sache exactement quelles sont ses attributions... Normalement, on a d'abord besoin de quelqu'un pour mener une mission précise, et l'on voit qui y affecter. Là, c'est le contraire, on se pose la question de l'utilité de quelqu'un après l'avoir nommé. Au final, ça flotte.
Maladie de Bouteflika et gestion des affaires de l’Etat
Je suis médecin, je ne l'ai pas examiné et je ne dispose pas de son bulletin de santé. Mais c'est une évidence, il n'apparaît pas: depuis son retour de la réunion de Nice, il y a un mois, on ne l'a plus revu. Et c'est pareil depuis deux ans: on fait en sorte qu'il soit présentable deux ou trois jours, et puis il disparaît deux/trois semaines. C'est ce que j'ai pu constater, et ce n'est aujourd'hui un secret pour personne qu'il n'a pas la capacité de faire face à ses obligations de manière pérenne. Comme, dans le même temps, il ne délègue rien, les problèmes s'accumulent, les tensions sociales s'aggravent.
Ministres qui préparent l’après-Bouteflika
Je vais vous dire très clairement une chose: je suis député de l'opposition, les ministres évitent donc de parler devant moi publiquement. Quand je les croise dans un ascenseur cependant, ou à l'écart des réunions officielles, je constate que l'ensemble du gouvernement, y compris ceux qui savent bien qu'ils ne doivent leurs nominations qu'à Bouteflika, et il y en a beaucoup, tous les ministres sont installés dans l'après-Bouteflika, aussi bien du point de vue psychologique que politique. L'ensemble du personnel politique, FLN compris, ne veut plus aujourd'hui s'impliquer de façon trop engagée autour du projet de Bouteflika. C'est en partie ce qui paralyse l'Etat algérien.
Accord entre Bouteflika et les militaires
Mais, encore une fois, ce n'est pas tellement ça le problème, puisqu'il y a un accord parfait entre les militaires et le Président sur la nature du système politique algérien. Demain, Bouteflika partirait, un militaire viendrait le remplacer, on aurait droit à la même gestion de la rente pétrolière, la même opacité dans les affaires publiques, au même bourrage des urnes. Il y a une compétition clanique, mais il n'y a pas de divergence systémique
Circulaire ministérielle et liberté de la presse
Le ministère exige désormais de connaître la nature de la communication des universitaires algériens qui souhaitent se rendre à des colloques à l'étranger. C'est insupportable. D'autant que ce que l'on observe dans l'enseignement supérieur, vous pouvez le relever ailleurs, et notamment dans la presse, qui connaît de plus en plus de pression ces derniers mois, (..)et aussi des menaces directes de censure, notamment par le biais de la publicité, qui est un moyen de pression très efficace. Je parle de la presse, parce que vous savez bien que par ailleurs la radio et la télévision n'ont pas connu de libéralisation en Algérie. Ce sont des médias d'Etat.
Hassan Hattab et « El Para »
Cela illustre exactement la désorganisation du système. Tout le monde sait qu'«El Para», qui n'est quand même pas n'importe quel terroriste, est entre les mains des services de sécurité algériens, comme l'a confirmé le ministère de l'intérieur. Le pouvoir n'a pas aujourd'hui de vision claire sur la manière de lutter contre le terrorisme. Bouteflika voulait absoudre tout le monde, et puis l'on s'aperçoit aujourd'hui que les gens qui étaient censés être entrés dans le processus de réconciliation nationale sont livrés en pâture à la justice dans des conditions tout à fait ubuesques.
Le livre sur Amirouche
Si j'ai choisi de parler de cet homme-là, c'est que sa vie est exemplaire de l'histoire de l'Algérie, avant comme après l'indépendance. Avant 1962, il était de ceux qui estimaient que la guerre d'Algérie n'était pas un conflit de religion, de civilisation, mais une lutte pour un projet politique et social. En 1959, le colonel Amirouche de l'Armée de libération nationale se rendait à Tunis pour contrer la menace que faisait peser sur la nation algérienne l'armée des frontières, et dissoudre le MALG, l'ancêtre de la sécurité militaire qui sévit aujourd'hui. Il a été stoppé par une armée déployée par la général Massu. Et finalement, ce putsch contre les idées progressistes de la révolution algérienne, nous n'en sommes jamais vraiment sortis.
Retrouvez l’interview intégrale sur le site http://www.mediapart.fr
Note : les intertitres sont de la rédaction de DNA
source:
http://www.dna-algerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=226%3Asaid-sadi-l-tous-les-ministres-sont-installes-dans-lapres-bouteflika-&catid=42%3Ainterieure&Itemid=53
Mardi, 06 Juillet 2010, 18:23 | DNA/Mediapart
Envoyer Imprimer
Maladie de Bouteflika, rapport entre le président et l’armée, corruption, condamnation par contumace de Hassan Hattab et « El Para », interdiction pour les universitaires de se rendre à l'étranger sans avoir communiqué le texte de leur intervention… Said Sadi, président du RCD, estime que le régime algérien est en « décomposition avancée ». Entretien
Nous reproduisons de larges extraits de l’entretien accordé par Sadi Sadi le 4 juillet 2010 à notre confrère Mediapart. Avec l’aimable autorisation de la rédaction de Mediapart.
Désorganisation au sommet de l’Etat
Il y a en effet une décomposition qui s'accélère, un certain nombre de signes l'attestent. Maintenant, il y a des frottements entre les clans du président et les services spéciaux, c'est sûr, ce qui se traduit par une paralysie générale des institutions dans un pays où les problèmes sociaux ne font que croître. Un exemple très simple: cela fait maintenant quatre mois que le directeur de la sûreté nationale a été tué dans son propre bureau. À ce jour, les différents clans n'ont pas réussi à se mettre d'accord pour un remplaçant. La sûreté nationale demeure donc sans chef, dans un pays où, mercredi encore, il y a eu onze gendarmes tués, à Tamanrasset.
Remaniement ministériel
On fait par exemple monter l'ancien ministre de l'intérieur au poste de vice-premier ministre, sans que l'on sache exactement quelles sont ses attributions... Normalement, on a d'abord besoin de quelqu'un pour mener une mission précise, et l'on voit qui y affecter. Là, c'est le contraire, on se pose la question de l'utilité de quelqu'un après l'avoir nommé. Au final, ça flotte.
Maladie de Bouteflika et gestion des affaires de l’Etat
Je suis médecin, je ne l'ai pas examiné et je ne dispose pas de son bulletin de santé. Mais c'est une évidence, il n'apparaît pas: depuis son retour de la réunion de Nice, il y a un mois, on ne l'a plus revu. Et c'est pareil depuis deux ans: on fait en sorte qu'il soit présentable deux ou trois jours, et puis il disparaît deux/trois semaines. C'est ce que j'ai pu constater, et ce n'est aujourd'hui un secret pour personne qu'il n'a pas la capacité de faire face à ses obligations de manière pérenne. Comme, dans le même temps, il ne délègue rien, les problèmes s'accumulent, les tensions sociales s'aggravent.
Ministres qui préparent l’après-Bouteflika
Je vais vous dire très clairement une chose: je suis député de l'opposition, les ministres évitent donc de parler devant moi publiquement. Quand je les croise dans un ascenseur cependant, ou à l'écart des réunions officielles, je constate que l'ensemble du gouvernement, y compris ceux qui savent bien qu'ils ne doivent leurs nominations qu'à Bouteflika, et il y en a beaucoup, tous les ministres sont installés dans l'après-Bouteflika, aussi bien du point de vue psychologique que politique. L'ensemble du personnel politique, FLN compris, ne veut plus aujourd'hui s'impliquer de façon trop engagée autour du projet de Bouteflika. C'est en partie ce qui paralyse l'Etat algérien.
Accord entre Bouteflika et les militaires
Mais, encore une fois, ce n'est pas tellement ça le problème, puisqu'il y a un accord parfait entre les militaires et le Président sur la nature du système politique algérien. Demain, Bouteflika partirait, un militaire viendrait le remplacer, on aurait droit à la même gestion de la rente pétrolière, la même opacité dans les affaires publiques, au même bourrage des urnes. Il y a une compétition clanique, mais il n'y a pas de divergence systémique
Circulaire ministérielle et liberté de la presse
Le ministère exige désormais de connaître la nature de la communication des universitaires algériens qui souhaitent se rendre à des colloques à l'étranger. C'est insupportable. D'autant que ce que l'on observe dans l'enseignement supérieur, vous pouvez le relever ailleurs, et notamment dans la presse, qui connaît de plus en plus de pression ces derniers mois, (..)et aussi des menaces directes de censure, notamment par le biais de la publicité, qui est un moyen de pression très efficace. Je parle de la presse, parce que vous savez bien que par ailleurs la radio et la télévision n'ont pas connu de libéralisation en Algérie. Ce sont des médias d'Etat.
Hassan Hattab et « El Para »
Cela illustre exactement la désorganisation du système. Tout le monde sait qu'«El Para», qui n'est quand même pas n'importe quel terroriste, est entre les mains des services de sécurité algériens, comme l'a confirmé le ministère de l'intérieur. Le pouvoir n'a pas aujourd'hui de vision claire sur la manière de lutter contre le terrorisme. Bouteflika voulait absoudre tout le monde, et puis l'on s'aperçoit aujourd'hui que les gens qui étaient censés être entrés dans le processus de réconciliation nationale sont livrés en pâture à la justice dans des conditions tout à fait ubuesques.
Le livre sur Amirouche
Si j'ai choisi de parler de cet homme-là, c'est que sa vie est exemplaire de l'histoire de l'Algérie, avant comme après l'indépendance. Avant 1962, il était de ceux qui estimaient que la guerre d'Algérie n'était pas un conflit de religion, de civilisation, mais une lutte pour un projet politique et social. En 1959, le colonel Amirouche de l'Armée de libération nationale se rendait à Tunis pour contrer la menace que faisait peser sur la nation algérienne l'armée des frontières, et dissoudre le MALG, l'ancêtre de la sécurité militaire qui sévit aujourd'hui. Il a été stoppé par une armée déployée par la général Massu. Et finalement, ce putsch contre les idées progressistes de la révolution algérienne, nous n'en sommes jamais vraiment sortis.
Retrouvez l’interview intégrale sur le site http://www.mediapart.fr
Note : les intertitres sont de la rédaction de DNA
source:
http://www.dna-algerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=226%3Asaid-sadi-l-tous-les-ministres-sont-installes-dans-lapres-bouteflika-&catid=42%3Ainterieure&Itemid=53
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: Said Sadi : « Tous les ministres sont installés dans l’après-Bouteflika
est ce que il y a quelqu'un qui a déjà lu cet article d'une aussi grande importance
Aokas Ultras- Nombre de messages : 4045
Date d'inscription : 28/02/2009
Sujets similaires
» L’un des rares opposants crédibles à la dictature Bouteflika en Algérie, mon ami Saïd Sadi, se fait insulter dans la presse de son pays et parfois, aussi, dans la nôtre
» Tendres Pensées pour tous ceux qui sont dans ce cas
» 42 ans après la nationalisation des hydrocarbures:, les bonbonnes de gaz continuent à alimenter l’Algérie profonde alors que les foyers Européens sont tous alimentés par notre gaz
» LE MONDE DIPLOMATIQUE :CITATION :3ABDELAZIZ BOUTEFLIKA REMPLACE DIX MINISTRES
» Susini, l’OAS et la terre brûlée : «Rendre l’Algérie aux musulmans telle qu’elle était en 1830 quand les Français s’y sont installés. »
» Tendres Pensées pour tous ceux qui sont dans ce cas
» 42 ans après la nationalisation des hydrocarbures:, les bonbonnes de gaz continuent à alimenter l’Algérie profonde alors que les foyers Européens sont tous alimentés par notre gaz
» LE MONDE DIPLOMATIQUE :CITATION :3ABDELAZIZ BOUTEFLIKA REMPLACE DIX MINISTRES
» Susini, l’OAS et la terre brûlée : «Rendre l’Algérie aux musulmans telle qu’elle était en 1830 quand les Français s’y sont installés. »
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum