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L’identité kabyle en France

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L’identité kabyle en France Empty L’identité kabyle en France

Message  Zhafit Mar 22 Déc - 17:59

Azul
Une brillante contribution de M. Arezki Boussaid, président du MAK-France
.




L’identité kabyle en France



A l’heure où en France, on s’interroge sur l’identité nationale, notre regard se porte sur la nôtre en tant que Franco-Kabyles. L’identité kabyle, méprisée et menacée de disparition dans son propre pays, est ignorée dans le pays des droits de l’homme. Toutefois, ce qui était impensable en Algérie depuis le printemps berbère de 1980, le débat sur la question identitaire, y revient par ricochet comme une source souterraine jaillissant du sol, et ce, étrangement, à partir de l’actualité Française. Les relations passionnelles, souvent orageuses, entre les deux pays en sont sûrement la cause. Ayant grandi en France mais connaissant un peu l’Algérie, je voudrais apporter ma modeste contribution sur l’identité des Kabyles de France.



Tout le monde s’accorde à dire que l’identité, peu importe ce qui la compose (racines, adhésion à une société et ses valeurs, faciès…) est aujourd’hui vitale à l’épanouissement et à l’équilibre de tout être humain, de toute nation. Préserver son identité c’est s’assurer de léguer un héritage culturel, historique et civilisationnel aux générations futures. Détruire une identité, c’est détruire un peuple, c’est briser les fondements mêmes de l’humanité. La France qui a déjà une lourde responsabilité dans la destruction des identités des peuples devrait réviser ses axiomes et ses certitudes politiques concernant son environnement quotidien dont le peuple kabyle est, qu’elle le veuille ou non, partie intégrante.



La présence kabyle en France remonte à plus d’un siècle. L’intégration dont elle fait preuve chaque jour depuis la politique du regroupement familial est exemplaire à plus d’un titre. Pourtant, en dépit du fait que les kabyles continuent à donner naturellement à ce pays ce qu’ils ont de meilleur, ils ne sont toujours pas reconnus comme constituant une communauté distincte ayant sa propre identité. Ils sont officiellement rattachés à des communautés et des ensembles dans lesquels ils ne se reconnaissent pas, se sentent étrangers. L’identité kabyle est ainsi ignorée et déformée. Elle est dissoute tantôt dans la communauté « arabe », tantôt dans celle des « maghrébins » ou enfin, dans l’ensemble « musulman ». Le kabyle qu’il soit immigré ou franco-kabyle est renvoyé systématiquement à une identité qui n’est pas la sienne. En agissant de la sorte, en calquant son attitude sur celle de l’Algérie, la France reproduit des réflexes racistes envers les Kabyles et participe, de manière sûrement inconsciente, à une entreprise algérienne génocidaire.



Le constat est saisissant, malgré son ancienneté et son importance démographique de près de deux millions d’âmes, sa visibilité, tant son intégration dans la société française est exemplaire, demeure paradoxalement quasi-inexistante. Comment expliquer cet état de fait et donner enfin à la diaspora kabyle toute la reconnaissance qu’elle mérite ? Retournons vers le passé !



Lorsqu’on évoque le passé colonial de la France en Algérie, seuls deux évènements sont mis en avant. La prise d’Alger en 1830 et la guerre d’Algérie (1954-1962).

La manière violente dont s’est faite la conquête coloniale et la politique qui s’en était suivie sont rarement portées à la connaissance du grand public. Les manuels scolaires parlent très peu de cette période sombre qui a duré 132 ans. Elle se limite seulement à l’image d’Epinal de la résistance « arabe » de l’Emir Abdel Kader présenté comme le chef incontesté et l’unique défenseur du pays. Ce personnage que les Kabyles avaient éconduit dans sa quête de leadership, présente le gros avantage pour la symbolique coloniale d’un ennemi qui avait fini par se rendre et devenir « l’ami fidèle[1] » de la France. En valorisant l’image et le nom de celui qu’on aurait qualifié aujourd’hui de « repenti », voire de traître, la colonisation se donnait l’illusion d’une Algérie pacifiée. C’est entre autres, à cause de la non-allégeance des Kabyles à l’Emir que la France coloniale, puis la France tout court, ont fait que l’identité kabyle est occultée. Elle était le symbole flamboyant de la résistance la plus farouche à la colonisation. Elle était le témoin de cette partie de l’Algérie qui, en son temps, refusait obstinément d’être française, de perdre son identité.



Les cours d’histoire dispensés en France ne présentent jamais la Kabylie en tant qu’entité politique et territoriale indépendante au moment de la conquête coloniale. Ils taisent aussi le fait que celle-ci avait mis plus de 30 ans pour venir à bout du vaillant peuple kabyle, attaché à sa liberté et à sa terre ayant vu naître une héroïne telle Fadma n’Soumer lors du premier choc entre la France et la Kabylie en 1857, et des héros comme les chefs historiques de l’insurrection kabyle de 1871, Amokrane et Cheikh Aheddad. Pour avoir la paix, la France avait alors, après les massacres de villages entiers, contraint des milliers de Kabyles à quitter leur patrie vers les pays d’Orient, et leurs leaders déportés en Nouvelle Calédonie.



Il est même tabou de souligner une autre réalité historique monumentale : La création par la France coloniale d’un pays artificiel, nommé « Algérie », dans lequel plusieurs pays souverains sont engloutis, « intégrés » par la force des baïonnettes. C’est le cas, entre autres, de la Kabylie.

En effet, la date historique de 1871 voit la Kabylie perdre son indépendance face à l’immense machine de guerre coloniale. Les conséquences de la répression de 1871 sont sans précédent, l’élite sociopolitique kabyle, l’économie et les structures étatiques traditionnellement démocratiques de la Kabylie sont dévastées, entraînant avec elles non seulement l’exode et les déportations évoqués plus haut mais aussi l’arabisation des patronymes kabyles et l’émigration vers la France. On ne mesurera jamais assez les traumatismes et les bouleversements causés à notre peuple par cette perte de souveraineté dont nous payons jusqu’à aujourd’hui les conséquences.



Il serait très instructif et bénéfique pour la société française de connaître cette histoire commune partagée dans tous ses aspects avec la Kabylie. Ce ne sera pas là un simple devoir de mémoire, mais une manière de balayer les préjugés discriminants et les idées fausses, tous issus de la pensée coloniale qui étaient empreintes d’orientalisme décadent, datant du XVII siècle. Ce sera enfin la découverte par la France de la véritable identité de l’Afrique du Nord.



Il serait intéressant de s’interroger sur les raisons pour lesquelles un pan de l’histoire de l’empire colonial est ainsi mis sous scellés. Est-ce que le fait d’occulter les génocides, les destructions massives, les famines, les déportations de milliers de kabyles vers la Nouvelle Calédonie et la Guyane…relève d’une volonté délibérée de la France coloniale pour contraindre la Kabylie à perdre sa souveraineté ? Ou est-ce par arrogance et par mépris, une manière pernicieuse d’ignorer qu’il y avait un peuple kabyle indépendant qui n’était pas arabe ? La colonisation française est terminée depuis près de cinquante ans. Mais même remplacée par une autre colonisation, ce peuple est toujours là ! A-t-on peur que cette vérité serait si dérangeante qu’elle remettrait en cause les actuels équilibres géopolitiques régionaux dont la plupart des Etats tirent suffisamment d’avantages du fait du panarabisme et de la politique arabe de la France ?



La réponse à ces interrogations réside pour partie dans les rapports ambigus entre l’Algérie et la France. Elle se trouve aussi dans cette option stratégique française qui, depuis Napoléon III et son rêve de Royaume arabe, n’a occasionné que désillusions et déboires à l’Hexagone. En dépit du bon sens, celui-ci n’arrive toujours pas à en tirer toutes les conséquences. En vérité, depuis le XIXe Siècle, la France est arabophile. Elle l’est à ce point que sous la Ve République, elle est en voie d’arabisation. Pour s’en convaincre il suffit de rappeler que la France est la seule puissance à avoir une « politique arabe » proprement dite, alors que les autres grandes démocraties ont des politiques étrangères au Moyen Orient et en Afrique du Nord qui ne renvoient pas à un critère racial et réducteur. L’IMA (Institut du Monde Arabe) inauguré par le Président de la République François Mitterrand en novembre 1987 et qui n’a pas son pareil à travers le monde, en est la parfaite illustration. Cet institut, financé à hauteur de 80% par la France et le reste par 22 pays « arabes » dont l’Algérie, a pour mission la diffusion et le rayonnement de la culture arabe en France. L’école française propose et dispense aux enfants kabyles des cours d’arabe pour gommer leur véritable identité, relayant en France la politique d’arabisation que le peuple kabyle combat en Algérie depuis 1962.

Et comme cela ne suffisait pas, un responsable politique français, M. Jean François Coppé, vient de proposer à ce qu’un enseignement de l’arabe soit dispensé dans les collèges et lycées de France afin que les populations issues d’Afrique du Nord retrouvent ainsi leurs « racines ». Il semble que pour ce politicien, des ambitions électoralistes autorisent tous les égarements. Si par malheur, cette proposition venait à être mise en œuvre, elle participerait d’un génocide culturel visant au moins le peuple kabyle. Est ce aussi anodin si les mots français « nord africain » et « Afrique du Nord » sont systématiquement remplacés par le mots arabes maghrébin et Maghreb ? Comme s’il fallait à tout prix gommer plus de 9000 ans de présence amazigh en Afrique du Nord, pour mieux l’annexer à une hypothétique province arabe et en faire un Orient qui n’aurait de cohérence que dans les rêves ensablés d’orientalistes nostalgiques.



N’est ce pas là manifestement une forme de racisme inavoué à l’égard des kabyles et des peuples amazighs dont on s’entête à cacher aux Français l’existence plusieurs fois millénaire, à défaut de la supprimer ? La politique arabe de la France basée sur un critère racial, n’a jamais été en adéquation avec les réalités sociolinguistiques des pays de la rive sud de la méditerranée. Les peuples non arabes de cette partie du monde ne doivent pas choisir entre mourir physiquement ou mourir culturellement au profit de celles que des hommes politiques voudraient supérieures sur elles. Pourtant, la France qui porte haut ses idéaux de liberté, de tolérance, de laïcité est en train de se débattre contre l’avancée de l’anglais chez elle et dans les pays dits francophones. Préserver son identité ne se limite pas à la langue, mais aussi à ce qu’elle véhicule, notamment toutes ces valeurs que la France a su rendre universelles. Renoncer à son identité est un suicide, enterrer celle d’un peuple est un crime contre l’humanité. Ce nouveau siècle verra la renaissance des peuples niés à commencer par le peuple kabyle avec son futur Etat régional. La France, membre influent de la communauté européenne, pays des droits de l’homme et des Lumières, serait bien avisée de reconsidérer autant sa politique étrangère pour une meilleure considération du peuple kabyle, que sa politique intérieure où l’existence de la communauté kabyle française doit être enfin reconnue.



Arezki Boussaid

Président du MAK-France


Paris le 20 décembre 2009
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[1] « L’ami fidèle » était le titre donné même aux manuels scolaires du primaire destinés aux « indigènes » kabyles pendant la guerre d’indépendance et qui avaient servi jusqu’en 1965. Ce choix était à la fois un hommage à l’Emir Abdelkader et une insulte aux Kabyles ingrats qui étaient en rébellion pour l’indépendance de l’Algérie.
Zhafit
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Message  azemour Mar 1 Mar - 21:43

je cite" La réponse à ces interrogations réside pour partie dans les rapports ambigus entre l’Algérie et la France."

et dans cette ambiguité entretenue par des cercles proches des partisans de l'algérie française ,ou de la françalgérie ,il ya le mak qui rajoute de l'huile au feu ,pour ne jamaistrouver le bout du fil

yakhi kbail yakhi ,toujours des naifs ,qui travaillent et exellent dans la servitude dés qu'il s'agit de leur mére patrie ,la france ,qui est elle même tombé en 1789 dans le jiron sioniste .

la politique est réservée aux nobles ,quand aux anciens meddahines et autres chanteurs ,ils feront mieux d'aller chanter
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