Les stratégies du régime algérien pour soumettre la Kabylie
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Les stratégies du régime algérien pour soumettre la Kabylie
Les stratégies du régime algérien pour soumettre la Kabylie
Par : Djaafar Messaoudi
La Kabylie, une région particulièrement montagneuse, se situe à l’Est d’Alger et compte aujourd’hui environ 5 000 000 d’habitants, dont +99% sont kabylophones d’origine. Cette région, pourtant connue pour sa farouche résistance à l’armée coloniale française, n’a eu comme reconnaissance, après la soi-disant indépendance, que totale ingratitude aussi bien de la part des populations arabes et berbères acquises aux thèses islamo-panarabistes prônées par les Ulémas et les intellectuels arabisants algériens, que du régime illégitime qui s’est autoproclamé garant des constantes nationales qui excluent toute référence à l’amazighité / kabylité.
Bien entendu, ce traitement raciste et négationniste n’a pas laissé les Kabyles indifférents. En plus des pressions continues des mouvements kabyles, de véritables révoltes populaires ont maintes fois ébranlé le pouvoir central en Kabylie (1963, 1980, 2001). Entre-temps, le pouvoir algérien a mis au point une multitude de stratégies de défense et d’attaque qui visent à réformer la société kabyle, qui aspire à la liberté, dans le sens de l’emmener, à moyen terme, vers la déstructuration et la destruction, et, à long terme, vers sa reconstruction sur des bases qui assureront sa totale subordination.
Des stratégies élaborées par le régime algérien pour faire face au phénomène kabyle, deux se sont avérées vraiment dangereuses pour l’entité kabyle : l’arabisation et l’islamisation à outrance ou l’usage politique de l’islam.
Arabisation :
Les premières tentatives d’imposer la langue arabe en Kabylie datent déjà de la période coloniale. En 1948, un an après le début de la crise berbériste, les Ulémas algériens, sous la leadership du panarabiste Mohamed Al-Bachir Al-Ibrahimi, écrivaient dans leur journal Al-Bassaïr que « la langue arabe est une épouse libre et qui n’a pas de coépouse », rejetant ainsi clairement la langue berbère que les berbéristes (tous d’origine kabyle) introduisaient en scène comme un élément constituant de l’identité algérienne. Ensuite, à partir de 1949, Messali Lhadj et ses partisans, s’appuyant sur le soutien des Etats arabes d’orient, lancèrent leur « l’Algérie est un pays arabe. Elle doit se tourner vers les pays du Proche-Orient, devenir une composante de la nation arabe », excluant ainsi sans ambiguïté l’élément amazigh.
A l’indépendance, et après l’étouffement dans le sang de la révolte de 1963 qui a soulevé encore une fois la question identitaire, le régime algérien, envahi par une horde de baathistes stationnés aux frontières algéro-tunisiennes, mit au point un véritable programme de dépersonnalisation de la Kabylie. Ainsi, durant la période qui s’étale de 1963 à 1988, il était strictement interdit de parler en kabyle dans l’armée, l’administration et les tribunaux, forçant par conséquent les Kabyles à apprendre l’arabe et à l’utiliser même quand ils s’y adressaient aux membres de leur famille (voir ‘pièce à conviction’, de Arezki Aït Larbi). C’est également pendant cette période que l’Etat algérien a fait venir dans les écoles de la Kabylie les coopérants arabes (Egyptiens, Syriens, Irakiens, Palestiniens) pour contraindre nos écoliers à ne s’exprimer qu’en arabe en classe. Et pour renforcer la présence de la langue arabe en Kabylie, le régime de Boumediène avait lancé son programme de « mille villages socialistes », villages qu’il avait fait construire en pleine Kabylie et qu’il avait fait habiter par des nomades arabes (voir les villages ayant accompagnés les coopératives agricoles près de Imcheddalen, Bouira). Quant à l’administration, elle s’adonnait à volonté à la falsification des toponymes de la Kabylie en faveur de la langue arabe. Ainsi, en leur appliquant des structures de substantifs arabes, « Ilmaten » est devenu « El-Maten », « Imcheddalen », devenu « M’chedellah », « Tala-G’udi », devenu « Ain Zebda », « Iazzugen » devenu « Azazga » ; bref le visiteur se croirait dans n’importe qu’elle autre région arabophone de l’Algérie. Et quand à partir de 1980, sous l’influence des mouvements berbères, les Kabyles commençaient à réclamer l’utilisation officielle des prénoms amazighs, les autorités algériennes répondirent par la distribution dans les services de l’état civil d’un dictionnaire de prénoms arabes !
Après « l’ouverture » du paysage politique en 1989, la langue berbère, ses défenseurs et la Kabylie entière, commencèrent à subir une attaque généralisée de la part des gens ordinaires et des personnalités politiques et culturelles se ressourçant de l’islamo-baathisme prévalant au Moyen-Orient. Ainsi, pour dérouter les Kabyles accusés, en plus de berbérisme, de « hizb frança », en raison de leur utilisation de la langue française au détriment de l’arabe, une loi pour la généralisation de la langue arabe fut votée par les députés le 17 novembre 1990. Irrités par cette loi, les Kabyles durcirent le ton et réclamèrent la constitutionnalisation immédiate de tamazight. Manipulateur, et allant en même temps à contre sens de ce qui se faisait en Kabylie, l’ex-président de la république Chadli Bendjedid répondit à un journaliste de l’ENTV qu’il n’était pas contre tamazight, mais que celle-ci ne devrait être écrite qu’en caractères arabes. Cette opinion fut ensuite reprise par le chef du parti islamiste MSP, Abddullah Djabullah, qui déclara hypocritement que « nous ne sommes pas contre tamazight, mais il faut l’écrire en caractères arabes ».
Ces tentatives d’imposer à la langue berbère les caractères arabes, et en filigrane d’entraver le développement de la langue et de la culture berbères, ne se sont pas limitées aux simples déclarations orales via l’organe de la propagande gouvernementale, l’ENTV, mais elles les ont dépassées pour atteindre la publication d’articles de presse et de livres, qui font l’éloge de la langue arabe dans le but aussi de provoquer un complexe d’infériorité en les Kabyles qui réclament trop haut leurs droits linguistique et culturel. Rien qu’à la lecture des titres suivants, le lecteur se rendra sans doute compte de l’ampleur de l’acharnement des tenants de l’islamo-baathisme contre tamazight et ses seuls vrais défenseurs, les Kabyles : « Faire face au berbérisme en Algérie ; par Dr Mohamed Ali Fara, in Akhbar Al-Usbua N° 152, du 10.09.2004 », « Le mouvement berbère, un retour vers l’âge d’ignorance, par B. Khadidja, in Al-Massa, du 30.05.1990 », « La Kabylie n’est qu’une mythologie coloniale française, par Abdesselam Kadi, in El-Watan du 25.08.2004 », « Nous sommes des Arabes, les députés nous ont berbérisés, par Tayeb Yanoune, in El-Youm du 13.05.2002 », « L’arabité de l’Algérie à travers l’histoire, par Othmane Sadi », etc.
Et comme si cette littérature, encouragée d’ailleurs par l’Etat lui-même, ne suffisait pas pour effacer la spécificité kabyle, les adeptes du panarabisme se mirent à désigner à la vindicte publique les intellectuels et les artistes kabyles qu’on décrit comme séparatistes, athées, racistes, pro-sionistes, et bien d’autres qualificatifs qui avaient à maintes reprises forcé le fanatisme des fanatiques à se traduire sur le terrain par de véritables actes criminels. Ce fut ainsi que la Kabylie avait perdu en 1993 l’un de ses brillants écrivains et journalistes, Tahar Djaout, et en 1998 l’un de ses illustres chanteurs, Lounès Matoub.
Puis récemment, et plus exactement du 5 au 7 décembre 2006, à Sidi Fredj, l’Etat lança un Colloque international sur l’aménagement de tamazight, présidé par le Dr Abderezzak Dourari qui affichait presque ostensiblement sa préférence pour le système d’écriture arabe. Après cette énième tentative d’empêcher tamazight d’avancer, les Kabyles découvrirent encore avec étonnement que l’interface du site de la radio chaîne II (radio publique d’expression kabyle) avait été changée : les caractères arabes avaient pris la place des caractères latins qui servaient de système d’écriture pour taqbaylit.
2. Surislamisation et usage politique de l’islam :
Sachant que certaines lectures du Coran conseillent aux croyants d’obéir, autrement dire de se soumettre, aux responsables, les autorités algériennes, dans un but purement politique, s’étaient mis dès l’indépendance à favoriser certains aspects de l’éducation religieuse au sein de la société algérienne. Dans le cas de la Kabylie, l’Etat encourageait, plus que dans toute autre région d’Algérie, la création de confréries religieuses (zawiats) et la construction de mosquées. La wilaya de Tizi-Ouzou compte aujourd’hui, selon certaines estimations, le plus grand nombre de mosquées en Algérie, 731 sur le total de 15 000, soit près de 50% à elle seule ! Ces lieux, zawiats et mosquées, dédiées en apparence uniquement au culte, servent en réalité aussi à la manipulation des esprits. La preuve est que durant les événements du Printemps Noir, et dans d’autres événements qu’a connus la Kabylie, certains prêches n’étaient presque que des copies de discours manipulateurs que servent les autorités algériennes aux Algériens via l’ENTV.
La télévision et la radio publiques algériennes sont fermées presque à tout ce qui est kabyle, à l’exception de la religion. Dans un kabyle exagérément arabisé – les prêches constituent un autre moyen d’arabisation – les imams et théologiens invités chaque soir aux plateaux de la télévision et de la radio algériennes, délivrent des prêches dans lesquels toute coutume et tout comportement qui ne soit pas d’origine orientale est « haram », interdit. Même nos plus glorieux guerriers, nos plus sages personnalités, nos plus illustres savants, et nos plus célèbres femmes, ne servent point de références et d’exemples d’humanisme et de bravoure pour nos imams et théologiens ébahis devant les exploits souvent mythiques des Arabes du Moyen-Orient.
Et lorsque ces derniers mois les autorités algériennes ont été informées par la presse écrite du « prosélytisme » pratiqué par certains chrétiens en Kabylie, une série de conférences, animées par des savants de l’islam importés du Moyen-Orient, est organisée à Tizi-Ouzou même. Pourtant, le phénomène d’évangélisation n’est pas propre à la Kabylie.
Et comme tous les moyens sont bons dans cette guerre livrée aux consciences éveillées, même Bouteflika use de son influence en tant que premier magistrat du pays et déclare que « nous sommes des Imazighen que l’islam a arabisés ». À comprendre qu’en acceptant l’islam, on doit automatiquement accepter l’arabisation. Bon attrape-nigaud !
Mais la plus dangereuse stratégie du régime algérien en Kabylie reste la création de maquis islamistes. Il y avait un temps où la Kabylie, en raison de la paix qui y régnait, était appelée « la Suisse de l’Afrique du Nord ». Bien évidemment, cette paix, due à l’inexistence des intégristes islamistes, permettait aux Kabyles d’activer pacifiquement en faveur de leurs causes comme tamazight et la démocratie, ce qui dérangeait beaucoup le pouvoir central. Il a fallu donc pour celui-ci de trouver un moyen de diversion pour détourner les Kabyles de leurs vraies causes.
On laissa alors ouvertes les portes de la Kabylie, désertée par les forces de sécurité, et on se mit à exercer une grande pression sur les islamistes dans les autres régions pour les amener à se réfugier en Kabylie. Ce qui fut fait pour donner l’occasion aux forces gouvernementales d’intervenir en Kabylie, en apparence, en sauveur. Mais on n’est pas dupe : la situation actuelle dans laquelle se trouve la Kabylie ne rétrécit pas uniquement le champ de lutte pacifique des Kabyles, mais elle crée également des circonstances favorables à la liquidation des intellectuels et artistes kabyles. N’est-ce pas dans de telles circonstances que le militant du FFS, Rabah Aïssat, fut assassiné l’année passée à Aïn Zaouia, en plein jour, alors que la Kabylie était quadrillée par l’ANP ?
En conclusion, quelque soit la nature du plan mis au point par le pouvoir algérien pour dépersonnaliser et soumettre la Kabylie, celle-ci restera toujours attachée fièrement à son identité et demeurera toujours rebelle jusqu’à son émancipation de toutes les forces du mal qui la hantent
Par : Djaafar Messaoudi
La Kabylie, une région particulièrement montagneuse, se situe à l’Est d’Alger et compte aujourd’hui environ 5 000 000 d’habitants, dont +99% sont kabylophones d’origine. Cette région, pourtant connue pour sa farouche résistance à l’armée coloniale française, n’a eu comme reconnaissance, après la soi-disant indépendance, que totale ingratitude aussi bien de la part des populations arabes et berbères acquises aux thèses islamo-panarabistes prônées par les Ulémas et les intellectuels arabisants algériens, que du régime illégitime qui s’est autoproclamé garant des constantes nationales qui excluent toute référence à l’amazighité / kabylité.
Bien entendu, ce traitement raciste et négationniste n’a pas laissé les Kabyles indifférents. En plus des pressions continues des mouvements kabyles, de véritables révoltes populaires ont maintes fois ébranlé le pouvoir central en Kabylie (1963, 1980, 2001). Entre-temps, le pouvoir algérien a mis au point une multitude de stratégies de défense et d’attaque qui visent à réformer la société kabyle, qui aspire à la liberté, dans le sens de l’emmener, à moyen terme, vers la déstructuration et la destruction, et, à long terme, vers sa reconstruction sur des bases qui assureront sa totale subordination.
Des stratégies élaborées par le régime algérien pour faire face au phénomène kabyle, deux se sont avérées vraiment dangereuses pour l’entité kabyle : l’arabisation et l’islamisation à outrance ou l’usage politique de l’islam.
Arabisation :
Les premières tentatives d’imposer la langue arabe en Kabylie datent déjà de la période coloniale. En 1948, un an après le début de la crise berbériste, les Ulémas algériens, sous la leadership du panarabiste Mohamed Al-Bachir Al-Ibrahimi, écrivaient dans leur journal Al-Bassaïr que « la langue arabe est une épouse libre et qui n’a pas de coépouse », rejetant ainsi clairement la langue berbère que les berbéristes (tous d’origine kabyle) introduisaient en scène comme un élément constituant de l’identité algérienne. Ensuite, à partir de 1949, Messali Lhadj et ses partisans, s’appuyant sur le soutien des Etats arabes d’orient, lancèrent leur « l’Algérie est un pays arabe. Elle doit se tourner vers les pays du Proche-Orient, devenir une composante de la nation arabe », excluant ainsi sans ambiguïté l’élément amazigh.
A l’indépendance, et après l’étouffement dans le sang de la révolte de 1963 qui a soulevé encore une fois la question identitaire, le régime algérien, envahi par une horde de baathistes stationnés aux frontières algéro-tunisiennes, mit au point un véritable programme de dépersonnalisation de la Kabylie. Ainsi, durant la période qui s’étale de 1963 à 1988, il était strictement interdit de parler en kabyle dans l’armée, l’administration et les tribunaux, forçant par conséquent les Kabyles à apprendre l’arabe et à l’utiliser même quand ils s’y adressaient aux membres de leur famille (voir ‘pièce à conviction’, de Arezki Aït Larbi). C’est également pendant cette période que l’Etat algérien a fait venir dans les écoles de la Kabylie les coopérants arabes (Egyptiens, Syriens, Irakiens, Palestiniens) pour contraindre nos écoliers à ne s’exprimer qu’en arabe en classe. Et pour renforcer la présence de la langue arabe en Kabylie, le régime de Boumediène avait lancé son programme de « mille villages socialistes », villages qu’il avait fait construire en pleine Kabylie et qu’il avait fait habiter par des nomades arabes (voir les villages ayant accompagnés les coopératives agricoles près de Imcheddalen, Bouira). Quant à l’administration, elle s’adonnait à volonté à la falsification des toponymes de la Kabylie en faveur de la langue arabe. Ainsi, en leur appliquant des structures de substantifs arabes, « Ilmaten » est devenu « El-Maten », « Imcheddalen », devenu « M’chedellah », « Tala-G’udi », devenu « Ain Zebda », « Iazzugen » devenu « Azazga » ; bref le visiteur se croirait dans n’importe qu’elle autre région arabophone de l’Algérie. Et quand à partir de 1980, sous l’influence des mouvements berbères, les Kabyles commençaient à réclamer l’utilisation officielle des prénoms amazighs, les autorités algériennes répondirent par la distribution dans les services de l’état civil d’un dictionnaire de prénoms arabes !
Après « l’ouverture » du paysage politique en 1989, la langue berbère, ses défenseurs et la Kabylie entière, commencèrent à subir une attaque généralisée de la part des gens ordinaires et des personnalités politiques et culturelles se ressourçant de l’islamo-baathisme prévalant au Moyen-Orient. Ainsi, pour dérouter les Kabyles accusés, en plus de berbérisme, de « hizb frança », en raison de leur utilisation de la langue française au détriment de l’arabe, une loi pour la généralisation de la langue arabe fut votée par les députés le 17 novembre 1990. Irrités par cette loi, les Kabyles durcirent le ton et réclamèrent la constitutionnalisation immédiate de tamazight. Manipulateur, et allant en même temps à contre sens de ce qui se faisait en Kabylie, l’ex-président de la république Chadli Bendjedid répondit à un journaliste de l’ENTV qu’il n’était pas contre tamazight, mais que celle-ci ne devrait être écrite qu’en caractères arabes. Cette opinion fut ensuite reprise par le chef du parti islamiste MSP, Abddullah Djabullah, qui déclara hypocritement que « nous ne sommes pas contre tamazight, mais il faut l’écrire en caractères arabes ».
Ces tentatives d’imposer à la langue berbère les caractères arabes, et en filigrane d’entraver le développement de la langue et de la culture berbères, ne se sont pas limitées aux simples déclarations orales via l’organe de la propagande gouvernementale, l’ENTV, mais elles les ont dépassées pour atteindre la publication d’articles de presse et de livres, qui font l’éloge de la langue arabe dans le but aussi de provoquer un complexe d’infériorité en les Kabyles qui réclament trop haut leurs droits linguistique et culturel. Rien qu’à la lecture des titres suivants, le lecteur se rendra sans doute compte de l’ampleur de l’acharnement des tenants de l’islamo-baathisme contre tamazight et ses seuls vrais défenseurs, les Kabyles : « Faire face au berbérisme en Algérie ; par Dr Mohamed Ali Fara, in Akhbar Al-Usbua N° 152, du 10.09.2004 », « Le mouvement berbère, un retour vers l’âge d’ignorance, par B. Khadidja, in Al-Massa, du 30.05.1990 », « La Kabylie n’est qu’une mythologie coloniale française, par Abdesselam Kadi, in El-Watan du 25.08.2004 », « Nous sommes des Arabes, les députés nous ont berbérisés, par Tayeb Yanoune, in El-Youm du 13.05.2002 », « L’arabité de l’Algérie à travers l’histoire, par Othmane Sadi », etc.
Et comme si cette littérature, encouragée d’ailleurs par l’Etat lui-même, ne suffisait pas pour effacer la spécificité kabyle, les adeptes du panarabisme se mirent à désigner à la vindicte publique les intellectuels et les artistes kabyles qu’on décrit comme séparatistes, athées, racistes, pro-sionistes, et bien d’autres qualificatifs qui avaient à maintes reprises forcé le fanatisme des fanatiques à se traduire sur le terrain par de véritables actes criminels. Ce fut ainsi que la Kabylie avait perdu en 1993 l’un de ses brillants écrivains et journalistes, Tahar Djaout, et en 1998 l’un de ses illustres chanteurs, Lounès Matoub.
Puis récemment, et plus exactement du 5 au 7 décembre 2006, à Sidi Fredj, l’Etat lança un Colloque international sur l’aménagement de tamazight, présidé par le Dr Abderezzak Dourari qui affichait presque ostensiblement sa préférence pour le système d’écriture arabe. Après cette énième tentative d’empêcher tamazight d’avancer, les Kabyles découvrirent encore avec étonnement que l’interface du site de la radio chaîne II (radio publique d’expression kabyle) avait été changée : les caractères arabes avaient pris la place des caractères latins qui servaient de système d’écriture pour taqbaylit.
2. Surislamisation et usage politique de l’islam :
Sachant que certaines lectures du Coran conseillent aux croyants d’obéir, autrement dire de se soumettre, aux responsables, les autorités algériennes, dans un but purement politique, s’étaient mis dès l’indépendance à favoriser certains aspects de l’éducation religieuse au sein de la société algérienne. Dans le cas de la Kabylie, l’Etat encourageait, plus que dans toute autre région d’Algérie, la création de confréries religieuses (zawiats) et la construction de mosquées. La wilaya de Tizi-Ouzou compte aujourd’hui, selon certaines estimations, le plus grand nombre de mosquées en Algérie, 731 sur le total de 15 000, soit près de 50% à elle seule ! Ces lieux, zawiats et mosquées, dédiées en apparence uniquement au culte, servent en réalité aussi à la manipulation des esprits. La preuve est que durant les événements du Printemps Noir, et dans d’autres événements qu’a connus la Kabylie, certains prêches n’étaient presque que des copies de discours manipulateurs que servent les autorités algériennes aux Algériens via l’ENTV.
La télévision et la radio publiques algériennes sont fermées presque à tout ce qui est kabyle, à l’exception de la religion. Dans un kabyle exagérément arabisé – les prêches constituent un autre moyen d’arabisation – les imams et théologiens invités chaque soir aux plateaux de la télévision et de la radio algériennes, délivrent des prêches dans lesquels toute coutume et tout comportement qui ne soit pas d’origine orientale est « haram », interdit. Même nos plus glorieux guerriers, nos plus sages personnalités, nos plus illustres savants, et nos plus célèbres femmes, ne servent point de références et d’exemples d’humanisme et de bravoure pour nos imams et théologiens ébahis devant les exploits souvent mythiques des Arabes du Moyen-Orient.
Et lorsque ces derniers mois les autorités algériennes ont été informées par la presse écrite du « prosélytisme » pratiqué par certains chrétiens en Kabylie, une série de conférences, animées par des savants de l’islam importés du Moyen-Orient, est organisée à Tizi-Ouzou même. Pourtant, le phénomène d’évangélisation n’est pas propre à la Kabylie.
Et comme tous les moyens sont bons dans cette guerre livrée aux consciences éveillées, même Bouteflika use de son influence en tant que premier magistrat du pays et déclare que « nous sommes des Imazighen que l’islam a arabisés ». À comprendre qu’en acceptant l’islam, on doit automatiquement accepter l’arabisation. Bon attrape-nigaud !
Mais la plus dangereuse stratégie du régime algérien en Kabylie reste la création de maquis islamistes. Il y avait un temps où la Kabylie, en raison de la paix qui y régnait, était appelée « la Suisse de l’Afrique du Nord ». Bien évidemment, cette paix, due à l’inexistence des intégristes islamistes, permettait aux Kabyles d’activer pacifiquement en faveur de leurs causes comme tamazight et la démocratie, ce qui dérangeait beaucoup le pouvoir central. Il a fallu donc pour celui-ci de trouver un moyen de diversion pour détourner les Kabyles de leurs vraies causes.
On laissa alors ouvertes les portes de la Kabylie, désertée par les forces de sécurité, et on se mit à exercer une grande pression sur les islamistes dans les autres régions pour les amener à se réfugier en Kabylie. Ce qui fut fait pour donner l’occasion aux forces gouvernementales d’intervenir en Kabylie, en apparence, en sauveur. Mais on n’est pas dupe : la situation actuelle dans laquelle se trouve la Kabylie ne rétrécit pas uniquement le champ de lutte pacifique des Kabyles, mais elle crée également des circonstances favorables à la liquidation des intellectuels et artistes kabyles. N’est-ce pas dans de telles circonstances que le militant du FFS, Rabah Aïssat, fut assassiné l’année passée à Aïn Zaouia, en plein jour, alors que la Kabylie était quadrillée par l’ANP ?
En conclusion, quelque soit la nature du plan mis au point par le pouvoir algérien pour dépersonnaliser et soumettre la Kabylie, celle-ci restera toujours attachée fièrement à son identité et demeurera toujours rebelle jusqu’à son émancipation de toutes les forces du mal qui la hantent
Zhafit- Admin
- Nombre de messages : 13508
Date d'inscription : 26/04/2008
Re: Les stratégies du régime algérien pour soumettre la Kabylie
fais nous un résumé
le copier coller est révolu
le copier coller est révolu
Re: Les stratégies du régime algérien pour soumettre la Kabylie
et depuis y a rien ;tant pis ,je comprendrais les choses à ma façon ,d'ailleurs c'est la meileure et la plus proche des nobles objectifs du sahel
Zhafit- Admin
- Nombre de messages : 13508
Date d'inscription : 26/04/2008
Re: Les stratégies du régime algérien pour soumettre la Kabylie
« la langue arabe est une épouse libre et qui n’a pas de coépouse »,
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