Mondial et Saci (Bousco) étaient des hommes qui marchent, déconstruisant chaque jour la tribu en chacun de nous

Ils incarnaient une certaine façon d’être rebelle, de vivre dignement et librement loin des tambours battants de l’assentiment. Mondial et Saci (Bousco) étaient des hommes qui marchent, déconstruisant chaque jour la tribu en chacun de nous, l’œil étroit qui déforme l’horizon. Ils étaient les semeurs du possible. La discussion avec ces deux êtres emblématiques d’une certaine idée d’être résolument Kabyles en même temps qu’hommes férus de la condition humaine et de l’universel était immanquablement délicieuse. Le rire croustillant, la boutade ou le gag au détour de chaque paragraphe, de port en port, d’île en île, de pays en pays, Saci rapportait pour les siens dans sa besace le meilleur de chaque peuple et de chaque contrée ; quand Mondial, marcheur incorrigible, autostoppeur abrégeant pays et continents, disait de son français roulé, impeccablement soigné, le monde dans sa complexité et sa simplicité. C’est toute la région d’Aokas et alentours qui est affectée par la disparition de ces deux hommes aimés, chéris comme deux mémoires collectives, deux âmes insubmersibles de « La contre-culture», disait un ami. Mondial et Saci étaient deux planches de salut auxquelles nous nous agrippions dans le déluge aliénateur des idéologies meurtrières. Paix à vos belles âmes.

Louenas Hassani