Justice pour #MerzougTouati ! par Djemila Benhabib
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Justice pour #MerzougTouati ! par Djemila Benhabib
Justice pour #MerzougTouati!
#Algérie: Merzoug Touati, jeune blogueur au chômage vient d'être condamné par un tribunal de Béjaia à 10 ans de prison ferme et 50 000 DA d'amende pour « intelligence avec un pays étranger ».
La justice algérienne lui reproche d'avoir publié sur son compte Facebook un entretien qu'il a réalisé avec un diplomate I.S.R.A.E.L.I.E.N en plus d'une vidéo diffusée sur YouTube ainsi que sur son blog al-Hogra (l'injustice), qui a été fermé par les autorités. Big deal ! Dans cette vidéo, il interrogeait le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien sur les relations qu'entretenaient son pays avec les États arabes.
Un des amis du blogueur rapporte les propos du juge en pleine audience :" Sais-tu qu'interviewer un premier responsable israélien est interdit ?" Ça alors! Hé m’sieur le juge, vous arrive-t-il de regarder la TV ou d’ouvrir un journal ou un livre de temps en temps? N’avez-vous pas entendu parler des accords d’Oslo, de la Conférence de Madrid, du Sommet de Charm-Cheikh ou de celui Camp David et j’en passe? Israéliens et Palestiniens étaient réunis ensemble, discutaient de vive voix pour essayer de trouver une issue (même de secours) à un interminable conflit politique qui placent leurs peuples dans un épouvantable cul de sac.
Oui, vous m’avez bien lu, Palestiniens et Israéliens se parlaient. Selon vous, les Algériens devraient être plus Palestiniens que les Palestiniens et couper les ponts avec les méchants israéliens? A ce sujet, je viens de finir la lecture d’une passionnante entrevue de Saleh Bakri (https://www.revue-ballast.fr/saleh-bakri-toute-resistance-m…), figure importante du cinéma palestinien et militant pour la libération de son pays. II dénonce à véhémence, à juste titre d’ailleurs, l’occupation militaire de son bout de terre et la brutalité de l’armée israélienne. Et pourtant, il se revendique de la culture juive. Il dit: “ Je pense que le véritable « Arabe israélien » est celui qui est arabe et juif. (...) Il y a beaucoup en commun entre la culture juive et la culture palestinienne. Ce qui veut dire que l’on peut vivre ensemble. Une fois que le mur sera tombé, une fois que le système militaire sera tombé, nous le pourrons. " Ce n’est pas moi qui l’écrit. C’est un P.A.L.E.S.T.I.N.I.E.N.
Revenons à vous m’sieur le juge. Votre justice laisse courir des assassins, réhabilite les égorgeurs islamistes, se montre d'une grande indulgence à l'endroit de ceux qui ont vendu le pays à rabais à quelques familles pour en faire un vulgaire souk défraîchi. Votre système a organisé la faillite de nos institutions, le pillage de nos ressources, l’exil d’une partie de notre intelligence. Pire encore, votre pouvoir a institutionnalisé l’ignorance (concept cher à Mohamed Arkoun) et a déshumanisé notre population.
Que reste-t-il à un régime en perte totale de légitimité sinon la fabrication d’ affaires d’État ? Vieille histoire que celle du bidouillage des États musulmans autour du sacré, d’Allah, et de « l'intouchable question palestinienne ». Votre justice a décidé que Merzoug Touati n’est pas tout à fait un homme. Il est un traître. Un collabo. Yahoudi. Sahyouni. D'ailleurs un sous-homme de son espèce est soit kafir soit yahoudi.
A vrai dire m'sieur le juge, je doute que Merzoug Touati, universitaire trentenaire dont la vie est marquée par une grande précarité professionnelle, détienne un secret d’État, une information sensible ou confidentielle. Je ne pense pas qu'il ait un compte bancaire en suisse, aux îles Baléares ou aux Bahamas comme beaucoup d'amis du sérail. Par contre, il veut exister, écrire, comprendre. Il veut penser par lui-même. Il revendique son autonomie de pensée pleine et entière. Il se contrefiche des lignes rouges imposées par vos pairs. Il se saisit de sa condition d’homme libre pour changer le monde et le concevoir autrement. Il s’en donne le pouvoir. Il écrit. C’est ça ce qui fait peur au système. C’est le seul aspect positif qui ressort de cette terrible histoire. Les idées ont encore du pouvoir! Alors, aidons Merzoug Touati à sortir de prison pour qu'il retrouve sa plume au plus vite !
Vous pouvez comptez sur moi pour relayer, informer et mobiliser autour de Merzoug Touati. J'attends votre go!
La semaine dernière encore, j'étais à Bougie entourée de plusieurs amis qui ont veillé sur moi avec beaucoup d'égard et délicatesse. Nous avons discuté de la situation du pays du matin au soir et j'ai pu mesurer à quel point leur engagement était vigoureux, sincère et nécessaire. Que les gens cogitent dans ce pays! Merci infiniment à Guemghar Bila, Nordine Benkhennouche (L'homme révolté), Samir Irmen Hamza Lassouani Houria Lassouani Abdennour Ziani, à l'ensemble des personnes du café littéraire de Aokas que je soutiens inconditionnellement depuis le début de son bras de fer avec les autorités, les personnes de centre culturel de Barbacha et de l'Association culturelle des jeunes d'Irmen, à toutes les personnes nombreuses qui sont venues assister aux deux conférences en Kabylie. Merci aussi aux amis qui ont mis à notre disposition un appartement avec une magnifique vue sur Yemma Gouraya, le mont qui surplombe la ville, au monsieur de Barabacha qui nous a préparé un festin chez lui après la conférence. A tous les autres que j'oublie probablement.
Je ne m'imaginais pas du tout vous remercier de cette façon-là, un peu à la hâte. Lorsqu'on vient d'Algérie, on ne fait jamais les choses comme tout le monde. Il y a toujours un sentiment d'urgence qui marque l'existence. Vous le savez!
Djemila Benhabib
#Algérie: Merzoug Touati, jeune blogueur au chômage vient d'être condamné par un tribunal de Béjaia à 10 ans de prison ferme et 50 000 DA d'amende pour « intelligence avec un pays étranger ».
La justice algérienne lui reproche d'avoir publié sur son compte Facebook un entretien qu'il a réalisé avec un diplomate I.S.R.A.E.L.I.E.N en plus d'une vidéo diffusée sur YouTube ainsi que sur son blog al-Hogra (l'injustice), qui a été fermé par les autorités. Big deal ! Dans cette vidéo, il interrogeait le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien sur les relations qu'entretenaient son pays avec les États arabes.
Un des amis du blogueur rapporte les propos du juge en pleine audience :" Sais-tu qu'interviewer un premier responsable israélien est interdit ?" Ça alors! Hé m’sieur le juge, vous arrive-t-il de regarder la TV ou d’ouvrir un journal ou un livre de temps en temps? N’avez-vous pas entendu parler des accords d’Oslo, de la Conférence de Madrid, du Sommet de Charm-Cheikh ou de celui Camp David et j’en passe? Israéliens et Palestiniens étaient réunis ensemble, discutaient de vive voix pour essayer de trouver une issue (même de secours) à un interminable conflit politique qui placent leurs peuples dans un épouvantable cul de sac.
Oui, vous m’avez bien lu, Palestiniens et Israéliens se parlaient. Selon vous, les Algériens devraient être plus Palestiniens que les Palestiniens et couper les ponts avec les méchants israéliens? A ce sujet, je viens de finir la lecture d’une passionnante entrevue de Saleh Bakri (https://www.revue-ballast.fr/saleh-bakri-toute-resistance-m…), figure importante du cinéma palestinien et militant pour la libération de son pays. II dénonce à véhémence, à juste titre d’ailleurs, l’occupation militaire de son bout de terre et la brutalité de l’armée israélienne. Et pourtant, il se revendique de la culture juive. Il dit: “ Je pense que le véritable « Arabe israélien » est celui qui est arabe et juif. (...) Il y a beaucoup en commun entre la culture juive et la culture palestinienne. Ce qui veut dire que l’on peut vivre ensemble. Une fois que le mur sera tombé, une fois que le système militaire sera tombé, nous le pourrons. " Ce n’est pas moi qui l’écrit. C’est un P.A.L.E.S.T.I.N.I.E.N.
Revenons à vous m’sieur le juge. Votre justice laisse courir des assassins, réhabilite les égorgeurs islamistes, se montre d'une grande indulgence à l'endroit de ceux qui ont vendu le pays à rabais à quelques familles pour en faire un vulgaire souk défraîchi. Votre système a organisé la faillite de nos institutions, le pillage de nos ressources, l’exil d’une partie de notre intelligence. Pire encore, votre pouvoir a institutionnalisé l’ignorance (concept cher à Mohamed Arkoun) et a déshumanisé notre population.
Que reste-t-il à un régime en perte totale de légitimité sinon la fabrication d’ affaires d’État ? Vieille histoire que celle du bidouillage des États musulmans autour du sacré, d’Allah, et de « l'intouchable question palestinienne ». Votre justice a décidé que Merzoug Touati n’est pas tout à fait un homme. Il est un traître. Un collabo. Yahoudi. Sahyouni. D'ailleurs un sous-homme de son espèce est soit kafir soit yahoudi.
A vrai dire m'sieur le juge, je doute que Merzoug Touati, universitaire trentenaire dont la vie est marquée par une grande précarité professionnelle, détienne un secret d’État, une information sensible ou confidentielle. Je ne pense pas qu'il ait un compte bancaire en suisse, aux îles Baléares ou aux Bahamas comme beaucoup d'amis du sérail. Par contre, il veut exister, écrire, comprendre. Il veut penser par lui-même. Il revendique son autonomie de pensée pleine et entière. Il se contrefiche des lignes rouges imposées par vos pairs. Il se saisit de sa condition d’homme libre pour changer le monde et le concevoir autrement. Il s’en donne le pouvoir. Il écrit. C’est ça ce qui fait peur au système. C’est le seul aspect positif qui ressort de cette terrible histoire. Les idées ont encore du pouvoir! Alors, aidons Merzoug Touati à sortir de prison pour qu'il retrouve sa plume au plus vite !
Vous pouvez comptez sur moi pour relayer, informer et mobiliser autour de Merzoug Touati. J'attends votre go!
La semaine dernière encore, j'étais à Bougie entourée de plusieurs amis qui ont veillé sur moi avec beaucoup d'égard et délicatesse. Nous avons discuté de la situation du pays du matin au soir et j'ai pu mesurer à quel point leur engagement était vigoureux, sincère et nécessaire. Que les gens cogitent dans ce pays! Merci infiniment à Guemghar Bila, Nordine Benkhennouche (L'homme révolté), Samir Irmen Hamza Lassouani Houria Lassouani Abdennour Ziani, à l'ensemble des personnes du café littéraire de Aokas que je soutiens inconditionnellement depuis le début de son bras de fer avec les autorités, les personnes de centre culturel de Barbacha et de l'Association culturelle des jeunes d'Irmen, à toutes les personnes nombreuses qui sont venues assister aux deux conférences en Kabylie. Merci aussi aux amis qui ont mis à notre disposition un appartement avec une magnifique vue sur Yemma Gouraya, le mont qui surplombe la ville, au monsieur de Barabacha qui nous a préparé un festin chez lui après la conférence. A tous les autres que j'oublie probablement.
Je ne m'imaginais pas du tout vous remercier de cette façon-là, un peu à la hâte. Lorsqu'on vient d'Algérie, on ne fait jamais les choses comme tout le monde. Il y a toujours un sentiment d'urgence qui marque l'existence. Vous le savez!
Djemila Benhabib
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
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