Debat autour de l´autonomie de la kabylie.

video envoyée par Lyazid Abid

Tanemmirt-ik ay Izem negh

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Conférence de Ferhat Mehenni à Münich, Allemagne, le 31.07.09
Retour sur l’idée d’autonomie régionale kabyle


Azul
Après huit ans d’explications quotidiennes sur l’autonomie régionale, il se trouve toujours des acteurs politiques pour en dénaturer le sens et déstabiliser l’organisation qui la porte : le MAK. Aussi, nous profitons de cette rencontre estivale à Munich afin de remettre les choses en place, du moins pour toutes celles et tous ceux qui veulent en avoir le cœur net.

1 - Qu’est-ce qu’une autonomie régionale ? : C’est un statut politique en vertu duquel une région d’un pays s’autogouverne dans le cadre de la loi de ce dernier. Elle est ainsi dotée d’un parlement régional et d’un gouvernement local. Pour que cette autonomie soit effective, ses instances dirigeantes ne doivent pas être nommées mais être l’émanation d’élections démocratiques au suffrage universel. Ce sont elles qui, en fonction de leurs prérogatives constitutionnelles et des moyens budgétaires dont elles disposent, définissent et exécutent leur politique en matière d’économie, d’éducation et d’universités, de culture, de sécurité publique, de transport et des infrastructures qui s’y rapportent, de l’environnement …. Bref, on a coutume de dire que seuls trois fonctions restent le domaine relativement exclusif de l’Etat central : la défense, les affaires étrangères et la frappe de la monnaie. Bien des pays dans le monde ont donné leur autonomie à l’ensemble ou partie de leurs régions : Espagne, Royaume-Uni, Portugal, Italie, … Contrairement au fédéralisme qui, la plupart des temps fait des frontières administratives arbitraires entre les Etats d’un même pays, l’autonomie répond d’abord à des exigences identitaires aigües qui prédéfinissent leur territoire. On voit que ces autonomies régionales, loin de fracturer ces pays, en ont cimenté les lézardes qui, sans elles, s’en trouveraient béantes et les auraient directement menés vers l’éclatement. En somme, c’est une réforme de l’Etat, vitale pour la survie d’un pays et une voie royale pour la bonne gouvernance et la démocratie.
2 - Pourquoi l’autonomie pour la Kabylie ? La Kabylie a besoin de son autonomie pour plusieurs raisons : a) En finir avec le déni d’existence qui lui est opposé depuis l’indépendance de l’Algérie. Cette oppression politique qui l’empêche de vivre ses spécificités identitaire, linguistique et culturelle, voire religieuse, ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Cela permettra enfin au peuple Kabyle de se sentir reconnu et respecté, de ne plus subir l’humiliation de se voir dicter sa culture, son identité, sa religion…
b) La menace qui plane sur son identité, sa langue, sa culture, son histoire et ses valeurs particulières notamment en termes de libertés religieuses et de respect de la démocratie et des droits humains sera levée.
c) La résolution des conflits avec Alger se fera dans des cadres officiels. Le peuple kabyle n’aura plus besoin de poser ses problèmes dans la rue et d’exposer ses enfants à la répression et à la violence armée de l’Etat algérien comme au « printemps noir 2001 »
d) Son école aura à enseigner sa propre langue, le kabyle, et sera ouverte sur le monde.
e) Ses médias seront ceux qu’elle se donnera et n’aura plus à quémander à Alger quelques heures de télévision dans sa langue.
3 – Quelles en seront les retombées pour l’Algérie ? L’autonomie régionale de la Kabylie aura des retombées inestimables pour l’Algérie.
a) La Stabilité est la première d’entre elles. Plutôt que de vivre perpétuellement un bras de fer avec la Kabylie, celle-ci ne sera plus un motif d’inquiétude et un facteur de déstabilisation politique. Chaque conflit qui s’achève libère des énergies, des moyens et des compétences dont il n’a plus besoin et qui pourront être affectés à des missions de développement économique, social et culturel, de lutte contre le changement climatique et la désertification qui frappe déjà aux portes du Tell.
b) L’image du pays à l’étranger en sera plus valorisée dès lors que l’Algérie commencerait à respecter les droits de ses peuples qui n’iront plus se plaindre contre elle devant les instances internationales.
c) La Kabylie sera un banc d’essai pour que l’autonomie régionale soit ensuite généralisée, de manière progressive ou non, à l’ensemble des régions d’Algérie.
d) La réconciliation avec la Kabylie se fera enfin et, petit à petit, des rapports de confiance s’installeront avec elle et avec toutes les régions du pays comme le Mzab, les Aurès, le pays touareg …qui auront à bénéficier, elles aussi, de leur autonomie.
e) La réconciliation avec le Maroc qui souhaiterait résoudre le conflit du Sahara sur la base d’une autonomie régionale. Nous irons ainsi à une Afrique du Nord des régions autonomes qui unira nos économies et fédérera nos efforts au plan international. Le sous-continent a besoin de paix et de coopération à la place de la guerre et de la haine entre nos peuples. L’autonomie régionale est une solution d’avenir dans le cadre des mutations frappant déjà à nos portes et qui, à moyen terme, vont affecter l’ensemble des pays dont les frontières arbitraires et artificielles mettent en péril l’existence, la liberté et l’identité de nombreux peuples. Elle permet de sauver autant l’intégrité territoriale de chaque pays existant que la maîtrise par chaque peuple opprimé de son destin. Elle est la solution la moins mauvaise pour tous. Que tous ceux qui n’ont de cesse de nous diaboliser pour avoir clamé haut et fort l’existence du peuple kabyle et revendiqué pour la Kabylie une autonomie régionale, fassent leur examen de conscience. Qu’ils s’imaginent un seul instant ce qui va se passer si le statu quo, caractérisé par cette opposition entre d’une part, la Kabylie qui tient à son identité et à l’ensemble de ses droits et, d’autre part, le pouvoir algérien qui s’éreinte à vouloir la dompter, la dépersonnaliser, l’arabiser, l’appauvrir …venait à prévaloir indéfiniment ? L’un devra-t-il nécessairement vaincre l’autre ? Pourquoi ne voit-on pas s’élever des voix en Algérie, particulièrement en dehors de la Kabylie, pour conseiller une fin de conflit dans laquelle la Kabylie et l’Algérie sortiront toutes les deux gagnantes ? Les tenants de l’Algérie « une et indivisible » ne sont pas animés des meilleurs intentions et de nobles valeurs. Ils travaillent en réalité à son fractionnement en s’opposant à l’autonomie de la Kabylie et à la reconnaissance du peuple kabyle.
Pour le moment, non seulement les deux parties se neutralisent tout le temps mais, en plus, elles s’empêchent mutuellement d’avancer, de construire leur avenir solidaire, de ruiner les chances de leur souhaitable réconciliation.

Source:

http://kabylei.eu/?article149?lang=fr