SEMAINE CULTURELLE EN HOMMAGE À RAHMANI SLIMANE DU 10 AU 24 FÉVRIER 2018
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SEMAINE CULTURELLE EN HOMMAGE À RAHMANI SLIMANE DU 10 AU 24 FÉVRIER 2018
Par Lemnouer Khaled.
SEMAINE CULTURELLE EN HOMMAGE À RAHMANI SLIMANE
DU 10 AU 24 FÉVRIER 2018
Depuis la mort de cet homme de lettres, en 1964, un grand nombre de petits grands Rahmani sont nés à Aokas, si bien que cette commune est devenue en si peu de temps la terre des Arts : sculpture, peinture, poésie, écriture, théâtre, musique…
sont autant d’activités culturelles qui nous autorisent à dire que la densité de talents au km/carré est plus importante dans cette localité que dans tous les points de la wilaya, et même au-delà.
Sans prétention aucune.
Juste un constat…
Lem
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HADJ RAHMANI SLIMANE
UN HOMME, UNE VIE, UNE ŒUVRE
Le professeur Hadj Rahmani Slimane (comme l’appelaient ses contemporains) est né en 1893 à Aokas. Il s’est éteint le samedi quatorze novembre 1964 à l’âge de soixante et onze ans. C’était un mandarin d’une stature intellectuelle qui n’est pas sans rappeler celles des deux humanistes immortels, Mouloud Feraoun et Mouloud Mammeri.
Selon un citoyen d’Aokas, Diboune Amar, qui connaissait personnellement Rahmani Slimane, deux choses caractérisaient l’homme de lettres : son érudition et sa simplicité.
Rahmani Slimane fut l’auteur d’une dizaine d’œuvres littéraires d’une grande portée sociologique. Trilingue accompli – berbère, arabe, français – il a su faire bon usage de ces trois langues pour écrire des essais ethnologiques, des précis géographiques et des études historiques.
Membre de la Société historique Algérienne depuis 1934, il fut élu président d’un cercle littéraire international, et participa à plusieurs congrès organisés par la Fédération des Sociétés Savantes de l’Afrique du Nord, et ce, à Venise (Italie) en 1949, et à Vienne (Autriche) en 1952.
Avant de réussir son doctorat ès lettres en 1954 à l’université d’Aix (Marseille), Rahmani Slimane obtint – entre 1936 et 1940 – un diplôme de langue berbère et un diplôme d’études supérieures de langue et de littérature arabes.
Ses écrits et travaux ethnologiques et sociologiques chez les populations de Oued Marsa lui valurent une distinction en 1942 : le grand prix littéraire de l’Algérie.
Un contemporain de Rahmani Slimane, raconte que lorsqu’une haute personnalité française proposa un jour à l’homme de lettres son appui pour lui faire obtenir la naturalisation française, celui-ci eut cette réponse fabuleuse :
« Merci pour cette offre généreuse. Mais si d’aventure je l’acceptais, croyez-vous que je pourrai alors garder sur ma tête le tarbouche , symbole de mon appartenance à mes origines ? »
Rahmani Slimane fut instituteur, puis professeur d’arabe et de berbère à l’école normale de Bouzaréah et dans différents lycées de la capitale jusqu’en 1964, date de son décès.
Sa riche bibliographie est un véritable voyage culturel au cœur de notre société.
Lem
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TÉMOIGNAGE
Pour situer la dimension intellectuelle de cet écrivain du terroir, nous vous reproduisons la préface rédigée en 1937 par M. Georges Hardy, recteur de l’académie de Lille (France), présentant une étude de l’homme de lettres sur les « Coutumes kabyles du Cap-Aokas »
- J’ai suivi de près, depuis plusieurs années, les recherches de M. Rahmani Slimane. Je suis en mesure d’affirmer que nul plus que lui n’est digne de sympathie et d’estime, et, puisqu’il veut bien me demander de présenter son ouvrage au public, je saisis avec empressement cette occasion de le présenter, lui aussi. Il en vaut la peine.
Il n’a pas eu la vie facile. Il est né en Kabylie, d’une famille qui n’avait plus les moyens de faire les frais de son éducation, et il lui a fallu plus que de la vaillance, un véritable héroïsme, pour s’instruire à peu près seul et conquérir ses grades universitaires. Aux pires moments, il a refusé de s’abandonner ; la charge de six enfants, ses fonctions d’enseignement dont il s’est toujours acquitté avec une rare conscience, l’isolement dans des postes perdus, tout cela ne l’a pas empêché de travailler sans relâche et de se cultiver largement. Surtout, par l’effet d’une sorte de vocation qui n’est pas assez fréquente chez les musulmans de l’Afrique du Nord, il a compris que l’acquisition des connaissances professionnelles n’était pas le tout de la vie et qu’il y avait, dans cette Algérie parfois si ouverte et si secrète d’immenses domaines à explorer.
A quarante ans, il se met à publier, dans le bulletin de l’Enseignement des Indigènes de l’Académie d’Alger des études sur les coutumes kabyles, et tout de suite il naît en lui un tempérament d’ethnographe. Il va directement aux questions intéressantes, il saisit les faits dans toute leur complexité et conduit ses enquêtes avec autant d’attention que de prudence : il ne laisse rien dans l’ombre qu’on ait besoin de l’avertir, évite les à-peu-près littéraires ou les explications hasardeuses. Tout ce qu’il écrit porte la marque du sens critique le plus sûr, du souci de méthode le plus constant. On peut, sans la moindre complaisance, saluer en lui un homme qui fait honneur à la science.
Il est de ceux aussi, trop peu nombreux à notre gré, qui sont parvenus à concilier, de la manière la plus heureuse, la culture traditionnelle et la formation moderne. Il est diplômé de langue arabe et diplômé de langue berbère – deux titres dont l’opinion courante ne soupçonne pas la valeur et qui représentent la plus solide préparation aux recherches nord-africaines. Ainsi peut-il se permettre d’aller au fond des choses, sans être jamais arrêté par des difficultés linguistiques ou historiques.
Comme il faut regretter qu’un travailleur de cette qualité ne dispose, pour les consacrer à ses besognes scientifiques, que de courts instants d’évasion ! Et comme on se prend à souhaiter, en présence de telles personnalités et de cas aussi spéciaux, que nos réglementations universitaires soient moins rigoureuses !
Mais mon ami Rahmani, lui, ne se plaint pas, il gagne sur ses vacances et sur ses nuits le temps nécessaire, il va de l’avant dans son sens, avec une ténacité qui force l’admiration. De jour en jour, il s’affirme et communique à son œuvre une ampleur nouvelle. Je le recommande d’autant plus volontiers à la bienveillante attention de tous les esprits sincères qu’il n’a pas dit, j’en suis tout à fait sûr, son dernier mot.
Georges Hardy 1937
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BIBLIOGRAPHIE CONNUE DE RAHMANI SLIMANE
Recueil des notices et mémoires de la société archéologique, historique et géographique du département de Constantine (1933)
Coutumes des labours chez les Béni-Amrous (1933)
Le mois de mai chez les Kabyles (1935)
La grossesse et la naissance au Cap-Aokas (1937)
L’enfant chez les Kabyles jusqu’à la circoncision (1938)
Le mariage chez les Kabyles du Cap-Aokas (1939)
Le divorce chez les Kabyles (1940)
Le tir à la cible et le « nif » en Kabylie (1949)
SEMAINE CULTURELLE EN HOMMAGE À RAHMANI SLIMANE
DU 10 AU 24 FÉVRIER 2018
Depuis la mort de cet homme de lettres, en 1964, un grand nombre de petits grands Rahmani sont nés à Aokas, si bien que cette commune est devenue en si peu de temps la terre des Arts : sculpture, peinture, poésie, écriture, théâtre, musique…
sont autant d’activités culturelles qui nous autorisent à dire que la densité de talents au km/carré est plus importante dans cette localité que dans tous les points de la wilaya, et même au-delà.
Sans prétention aucune.
Juste un constat…
Lem
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HADJ RAHMANI SLIMANE
UN HOMME, UNE VIE, UNE ŒUVRE
Le professeur Hadj Rahmani Slimane (comme l’appelaient ses contemporains) est né en 1893 à Aokas. Il s’est éteint le samedi quatorze novembre 1964 à l’âge de soixante et onze ans. C’était un mandarin d’une stature intellectuelle qui n’est pas sans rappeler celles des deux humanistes immortels, Mouloud Feraoun et Mouloud Mammeri.
Selon un citoyen d’Aokas, Diboune Amar, qui connaissait personnellement Rahmani Slimane, deux choses caractérisaient l’homme de lettres : son érudition et sa simplicité.
Rahmani Slimane fut l’auteur d’une dizaine d’œuvres littéraires d’une grande portée sociologique. Trilingue accompli – berbère, arabe, français – il a su faire bon usage de ces trois langues pour écrire des essais ethnologiques, des précis géographiques et des études historiques.
Membre de la Société historique Algérienne depuis 1934, il fut élu président d’un cercle littéraire international, et participa à plusieurs congrès organisés par la Fédération des Sociétés Savantes de l’Afrique du Nord, et ce, à Venise (Italie) en 1949, et à Vienne (Autriche) en 1952.
Avant de réussir son doctorat ès lettres en 1954 à l’université d’Aix (Marseille), Rahmani Slimane obtint – entre 1936 et 1940 – un diplôme de langue berbère et un diplôme d’études supérieures de langue et de littérature arabes.
Ses écrits et travaux ethnologiques et sociologiques chez les populations de Oued Marsa lui valurent une distinction en 1942 : le grand prix littéraire de l’Algérie.
Un contemporain de Rahmani Slimane, raconte que lorsqu’une haute personnalité française proposa un jour à l’homme de lettres son appui pour lui faire obtenir la naturalisation française, celui-ci eut cette réponse fabuleuse :
« Merci pour cette offre généreuse. Mais si d’aventure je l’acceptais, croyez-vous que je pourrai alors garder sur ma tête le tarbouche , symbole de mon appartenance à mes origines ? »
Rahmani Slimane fut instituteur, puis professeur d’arabe et de berbère à l’école normale de Bouzaréah et dans différents lycées de la capitale jusqu’en 1964, date de son décès.
Sa riche bibliographie est un véritable voyage culturel au cœur de notre société.
Lem
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TÉMOIGNAGE
Pour situer la dimension intellectuelle de cet écrivain du terroir, nous vous reproduisons la préface rédigée en 1937 par M. Georges Hardy, recteur de l’académie de Lille (France), présentant une étude de l’homme de lettres sur les « Coutumes kabyles du Cap-Aokas »
- J’ai suivi de près, depuis plusieurs années, les recherches de M. Rahmani Slimane. Je suis en mesure d’affirmer que nul plus que lui n’est digne de sympathie et d’estime, et, puisqu’il veut bien me demander de présenter son ouvrage au public, je saisis avec empressement cette occasion de le présenter, lui aussi. Il en vaut la peine.
Il n’a pas eu la vie facile. Il est né en Kabylie, d’une famille qui n’avait plus les moyens de faire les frais de son éducation, et il lui a fallu plus que de la vaillance, un véritable héroïsme, pour s’instruire à peu près seul et conquérir ses grades universitaires. Aux pires moments, il a refusé de s’abandonner ; la charge de six enfants, ses fonctions d’enseignement dont il s’est toujours acquitté avec une rare conscience, l’isolement dans des postes perdus, tout cela ne l’a pas empêché de travailler sans relâche et de se cultiver largement. Surtout, par l’effet d’une sorte de vocation qui n’est pas assez fréquente chez les musulmans de l’Afrique du Nord, il a compris que l’acquisition des connaissances professionnelles n’était pas le tout de la vie et qu’il y avait, dans cette Algérie parfois si ouverte et si secrète d’immenses domaines à explorer.
A quarante ans, il se met à publier, dans le bulletin de l’Enseignement des Indigènes de l’Académie d’Alger des études sur les coutumes kabyles, et tout de suite il naît en lui un tempérament d’ethnographe. Il va directement aux questions intéressantes, il saisit les faits dans toute leur complexité et conduit ses enquêtes avec autant d’attention que de prudence : il ne laisse rien dans l’ombre qu’on ait besoin de l’avertir, évite les à-peu-près littéraires ou les explications hasardeuses. Tout ce qu’il écrit porte la marque du sens critique le plus sûr, du souci de méthode le plus constant. On peut, sans la moindre complaisance, saluer en lui un homme qui fait honneur à la science.
Il est de ceux aussi, trop peu nombreux à notre gré, qui sont parvenus à concilier, de la manière la plus heureuse, la culture traditionnelle et la formation moderne. Il est diplômé de langue arabe et diplômé de langue berbère – deux titres dont l’opinion courante ne soupçonne pas la valeur et qui représentent la plus solide préparation aux recherches nord-africaines. Ainsi peut-il se permettre d’aller au fond des choses, sans être jamais arrêté par des difficultés linguistiques ou historiques.
Comme il faut regretter qu’un travailleur de cette qualité ne dispose, pour les consacrer à ses besognes scientifiques, que de courts instants d’évasion ! Et comme on se prend à souhaiter, en présence de telles personnalités et de cas aussi spéciaux, que nos réglementations universitaires soient moins rigoureuses !
Mais mon ami Rahmani, lui, ne se plaint pas, il gagne sur ses vacances et sur ses nuits le temps nécessaire, il va de l’avant dans son sens, avec une ténacité qui force l’admiration. De jour en jour, il s’affirme et communique à son œuvre une ampleur nouvelle. Je le recommande d’autant plus volontiers à la bienveillante attention de tous les esprits sincères qu’il n’a pas dit, j’en suis tout à fait sûr, son dernier mot.
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Le divorce chez les Kabyles (1940)
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Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
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