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Kamira n Ait Sid à l’ONU

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Kamira n Ait Sid à l’ONU Empty Kamira n Ait Sid à l’ONU

Message  Zhafit Mer 15 Juil - 21:30

Kamira n Ait Sid à l’ONU




Madame Kamira NAIT-SID, présidente du collectif de femmes du printemps noir de Kabylie, intervient à la cession de l’instance permanente sur les questions autochtones au siège des nations unies à New York du 14 au 25 mai 2007.

Bonjour madame la présidente, mes frères et sœurs. Je suis madame Nait Sid kamira, présidente du collectif de femmes du printemps noir de Kabylie, membre fédérale du congres mondial amazighs, du mouvement pour l’autonomie de la Kabylie et membre de L’ipacc (coordination des comites africain des peuples autochtones). Ma communication, je l’ai consacrée à la situation économique de ma région : le Kabylie.

Les amazighs de l’Algérie

Les amazighs (berbères) sont présents en Afrique du Nord depuis la période préhistorique. Vaste et riche territoire, le pays des amazighs va susciter toutes les convoitises. Depuis l’antiquité, l’Afrique du Nord connaîtra plusieurs vagues d’envahisseurs : Aux phéniciens vont succéder les Romains, puis les Vandales, les Byzantins, les arabes (7ème siècle), les espagnols (15ème siècle), les Turcs (1515) et enfin les Français (1830). Les amazighs qui constituent donc le peuple autochtone d’Afrique du Nord sont aujourd’hui disséminés sur une dizaine de pays : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte (Siwa), Espagne (Canaries, Ceuta, Melilla), Niger, Mali, Burkina-Faso et Mauritanie (populations touarègues). On compte aujourd’hui une quarantaine de millions de locuteurs amazighs dont 75% environ vivent au Maroc et en Algérie.

Ce peuple dispose d’une langue et d’une culture propres. La langue amazighe bénéficie d’un système d’écriture original, « Tifinagh », développé il y a 4000 ans et préservé jusqu’à nos jours. Il existe également un autre système de transcription en caractères latins plus récent et qui tend à se répandre. En Algérie, les populations amazighophones représentent environ un tiers de la population totale, soit une dizaine de millions d’individus vivant principalement dans les régions de Kabylie, Aurès, Chenoua, M’zab et l’extrême sud du pays pour la composante touarègue. La Kabylie reste cependant la région qui compte le plus grand nombre d’amazighophones (6 à 7 millions de personnes). Il est également important de noter qu’il existe sur tout le territoire algérien des centaines d’endroits où l’on parle quotidiennement tamazight (la langue amazighe).

La situation des amazigh de l’algérie

Depuis l’indépendance du pays en 1962, l’Algérie a toujours pratiqué la même politique de négation et d’exclusion à l’encontre de l’identité amazighe. Les constitutions algériennes ont régulièrement réaffirmé la même définition de la nation reposant sur les seules composantes arabe et islamique excluant ainsi la composante amazighe. L’actuelle Constitution (qui date de 1996), si elle introduit enfin la référence à l’amazighité, à côté de l’Islam et de l’arabité, comme fondements de l’identité algérienne, c’est seulement dans son préambule et celui-ci insiste d’ailleurs plus loin sur « l’Algérie, terre d’Islam (...) et pays arabe ». Les articles 1-2 et 1-3 lèvent ensuite toute équivoque en stipulant que « l’islam est la religion de l’Etat » et « l’arabe est la langue nationale et officielle ».

Sous la pression de la rue en 2002 le gouvernement algérien a reconnu tamazight comme langue nationale mais dans la pratique rien n’a changé. Ainsi, l’existence en tant que telle d’une population de plusieurs millions d’amazighs algériens avec leur histoire, leur langue et leur culture plusieurs fois millénaires est tout simplement occultée, niée, refusée.

Toutes les violations des droits politiques, économiques, sociaux et culturels des populations amazighes découlent de cette négation constitutionnelle et seront donc pratiquées en toute « légalité ». Afin d’accentuer le processus d’assimilation des amazighs, l’arsenal juridique a été complété par la loi n° 91-05 du 16/01/91 « portant généralisation de l’utilisation de la langue arabe », modifiée par l’ordonnance n° 96-30 du 21/12/96 et qui est entrée en vigueur le 5 juillet 1998. Cette loi soumet à des sanctions pécuniaires et même à des peines de prison en cas de récidive, les auteurs de tout texte, contrat ou déclaration publique, écrits ou prononcés publiquement dans une autre langue que l’arabe.

Tous les documents émanant des administrations, des entreprises publiques et privées et même des associations, doivent obligatoirement être rédigés exclusivement en langue arabe. La loi 90-31 sur les associations culturelles va dans le même sens en interdisant toute publication qui ne soit pas en arabe. La langue amazighe n’est même pas considérée comme une « langue étrangère » - ce qui serait déjà particulièrement injuste et aberrant pour une langue dont la présence en Algérie est bien antérieure à l’apparition de la langue arabe.

Face à ce qui est vécu comme de graves injustices, les amazighs d’Algérie ont à maintes reprises réclamé publiquement le respect de leurs droits et des libertés démocratiques la région de Kabylie. La Kabylie est une région montagneuse située à cinquante kilomètres à l’est d’Alger. Elle s’étire le long de la cote méditerranéenne sur une distance de deux cents kilomètres pour une superficie de plus de 30 000kilometres.

Ses habitants, les kabyles, d’origine amazigh, La Kabylie reste cependant la région qui compte le plus grand nombre d’amazighophones 6 à 7 millions de personnes ainsi que deux million d’émigrés en France et dans d’autres pays du monde.

Violations des droits des kabyles

De révolte en révolte pour imposer un ordre démocratique en Algérie, la Kabylie s’est trouvé isolée dans son combat, marginalisée et réprimée. Au cours des vingt dernières années, on peut retenir notamment la révolte de la population de Kabylie au cours du printemps berbère de 1980, le boycott scolaire de l’année 1994/95 entrepris par les écoliers, les collégiens, les lycéens et étudiants pour exprimer leur refus de l’exclusion de tamazight de l’école algérienne, la révolte populaire qui a suivi l’assassinat du chanteur Lounès Matoub le 25 juin 1998 (à la veille de l’entrée en vigueur de la loi d’arabisation) et enfin le printemps noir de l’année 2001 qui marque une rupture totale entre la société civile Amazighophone algérienne et Kabyle en particulier, avec le pouvoir algérien et ses pratiques mêlant injustices, mépris, arrogance et violence.

Au cours du soulèvement citoyen de Kabylie au printemps 2001, les « forces de l’ordre » ont fait usage pendant trois mois d’armes de guerre (balles explosives) contre les populations civiles, faisant une centaine de morts et plus de 3000 blessés dont plus de la moitié garderont des séquelles à vie. La région de Kabylie est particulièrement visée par le pouvoir algérien qui cherche à la soumettre ou à la marginaliser parce qu’elle n’a de cesse de dénoncer les abus de pouvoir, le délabrement du service public, la corruption institutionnalisée, l’accaparement des richesses du pays par les clans au pouvoir, la paupérisation de la société, et de réclamer instamment l’instauration de l’état de droit où le citoyen vivrait dans la dignité, la justice, la paix et jouissant équitablement de ses droits et ce, conformément aux principes énoncés aussi bien par la Charte des Nations Unies, que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ou le Pacte International des Nations Unies relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

La situation économique de la Kabylie les droits socio-économiques.

Alors que l’Algérie est un pays riche grâce notamment à ses ressources pétrolières et gazières, le niveau de vie de la grande majorité de la population ne cesse de se détériorer car la rente énergétique est monopolisée par les clans qui se partagent le pouvoir au sommet de l’Etat. La paupérisation touche particulièrement les zones montagneuses comme les régions des Aurès et la Kabylie où le taux de chômage est largement supérieur à la moyenne nationale (30% en moyenne nationale, 50% en Kabylie). Dans la wilaya de Tizi-Ouzou par exemple, aucun investissement industriel d’envergure n’a été réalisé depuis 20 ans. Au contraire, les deux principales usines Cotitex (textile) et Eniem (électroménager) ont vu fondre leurs effectifs de façon vertigineuse.

Les investissements privés sont particulièrement découragés en Kabylie par un grand nombre de barrières Juridico administratives dans le but de préserver certains monopoles tout en les détournant vers d’autres régions du pays. Le chômage et les privations de toutes sortes qu’il engendre touche avec plus d’acuité les jeunes qui tentent de « fuir » la douloureuse réalité en s’adonnant à la consommation d’alcool, la drogue, l’exil et en dernier recours, le suicide.

Dés lors que l’état est le seul patron et banquier du pays, il est à même d’exercer à loisir un chantage économique et financier sur n’apporte quel groupe, n’importe quelle collectivité de son territoire. C’est ainsi que la Kabylie se trouve dans une situation de grave désinvestissement économique due au désengagement de l’état qui refuse, d’injecter des capitaux dans notre région qui lui reste politiquement hostile. Cette situation s’est aggravée avec la révolte de la Kabylie en 2001 .

La provocation d’avril 2001(révolte de Kabylie : le printemps noir), manœuvre, visant à déstabiliser la région reste une preuve consistante de la volonté du pouvoir centrale de noyer la Kabylie dans un bain de sang.

Cette diabolique stratégie est sanctionné par un bilan des plus macabres ; plus de 126 jeunes assassinés et des milliers de blessés . En plus de ce génocide, il y a eu, aussi d’autres conséquences qui ne sont pas moindres ; entre autre la paralysie totale du développement économique dans notre région.

Cette volonté politique de l’administration centrale est exprimée par un retard record dans les annales des programmes de réalisation d’équipement publics. Au moment ou la réalisation du programme normal d’équipement publics dans notre région est caractérisé par les blocages suscités, le gouvernement dote le reste du pays de multiples programme spéciaux financés par des enveloppes conséquentes qui reflètent l’importance des recettes pétrolières (richesses naturelles qui appartiennent normalement à tous les algériens) avec ses recettes, le gouvernement à lancé un programme « spécial grand sud » : un programme « spécial haut plateaux » et un autre « spécial grand Alger ». Si on tente de situer ces programmes géographiquement, nous remarquons qu’il n’y a pratiquement que la Kabylie qui est exclue.

Le gouvernement ne s’est pas contenté uniquement de négliger et de bloquer l’investissement en Kabylie, il a même délocalisé des grand projets destinés dans un premier temps pour la Kabylie ; à titre d’exemple : l’usine d’insuline, le complexe sportif de Tizi-Ouzou en Kabylie est remis au calendes grecs malgré les performances de notre équipe le JSK(jeunesse sportif kabyle) sur le plan national et continental, une autre grave discrimination est le tracé de l’autoroute est- ouest qui a à peine effleuré la kabylie et vue l’annulation de certains échangeurs et brettelles qui existaient dans l’étude préliminaire notamment au niveau de la vallée de la soummam. Une stratégie du gouvernement destinée à neutraliser le port de Bgayet : principal pole économique.

L’autonomie de la Kabylie comme solution à la crise

Pour remédier à tous les blocages des autorités algériennes au développement de la Kabylie, aujourd’hui nous pensons à la solution de l’autonomie à travers laquelle notre peuple récupérera l’initiative économique garante de son essor.

L’autonomie de notre région nous permettra d’éviter les entraves et les incompréhensions des autorités algériennes dont nous avons eu à souffrir depuis des décennies. Elle nous permettra aussi de mettre nos enfants à l’abri de la violence de l’état et à prendre en charge notre langue, notre culture et notre identité. Nous demandons aussi :

Kamira n Ait Sid à l’ONU Puce Le jugement des assassins des 126 martyrs du printemps noir.

Kamira n Ait Sid à l’ONU Puce Arrêt des intimidations et harcèlement des militants Kabyles et Amazighs.

Kamira n Ait Sid à l’ONU Puce Cessation de la politique de pourrissement de la Kabylie.

Kamira n Ait Sid à l’ONU Puce Partage équitable des richesses de notre pays (les recettes pétrolières et gaz et autres)

Kamira n Ait Sid à l’ONU Puce Arrêt des blocages des projets d’investissement en Kabylie.

Enfin, je tiens à rendre un vibrant hommage à tous les martyrs du printemps noir de Kabylie , à toutes les victimes et à tous ceux et celles qui continuent la résistance citoyenne pacifique.

Je vous remercie.



source:



http://www.afrique-du-nord.com/article.php3?id_article=692
Zhafit
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Message  aokas-aitsmail Mer 10 Avr - 21:07

oui

aokas-aitsmail

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