C'est clair maintenant, un écrivain d'expression française doit passer par la France pour se faire connaître

J'ai lu deux fois le premier roman de Louenas Hassani " la coureuse des vents". J'ai beaucoup aimé le message de cette oeuvre , un message universel , un hymne à la paix et à la tolérance... Je ne vous cache pas combien je suis déçu par le fait qu'il n'a pas eu l'impact escompté... C'est clair maintenant, un écrivain d'expression française doit passer par la France pour se faire connaître... La république de l'abîme, deuxième roman de Louenas, risque d'avoir le même sort que le premier si l'auteur décide de rester au Canada... On souhaite te voir sur les plateaux de télévisions françaises Louenas....

Ali Kaidi Il y a un monopole du souk des idées et des opinions qui donne de la visibilité à qui il veut. Pratiquement le souk choisit les même auteurs, il n'aime pas l'aventure. C'est l'argent qui contrôle les idées et opinions. Il faut casser le monopole en construisant un autre souk parallèle (trabindo) de la production littéraire pour donner de la chance aux talents anonymes.

Fatah Bouhmila On n'a pas du aimé qu'il tue son héroïne à Jérusalem; le message est ambigu. Sinon même au Canada, il y'a la promo du livre francophone.

Louenas Hassani Mon ami, Fatah, je ne crois pas que le message soit ambigu. L'histoire d'un roman n'a pas à se justifier, sa justification est dans le récit lui-même. Sinon qu'elle meure à Jérusalem ou ailleurs, le récit est sur la complexité de l'identité ou des identités, dans l'opposition sempiternelle de l'altérité et des identités meurtrières qui croient avoir l'apanage de l'explication du monde. Addis est victime de la diversité qui court jusque dans son sang. Elle croyait pouvoir être la synthèse, un prétexte pour la réconciliation des idéologies et des religions abrahamiques, une incarnation d'un possible qui transcende le sexe, la couleur et la religion. Mais elle s'est trompée, parce que le réel est parfois ou souvent plus puissant que les utopies.

Louenas Hassani Merci les amis pour vos messages encourageants! Mais je crois qu'au-delà de la question de la France et du Canada, il y a la question de la crise du livre que subissent toutes les sociétés du monde. On ne lit plus, on préfère le résumé de l'actualité à l'analyse journalistique, l'urgence au long terme... J'ai discuté avec plusieurs auteurs durant les salons du livre; le constat est partout le même: quand tu passes par un média de renom, ton écrit peut être un torchon, il passe quand même. Pourquoi aller plus loin? Regardez les Goncourt et les grands prix littéraires... Franchement, on se demande si c'est vraiment

Louenas Hassani des œuvres qui méritent d'avoir un tel retentissement. Il y a des auteurs de renom qui feraient mieux de se la jouer plus modestes, parce que leurs œuvres ne valent pas grand-chose en réalité. Des phrasologues si je puis le dire adoptés par la caste médiatique! Le roman, le vrai, je le crois humblement, se passe de ce beau monde; car il trace, il reste dans la mémoire, il va dans les tréfonds. Les grandes œuvres classiques de la littérature algérienne par exemple n'ont pas eu de grands succès commerciaux, mais de bouche à oreille, du présent à la postérité, elles n'ont de cesse de modeler et remodeler notre façon de regarder le monde.