Des liens commencent à naitre entre nos intellectuels établis au Canada et le café littéraire d’Aokas
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laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: Des liens commencent à naitre entre nos intellectuels établis au Canada et le café littéraire d’Aokas
Voyage au pays de l’érable : la renaissance Kabyle viendra du Canada (vidéo)
Réunion conviviale au Canada
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[email=?subject=Invit%C3%A9%20par%20la%20fondation%20amazighe%20du%20Canada%20Tiregwa%20pour%20un%20cycle%20de%20conf%C3%A9rences%20sur%20le%20patrimoine%20culturel%20amazighe%20dans%20les...&body=http%3A%2F%2Fwww.lematindz.net%2Fnews%2F22416-voyage-au-pays-de-lerable-la-renaissance-kabyle-viendra-du-canada.html]E-mail[/email]
Invité par la fondation amazighe du Canada Tiregwa pour un cycle de conférences sur le patrimoine culturel amazighe dans les trois grandes villes, Montréal, Québec et Ottawa, j’ai atterri avec mon épouse à l’aéroport Yul de Montréal le vendredi 4 novembre dans l’après midi.
Par Rachid Oulebsir
Rachid At Ali Ouqaci, l’omniprésent et dynamique président de la fondation était là à m’attendre. L’accueil fut chaleureux ! J’avais le bonheur de partager le même vol avec l’artiste-chanteur Djaafar Ait Menguellet venu pour un concert à Montréal, et Samir Nait Belkacem le réalisateur-adaptateurs des films vidéos pour enfants "Les Moutchoutchous", documents pédagogiques de haute valeur d’apprentissage de la langue kabyle. Le passage en douanes fut simple et rapide. Le président de "Tasbeddit Tiregwa" nous offrit le choix entre une chambre d’hôtel et l’hébergement par une famille d’accueil kabyle. Nous avons préféré nous rendre chez mon neveu Samir, un self made man installé au Canada depuis plus de 10 ans. Mohand Bahtani, un sympathique adhérent de la fondation nous convoya vers le Quartier Petite Italie où mon neveu est propriétaire d’une vaste maison à deux étages.
INAS, une école de Tamazight au cœur de Montréal
Je n’ai pas eu le temps de rattraper le décalage horaire de 6 heures entre Bgayet et Montréal car d-s le lendemain, je dus visiter l’école de langue Amazighe INAS, en compagnie d’ Ahmed Tessa conseiller de la ministre algérienne de l’Education Nouria Benghebrit, invité lui aussi par la Fondation Tiregwa pour des conférences sur les référents pédagogiques et l’enseignement des langues maternelles. La visite prit deux bonnes heures, nous eûmes le bonheur d’écouter les enfants nés au Canada s’exprimer en kabyle au cœur de Montréal. J’ai échangé dans notre délicieuse langue maternelle avec les tout jeunes élèves sur la cueillette des olives en Kabylie (Ussan n Uzemmur). J’ai eu le bonheur d’offrir plusieurs exemplaires de mon essai en tamazight "Ussan N Uzemmur deg Yidurar n Leqbayel" à la bibliothèque de l’école tenue par de nombreux bénévoles. Les textes finement traduits par l’inspecteur de tamazight Djamal Arezki, serviront de support pédagogique aux enseignants et aux enfants qui prennent des cours de Tamazight deux heures chaque samedi. Pour immortaliser la visite, Djamila Addar de la télévision amazighe de Montréal Tamazgha TV filma toutes les étapes de notre passage dans cet espace de renaissance kabyle.
La levée de fonds de la fondation Tiregwa
Le même jour dans la soirée, la fondation Tiregwa organisa son rituel lever de fonds annuel dans la grande salle "Perle Bleue" berbèrement décorée où de nombreux mécènes sont venus partager un souper et contribuer au financement des activités de la fondation. L’événement révéla la richesse de la ressource humaine kabyle disséminée à travers les grands pays du monde. J’eus la chance d’y rencontrer le professeur de la NASA, Nourreddine Melikchi et de nombreux autres universitaires de renom à l’instar du docteur Hocine Toulait, des personnalités du monde artistique, humoristes, peintres, cinéastes, et autres créateurs dans de nombreux domaines. L’animation de la soirée par Malika... au délicieux parler pétri de métaphores kabyles et de féconds néologismes était de haute volée. Des prises de parole se sont succédé pour tisser la trame fraternelle et nourrir l’intérêt commun de la sauvegarde et la transmission à nos enfants de notre culture et de notre identité par la mobilisation des moyens humains et matériels nécessaires.
De l’eau sur la planète Mars et de la lumière pour guérir le cancer
Le lendemain dimanche 6 novembre, j’eus l’heureuse opportunité d’écouter au Café littéraire "Carrefour de Montréal" l’éminent professeur Nouredine Melikchi, l'un des rares chercheurs au monde à avoir été choisi par la NASA pour participer à deux missions consécutives dans le programme d'exploration de la planète Mars. Il expliqua à l’auditoire subjugué dans un verbe scientifique accessible, le programme de ses recherches futures au profit de la NASA. Ses travaux en physique optique font référence sur le plan universel. Accessible et modeste, il nous gratifia d’une série de connaissances sur un support informatique démonstratif autour du thème ''la lumière pour prévenir et guérir le cancer sur terre et trouver des signes de vie sur Mars''. Après la conférence, le professeur Melikchi me prit à part et nous avons discuté de ses origines d’At Melikeche, tribu du versant méridional du Djurdjura qui domine la vallée de la Soummam. Lui, le natif de Ténia (ex-Menerville), me demanda de lui envoyer mes écrits sur l’histoire de la tribu de ses ancêtres connue pour son caractère révolutionnaire (1125 martyrs durant la guerre d’indépendance). La famille Melikchi est l’une de ces nombreuses familles parties avec l’armée du royaume de Koukou à la conquête d’Alger au début du 16ème siècle. Certaines s’étaient installées dans la Mitidja et d’autres à l’orée de la Kabylie à Tizi n At Aicha (Tenia) où se déroula la fameuse bataille où l’armée kabyle avait battu l’armée turque. A la fin du 19ème siècle l’administration coloniale française institua l’état civil et chaque famille choisit un nom patronymique, la famille Melikchi prit celui de sa tribu ancestrale dont le chercheur de la NASA est si fier.
A la découverte de la communauté kabyle de Montréal
Les Kabyles installés à Montréal sont nombreux, ils constituent une communauté liée par les valeurs des ancêtres, solidarité, hospitalité et sauvegarde des racines. Ayant appris mon arrivée à Montréal de nombreux citoyens de Kabylie m’ont contacté, me proposant de me loger, de m’aider, de m’inviter à manger et dormir chez eux ! J’étais honoré par tant de sollicitude et d’hospitalité. Les valeurs kabyles sont encore vivaces ! Kuceila S. originaire de Timezrit dans la Soummam me fit faire un tour de la ville, d’abord le Mont Royal, parc naturel juché sur une hauteur dominant la ville, puis l’université, enfin le centre ville où d’imposants gratte-ciel abritent centres commerciaux et bureaux administratifs et financiers. Les restaurants sont nombreux, toute la gastronomie mondiale est là ! Le couscous de Kabylie occupe une place enviée dans l’art culinaire au Canada. Tahar T. de Tazmalt, entrepreneur à Montréal, nous fit découvrir la cuisine indienne ! Aziz Farès, un vieil ami d’Alger, écrivain et homme de radio, nous offrit un repas dans un restaurant libanais ! Mohamed B., de Bgayet, me déplaça au Tikjda, un café emblématique réunissant les Kabyles de Montréal, j’y ai goûté un couscous au piments avec Djaafar Ait Menguellet et Samir Nait Belkacem. Rachid At Ali Ouqaci, l’infatigable coordinateur de la fondation Tiregwa était là, rejoint par un ami venu des USA.
Mohand B. des Ouadhias, enseignant de langue française à l’université; m’invita chez lui à un barbecue de cailles, Khodir B. d’Amalou et son épouse s’étaient pliés en quatre pour nous être agréables, autour d’un riche repas de cuisine kabyle enrichie de plats locaux du Canada. S. Bino de Toghza (Bouira) nous fit goûter à la cuisine marocaine au restaurant "La mer rouge" avant de nous emmener finir la soirée avec ses enfants autour de délicieuses crèmes glacées.
Mais la grande surprise est dans le parler des enfants ! Tous sans exception parlent Kabyle, certains fréquentent l’école de Tamazight, d’autres des écoles de musique ! Léa, une fille de 8 ans, nous joua sur son piano l’air de Farid Ali, "A Yemma sbar ur tsrou". Nadia Zouaoui, fille de Tazmalt, célèbre cinéaste, dont les films sont maintes fois primés à l’international, nous invita pour un dîner autour de la cuisine kabyle version canadienne. Son père et sa mère vivant alternativement à Taqerbouzt et Montréal, se joignirent à nous. L’ancien diplomate, Tayeb B., terrassé par la "nostalgérie", ne cessait de remonter des images du pays perdu. Son fils cinéaste virtuose réalisa "Montréal la blanche" d’abord en pièce de théâtre puis en film. Nous retrouvions, tous les soirs mon épouse et moi, le neveu Samir, un ingénieur en informatique qui a créé sa propre entreprise intervenant dans les services aux grandes firmes. Il nous hébergea durant mon séjour de 18 jours nous promena dans la ville, les quartiers de la diversité communautaires, Juifs, Indonésiens, Pakistanais, Marocains, Tunisiens, Libanais et Syriens. Un de mes anciens élèves, K. Takka, m’invita chez lui, nous visitâmes les quartiers où résident les "Indiens" les enfants du peuple autochtone. En résumé, tous ceux qui sont venus dans ce pays ont serré la ceinture et retroussé les manches, ils ont travaillé et réussi leur insertion. Certains ont perdu leur kabylité, se contentant de donner des prénoms amazighs à leur progéniture Massinissa, Kahina, Syphax… comme pour éloigner le mauvais œil et se donner bonne conscience vis-à-vis des racines ! Mais le temps effacera la transmission et à leur manière ils seront les derniers Kabyles du Canada.
La Kabylie menacée d’extinction culturelle et identitaire
Il m’avait fallu une semaine pour rattraper le décalage horaire de 6 heures. Je devais donner ma première conférence tant attendue sur le thème de l’identification et de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel amazigh en général et kabyle en particulier. Le centre humaniste de Montréal accueillit l’événement co organisé par le Carrefour littéraire de Montréal et la fondation Tiregwa . Le lieu est mythique ! la grande salle fut immédiatement noire de monde, plus de 120 personnes y trouvèrent place. Nacer Irid d’Akfadou installé au Canada depuis plus d’une décennie est l’animateur du "Carrefour littéraire de Montréal", il modéra le débat alternativement avec Rachid At Ali Ouqaci. Nadia Zouaoui, me présenta au public ! Qui fut heureux d’entendre une conférence en kabyle . La problématique est simple : Que reste t il de la Kabylité ? Qu’avons-nous perdu, que doit on faire pour sauvegarder ce qui a survécu et le transmettre aux jeunes générations. Nous avons à nous appuyer sur l’apport le plus récent des sciences humaines. L’UNESCO a tracé la voie à suivre concernant la sauvegarde des cultures des peuples autochtones. La convention de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel signée à Paris en 2003 est explicite, une véritable feuille de route pour tout chercheur qui voudrait s’engager sur cette voie de l identification, de la préservation et de la transmission du legs des ancêtres. Un riche débat autour de la cosmogonie et de l’écologie amazighe enterrée par les religions monothéistes a suivi la conférence qui a été filmée et partagée sur les réseaux sociaux
Un buste de Massinissa et une écharpe portant drapeau amazigh furent la distinction que le «carrefour littéraire» de Montréal et la «Fondation Tiregwa» d’Ottawa, m’ont décernée le 11 novembre, suite à ma communication sur "L écologie et la cosmogonie kabyles anciennes"
Agraw Adelsan Aqbayli de Quebec
L’association Agraw Aqbayli de la ville de Québec, informée de ma présence à Montréal et l’impact de la conférence-débat organisée conjointement par le Forum culturel de Montréal et la fondation Tiregwa du Canada, dépêcha le docteur Boussaid pour me convoyer de Montréal, capitale économique jusqu’à Quebec, la vieille capitale administrative.
La conférence fut précédée d’une visite au château historique Frontenac et aux vieux quartiers d’un charme singulier. La communication regroupa une trentaine de personnes, universitaires et militants de l’amazighité venus poser les questions les plus pointues relatives à la situation linguistique, et culturelle des Amazighs de Kabylie et d’ailleurs. La cérémonie fut clôturée par la remise de l’Azal Adelsan Aqbayli, un prix qui honora ma contribution à la sauvegarde de la culture et des contenus identitaires amazighes.
De retour à Montréal, le jeudi, accompagné de mon ami Khodir Balit, j ai offert quatre titres de mes ouvrages à la Banq (Bibliothèque des archives nationales du Québec). J’y avais déjà deux titres. L'un de ces ouvrages est en tamazight. J'espère que la communauté kabyle de Montréal pourra s'en servir. J’appris fortuitement qu’au Canada, le mot Imazighen, les hommes libres, a son équivalent chez les peuples autochtones du Canada, ce sont les Onkwehon We, "les êtres véritables". Unis autrefois par "la grande loi de la paix et de la compréhension"
La communauté kabyle de Montréal fut réunie par un mégaconcert de Djaafar Ait Menguellet, dans une immense salle qui a vibré aux rythmes des banses kabyles, et des you-yous kabylo-nordiques.
Une médaille du mérite culturel amazighe
A Ottawa le 19 novembre 2016, la Fondation amazighe canadienne Tiregwa m’a attribué la médaille du mérite culturel amazigh suite aux trois conférences que j ai animées à Montréal, Québec et Ottawa. Elle m’a été remise par le Docteur Hocine Toulait. Une terrible émotion m’envahit sur le moment, mes pensées retrouvèrent tous les enfants kabyles qui ont perdu leur langue, toutes les mamans que la télévision arabo-islamiste algérienne dématernalise à la cadence des cinq prières quotidiennes ainsi qu’aux personnes âgées que l’alphabétisation islamiste tardive dévalorise et infantilise pour enterrer notre mémoire vivante !
Dans la soirée, nous nous sommes recueillis au domicile de la famille Belahbib qui venait de perdre sa fille Amina Sara. La communauté kabyle de Gâtineau-Ottawa a manifesté une forte solidarité envers la famille Belahbib frappée dans sa chair, je suis impressionné par le niveau de Kabylité concrétisée par la forte présence et la prise en charge des repas par les familles kabyles durant trois semaines, chacune son tour. La pérennité des valeurs kabyles de solidarité et d assistance est vivaces et augure d une transmission certaine de notre spiritualité au delà de l’atlantique. Un grand bravo à tous les citoyens kabyles d Ottawa qui nous donnent une grande leçon d’authenticité et de modernité kabyles. Au vu de cette mobilisation j’ai conclu que les valeurs universelles de nos ancêtres nous reviendront du Canada et d’ailleurs auréolées de modernité
De Montréal, Mohand Bahtani qui m’avait convoyé de l’aéroport Yul vers le domicile de mon neveu à mon arrivée le 4 novembre s’est fait le devoir de me ramener à l’aéroport ce dernier jour de mon séjour fructueux et convivial ce mardi 22 novembre. Notre avion décolla à 17 h40. Nous avions rencontré une vieille kabyle repartant vers les hauteurs du Djurdjura, elle sympathisa avec ma femme. Nous avons volé toute la nuit ; le décalage horaire de 6 heures a fait que nous arrivâmes à Alger à 7h30 du matin.
R. O.
La conférence de Rachid Oulebsir
Réunion conviviale au Canada
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Invité par la fondation amazighe du Canada Tiregwa pour un cycle de conférences sur le patrimoine culturel amazighe dans les trois grandes villes, Montréal, Québec et Ottawa, j’ai atterri avec mon épouse à l’aéroport Yul de Montréal le vendredi 4 novembre dans l’après midi.
Par Rachid Oulebsir
Rachid At Ali Ouqaci, l’omniprésent et dynamique président de la fondation était là à m’attendre. L’accueil fut chaleureux ! J’avais le bonheur de partager le même vol avec l’artiste-chanteur Djaafar Ait Menguellet venu pour un concert à Montréal, et Samir Nait Belkacem le réalisateur-adaptateurs des films vidéos pour enfants "Les Moutchoutchous", documents pédagogiques de haute valeur d’apprentissage de la langue kabyle. Le passage en douanes fut simple et rapide. Le président de "Tasbeddit Tiregwa" nous offrit le choix entre une chambre d’hôtel et l’hébergement par une famille d’accueil kabyle. Nous avons préféré nous rendre chez mon neveu Samir, un self made man installé au Canada depuis plus de 10 ans. Mohand Bahtani, un sympathique adhérent de la fondation nous convoya vers le Quartier Petite Italie où mon neveu est propriétaire d’une vaste maison à deux étages.
INAS, une école de Tamazight au cœur de Montréal
Je n’ai pas eu le temps de rattraper le décalage horaire de 6 heures entre Bgayet et Montréal car d-s le lendemain, je dus visiter l’école de langue Amazighe INAS, en compagnie d’ Ahmed Tessa conseiller de la ministre algérienne de l’Education Nouria Benghebrit, invité lui aussi par la Fondation Tiregwa pour des conférences sur les référents pédagogiques et l’enseignement des langues maternelles. La visite prit deux bonnes heures, nous eûmes le bonheur d’écouter les enfants nés au Canada s’exprimer en kabyle au cœur de Montréal. J’ai échangé dans notre délicieuse langue maternelle avec les tout jeunes élèves sur la cueillette des olives en Kabylie (Ussan n Uzemmur). J’ai eu le bonheur d’offrir plusieurs exemplaires de mon essai en tamazight "Ussan N Uzemmur deg Yidurar n Leqbayel" à la bibliothèque de l’école tenue par de nombreux bénévoles. Les textes finement traduits par l’inspecteur de tamazight Djamal Arezki, serviront de support pédagogique aux enseignants et aux enfants qui prennent des cours de Tamazight deux heures chaque samedi. Pour immortaliser la visite, Djamila Addar de la télévision amazighe de Montréal Tamazgha TV filma toutes les étapes de notre passage dans cet espace de renaissance kabyle.
La levée de fonds de la fondation Tiregwa
Le même jour dans la soirée, la fondation Tiregwa organisa son rituel lever de fonds annuel dans la grande salle "Perle Bleue" berbèrement décorée où de nombreux mécènes sont venus partager un souper et contribuer au financement des activités de la fondation. L’événement révéla la richesse de la ressource humaine kabyle disséminée à travers les grands pays du monde. J’eus la chance d’y rencontrer le professeur de la NASA, Nourreddine Melikchi et de nombreux autres universitaires de renom à l’instar du docteur Hocine Toulait, des personnalités du monde artistique, humoristes, peintres, cinéastes, et autres créateurs dans de nombreux domaines. L’animation de la soirée par Malika... au délicieux parler pétri de métaphores kabyles et de féconds néologismes était de haute volée. Des prises de parole se sont succédé pour tisser la trame fraternelle et nourrir l’intérêt commun de la sauvegarde et la transmission à nos enfants de notre culture et de notre identité par la mobilisation des moyens humains et matériels nécessaires.
De l’eau sur la planète Mars et de la lumière pour guérir le cancer
Le lendemain dimanche 6 novembre, j’eus l’heureuse opportunité d’écouter au Café littéraire "Carrefour de Montréal" l’éminent professeur Nouredine Melikchi, l'un des rares chercheurs au monde à avoir été choisi par la NASA pour participer à deux missions consécutives dans le programme d'exploration de la planète Mars. Il expliqua à l’auditoire subjugué dans un verbe scientifique accessible, le programme de ses recherches futures au profit de la NASA. Ses travaux en physique optique font référence sur le plan universel. Accessible et modeste, il nous gratifia d’une série de connaissances sur un support informatique démonstratif autour du thème ''la lumière pour prévenir et guérir le cancer sur terre et trouver des signes de vie sur Mars''. Après la conférence, le professeur Melikchi me prit à part et nous avons discuté de ses origines d’At Melikeche, tribu du versant méridional du Djurdjura qui domine la vallée de la Soummam. Lui, le natif de Ténia (ex-Menerville), me demanda de lui envoyer mes écrits sur l’histoire de la tribu de ses ancêtres connue pour son caractère révolutionnaire (1125 martyrs durant la guerre d’indépendance). La famille Melikchi est l’une de ces nombreuses familles parties avec l’armée du royaume de Koukou à la conquête d’Alger au début du 16ème siècle. Certaines s’étaient installées dans la Mitidja et d’autres à l’orée de la Kabylie à Tizi n At Aicha (Tenia) où se déroula la fameuse bataille où l’armée kabyle avait battu l’armée turque. A la fin du 19ème siècle l’administration coloniale française institua l’état civil et chaque famille choisit un nom patronymique, la famille Melikchi prit celui de sa tribu ancestrale dont le chercheur de la NASA est si fier.
A la découverte de la communauté kabyle de Montréal
Les Kabyles installés à Montréal sont nombreux, ils constituent une communauté liée par les valeurs des ancêtres, solidarité, hospitalité et sauvegarde des racines. Ayant appris mon arrivée à Montréal de nombreux citoyens de Kabylie m’ont contacté, me proposant de me loger, de m’aider, de m’inviter à manger et dormir chez eux ! J’étais honoré par tant de sollicitude et d’hospitalité. Les valeurs kabyles sont encore vivaces ! Kuceila S. originaire de Timezrit dans la Soummam me fit faire un tour de la ville, d’abord le Mont Royal, parc naturel juché sur une hauteur dominant la ville, puis l’université, enfin le centre ville où d’imposants gratte-ciel abritent centres commerciaux et bureaux administratifs et financiers. Les restaurants sont nombreux, toute la gastronomie mondiale est là ! Le couscous de Kabylie occupe une place enviée dans l’art culinaire au Canada. Tahar T. de Tazmalt, entrepreneur à Montréal, nous fit découvrir la cuisine indienne ! Aziz Farès, un vieil ami d’Alger, écrivain et homme de radio, nous offrit un repas dans un restaurant libanais ! Mohamed B., de Bgayet, me déplaça au Tikjda, un café emblématique réunissant les Kabyles de Montréal, j’y ai goûté un couscous au piments avec Djaafar Ait Menguellet et Samir Nait Belkacem. Rachid At Ali Ouqaci, l’infatigable coordinateur de la fondation Tiregwa était là, rejoint par un ami venu des USA.
Mohand B. des Ouadhias, enseignant de langue française à l’université; m’invita chez lui à un barbecue de cailles, Khodir B. d’Amalou et son épouse s’étaient pliés en quatre pour nous être agréables, autour d’un riche repas de cuisine kabyle enrichie de plats locaux du Canada. S. Bino de Toghza (Bouira) nous fit goûter à la cuisine marocaine au restaurant "La mer rouge" avant de nous emmener finir la soirée avec ses enfants autour de délicieuses crèmes glacées.
Mais la grande surprise est dans le parler des enfants ! Tous sans exception parlent Kabyle, certains fréquentent l’école de Tamazight, d’autres des écoles de musique ! Léa, une fille de 8 ans, nous joua sur son piano l’air de Farid Ali, "A Yemma sbar ur tsrou". Nadia Zouaoui, fille de Tazmalt, célèbre cinéaste, dont les films sont maintes fois primés à l’international, nous invita pour un dîner autour de la cuisine kabyle version canadienne. Son père et sa mère vivant alternativement à Taqerbouzt et Montréal, se joignirent à nous. L’ancien diplomate, Tayeb B., terrassé par la "nostalgérie", ne cessait de remonter des images du pays perdu. Son fils cinéaste virtuose réalisa "Montréal la blanche" d’abord en pièce de théâtre puis en film. Nous retrouvions, tous les soirs mon épouse et moi, le neveu Samir, un ingénieur en informatique qui a créé sa propre entreprise intervenant dans les services aux grandes firmes. Il nous hébergea durant mon séjour de 18 jours nous promena dans la ville, les quartiers de la diversité communautaires, Juifs, Indonésiens, Pakistanais, Marocains, Tunisiens, Libanais et Syriens. Un de mes anciens élèves, K. Takka, m’invita chez lui, nous visitâmes les quartiers où résident les "Indiens" les enfants du peuple autochtone. En résumé, tous ceux qui sont venus dans ce pays ont serré la ceinture et retroussé les manches, ils ont travaillé et réussi leur insertion. Certains ont perdu leur kabylité, se contentant de donner des prénoms amazighs à leur progéniture Massinissa, Kahina, Syphax… comme pour éloigner le mauvais œil et se donner bonne conscience vis-à-vis des racines ! Mais le temps effacera la transmission et à leur manière ils seront les derniers Kabyles du Canada.
La Kabylie menacée d’extinction culturelle et identitaire
Il m’avait fallu une semaine pour rattraper le décalage horaire de 6 heures. Je devais donner ma première conférence tant attendue sur le thème de l’identification et de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel amazigh en général et kabyle en particulier. Le centre humaniste de Montréal accueillit l’événement co organisé par le Carrefour littéraire de Montréal et la fondation Tiregwa . Le lieu est mythique ! la grande salle fut immédiatement noire de monde, plus de 120 personnes y trouvèrent place. Nacer Irid d’Akfadou installé au Canada depuis plus d’une décennie est l’animateur du "Carrefour littéraire de Montréal", il modéra le débat alternativement avec Rachid At Ali Ouqaci. Nadia Zouaoui, me présenta au public ! Qui fut heureux d’entendre une conférence en kabyle . La problématique est simple : Que reste t il de la Kabylité ? Qu’avons-nous perdu, que doit on faire pour sauvegarder ce qui a survécu et le transmettre aux jeunes générations. Nous avons à nous appuyer sur l’apport le plus récent des sciences humaines. L’UNESCO a tracé la voie à suivre concernant la sauvegarde des cultures des peuples autochtones. La convention de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel signée à Paris en 2003 est explicite, une véritable feuille de route pour tout chercheur qui voudrait s’engager sur cette voie de l identification, de la préservation et de la transmission du legs des ancêtres. Un riche débat autour de la cosmogonie et de l’écologie amazighe enterrée par les religions monothéistes a suivi la conférence qui a été filmée et partagée sur les réseaux sociaux
Un buste de Massinissa et une écharpe portant drapeau amazigh furent la distinction que le «carrefour littéraire» de Montréal et la «Fondation Tiregwa» d’Ottawa, m’ont décernée le 11 novembre, suite à ma communication sur "L écologie et la cosmogonie kabyles anciennes"
Agraw Adelsan Aqbayli de Quebec
L’association Agraw Aqbayli de la ville de Québec, informée de ma présence à Montréal et l’impact de la conférence-débat organisée conjointement par le Forum culturel de Montréal et la fondation Tiregwa du Canada, dépêcha le docteur Boussaid pour me convoyer de Montréal, capitale économique jusqu’à Quebec, la vieille capitale administrative.
La conférence fut précédée d’une visite au château historique Frontenac et aux vieux quartiers d’un charme singulier. La communication regroupa une trentaine de personnes, universitaires et militants de l’amazighité venus poser les questions les plus pointues relatives à la situation linguistique, et culturelle des Amazighs de Kabylie et d’ailleurs. La cérémonie fut clôturée par la remise de l’Azal Adelsan Aqbayli, un prix qui honora ma contribution à la sauvegarde de la culture et des contenus identitaires amazighes.
De retour à Montréal, le jeudi, accompagné de mon ami Khodir Balit, j ai offert quatre titres de mes ouvrages à la Banq (Bibliothèque des archives nationales du Québec). J’y avais déjà deux titres. L'un de ces ouvrages est en tamazight. J'espère que la communauté kabyle de Montréal pourra s'en servir. J’appris fortuitement qu’au Canada, le mot Imazighen, les hommes libres, a son équivalent chez les peuples autochtones du Canada, ce sont les Onkwehon We, "les êtres véritables". Unis autrefois par "la grande loi de la paix et de la compréhension"
La communauté kabyle de Montréal fut réunie par un mégaconcert de Djaafar Ait Menguellet, dans une immense salle qui a vibré aux rythmes des banses kabyles, et des you-yous kabylo-nordiques.
Une médaille du mérite culturel amazighe
A Ottawa le 19 novembre 2016, la Fondation amazighe canadienne Tiregwa m’a attribué la médaille du mérite culturel amazigh suite aux trois conférences que j ai animées à Montréal, Québec et Ottawa. Elle m’a été remise par le Docteur Hocine Toulait. Une terrible émotion m’envahit sur le moment, mes pensées retrouvèrent tous les enfants kabyles qui ont perdu leur langue, toutes les mamans que la télévision arabo-islamiste algérienne dématernalise à la cadence des cinq prières quotidiennes ainsi qu’aux personnes âgées que l’alphabétisation islamiste tardive dévalorise et infantilise pour enterrer notre mémoire vivante !
Dans la soirée, nous nous sommes recueillis au domicile de la famille Belahbib qui venait de perdre sa fille Amina Sara. La communauté kabyle de Gâtineau-Ottawa a manifesté une forte solidarité envers la famille Belahbib frappée dans sa chair, je suis impressionné par le niveau de Kabylité concrétisée par la forte présence et la prise en charge des repas par les familles kabyles durant trois semaines, chacune son tour. La pérennité des valeurs kabyles de solidarité et d assistance est vivaces et augure d une transmission certaine de notre spiritualité au delà de l’atlantique. Un grand bravo à tous les citoyens kabyles d Ottawa qui nous donnent une grande leçon d’authenticité et de modernité kabyles. Au vu de cette mobilisation j’ai conclu que les valeurs universelles de nos ancêtres nous reviendront du Canada et d’ailleurs auréolées de modernité
De Montréal, Mohand Bahtani qui m’avait convoyé de l’aéroport Yul vers le domicile de mon neveu à mon arrivée le 4 novembre s’est fait le devoir de me ramener à l’aéroport ce dernier jour de mon séjour fructueux et convivial ce mardi 22 novembre. Notre avion décolla à 17 h40. Nous avions rencontré une vieille kabyle repartant vers les hauteurs du Djurdjura, elle sympathisa avec ma femme. Nous avons volé toute la nuit ; le décalage horaire de 6 heures a fait que nous arrivâmes à Alger à 7h30 du matin.
R. O.
La conférence de Rachid Oulebsir
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: Des liens commencent à naitre entre nos intellectuels établis au Canada et le café littéraire d’Aokas
http://www.lematindz.net/news/22416-voyage-au-pays-de-lerable-la-renaissance-kabyle-viendra-du-canada.html
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: Des liens commencent à naitre entre nos intellectuels établis au Canada et le café littéraire d’Aokas
"la renaissance Kabyle viendra du Canada " (Rachid Oulbsir)
notre communauté au Canada était de tout cœur avec le café littéraire d' Aokas menacée de disparition par l'administration qui œuvre pour une Algerie arabo- baathiste, totalement opposée à celle rêver par les animateurs du café littéraire de la capitale de l'ex-commune mixte d'Oued Marsa.
une administration qui a poussé la crème de ce pays à plier bagages et chercher des cieux plus cléments... une administration qui a vidé l’Algérie de sa substance intellectuelle!
nos meilleurs enfants sont ailleurs!
quel plaisir de découvrir que plusieurs intellectuels kabyles établis au Canada souhaitent propager leur savoir en kabylie
trois intellectuels de notre diaspora au Canada ont déjà donné des conférences à Aokas et plusieurs autres souhaitent les suivre....
Rachid Oulebsir à tout dit dans son article intitulé "la renaissance Kabyle viendra du Canada "
pour lire , cliquez sur le lien suivant
http://www.lematindz.net/news/22416-voyage-au-pays-de-lerable-la-renaissance-kabyle-viendra-du-canada.html
notre communauté au Canada était de tout cœur avec le café littéraire d' Aokas menacée de disparition par l'administration qui œuvre pour une Algerie arabo- baathiste, totalement opposée à celle rêver par les animateurs du café littéraire de la capitale de l'ex-commune mixte d'Oued Marsa.
une administration qui a poussé la crème de ce pays à plier bagages et chercher des cieux plus cléments... une administration qui a vidé l’Algérie de sa substance intellectuelle!
nos meilleurs enfants sont ailleurs!
quel plaisir de découvrir que plusieurs intellectuels kabyles établis au Canada souhaitent propager leur savoir en kabylie
trois intellectuels de notre diaspora au Canada ont déjà donné des conférences à Aokas et plusieurs autres souhaitent les suivre....
Rachid Oulebsir à tout dit dans son article intitulé "la renaissance Kabyle viendra du Canada "
pour lire , cliquez sur le lien suivant
http://www.lematindz.net/news/22416-voyage-au-pays-de-lerable-la-renaissance-kabyle-viendra-du-canada.html
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: Des liens commencent à naitre entre nos intellectuels établis au Canada et le café littéraire d’Aokas
"la renaissance Kabyle viendra du Canada " (Rachid Oulbsir)
notre communauté au Canada était de tout cœur avec le café littéraire d' Aokas menacée de disparition par l'administration qui œuvre pour une Algerie arabo- baathiste, totalement opposée à celle rêver par les animateurs du café littéraire de la capitale de l'ex-commune mixte d'Oued Marsa.
une administration qui a poussé la crème de ce pays à plier bagages et chercher des cieux plus cléments... une administration qui a vidé l’Algérie de sa substance intellectuelle!
nos meilleurs enfants sont ailleurs!
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une administration qui a poussé la crème de ce pays à plier bagages et chercher des cieux plus cléments... une administration qui a vidé l’Algérie de sa substance intellectuelle!
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Re: Des liens commencent à naitre entre nos intellectuels établis au Canada et le café littéraire d’Aokas
"la renaissance Kabyle viendra du Canada " (Rachid Oulbsir)
notre communauté au Canada était de tout cœur avec le café littéraire d' Aokas menacée de disparition par l'administration qui œuvre pour une Algerie arabo- baathiste, totalement opposée à celle rêver par les animateurs du café littéraire de la capitale de l'ex-commune mixte d'Oued Marsa.
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