À la mémoire d'un militant infatigable : Un hommage sera rendu à feu Hachemi Chérif
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rebelle kabyle- Nombre de messages : 6838
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Re: À la mémoire d'un militant infatigable : Un hommage sera rendu à feu Hachemi Chérif
À la mémoire d'un militant infatigable : Un hommage sera rendu à feu Hachemi Chérif
"Les amis de Hachemi Chérif", regroupés en un comité, ont fait savoir qu'un hommage sera rendu, le mercredi 9 août 2017, à l'opposant le plus radical à l'intégrisme qu'était Hachemi Chérif.
L'hommage qui débutera dans la matinée à Toudja, ville natale du fondateur Ettahadi-Tafat qui devint quelques années plus tard le MDS, avec un dépôt de gerbe de fleurs. Dans l'après midi, de la même journée, un rassemblement populaire à la Place Mekbel, suivi d'une prise de parole est prévue par le même comité.
Youcef O.
"Les amis de Hachemi Chérif", regroupés en un comité, ont fait savoir qu'un hommage sera rendu, le mercredi 9 août 2017, à l'opposant le plus radical à l'intégrisme qu'était Hachemi Chérif.
L'hommage qui débutera dans la matinée à Toudja, ville natale du fondateur Ettahadi-Tafat qui devint quelques années plus tard le MDS, avec un dépôt de gerbe de fleurs. Dans l'après midi, de la même journée, un rassemblement populaire à la Place Mekbel, suivi d'une prise de parole est prévue par le même comité.
Youcef O.
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Re: À la mémoire d'un militant infatigable : Un hommage sera rendu à feu Hachemi Chérif
l’homme et son engagement politique
L’irréductible pourfendeur du système
“Double rupture”, “islamisme prédateur”, “système rentier et bureaucratique”. Modèles déposés : El-Hachemi Chérif…
El-Hachemi Chérif est mort. Vive El-Hachemi Chérif ! Ce grand homme est parti. Ce monstre politique au verbe cru et incisif vient de nous quitter presque sur la pointe des pieds. Lui, si bavard dans l’arène politique, tire ainsi sa révérence au moment où le pays et tous ceux qui sont épris de démocratie ont tant besoin de ses éclairages et de ses sentences idéalistes en apparence, mais toujours vérifiés sur le terrain. Le fait est que “si El-Hachemi”, comme l’appellent affectueusement ses amis, ne laisse personne indifférent.
Partisans et adversaires reconnaissent les immenses qualités de l’homme. La perspicacité de ses analyses. Mais surtout la rectitude morale qui a fait de lui l’un des rares hommes politiques à adopter une ligne de conduite dont la constance n’a jamais été démentie. Ni le confort du pouvoir ni les avantages de la rente et encore moins la menace des intégristes n’ont eu raison d’un homme resté incorrigiblement lui-même. C’est-à-dire un militant impénitent de la démocratie loin des compromissions. Il en fera d’ailleurs une mission quasi sacerdotale durant la décennie rouge en prônant une devise presque proverbiale qui proclame la “double rupture avec le système rentier bureaucratique et l’islamisme prédateur”. C’est évidemment tout un programme politique pour El-Hachemi Chérif qui a transformé le Mouvement démocratique et social qu’il a créé sur les décombres du PAGS en une matrice de militants républicains résolument décidés à croiser le fer avec le couple pouvoir-islamistes. Ce dernier qu’il a attaqué de front avait d’ailleurs tenté de l’assassiner au début des années 90 chez lui au Télémly.
Le regretté a sans doute fait son deuil sur une éventuelle réforme du régime. Surtout pas de l’intérieur ! Sur quinze années de pluralisme politique et électoral, le MDS boycottera systématiquement les différents scrutins organisés, dénonçant invariablement des “élections biaisées”, estimant à chaque fois que les islamistes avaient la part belle. Si El-Hachemi ne partage pas non plus les mêmes lectures avec les acteurs de sa famille politique. En l’occurrence, il a toujours refusé de souscrire à un “pôle démocratique” qui se construit “à la veille des élections”. En fin connaisseur de la nature du régime et des liens étroits de ce dernier avec les islamistes, il est convaincu que le “couple” ne pouvait pas divorcer parce qu’ils sont réunis par une connexion d’intérêt. Sur ce registre également, El-Hachemi Chérif a vu juste. Il a toujours estimé que les deux protagonistes qui se partagent le pouvoir ont le seul objectif : “Neutraliser les forces démocratiques dans ce pays.” La rahma, puis la concorde, puis la grâce amnistiante et enfin l’amnistie générale et son pendant la réconciliation nationale sont aux yeux de feu El-Hachemi Chérif des concepts qui n’ont qu’une seule finalité : réhabiliter l’islamisme politique et mater l’espoir démocratique.
À la décharge de ses détracteurs, les jugements politiques de si El-Hachemi sont aussi clairvoyants que son regard de brillant cinéaste qu’il fut. Il a écumé l’arène politique quinze années durant sans qu’il n’ait ne serait-ce qu’un strapontin dans les institutions publiques. El-Hachemi Chérif n’est certes plus de ce monde, mais il a légué à ses camarades plus qu’un programme, une philosophie politique. Repose en paix, El-Hachemi, dans ton sommeil du juste !
HASSAN MOALI
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Re: À la mémoire d'un militant infatigable : Un hommage sera rendu à feu Hachemi Chérif
http://www.liberte-algerie.com/actualite/lirreductible-pourfendeur-du-systeme-24080/print/1
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Re: À la mémoire d'un militant infatigable : Un hommage sera rendu à feu Hachemi Chérif
“Double rupture”, “islamisme prédateur”, “système rentier et bureaucratique”. Modèles déposés : El-Hachemi Chérif…
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Re: À la mémoire d'un militant infatigable : Un hommage sera rendu à feu Hachemi Chérif
Hommage à El Hachemi Chérif à Bgayet le mercredi 09 août 2017
“Double rupture”, “islamisme prédateur”, “système rentier et bureaucratique”. Modèles déposés : El-Hachemi Chérif…
“Double rupture”, “islamisme prédateur”, “système rentier et bureaucratique”. Modèles déposés : El-Hachemi Chérif…
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Re: À la mémoire d'un militant infatigable : Un hommage sera rendu à feu Hachemi Chérif
Hachemi Chérif, l’homme qui avait défié l’islamisme et le système rentier
Hachemi Cherif.
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[email=?subject=Il%20y%20a%2011%20ans%2C%20la%20maladie%20emportait%20Hachemi%20Ch%C3%A9rif.%20Il%20avait%20surv%C3%A9cu%20aux%20%C3%A9preuves%20de%20la%20guerre%20de%20lib%C3%A9ration%2C...&body=http%3A%2F%2Fwww.lematindz.net%2Fnews%2F21373-hachemi-cherif-lhomme-qui-avait-defie-lislamisme-et-le-systeme-rentier.html]E-mail[/email]
Il y a 11 ans, la maladie emportait Hachemi Chérif. Il avait survécu aux épreuves de la guerre de libération, l’intervention d’Ali Zamoum lui avait sauvé la vie lors d’un attentat quelque temps après l’indépendance et il avait échappé miraculeusement à une tentative d’assassinat perpétrée par l’islamisme terroriste.
Chaque épreuve l’aura renforcé dans sa détermination. C’est ainsi qu’il a, ensuite, défendu l’ANP et les services de sécurité contre les odieuses insinuations du qui-tue-qui. Il a été aux côtés des patriotes en armes, des gardes communaux et des familles des victimes de la barbarie intégriste et dénoncé tout compromis avec le parti des assassins. Il aura participé à la libération du pays et pesé de tout son poids d’intellectuel et d’homme politique pour éviter l’effondrement de l’Algérie sous les coups des partisans de l’Etat théocratique. Deux basculements d’époques.
Aujourd’hui l’islamisme recule sur tous les fronts. Hachemi Chérif en avait annoncé la fin dans sa lettre testament aux militant(e)s du MDS. Les attentats de Baghdad, Ankara, Orlando, Nice ou encore l’odieux crime commis contre un prêtre en France ne peuvent plus cacher la déroute de tous les segments de l’islamisme, y compris modéré. Et même Erdogan doit procéder à des révisions déchirantes dans ses rapports avec ses partisans et alliés intégristes les plus menaçants pour l’Etat turc. L’islamisme a de moins en moins le choix. Il devra renoncer à l’Etat islamique et à cautionner les crimes de ses partisans ou disparaître. L’actualité remet ainsi à l’ordre du jour le projet formulé par Hachemi Chérif qui voulait faire condamner l’islamisme terroriste devant un tribunal international sur le modèle du procès de Nuremberg.
Concepteur de la notion de double rupture avec l’islamisme et le système rentier, Hachemi Chérif n’aura pas épargné au pouvoir la critique la plus conséquente, défendant des principes, souvent dans l’isolement. Il se sera élevé avec force contre la hogra et pour la défense des libertés, en particulier à l’occasion du Printemps noir. Mais aussi en soutenant la presse indépendante, dont Mohamed Benchicou incarcéré injustement, ou en prenant fait et cause pour les cadres emprisonnés dans l’affaire Sider. Il a été aux premiers rangs de tous les combats contre l’arbitraire, se consumant, telle une bougie, pour éclairer les luttes citoyennes. Celles que poursuivent aujourd’hui les défenseurs des droits de l’homme, les cyberactivistes, le mouvement féministe ou les chômeurs.
Au moment où le pouvoir envisage un nouveau modèle économique, en prétendant dépasser les limites d’un néolibéralisme adossé à la rente, il est un devoir de rappeler que Hachemi Chérif alertait sur le lancinant pouvoir de destruction économique des privilèges, de la corruption et de la rente. L’Algérie est plus que jamais agitée par les turbulences créées par la chute des cours du baril de pétrole et par la prédation à laquelle se livrent les forces de l’argent sale. Les scandales financiers se multiplient comme en prolongement de l’échec de l’amnistie fiscale. Ils soulignent l’exigence d’un changement radical en faveur des forces de la production et du développement durable. C’était le vœu de Hachemi Chérif qui voyait dans la transformation du socle socio-économique de l’Algérie, le moyen d’édifier la base matérielle pour un changement démocratique irréversible.
C’est à la mémoire de cet homme, coordinateur du PAGS, fondateur d’Ettahadi et du MDS, qui a lutté pour une refondation totale d’une classe politique obsolète, qui allait à la rencontre des humbles et des laissés pour compte que nous nous recueillerons le mardi 2 août, à 10h, au cimetière de Miramar à Raïs Hamidou. Au moment où le pouvoir redouble de férocité dans la répression des aspirations au changement radical, le MDS appelle les patriotes et les démocrates à venir nombreuses et nombreux pour rendre hommage à son courage et à sa lucidité et réaffirmer avec force ses idéaux de justice et de liberté, de citoyenneté et de démocratie.
Alger, le 31 juillet 2016
Le bureau national du MDS
Hachemi Cherif.
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Il y a 11 ans, la maladie emportait Hachemi Chérif. Il avait survécu aux épreuves de la guerre de libération, l’intervention d’Ali Zamoum lui avait sauvé la vie lors d’un attentat quelque temps après l’indépendance et il avait échappé miraculeusement à une tentative d’assassinat perpétrée par l’islamisme terroriste.
Chaque épreuve l’aura renforcé dans sa détermination. C’est ainsi qu’il a, ensuite, défendu l’ANP et les services de sécurité contre les odieuses insinuations du qui-tue-qui. Il a été aux côtés des patriotes en armes, des gardes communaux et des familles des victimes de la barbarie intégriste et dénoncé tout compromis avec le parti des assassins. Il aura participé à la libération du pays et pesé de tout son poids d’intellectuel et d’homme politique pour éviter l’effondrement de l’Algérie sous les coups des partisans de l’Etat théocratique. Deux basculements d’époques.
Aujourd’hui l’islamisme recule sur tous les fronts. Hachemi Chérif en avait annoncé la fin dans sa lettre testament aux militant(e)s du MDS. Les attentats de Baghdad, Ankara, Orlando, Nice ou encore l’odieux crime commis contre un prêtre en France ne peuvent plus cacher la déroute de tous les segments de l’islamisme, y compris modéré. Et même Erdogan doit procéder à des révisions déchirantes dans ses rapports avec ses partisans et alliés intégristes les plus menaçants pour l’Etat turc. L’islamisme a de moins en moins le choix. Il devra renoncer à l’Etat islamique et à cautionner les crimes de ses partisans ou disparaître. L’actualité remet ainsi à l’ordre du jour le projet formulé par Hachemi Chérif qui voulait faire condamner l’islamisme terroriste devant un tribunal international sur le modèle du procès de Nuremberg.
Concepteur de la notion de double rupture avec l’islamisme et le système rentier, Hachemi Chérif n’aura pas épargné au pouvoir la critique la plus conséquente, défendant des principes, souvent dans l’isolement. Il se sera élevé avec force contre la hogra et pour la défense des libertés, en particulier à l’occasion du Printemps noir. Mais aussi en soutenant la presse indépendante, dont Mohamed Benchicou incarcéré injustement, ou en prenant fait et cause pour les cadres emprisonnés dans l’affaire Sider. Il a été aux premiers rangs de tous les combats contre l’arbitraire, se consumant, telle une bougie, pour éclairer les luttes citoyennes. Celles que poursuivent aujourd’hui les défenseurs des droits de l’homme, les cyberactivistes, le mouvement féministe ou les chômeurs.
Au moment où le pouvoir envisage un nouveau modèle économique, en prétendant dépasser les limites d’un néolibéralisme adossé à la rente, il est un devoir de rappeler que Hachemi Chérif alertait sur le lancinant pouvoir de destruction économique des privilèges, de la corruption et de la rente. L’Algérie est plus que jamais agitée par les turbulences créées par la chute des cours du baril de pétrole et par la prédation à laquelle se livrent les forces de l’argent sale. Les scandales financiers se multiplient comme en prolongement de l’échec de l’amnistie fiscale. Ils soulignent l’exigence d’un changement radical en faveur des forces de la production et du développement durable. C’était le vœu de Hachemi Chérif qui voyait dans la transformation du socle socio-économique de l’Algérie, le moyen d’édifier la base matérielle pour un changement démocratique irréversible.
C’est à la mémoire de cet homme, coordinateur du PAGS, fondateur d’Ettahadi et du MDS, qui a lutté pour une refondation totale d’une classe politique obsolète, qui allait à la rencontre des humbles et des laissés pour compte que nous nous recueillerons le mardi 2 août, à 10h, au cimetière de Miramar à Raïs Hamidou. Au moment où le pouvoir redouble de férocité dans la répression des aspirations au changement radical, le MDS appelle les patriotes et les démocrates à venir nombreuses et nombreux pour rendre hommage à son courage et à sa lucidité et réaffirmer avec force ses idéaux de justice et de liberté, de citoyenneté et de démocratie.
Alger, le 31 juillet 2016
Le bureau national du MDS
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Re: À la mémoire d'un militant infatigable : Un hommage sera rendu à feu Hachemi Chérif
http://www.lematindz.net/news/21373-hachemi-cherif-lhomme-qui-avait-defie-lislamisme-et-le-systeme-rentier.html
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Re: À la mémoire d'un militant infatigable : Un hommage sera rendu à feu Hachemi Chérif
Le responsable du MDS, Yacine Téguia, à “Liberté” ;“Le pouvoir est inapte pour une rupture avec l’islamisme”
jeudi 6 août 2015 à 10:46
Source de l'article : Liberte-algerie.com
Le Mouvement démocratique et social (MDS) tient à son projet de fondation Hachemi-Chérif, qui prendrait en charge “l’héritage” laissé par son ancien leader, décédé en 2005, suite à une longue maladie. Dans l’interview qui suit, l’actuel secrétaire général du MDS, Yacine Téguia, expliquera les raisons du lancement de ce projet. Il reviendra, en outre, sur “la double rupture” d’avec le pouvoir rentier et l’islamisme longtemps brandi par sa formation qui, d’après lui, est d’actualité. M. Téguia s’exprimera, également, sur le champ politique actuel et les attaques récentes contre la ministre de l’Éducation, Nouria Benghebrit, ainsi que sur les luttes de la société civile, toujours dans le besoin d’“une perspective politique”.
Liberté : Cette année, un hommage tout particulier a été rendu par votre Mouvement à Hachemi Chérif, l’ancien responsable du MDS, puisqu’il est question de création d’une fondation qui porterait son nom. Pourquoi un tel projet ?
Yacine Téguia : Hachemi Chérif a été un réalisateur de cinéma, un syndicaliste, un responsable politique et un intellectuel de premier plan. Les quelques témoignages présentés à l’occasion de l’hommage rendu par le MDS ont seulement ébauché les contours de sa personnalité. Il a laissé un patrimoine considérable, dont des archives personnelles très riches. Cette année, le MDS a voulu faire de la commémoration du 10e anniversaire de sa disparition un jalon dans la constitution d’une fondation en charge de son héritage tant politique qu’intellectuel. Nous nous sommes donné une année pour rassembler les personnes qui ont son legs en partage. Souvent, Hachemi Chérif a été qualifié d’intransigeant sur les principes, mais c’est sa radicalité même qui fait que cette pensée reste d’actualité. C’est un patrimoine vivant de l’Algérie patriotique, moderne et démocratique, qu’il faut donc faire fructifier.
Votre formation soutient-elle toujours la double rupture si chère à Hachemi Chérif ? Pensez-vous qu’elle est encore d’actualité ?
La double rupture chez Hachemi Chérif renvoie au concept de bloc historique formulé par Gramsci, c’est-à-dire une articulation entre une structure économique et une superstructure politico-idéologique, qui constitue une formation étatique nationale particulière. Le changement radical passe par la rupture d’avec cette structure et cette superstructure. C’est donc un concept qui garde toute sa validité. Même si notre caractérisation de la nature de l’État a changé depuis quelques années, je dirais que la double rupture est doublement d’actualité, puisque nous parlons aujourd’hui de despotisme national-libéral adossé à la rente. Hachemi Chérif évoquait la double rupture avec l’islamisme et le système rentier, car il considérait que l’islamisme était le paroxysme de la rente. Aujourd’hui, le pouvoir esquisse bien une forme de démarcation vis-à-vis de la rente, dont il voit bien, avec la chute des cours du pétrole, qu’elle ne peut plus constituer une ressource suffisante sur laquelle s’appuyer pour répondre à la demande sociale et politique. Mais, en même temps, il prononce une amnistie fiscale qui profite aux rentiers et aux néolibéraux, dont les intérêts restent adossés à la rente. Le pouvoir n’est pas capable de mener une véritable rupture avec les forces de la rente, comme d’ailleurs il est inapte à faire aboutir une rupture avec l’islamisme. Toutes ces forces bénéficient ainsi d’une impunité, malgré leurs crimes et leurs délits. Et les dernières sollicitations du pouvoir en direction du MSP peuvent encore en attester…
M. Téguia, voyez-vous des changements au niveau de la scène politique nationale ou pensez-vous que nous sommes dans le même décor et avec les mêmes forces ?
Le MDS reste attentif aux mutations internationales qui pèsent de plus en plus lourd sur la situation nationale, comme le prouvent les suites du Printemps arabe. Mais, nous sommes toujours plus vigilants quant aux évolutions, aussi bien dans la société que dans les institutions. Nous refusons de sombrer dans une forme de nihilisme, qui tournerait le dos à la réalité et aux changements. L’islamisme a reculé, y compris au plan politique ; les actes terroristes comme la lâche attaque contre des jounouds à Aïn Defla n’ébranlent plus l’État. Aujourd’hui, nous assistons à une nouvelle tentative de bipolarisation du champ politique. Les deux camps, pouvoir et démocrates, qui prétendent s’imposer en pôles hégémoniques sont cependant lestés par l’islamisme. Ce qui discrédite toute prétention au changement radical, qui passe par la rupture avec le projet d’État théocratique. C’est pourquoi le pôle constitué de forces qui, faut-il rappeler, se sont déjà retrouvées dans un gouvernement Bouteflika, avant d’élaborer une instance commune, peut difficilement usurper la colère de la société. Pour preuve : la faible mobilisation suscitée par leurs initiatives, malgré des prétentions à une large représentativité, voire à une majorité électorale. En se focalisant sur la seule personne de Bouteflika, en faisant de son départ un préalable, en sous-estimant les luttes citoyennes, en considérant parfois même qu’elles constituent des diversions, ces forces travaillent objectivement à démobiliser la société, et donc mettent en œuvre l’agenda du pouvoir. Chacun renvoie à l’autre, selon un schéma déjà éprouvé, quand l’islamisme était ascendant.
Quelle analyse fait le MDS sur la situation actuelle du secteur de l’éducation ? Que pensez-vous des attaques ciblant la ministre de ce secteur ?
Les luttes dans le secteur de l’éducation illustrent très bien mes propos précédents. Le pouvoir tente d’usurper les aspirations au changement démocratique. D’abord, en nommant une ministre porteuse d’un projet moderne pour l’école, puis en lui faisant assumer la confrontation face aux islamo-conservateurs, sur la question des langues d’enseignement. Avec l’officialisation de tamazight, portée paradoxalement par le FLN de Saïdani, on voit bien qu’il y a une tentative de désacraliser le statut de la langue arabe, statut qui permet à rebours de légitimer l’article 2 de la Constitution et de proclamer que l’islam est religion d’État. En même temps, on sent que ces velléités modernisatrices visent à dénoyauter l’exigence de réformes de leur contenu démocratique. Cela a déjà été le cas de la réforme du code de la famille. De cette manière, le pouvoir essaie de neutraliser les courants islamo-conservateurs, ainsi que les courants démocratiques les plus conséquents. En faisant avancer ce débat, il espère aussi aiguiser les contradictions dans les rangs même de ses adversaires. Les considérations tactiques semblent donc primer sur les exigences stratégiques. On a vu par exemple la gêne de certains démocrates devant leurs alliés islamistes, qui refusent l’adoption d’une loi contre les violences faites aux femmes, exigeant ainsi une certaine forme d’impunité. L’expérience des années 1970 devrait pourtant nous alerter. En effet, des réformes engagées dans une approche progressiste ont abouti, dans un rapport de force différent, au recul généralisé du système d’enseignement. Si on ne résout pas les problèmes liés à une identité nationale, cohérente et équilibrée, reflétant l’unité et la diversité de ses composantes, si on ne prend pas résolument en charge les aspirations démocratiques et les exigences d’un État de droit, si on ne rompt pas avec le caractère despotique de l’État, toute avancée restera réversible.
Et qu’en est-il du front social ?
Je voudrais d’abord exprimer ma très grande satisfaction à la suite de la libération d’Abdelkader Khencha et de ses camarades du mouvement des chômeurs, emprisonnés durant six mois à Laghouat, pour avoir protesté contre leur sort. Leur moral était intact grâce à la solidarité qui s’est développée durant leur incarcération. Les protestations contre l’exploitation du gaz de schiste, les différents mouvements pour exiger une plus juste répartition des logements, reflètent une nouvelle conscience qui se cristallise chez les Algériens. Hachemi Chérif disait qu’il fallait avoir une confiance absolue dans la société… Cette nouvelle maturité est de nature à conforter les efforts du MDS qui se déploie à travers le territoire national, pour aller à la rencontre des citoyennes et des citoyens qui luttent. Naturellement, sans projet politique démocratique suffisamment attrayant et mobilisateur, la société continuera à se battre, pour enlever ce qu’elle peut arracher au pouvoir. C’est à la classe politique, en général, et au Mouvement démocratique et social, en particulier, de lui donner une perspective politique, de lui faire comprendre que, dans le cadre de cet État, tout ce qui pourrait lui avoir été cédé d’une main pourra être repris de l’autre. L’inflation qui connaît une nouvelle hausse démontre bien que le pouvoir n’est pas prêt à accepter de remettre en cause les inégalités, qui se sont accrues depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir.
jeudi 6 août 2015 à 10:46
Source de l'article : Liberte-algerie.com
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Le Mouvement démocratique et social (MDS) tient à son projet de fondation Hachemi-Chérif, qui prendrait en charge “l’héritage” laissé par son ancien leader, décédé en 2005, suite à une longue maladie. Dans l’interview qui suit, l’actuel secrétaire général du MDS, Yacine Téguia, expliquera les raisons du lancement de ce projet. Il reviendra, en outre, sur “la double rupture” d’avec le pouvoir rentier et l’islamisme longtemps brandi par sa formation qui, d’après lui, est d’actualité. M. Téguia s’exprimera, également, sur le champ politique actuel et les attaques récentes contre la ministre de l’Éducation, Nouria Benghebrit, ainsi que sur les luttes de la société civile, toujours dans le besoin d’“une perspective politique”.
Liberté : Cette année, un hommage tout particulier a été rendu par votre Mouvement à Hachemi Chérif, l’ancien responsable du MDS, puisqu’il est question de création d’une fondation qui porterait son nom. Pourquoi un tel projet ?
Yacine Téguia : Hachemi Chérif a été un réalisateur de cinéma, un syndicaliste, un responsable politique et un intellectuel de premier plan. Les quelques témoignages présentés à l’occasion de l’hommage rendu par le MDS ont seulement ébauché les contours de sa personnalité. Il a laissé un patrimoine considérable, dont des archives personnelles très riches. Cette année, le MDS a voulu faire de la commémoration du 10e anniversaire de sa disparition un jalon dans la constitution d’une fondation en charge de son héritage tant politique qu’intellectuel. Nous nous sommes donné une année pour rassembler les personnes qui ont son legs en partage. Souvent, Hachemi Chérif a été qualifié d’intransigeant sur les principes, mais c’est sa radicalité même qui fait que cette pensée reste d’actualité. C’est un patrimoine vivant de l’Algérie patriotique, moderne et démocratique, qu’il faut donc faire fructifier.
Votre formation soutient-elle toujours la double rupture si chère à Hachemi Chérif ? Pensez-vous qu’elle est encore d’actualité ?
La double rupture chez Hachemi Chérif renvoie au concept de bloc historique formulé par Gramsci, c’est-à-dire une articulation entre une structure économique et une superstructure politico-idéologique, qui constitue une formation étatique nationale particulière. Le changement radical passe par la rupture d’avec cette structure et cette superstructure. C’est donc un concept qui garde toute sa validité. Même si notre caractérisation de la nature de l’État a changé depuis quelques années, je dirais que la double rupture est doublement d’actualité, puisque nous parlons aujourd’hui de despotisme national-libéral adossé à la rente. Hachemi Chérif évoquait la double rupture avec l’islamisme et le système rentier, car il considérait que l’islamisme était le paroxysme de la rente. Aujourd’hui, le pouvoir esquisse bien une forme de démarcation vis-à-vis de la rente, dont il voit bien, avec la chute des cours du pétrole, qu’elle ne peut plus constituer une ressource suffisante sur laquelle s’appuyer pour répondre à la demande sociale et politique. Mais, en même temps, il prononce une amnistie fiscale qui profite aux rentiers et aux néolibéraux, dont les intérêts restent adossés à la rente. Le pouvoir n’est pas capable de mener une véritable rupture avec les forces de la rente, comme d’ailleurs il est inapte à faire aboutir une rupture avec l’islamisme. Toutes ces forces bénéficient ainsi d’une impunité, malgré leurs crimes et leurs délits. Et les dernières sollicitations du pouvoir en direction du MSP peuvent encore en attester…
M. Téguia, voyez-vous des changements au niveau de la scène politique nationale ou pensez-vous que nous sommes dans le même décor et avec les mêmes forces ?
Le MDS reste attentif aux mutations internationales qui pèsent de plus en plus lourd sur la situation nationale, comme le prouvent les suites du Printemps arabe. Mais, nous sommes toujours plus vigilants quant aux évolutions, aussi bien dans la société que dans les institutions. Nous refusons de sombrer dans une forme de nihilisme, qui tournerait le dos à la réalité et aux changements. L’islamisme a reculé, y compris au plan politique ; les actes terroristes comme la lâche attaque contre des jounouds à Aïn Defla n’ébranlent plus l’État. Aujourd’hui, nous assistons à une nouvelle tentative de bipolarisation du champ politique. Les deux camps, pouvoir et démocrates, qui prétendent s’imposer en pôles hégémoniques sont cependant lestés par l’islamisme. Ce qui discrédite toute prétention au changement radical, qui passe par la rupture avec le projet d’État théocratique. C’est pourquoi le pôle constitué de forces qui, faut-il rappeler, se sont déjà retrouvées dans un gouvernement Bouteflika, avant d’élaborer une instance commune, peut difficilement usurper la colère de la société. Pour preuve : la faible mobilisation suscitée par leurs initiatives, malgré des prétentions à une large représentativité, voire à une majorité électorale. En se focalisant sur la seule personne de Bouteflika, en faisant de son départ un préalable, en sous-estimant les luttes citoyennes, en considérant parfois même qu’elles constituent des diversions, ces forces travaillent objectivement à démobiliser la société, et donc mettent en œuvre l’agenda du pouvoir. Chacun renvoie à l’autre, selon un schéma déjà éprouvé, quand l’islamisme était ascendant.
Quelle analyse fait le MDS sur la situation actuelle du secteur de l’éducation ? Que pensez-vous des attaques ciblant la ministre de ce secteur ?
Les luttes dans le secteur de l’éducation illustrent très bien mes propos précédents. Le pouvoir tente d’usurper les aspirations au changement démocratique. D’abord, en nommant une ministre porteuse d’un projet moderne pour l’école, puis en lui faisant assumer la confrontation face aux islamo-conservateurs, sur la question des langues d’enseignement. Avec l’officialisation de tamazight, portée paradoxalement par le FLN de Saïdani, on voit bien qu’il y a une tentative de désacraliser le statut de la langue arabe, statut qui permet à rebours de légitimer l’article 2 de la Constitution et de proclamer que l’islam est religion d’État. En même temps, on sent que ces velléités modernisatrices visent à dénoyauter l’exigence de réformes de leur contenu démocratique. Cela a déjà été le cas de la réforme du code de la famille. De cette manière, le pouvoir essaie de neutraliser les courants islamo-conservateurs, ainsi que les courants démocratiques les plus conséquents. En faisant avancer ce débat, il espère aussi aiguiser les contradictions dans les rangs même de ses adversaires. Les considérations tactiques semblent donc primer sur les exigences stratégiques. On a vu par exemple la gêne de certains démocrates devant leurs alliés islamistes, qui refusent l’adoption d’une loi contre les violences faites aux femmes, exigeant ainsi une certaine forme d’impunité. L’expérience des années 1970 devrait pourtant nous alerter. En effet, des réformes engagées dans une approche progressiste ont abouti, dans un rapport de force différent, au recul généralisé du système d’enseignement. Si on ne résout pas les problèmes liés à une identité nationale, cohérente et équilibrée, reflétant l’unité et la diversité de ses composantes, si on ne prend pas résolument en charge les aspirations démocratiques et les exigences d’un État de droit, si on ne rompt pas avec le caractère despotique de l’État, toute avancée restera réversible.
Et qu’en est-il du front social ?
Je voudrais d’abord exprimer ma très grande satisfaction à la suite de la libération d’Abdelkader Khencha et de ses camarades du mouvement des chômeurs, emprisonnés durant six mois à Laghouat, pour avoir protesté contre leur sort. Leur moral était intact grâce à la solidarité qui s’est développée durant leur incarcération. Les protestations contre l’exploitation du gaz de schiste, les différents mouvements pour exiger une plus juste répartition des logements, reflètent une nouvelle conscience qui se cristallise chez les Algériens. Hachemi Chérif disait qu’il fallait avoir une confiance absolue dans la société… Cette nouvelle maturité est de nature à conforter les efforts du MDS qui se déploie à travers le territoire national, pour aller à la rencontre des citoyennes et des citoyens qui luttent. Naturellement, sans projet politique démocratique suffisamment attrayant et mobilisateur, la société continuera à se battre, pour enlever ce qu’elle peut arracher au pouvoir. C’est à la classe politique, en général, et au Mouvement démocratique et social, en particulier, de lui donner une perspective politique, de lui faire comprendre que, dans le cadre de cet État, tout ce qui pourrait lui avoir été cédé d’une main pourra être repris de l’autre. L’inflation qui connaît une nouvelle hausse démontre bien que le pouvoir n’est pas prêt à accepter de remettre en cause les inégalités, qui se sont accrues depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir.
rebelle kabyle- Nombre de messages : 6838
Date d'inscription : 12/02/2011
Re: À la mémoire d'un militant infatigable : Un hommage sera rendu à feu Hachemi Chérif
http://www.algerie360.com/algerie/le-responsable-du-mds-yacine-teguia-a-liberte-le-pouvoir-est-inapte-pour-une-rupture-avec-lislamisme/
rebelle kabyle- Nombre de messages : 6838
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Re: À la mémoire d'un militant infatigable : Un hommage sera rendu à feu Hachemi Chérif
l'homme de la rupture
Hachemi Chérif
Ali Hocine Publié dans El Watan le 14 - 08 - 2006
Notre camarade Hachemi Chérif nous a quitté le 2 août 2005, en ayant mené un ultime combat face à la maladie, après un parcours de lutte. Il est difficile de l'évoquer.
Hachemi ne goûtait guère aux honneurs et, un camarade me rappelait qu'ayant assisté à l'hommage emphatique rendu à un patriote, il avait dit : « J'espère que vous ne me ferez pas une pareille chose. » En redécouvrant le patrimoine politique qu'il a laissé, on peut cependant reprendre le poète Maïakovski et dire qu'il est « toujours aussi vivant, c'est notre savoir, notre force et notre arme. » Son nom restera attaché au concept de double rupture avec l'islamisme et le système rentier et il aura profondément marqué les luttes démocratiques. Il ne se sera pas borné à forger le concept et à s'en revendiquer, il aura été engagé toute sa vie de la manière la plus conséquente dans la voie de la rupture. Ces déclarations et écrits en portent témoignage. A peine sorti de l'adolescence, il avait rejoint les rangs de l'ALN contre le colonialisme. Plus tard, il se réinterrogera : « Novembre est-il une rupture dialectique par rapport à la classe politique traditionnelle du mouvement de libération nationale… ? Il est évident qu'il s'est agi d'une rupture radicale... Et le ralliement de cette classe politique à la guerre de Libération nationale, à des divers degrés, ne la dédouane pas de son attitude réformiste. » A l'indépendance, il sera un des artisans de l'édification des institutions de l'Etat comme « sous-préfet » de Palestro qu'il baptisera Lakhdaria du nom du valeureux Si Lakhdar. Quand, des années après, certains voudront comparer le terrorisme islamiste contre-révolutionnaire avec le combat révolutionnaire des moudjahidine de 1954, il dira : « Si l'affirmation de la nation algérienne ne pouvait se faire que par la négation de son appartenance à la nation française, il n'en n'est pas de même de la société moderne qui, elle, va s'affirmer essentiellement par la négation du projet de société (archaïque antagonique) irrémédiablement condamné par l'histoire. Ni l'identification, ni la rupture n'occupent la même fonction, ni ne peuvent se faire dans les mêmes conditions… elles s'inscrivent dans une logique différente. » Avec l'ORP, il s'est dressé contre le coup d'Etat de 1965, pour compter parmi les fondateurs du PAGS, tout en militant dans la fédération des travailleurs de l'éducation et de la culture dont il a été SG malgré les pressions du parti unique et le harcèlement policier et judiciaire. Il devient le premier responsable du PAGS, à la sortie de la clandestinité en 1990, à un moment marqué par la chute du mur de Berlin. Analysant les transformations au sein du mouvement progressiste, il écrivait : « Le processus de changement dans le parti par des modifications et des ruptures successives est une réalité depuis des dizaines d'années : depuis les premiers noyaux de militants révolutionnaires, communistes et ouvriers, à la création de l'Etoile Nord africaine (ENA), à la section Algérienne du PCF, à la création du PC d'Algérie, puis du PC Algérien, ensuite de l'ORP et du PAGS en 1966. » Au moment de la montée du péril intégriste, alors qu'il fut accusé, par un des dirigeants qu'il respectait le plus, de porter un coup de poignard dans le dos du parti, Hachemi Chérif mènera la transition du PAGS vers une organisation tournée vers la résistance à l'islamisme et au système rentier : Ettahadi. Il savait que « la vie a largement montré l'inanité et l'obsolescence des partis dont l'identité et les fondements théoriques sont fixés une fois pour toutes, momifiés. » Durant cette période d'affrontement sanglant, il refusa toute tentative de compromission avec l'islamisme politique. Ainsi, il dénoncera le chef du MSP comme « le bon islamiste modéré, capable d'occuper une zone tampon entre les deux ‘'extrêmes'', pour éloigner à la fois le ‘'spectre'' de la rupture moderniste et le spectre de la rupture intégriste radicale et violente. » Critiquant le FFS pour ses positions réconciliatrices niant la responsabilité de l'islamisme, pour pointer du doigt le pouvoir, il rappellera que « si le pouvoir assume quelque responsabilité… C'est faute d'une stratégie de rupture avec l'islamisme… » Cette carence découle précisément non pas de son côté éradicateur comme le sous-entendent le FFS et ses amis, mais de son refus d'aller jusqu'au bout de la lutte. Pour Hachemi « dialogue ne rime pas avec rupture, c'est son contretemps ». Et il ajoutera : « Quand la société appelle à la rupture et au changement radical au niveau des orientations et des hommes, le pouvoir lui renvoie le même ‘'consensus de société'' dépassé et les mêmes forces responsables de la crise. » Les positions que Hachemi défendait et la critique à laquelle il se livrait correspondaient à une analyse concrète d'une situation concrète, comme il le disait souvent. Il était devenu un repère pour les Patriotes. Sa clairvoyance, son courage et sa détermination redonnaient l'espoir aux citoyens. « Tous les indices montrent que nous nous trouvons bien à un moment crucial de l'histoire de l'Algérie, qui annonce des ruptures et des changements inéluctables ! Dans quelle direction ces ruptures et changements vont s'opérer ? Quel sera le contenu ? Quelles en seront les forces motrices ?… La réponse n'est pas aisée à mettre à jour et à formuler. Il faut pour cela « sortir des sentiers battus, s'engager dans la voie difficile et ardue des ruptures ».Dans les années 1998/1999, le recul du terrorisme islamiste, contraint par la mobilisation des citoyens en armes de l'ANP et des forces de sécurité, posait l'exigence d'un mouvement ouvert sur la société, en mesure de capter et de mobiliser les « nouvelles polarités radicales » : C'est ainsi qu'est né le MDS. La crise de l'Etat était pourtant encore là. Lors d'un colloque consacré à la question, il expliquait que « pour bien comprendre les phénomènes qui régissent un Etat, il faut recourir à l'histoire pour en dérouler et dévoiler la genèse lointaine… Et même quand il y a rupture à un moment, c'est un rapport, c'est une rupture par rapport à un état de choses déterminé. » Et il écrira avec réalisme « comment mobiliser avec le mot d'ordre de double rupture… édifiés sur le fait que le maintien de l'islamisme est la justification et la garantie du maintien du système, autant que le maintien du système est la justification et la garantie du maintien de l'intégrisme... C'est dire que la mobilisation aujourd'hui, y compris si l'on tient compte des déceptions… aussi bien du fait du pouvoir que du fait de la classe politique démocratique, se fera sur la base d'une conscience plus élevée des enjeux ou ne se fera pas, ou encore sera inefficace… Elle dépend, à notre sens, de la mobilisation de chacun des segments du mouvement démocratique par la jonction des forces qui appellent et œuvrent à la rupture du dedans du système et des forces qui y appellent et y œuvrent de l'extérieur du système ». A chaque moment, notre camarade a eu le souci de saisir la réalité dans son mouvement et de comprendre la nécessité de dépasser une situation quand les possibilités d'accumulation quantitative étaient épuisées et que les changements qualitatifs devenaient incontournables.Il savait aussi s'emparer de la possibilité inverse. « Peut-être est-on entré dans une nouvelle phase d'accumulation quantitative rendue nécessaire par l'échec sur le fond de toutes les tentatives de réforme ? », écrivait-il à propos de la phase actuelle. Dans la lettre qu'il envoya au pré-congrès on pouvait lire : « Doit-on reconduire automatiquement le discours et la praxis de la ligne générale de rupture avec l'islamisme et le système rentier… dans les mêmes formes, compte tenu de l'évolution des rapports de force ? » Le MDS est né pour consacrer l'évolution objective qui affectait l'environnement international et notre propre pays, pour servir d'instrument puissant de mobilisation et d'action. Hachemi Chérif envisageait la réalisation d'une ancienne exigence « celle d'un véritable bond qualitatif. Un tel bond ne peut être opéré que par le moyen d'une révolution, conformément aux enseignements de l'histoire. Et c'est ce moyen qui est à coup sûr le plus pacifique et le plus apte à rassembler les plus larges masses et libérer leurs énergies créatrices… une révolution ayant la vocation de synthétiser en un moment historique le plus dense… à la fois la période de gestation et de synthèse et sa conclusion logique par la rupture radicale ». Quelques jours avant sa disparition, il écrivait : « Si les conditions ne changent pas substantiellement, pour ne pas dire radicalement, le passage par le chaos, à savoir par la rupture brutale des équilibres, le désordre et l'anarchie, pas forcément dans des formes violentes, peut-être une nouvelle ‘'orange'' deviendra inévitable. » En 1999, Hachemi entrevoyait une possibilité, déçu, de participer à l'élection présidentielle. « Il faudrait opposer à l'alternative islamo-conservatrice une alternative démocratique moderne, par une plateforme commune et un candidat commun de rupture. » Déjà en 1997, il évoquait la nécessité de mettre fin à l'alliance avec les islamistes au niveau de l'exécutif et du législatif et proposait dès le congrès constitutif du MDS d'aller vers un « pouvoir de combat républicain qui bascule radicalement l'ordre dans lequel le pouvoir actuel veut nous inscrire ». Face aux critiques de ceux qui refusaient au MDS une adaptation permanente de sa ligne, il réagissait : « Il faut interroger les concepts qui nous sont proposés de façon directe… ou imposés par la pression du rapport de force et qui tendent à nous éloigner de nos choix principiels…ou carrément plaqués sur notre ligne pour la déformer. Et c'est malheureusement ce que font certains journalistes en nous accusant d'avoir ‘'rompu avec la double rupture'' ou d'avoir décidé de revoir son attitude à l'égard des échéances électorales. Tout montre la nécessité du maintien et du renforcement d'un noyau dur progressiste, démocratique et moderne, pour porter la contradiction à la perspective bouteflikienne (et péri-bouteflikienne) qui porte dans son ventre une variante de despotisme oriental
mâtinée de néo-libéralisme. » A la tentative du pouvoir de dévoyer les luttes et sacrifices de notre peuple, consistant en « une sortie de la crise » dictée par les intérêts étroits et par le capital financier international, il opposait encore une fois l'analyse et la rupture. « Le processus d'accumulation rentière, précapitaliste retardataire, est-il en train de se muer en accumulation capitaliste moderne ? Sommes-nous dans une période charnière d'un tel processus où l'ancien n'est pas mort et où le nouveau ne s'est pas imposé encore ? Ce processus se traduira-t-il au niveau de l'évolution des facteurs subjectifs dans les rythmes qui pourraient permettre sa consolidation et son triomphe définitif ? Peut-il aller aussi loin que nécessaire pour déboucher sur une mutation qualitative du système socio-économique et du système politico-institutionnel algérien, sans passer par un moment fort de rupture ? » Après une longue période où forcés à une attitude défensive nous ne pouvions faire mieux que d'éclairer la société, Hachemi avait compris qu'une phase historique nouvelle s'ouvrait. « Il est tout à fait clair que l'avenir appartient à la démocratie pour peu que les forces démocratiques comprennent qu'il n'y a pas d'autre voie que la fusion du mouvement social qui va monter et du mouvement démocratique avec toutes ses composantes autour d'une véritable stratégie de rupture et de changement radical. » Il avait saisi de manière aiguë, depuis le 8 avril 2004, qu'il fallait opérer un changement, mettre deux fers au feu, être au cœur des luttes démocratiques, sociales et politiques, pour arracher chaque parcelle d'Etat démocratique moderne. Une telle tâche exige un instrument politique démocratique, autonome, qu'il a œuvré à édifier durant les quinze dernières années : le MDS. Face aux menaces sur son unité, il avait laissé un texte daté d'août 1992 dans lequel on pouvait lire : « Pourquoi ne pas penser sérieusement qu'il y a conspiration et complot, sous prétexte de préserver la fidélité à l'héritage, inspirés par certaines forces qui ont intérêt à ce que le pays ne se donne pas le mouvement socio-politique dont il a un besoin impérieux, à ce que le parti ne réalise pas les changements qui s'imposent, forces qui ont intérêt à ce qu'il reste enfermé dans son ‘'cocon de chrysalide'' et reste seulement comme force d'appoint ». Il avait tellement en horreur l'idée d'être réduit à un comité de soutien qu'il avait exprimé beaucoup de déception, lorsqu'un ancien camarade, intellectuel qu'il respectait, avait émis l'idée que le mouvement qu'il dirigeait était « utile ». Il refusait de n'être qu'un « porteur d'eau. » Et si il avait une ambition, elle n'était pas pour lui-même, mais qu'on reconnaisse le rôle essentiel joué par le courant dans lequel il s'inscrivait. Une année après sa disparition, il s'agit de sauvegarder et de consolider ce mouvement qui traverse une période de turbulences marquée par l'incertitude, l'instabilité et la crainte de voir un capital inestimable d'expérience de lutte et d'accumulation théorique disparaître. Cette incertitude et cette instabilité sont liées à celles que connaît le pays et provoquent les mêmes craintes quand à son devenir.Quelques jours après avoir appris sa maladie, Hachemi Chérif terminait une lettre au Bureau bational du MDS par : « Comment, enfin, préserver et renforcer la philosophie et le fonctionnement démocratique du parti, conditions de la préservation de son unité et du renforcement de sa dynamique ? » Il traçait la voie à suivre : celle de la rupture couplée au consensus, aussi bien pour le pays que pour le parti.
Hachemi Chérif
Ali Hocine Publié dans El Watan le 14 - 08 - 2006
Notre camarade Hachemi Chérif nous a quitté le 2 août 2005, en ayant mené un ultime combat face à la maladie, après un parcours de lutte. Il est difficile de l'évoquer.
Hachemi ne goûtait guère aux honneurs et, un camarade me rappelait qu'ayant assisté à l'hommage emphatique rendu à un patriote, il avait dit : « J'espère que vous ne me ferez pas une pareille chose. » En redécouvrant le patrimoine politique qu'il a laissé, on peut cependant reprendre le poète Maïakovski et dire qu'il est « toujours aussi vivant, c'est notre savoir, notre force et notre arme. » Son nom restera attaché au concept de double rupture avec l'islamisme et le système rentier et il aura profondément marqué les luttes démocratiques. Il ne se sera pas borné à forger le concept et à s'en revendiquer, il aura été engagé toute sa vie de la manière la plus conséquente dans la voie de la rupture. Ces déclarations et écrits en portent témoignage. A peine sorti de l'adolescence, il avait rejoint les rangs de l'ALN contre le colonialisme. Plus tard, il se réinterrogera : « Novembre est-il une rupture dialectique par rapport à la classe politique traditionnelle du mouvement de libération nationale… ? Il est évident qu'il s'est agi d'une rupture radicale... Et le ralliement de cette classe politique à la guerre de Libération nationale, à des divers degrés, ne la dédouane pas de son attitude réformiste. » A l'indépendance, il sera un des artisans de l'édification des institutions de l'Etat comme « sous-préfet » de Palestro qu'il baptisera Lakhdaria du nom du valeureux Si Lakhdar. Quand, des années après, certains voudront comparer le terrorisme islamiste contre-révolutionnaire avec le combat révolutionnaire des moudjahidine de 1954, il dira : « Si l'affirmation de la nation algérienne ne pouvait se faire que par la négation de son appartenance à la nation française, il n'en n'est pas de même de la société moderne qui, elle, va s'affirmer essentiellement par la négation du projet de société (archaïque antagonique) irrémédiablement condamné par l'histoire. Ni l'identification, ni la rupture n'occupent la même fonction, ni ne peuvent se faire dans les mêmes conditions… elles s'inscrivent dans une logique différente. » Avec l'ORP, il s'est dressé contre le coup d'Etat de 1965, pour compter parmi les fondateurs du PAGS, tout en militant dans la fédération des travailleurs de l'éducation et de la culture dont il a été SG malgré les pressions du parti unique et le harcèlement policier et judiciaire. Il devient le premier responsable du PAGS, à la sortie de la clandestinité en 1990, à un moment marqué par la chute du mur de Berlin. Analysant les transformations au sein du mouvement progressiste, il écrivait : « Le processus de changement dans le parti par des modifications et des ruptures successives est une réalité depuis des dizaines d'années : depuis les premiers noyaux de militants révolutionnaires, communistes et ouvriers, à la création de l'Etoile Nord africaine (ENA), à la section Algérienne du PCF, à la création du PC d'Algérie, puis du PC Algérien, ensuite de l'ORP et du PAGS en 1966. » Au moment de la montée du péril intégriste, alors qu'il fut accusé, par un des dirigeants qu'il respectait le plus, de porter un coup de poignard dans le dos du parti, Hachemi Chérif mènera la transition du PAGS vers une organisation tournée vers la résistance à l'islamisme et au système rentier : Ettahadi. Il savait que « la vie a largement montré l'inanité et l'obsolescence des partis dont l'identité et les fondements théoriques sont fixés une fois pour toutes, momifiés. » Durant cette période d'affrontement sanglant, il refusa toute tentative de compromission avec l'islamisme politique. Ainsi, il dénoncera le chef du MSP comme « le bon islamiste modéré, capable d'occuper une zone tampon entre les deux ‘'extrêmes'', pour éloigner à la fois le ‘'spectre'' de la rupture moderniste et le spectre de la rupture intégriste radicale et violente. » Critiquant le FFS pour ses positions réconciliatrices niant la responsabilité de l'islamisme, pour pointer du doigt le pouvoir, il rappellera que « si le pouvoir assume quelque responsabilité… C'est faute d'une stratégie de rupture avec l'islamisme… » Cette carence découle précisément non pas de son côté éradicateur comme le sous-entendent le FFS et ses amis, mais de son refus d'aller jusqu'au bout de la lutte. Pour Hachemi « dialogue ne rime pas avec rupture, c'est son contretemps ». Et il ajoutera : « Quand la société appelle à la rupture et au changement radical au niveau des orientations et des hommes, le pouvoir lui renvoie le même ‘'consensus de société'' dépassé et les mêmes forces responsables de la crise. » Les positions que Hachemi défendait et la critique à laquelle il se livrait correspondaient à une analyse concrète d'une situation concrète, comme il le disait souvent. Il était devenu un repère pour les Patriotes. Sa clairvoyance, son courage et sa détermination redonnaient l'espoir aux citoyens. « Tous les indices montrent que nous nous trouvons bien à un moment crucial de l'histoire de l'Algérie, qui annonce des ruptures et des changements inéluctables ! Dans quelle direction ces ruptures et changements vont s'opérer ? Quel sera le contenu ? Quelles en seront les forces motrices ?… La réponse n'est pas aisée à mettre à jour et à formuler. Il faut pour cela « sortir des sentiers battus, s'engager dans la voie difficile et ardue des ruptures ».Dans les années 1998/1999, le recul du terrorisme islamiste, contraint par la mobilisation des citoyens en armes de l'ANP et des forces de sécurité, posait l'exigence d'un mouvement ouvert sur la société, en mesure de capter et de mobiliser les « nouvelles polarités radicales » : C'est ainsi qu'est né le MDS. La crise de l'Etat était pourtant encore là. Lors d'un colloque consacré à la question, il expliquait que « pour bien comprendre les phénomènes qui régissent un Etat, il faut recourir à l'histoire pour en dérouler et dévoiler la genèse lointaine… Et même quand il y a rupture à un moment, c'est un rapport, c'est une rupture par rapport à un état de choses déterminé. » Et il écrira avec réalisme « comment mobiliser avec le mot d'ordre de double rupture… édifiés sur le fait que le maintien de l'islamisme est la justification et la garantie du maintien du système, autant que le maintien du système est la justification et la garantie du maintien de l'intégrisme... C'est dire que la mobilisation aujourd'hui, y compris si l'on tient compte des déceptions… aussi bien du fait du pouvoir que du fait de la classe politique démocratique, se fera sur la base d'une conscience plus élevée des enjeux ou ne se fera pas, ou encore sera inefficace… Elle dépend, à notre sens, de la mobilisation de chacun des segments du mouvement démocratique par la jonction des forces qui appellent et œuvrent à la rupture du dedans du système et des forces qui y appellent et y œuvrent de l'extérieur du système ». A chaque moment, notre camarade a eu le souci de saisir la réalité dans son mouvement et de comprendre la nécessité de dépasser une situation quand les possibilités d'accumulation quantitative étaient épuisées et que les changements qualitatifs devenaient incontournables.Il savait aussi s'emparer de la possibilité inverse. « Peut-être est-on entré dans une nouvelle phase d'accumulation quantitative rendue nécessaire par l'échec sur le fond de toutes les tentatives de réforme ? », écrivait-il à propos de la phase actuelle. Dans la lettre qu'il envoya au pré-congrès on pouvait lire : « Doit-on reconduire automatiquement le discours et la praxis de la ligne générale de rupture avec l'islamisme et le système rentier… dans les mêmes formes, compte tenu de l'évolution des rapports de force ? » Le MDS est né pour consacrer l'évolution objective qui affectait l'environnement international et notre propre pays, pour servir d'instrument puissant de mobilisation et d'action. Hachemi Chérif envisageait la réalisation d'une ancienne exigence « celle d'un véritable bond qualitatif. Un tel bond ne peut être opéré que par le moyen d'une révolution, conformément aux enseignements de l'histoire. Et c'est ce moyen qui est à coup sûr le plus pacifique et le plus apte à rassembler les plus larges masses et libérer leurs énergies créatrices… une révolution ayant la vocation de synthétiser en un moment historique le plus dense… à la fois la période de gestation et de synthèse et sa conclusion logique par la rupture radicale ». Quelques jours avant sa disparition, il écrivait : « Si les conditions ne changent pas substantiellement, pour ne pas dire radicalement, le passage par le chaos, à savoir par la rupture brutale des équilibres, le désordre et l'anarchie, pas forcément dans des formes violentes, peut-être une nouvelle ‘'orange'' deviendra inévitable. » En 1999, Hachemi entrevoyait une possibilité, déçu, de participer à l'élection présidentielle. « Il faudrait opposer à l'alternative islamo-conservatrice une alternative démocratique moderne, par une plateforme commune et un candidat commun de rupture. » Déjà en 1997, il évoquait la nécessité de mettre fin à l'alliance avec les islamistes au niveau de l'exécutif et du législatif et proposait dès le congrès constitutif du MDS d'aller vers un « pouvoir de combat républicain qui bascule radicalement l'ordre dans lequel le pouvoir actuel veut nous inscrire ». Face aux critiques de ceux qui refusaient au MDS une adaptation permanente de sa ligne, il réagissait : « Il faut interroger les concepts qui nous sont proposés de façon directe… ou imposés par la pression du rapport de force et qui tendent à nous éloigner de nos choix principiels…ou carrément plaqués sur notre ligne pour la déformer. Et c'est malheureusement ce que font certains journalistes en nous accusant d'avoir ‘'rompu avec la double rupture'' ou d'avoir décidé de revoir son attitude à l'égard des échéances électorales. Tout montre la nécessité du maintien et du renforcement d'un noyau dur progressiste, démocratique et moderne, pour porter la contradiction à la perspective bouteflikienne (et péri-bouteflikienne) qui porte dans son ventre une variante de despotisme oriental
mâtinée de néo-libéralisme. » A la tentative du pouvoir de dévoyer les luttes et sacrifices de notre peuple, consistant en « une sortie de la crise » dictée par les intérêts étroits et par le capital financier international, il opposait encore une fois l'analyse et la rupture. « Le processus d'accumulation rentière, précapitaliste retardataire, est-il en train de se muer en accumulation capitaliste moderne ? Sommes-nous dans une période charnière d'un tel processus où l'ancien n'est pas mort et où le nouveau ne s'est pas imposé encore ? Ce processus se traduira-t-il au niveau de l'évolution des facteurs subjectifs dans les rythmes qui pourraient permettre sa consolidation et son triomphe définitif ? Peut-il aller aussi loin que nécessaire pour déboucher sur une mutation qualitative du système socio-économique et du système politico-institutionnel algérien, sans passer par un moment fort de rupture ? » Après une longue période où forcés à une attitude défensive nous ne pouvions faire mieux que d'éclairer la société, Hachemi avait compris qu'une phase historique nouvelle s'ouvrait. « Il est tout à fait clair que l'avenir appartient à la démocratie pour peu que les forces démocratiques comprennent qu'il n'y a pas d'autre voie que la fusion du mouvement social qui va monter et du mouvement démocratique avec toutes ses composantes autour d'une véritable stratégie de rupture et de changement radical. » Il avait saisi de manière aiguë, depuis le 8 avril 2004, qu'il fallait opérer un changement, mettre deux fers au feu, être au cœur des luttes démocratiques, sociales et politiques, pour arracher chaque parcelle d'Etat démocratique moderne. Une telle tâche exige un instrument politique démocratique, autonome, qu'il a œuvré à édifier durant les quinze dernières années : le MDS. Face aux menaces sur son unité, il avait laissé un texte daté d'août 1992 dans lequel on pouvait lire : « Pourquoi ne pas penser sérieusement qu'il y a conspiration et complot, sous prétexte de préserver la fidélité à l'héritage, inspirés par certaines forces qui ont intérêt à ce que le pays ne se donne pas le mouvement socio-politique dont il a un besoin impérieux, à ce que le parti ne réalise pas les changements qui s'imposent, forces qui ont intérêt à ce qu'il reste enfermé dans son ‘'cocon de chrysalide'' et reste seulement comme force d'appoint ». Il avait tellement en horreur l'idée d'être réduit à un comité de soutien qu'il avait exprimé beaucoup de déception, lorsqu'un ancien camarade, intellectuel qu'il respectait, avait émis l'idée que le mouvement qu'il dirigeait était « utile ». Il refusait de n'être qu'un « porteur d'eau. » Et si il avait une ambition, elle n'était pas pour lui-même, mais qu'on reconnaisse le rôle essentiel joué par le courant dans lequel il s'inscrivait. Une année après sa disparition, il s'agit de sauvegarder et de consolider ce mouvement qui traverse une période de turbulences marquée par l'incertitude, l'instabilité et la crainte de voir un capital inestimable d'expérience de lutte et d'accumulation théorique disparaître. Cette incertitude et cette instabilité sont liées à celles que connaît le pays et provoquent les mêmes craintes quand à son devenir.Quelques jours après avoir appris sa maladie, Hachemi Chérif terminait une lettre au Bureau bational du MDS par : « Comment, enfin, préserver et renforcer la philosophie et le fonctionnement démocratique du parti, conditions de la préservation de son unité et du renforcement de sa dynamique ? » Il traçait la voie à suivre : celle de la rupture couplée au consensus, aussi bien pour le pays que pour le parti.
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