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Allocution d’ouverture des assises nationales des femmes du RCD

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Message  rebelle kabyle Ven 13 Mai - 21:43

Allocution d’ouverture des assises nationales des femmes du RCD
Mohcine Belabbas·vendredi 13 mai 2016




Mesdames bonjour,
Votre rencontre est d’autant plus importante que cette action intervient dans un contexte d’une crise sans précédent. La crise qui frappe la nation est politique, sociale, morale et éthique. Elle est d’autant plus grave qu’elle coïncide avec une crise financière qui paralyse une machine économique sous perfusion depuis toujours et un équilibre social dont nous savons tous qu’il est artificiellement entretenu par la rente pétrolière.
Cette situation d’incertitudes et d’angoisse, nombreux parmi vous la vivent et la subissent. Vous la vivez comme mère ou comme épouse ou vous la subissez comme jeune sans emploi, même avec un diplôme, ou comme étudiante qui aspire à construire son avenir.
Vous savez comme moi que changer le cours des choses passe par la volonté de combattre, c’est à dire un engagement loyal et sans faille et par l’organisation du temps et des énergies.
C’est ce que vous faites aujourd’hui et vous devez être fières que votre parti, le RCD, soit fondé sur l’égalité en droits entre tous les citoyens algériens. C’est, il est opportun de le rappeler, le RCD a été le premier parti algérien à doter sa direction d’un secrétariat à la condition féminine et avoir clairement revendiqué l’abrogation du code de la famille lors de sa création en février 1989. Depuis, cette cause a enregistré des avancées mais beaucoup reste à faire notamment en matière d’application des textes législatifs et réglementaires.
Notre conviction est que l’arrimage de notre pays à la modernité et au progrès passe par la libération de la femme. Il est donc important de situer et cerner le moment politique que nous vivons pour en saisir les enjeux et dégager les meilleures perspectives que nous pouvons envisager.
Chères amies
Depuis la promulgation de la nouvelle constitution, les atteintes aux libertés se multiplient dans une conjoncture de crise qui menace les fondements même de la nation algérienne. Après les interdictions de conférences publiques et la répression de la manifestation des enseignants vacataires le mois passé, c’est la presse privée qui est prise dans le collimateur du pouvoir. La cabale menée contre le journal El Khabar concentre à elle seule toutes les inconséquences et les dérives du pouvoir algérien.
Ce quotidien est privé de la manne publicitaire de l’ANEP et les annonceurs privés sont sommés aussi de le boycotter. On a donc organisé son asphyxie pour clochardiser un peu plus l’espace médiatique et, du coup, fragiliser l’entreprise qui emploie près de 500 personnes pour l’aspirer dans la dépendance clientéliste. Ce qui revient à le menacer d’embrigadement ou de liquidation pure et simple.
Sous d’autres cieux, ce seul aspect social aurait incité les pouvoir publics à chercher un repreneur ou, pour le moins, une restructuration du groupe de presse. Non seulement on assèche les ressources pour asphyxier l’entreprise mais lorsqu’un opérateur privé vient au secours pour apporter les fonds nécessaires à une recapitalisation, le ministre de la communication s’immisce et s’autosaisit, au mépris de la loi et sans aucun scrupule éthique, dans une opération purement commerciale pour annihiler toute possibilité de sauvetage d’une entreprise aussi importante.
Dans cette affaire qui est avant tout un message de cynisme et de volonté de domestication adressé à tous les citoyens, il y a pire, puisque dans le même coup, les cercles mafieux, violant ouvertement les lois s’en prennent à un capitaine d’industrie, Issad Rabrab pour ne pas le nommer, qui refuse d’inscrire son action suivant les contingences du système.
L’acharnement récurrent contre cet investisseur, opérateur performant et créateur de richesses et d’emplois est devenu un leitmotiv pour ces acteurs qui ont privatisé l’Etat au point où même des gouvernements étrangers sont sollicités pour aider le clan au pouvoir à l’isoler.
Le recours à la justice dans cette transaction d’El Khabar est en contradiction avec les principes énoncés dans la nouvelle constitution à savoir, la liberté de la presse, le droit à l’information, la liberté de commerce et d’entreprendre, l’amélioration du climat des affaires, l’indépendance de la justice ...
En effet, cet abus porte atteinte à la liberté économique et du commerce, au droit à l’information et à la liberté de la presse, tout comme il constitue une entrave à l’investissement et au droit au travail.
Pendant ce temps, le gouvernement qui s’est constitué en faction use d’un monopole médiatique illégal de l’Etat, le détourne de sa vocation de service public, pour invectiver les partis d’opposition qui dénoncent les orientations et dérives antinationales du pouvoir et stigmatiser les opérateurs économiques et acteurs sociaux qui refusent l’allégeance aux cercles mafieux.
La loi n’autorise pas l’Etat, en tant que personne morale, à disposer d’une armée de titres, de chaines de télévision et de radios. Les institutions de l’Etat sont soumises à la loi au même titre que les personnes privées. Le droit acquis invoqué par les partisans du maintien de ce monopole de fait ne peut se comprendre que dans la mesure où ces organes assurent effectivement des missions de service public. On est loin de ce cas de figure ; le clan au pouvoir ne se contente plus d’assigner à ses organes de l’Etat un rôle de propagande mais il en use pour défendre des intérêts particuliers ou pour porter atteinte à tous ceux qui n’applaudissent pas les décisions du gouvernement.
Au plan des dépenses de l’Etat, ce n’est pas la seule dérive dans l’assignation de fonds publics pour des intérêts étroits, des centaines de « publications » arrosées par l’argent public via l’ANEP ne sortent même pas des rotatives. Pendant ce temps, les déficits se creusent dangereusement alors les clientèles du régime continuent de détourner la rente dans une impunité indécente. Des notabilités du régime et des ministres, encore en poste, cités dans des scandales de corruption et d’évasion fiscale continuent de narguer l’opinion et d’humilier la justice via des médias publics et parapublics qui les suivent jusque dans leurs turpitudes ou leurs villégiatures dans les zaouïas.
Chères amies
Ce détour dans l’actualité n’est pas inutile car au-delà du sous-développement ou du manque de ressources, c’est ce genre de pratiques faites de viol de la loi, d’instrumentalisation de la justice et de répression des libertés qui démobilisent les citoyens et portent atteinte à l’image du pays, à sa crédibilité et à l’honneur de son peuple, c’est à dire ce qui crée un pourrissement ou le sentiment de révolte peut prospérer.
Pour revenir au sujet de notre rencontre, il faut signaler que même si des femmes se sont imposées dans plusieurs domaines de la vie publique et à plusieurs niveaux de responsabilités économique et sociale, notamment dans l’enseignement et la santé, elles restent largement marginalisées puisqu’elles ne représentent que 14,9% de la population active contre 66,2% pour les hommes selon des statistiques officielles.
Dans le milieu de la prise de décision et de l’exercice de la responsabilité politique, que ce soit dans les institutions de l’Etat, les entreprises ou dans les partis politiques, les proportions sont encore plus faibles, voire insignifiantes même si nous ne disposons pas de données officielles.
Pour s’en convaincre, il suffit de s’amuser à compter le nombre de femmes au niveau des structures du pouvoir exécutif tant au plan national, régional que local. Il est utile de rappeler que la journée internationale de la femme avait pour but essentiel d’aider les femmes à obtenir le droit de vote, l’accès à la fonction publique et l’arrêt de la discrimination au travail.
Depuis, et à l’échelle internationale, le chemin parcouru par les peuples qui ont choisi l’arbitrage démocratique de la vie publique est fait de plusieurs acquis et conquêtes. Il reste que d’autres pays s’enlisent dans une oppression et une discrimination insupportables au nom de la religion ou de coutumes qui confinent la femme dans une infériorité intolérable.
Chez nous, le code la famille voté par l’Assemblée du parti unique en 1984 a réintroduit l’inégalité pourtant bannie par le peuple algérien dans son combat pour la liberté et l’indépendance.
Le RCD a fait de l’abrogation de ce code un fondement de son programme. Les aménagements introduits ces dernières années sont d’abord l’œuvre du combat des femmes particulièrement dans les décennies de terrorisme. Il reste que pour notre parti, l’objectif est la promulgation de lois civiles pour tous sans aucune discrimination. Le RCD, qui a toujours été un parti qui a su joindre la réflexion à l’action politique constructive sur le terrain, a conçu cet événement comme une occasion de revisiter la situation de la femme dans notre pays et de dresser un bilan pour apprécier objectivement les éventuels progrès réalisés dans la voie de l’égalité et de la citoyenneté.
C’est aussi un moment privilégié pour faire le point sur les luttes et les acquis et, mettre en relief la résistance et l’engagement incontestables de la femme dans la libération du pays et la quête de progrès social malgré un environnement, notamment dans sa dimension institutionnelle, dominé par un conservatisme caractérisé par des hostilités, des préjugés et le confort des situations acquises par l’héritage d’archaïsmes que la guerre de libération a masqué sans les dissoudre . C’est là une occasion, de débattre autour de ces sujets mais aussi des multiples violences que subissent les femmes notamment le harcèlement au travail et dans la société, les mauvais traitements infligés par leur partenaire et dans le milieu familial, les mariages forcés et précoces, le viol, les inégalités et discriminations dans l’accès à l’emploi et les niveaux de salaires…
Chères amies
J’ai eu l’occasion de dire, par le passé, que si la société dans son ensemble doit se mobiliser contre ces injustices, il faut, pour venir à bout de toutes ces pratiques, que les femmes elles-mêmes cessent de limiter leur combat pour l’émancipation à une simple amélioration de leur condition. Il faudra valoriser et rendre hommage aux femmes pour leurs contributions dans tous les aspects de la vie : à la maison, au travail, dans la société, en tant que mères, épouses, sœurs, filles, citoyennes, travailleuses, militantes et leaders.
Oui, la femme doit se projeter à assumer un rôle politique, social et économique au même titre que l’homme. C’est parce que les femmes sont marginalisées et exclues des centres de décisions qu’elles sont plus vulnérables.
Beaucoup, parmi vous, l’ont déjà compris et sont engagées dans ce sens. Et c’est pour cela que vous devrez parler pour celles qui ne peuvent pas le faire aujourd’hui; être les portes voix de celles qui sont contraintes au silence et cédé à la résignation. Vous devez organiser les femmes et donner de la visibilité à leur engagement social et politique face aux choix et aux orientations anti démocratiques du pouvoir. Vous devez, par votre combat, contribuer à créer les conditions pour que les femmes puissent effectivement participer pleinement à la vie sociale et politique de leur pays.
Au RCD, nous estimons qu’une politique volontariste pour faire émerger les femmes dans la vie publique a ses limites et les quotas ou la discrimination positive a aussi ses travers.
A l’instar des jeunes libres du RCD, qui viennent de célébrer leur première année d’existence avec comme bilan de nombreuses activités à leur actif et une présence assidue sur le terrain, les femmes militantes du RCD qui se sont toujours imposées dans les structures de notre Rassemblement par leurs engagements et leurs compétences doivent investir à leur manière le terrain des luttes quotidiennes.
Nous devons donc veiller à ce que notre parti offre un cadre d’émancipation et de promotion des compétences. A travers l’instance que vous allez mettre en place aujourd’hui, il est question de promouvoir, plus encore, le rôle des femmes dans le parti et multiplier les facteurs d'une participation plus active à la vie et à la prise de décision politique.
Il n’y a pas de justice dans un pays qui discrimine la moitié de son peuple. Il n’y a pas de progrès dans une société qui ignore ou marginalise une catégorie de citoyens à cause de son sexe, de sa langue, de son statut social ou de la couleur de sa peau.
Le combat des femmes est certes un des plus emblématiques des luttes des temps modernes. Il doit, parce qu’il est la pierre angulaire de tout projet libérateur, être en symbiose avec le combat démocratique dont il est à la fois une finalité et une condition de son succès.
Vive la femme citoyenne à part entière
Vive l’Algérie démocratique et sociale
Je vous remercie


Mohcine Belabbas président du RCD

rebelle kabyle

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Date d'inscription : 12/02/2011

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