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Cologne : «En 200 mètres, on m’a tripotée 100 fois»

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Message  insoumise Mar 12 Jan - 18:17

Cologne : «En 200 mètres, on m’a tripotée 100 fois»
Par Nathalie Versieux, Envoyée spéciale à Cologne — 10 janvier 2016 à 19:21

Lors de la manifestation contre le sexisme et le racisme, à Cologne, samedi. Photo Oliver Berg. DPA. Corbis


Après les centaines d’agressions sexuelles commises contre des femmes lors de la nuit de la Saint-Sylvestre et la mise en cause de réfugiés, Angela Merkel durcit son discours, à deux mois d’élections régionales.




  • Cologne : «En 200 mètres, on m’a tripotée 100 fois»

Le parvis de la cathédrale et les abords de la gare de Cologne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) sont de nouveau noirs de monde, comme pendant la soirée de la Saint-Sylvestre. Mais, ce samedi, ce sont les manifestants qui ont pris d’assaut le cœur de cette ville des bords du Rhin. Parmi eux, de nombreuses femmes et jeunes filles venues protester contre les centaines d’agressions sexuelles commises lors de la nuit du réveillon. «Les forces de l’ordre étaient totalement dépassées, incapables de protéger les jeunes femmes livrées aux attouchements d’hommes en rut, qu’elles soient accompagnées de leur petit ami ou non, raconte Clara, une jeune fille blonde de 28 ans, venue manifester sur le parvis de la cathédrale, à l’appel de divers mouvements féministes. Personne n’a jamais vu une chose pareille. Les hommes se jetaient sur les femmes comme si nous avions été du bétail. J’ai dû marcher 200 mètres le long du quai à la descente du train. Je crois qu’on m’a tripotée 100 fois, qu’on m’a mis 100 fois la main aux fesses ou sur les seins.»
Le scandale continue de provoquer un vif émoi dans tout le pays. Ce sont désormais plus de 500 femmes qui ont porté plainte à Cologne, dans 40 % des cas pour agression sexuelle. Toutes ont décrit avoir été «encerclées par de petits groupes d’hommes d’apparence arabe ou maghrébine» à leur descente des trains régionaux entre minuit et 4 heures du matin, alors qu’elles se rendaient dans le centre-ville pour y assister aux festivités. Attouchements, insultes à caractère sexuel ou sexiste… De nombreuses victimes se sont également fait voler leur téléphone portable ou leur sac à main. Des faits similaires se sont produits la même soirée à Hambourg, Stuttgart, Francfort mais aussi à Zurich (Suisse), Salzbourg (Autriche) et en Finlande. Pour le ministre allemand de la Justice, Heiko Maas, il ne fait pas de doute que les agressions étaient «planifiées». «Personne ne me fera croire que, lorsqu’une telle horde se retrouve pour commettre de tels crimes, cela n’a pas été coordonné, poursuit le ministre dans les colonnes du Bild-Zeitung. Il semble bien qu’on ait cherché là une date précise et la perspective de vastes rassemblements» pour commettre ces actes.

«Tout le monde pleure ici…»

La nuit de la Saint-Sylvestre, 1 000 à 2 000 hommes, pour la plupart jeunes et enivrés, se sont donc retrouvés aux alentours de la gare de Cologne, selon la police. Trente-deux suspects ont à ce jour été identifiés à partir de matériel vidéo. Dont 22 demandeurs d’asile. «La plupart des suspects sont des réfugiés ou des étrangers en situation irrégulière», a révélé samedi la police allemande. Selon le quotidien conservateur Die Welt - information non confirmée à ce jour par les enquêteurs -, la majorité des personnes contrôlées le 31 décembre sur le parvis de la gare de Cologne pour différents types de délits étaient des Syriens.
La police de Cologne a par ailleurs retrouvé une partie des téléphones volés dans des foyers de demandeurs d’asile de la région ou à proximité. Dans les poches de deux jeunes, un Marocain et un Tunisien vivant en foyer d’accueil et interpellés le 31 décembre, les enquêteurs ont par ailleurs retrouvé une liste d’insultes à caractère sexuel ou sexiste, traduites de l’arabe. Accusé d’avoir cherché à étouffer une affaire sensible, le président de la police de Cologne a présenté vendredi sa démission. Il doit répondre lundi aux questions que lui poseront les députés du parlement régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Totalement impréparées à une situation inédite, en sous-effectifs, les forces de l’ordre ont été incapables de faire face.
«En arrivant à la gare de Cologne, j’ai été frappée par le nombre incroyable de femmes ou de très jeunes filles en pleurs sur le quai. Je me suis dit : "La nouvelle année commence bien ! Tout le monde pleure ici…" Puis, je me suis aperçue qu’autour de moi on ne parlait qu’arabe. La gare avait comme été prise d’assaut par des groupes d’hommes étrangers», témoigne une jeune femme qui veut rester anonyme. Doro, elle, raconte les insultes entendues ce soir-là par sa fille de 17 ans. «Les hommes se collaient aux filles en disant "ficki ficki" [abréviation de "baiser baiser", ndlr] ». Traumatisée, Clara n’ira pas cette année au carnaval de la ville, temps fort de la vie régionale, début février. Comme elle, 37 % des Allemandes ont rapporté dans un sondage réalisé la semaine dernière par la chaîne de télévision publique ARD vouloir à l’avenir «éviter tout mouvement de foule».
Près de la gare, 1 700 manifestants d’extrême droite, dont plusieurs centaines de hooligans connus des forces de l’ordre, tentent ce samedi de récupérer l’émoi. Ils sont venus protester contre la politique de portes ouvertes aux réfugiés syriens décrétée par Angela Merkel début septembre, répondant à l’appel de Pegida, ce mouvement anti-islam qui avait connu son heure de gloire voici un an en mobilisant jusqu’à 15 000 personnes «contre l’islamisation de l’Occident» à Dresde, en ex-RDA.
Face à eux, 1 200 manifestants antifascistes ont répondu à l’appel de différentes organisations de gauche et d’extrême gauche, qui refuse la «récupération» des agressions du nouvel an par Pegida. Un important cordon de 2 000 policiers sépare manifestants et contre-manifestants, avant de disperser le mouvement à coup de canons à eau et de gaz lacrymogènes, lorsque les militants de Pegida se mettent à jeter des pétards, des pierres et des bouteilles sur la presse et les forces de l’ordre. Des «Merkel, dehors !» ont été scandés. «L’Allemagne a survécu à la guerre, à la peste et au choléra, survivra-t-elle à Angela Merkel ?» clame une pancarte agitée au milieu des drapeaux noir, rouge et or brandis samedi dans les rangs de l’extrême droite. Peu de femmes défilent dans le cortège de Pegida. «C’est comme si ces fachos défendaient un "cheptel" qui leur reviendrait face à la "concurrence" nouvelle que représentent les demandeurs d’asile», s’indigne Martha, une sexagénaire venue participer à la contre-manifestation. «Ces hommes ne s’intéressent pas à la situation des femmes ! Moi, je dis non aux violences sexuelles, qu’elles soient le fait d’Allemands, d’étrangers ou de réfugiés !» renchérit-elle.

Le rôle de l’alcool

Les ONG qui gèrent les centres d’accueil cherchent depuis des mois à attirer l’attention sur les violences sexuelles latentes dans les foyers : agressions de femmes voyageant seules, nécessité de créer des structures pour femmes et jeunes filles ayant perdu leur famille dans leur fuite… «Le problème, c’est l’image des femmes qu’ont de nombreux migrants venus du Moyen-Orient, estime Heinz Buschkowsky, ancien maire social-démocrate de Neukölln, un quartier multiculturel de Berlin. Pour beaucoup d’entre eux, une femme sortant le soir n’est rien d’autre qu’une prostituée. Bien des hommes qui ont grandi dans une société patriarcale n’ont pas de honte à tripoter les femmes. Il faudra plus que des cours d’intégration pour changer cette image des femmes !» L’alcool a sans doute aussi joué un rôle. Bien des migrants n’y sont pas habitués.
Incrédules, des réfugiés assistent samedi aux manifestations de Cologne, tentant de faire le tri entre extrême droite et extrême gauche. Franck, un solide Congolais, et son copain Ali, iranien, installés en Allemagne depuis cinq ans ont voulu montrer leur soutien aux femmes de Cologne. «Depuis les agressions, nous venons après le travail lorsque nous avons le temps, pour voir si tout se passe bien ici», expliquent les deux amis. «Les Allemands vont maintenant nous détester», soupire Ali, qui s’était réjoui de l’élan de solidarité à l’arrivée des premiers trains de Syriens, à la fin de l’été, à Munich.
Jamais Angela Merkel n’a autant été sous pression que «depuis Cologne», comme on appelle désormais les événements dans le pays. D’heure en heure, son discours semble se durcir. Jeudi, elle évoquait la nécessité de «revoir» le fonctionnement des expulsions. Samedi, elle se disait favorable au renvoi de tout réfugié ayant commis crime ou délit «même s’il a été condamné avec sursis». Ces expulsions sont aujourd’hui possibles au-delà de trois ans de prison ferme. La chancelière devra affronter mi-mars les électeurs de trois Länder à l’occasion d’importantes élections régionales et semble ne plus guère se soucier du respect de la convention de Genève et de la convention européenne des droits de l’homme interdisant l’expulsion de réfugiés menacés dans leur pays d’origine. Quant à son vice-chancelier social-démocrate, Sigmar Gabriel, il a annoncé vouloir «couper l’aide au développement» aux pays qui, comme le Maroc, refusent de reprendre les expulsés.


 

L’homme tué à Barbès hébergé dans un foyer de la Ruhr

L’homme abattu, jeudi, en attaquant le commissariat de la Goutte d’or dans le XVIIIe arrondissement de Paris vivait, selon la police, «dans un foyer de demandeurs d’asile» à Recklinghausen, ville de la Ruhr (ouest de l’Allemagne). Son identification est toujours en cours mais il a été reconnu par ses proches comme un Tunisien nommé Tarek Belgacem. Une profession de foi en faveur de l’organisation Etat islamique (EI) a été retrouvée sur lui, de même qu’une puce allemande pour téléphone portable. L’hebdomadaire Welt am Sonntag affirme que l’homme s’était fait enregistrer en Allemagne sous quatre identités différentes et en donnant des nationalités variables, syrienne, marocaine ou encore géorgienne. Il avait déposé sa demande d’asile sous le nom de Walid Salihi, selon le journal, et était connu pour ses sympathies jihadistes.
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Message  insoumise Mar 12 Jan - 18:18

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